J'en ai marre, je suis ร bout.
Ce sont les constantes paroles que je me rรฉpรจte alors que je fracasse ma couronne contre le mur de ma chambre.
CRASH !
J'inspire et j'expire une nouvelle fois, essayant de me calmer. Mais je n'arrive pas. Les larmes continuent de couler sur mes joues alors que je crie de colรจre. Ma respiration devenant de plus en plus forte, je mets mes mains sur mon visage.
A ce rythme, je vais devenir folle.
Je grogne avant de me laisser aller sur le lit, mon visage mouillant les draps mais je n'en ai strictement rien ร faire.
Ils m'ont piรฉgรฉ. Ils m'ont mise dans une cage dorรฉe et ont jetรฉ la clef sans que je ne m'en me rende compte. Je suis juste emprisonnรฉ comme cela leur chante, autant qu'ils n'en ont rien ร faire de mon รฉtat. Je renifle doucement regardant mes mains devenir moites alors que je dรฉcroise les bras.
Je suis sรปre que maintenant, ils ont dรป prรฉvenir mon pรจre et Nanny de mon soudain caprice. Mais peu importe je connais dรฉjร la chanson de toute et faรงon. J'ai un devoir. Je dois l'accomplir. Et c'est la fin de l'histoire, que cela me plaise ou non. Respirant une nouvelle fois, je relรจve doucement la tรชte, regardant les motifs de la tapisserie, la longueur des rideaux ou encore la maniรจre dont le bois a รฉtรฉ taillรฉ puis raccorder ร cette couche. Tout est si... proprement fait et taillรฉ pour une hรฉritiรจre. Est ce que toute ces choses ne sont qu'illusions ? Est ce juste une maniรจre de m'amadouer afin de mieux me capturer ? J'ai mal ร la tรชte... Serrant ma poitrine, je me relรจve, ma tรชte tournant vers la porte. Je l'ai fermรฉ ร clef afin que l'on me laisse tranquille. Cependant, je sais trรจs bien que รงa ne va pas rester ainsi. Ils ont les doubles aprรจs tout.
Je n'ai pas envie d'une รฉniรจme confrontation. Ni de crier sur elles comme je l'ai fait quelques heures auparavant.
Mon regard pivote sur mon diadรจme aux pierres prรฉcieuses brisรฉes.
Il faut que je sorte d'ici.
Et vite.
Prenant une grande inspiration, je me dirige vers un placard, oรน une longue cape pourpre et des gants y sont placรฉs. A force de faire des escapades vers la capitale, cette tenue est devenue une piรจce indispensable ร mes plans. La prenant doucement, je m'empresse de l'enfiler et de cacher mes mains. Regardant mon reflet, je grimace un peu. Cela ne cache pas mes mรจches comme le ferai l'รฉlixir, mais je n'ai pas le temps de m'occuper de รงa. De plus, je ne veux pas inquiรฉter Samira. Soupirant, je regarde ailleurs faisant tourner mes pouces frรฉnรฉtiquement. J'ai fait tout cela, mais je ne sais mรชme pas oรน aller au final. A quoi รงa sert de fuir quand tu ne sais pas quelle direction prendre ? Ces comme ces protagonistes qui partent sans rรฉflรฉchir. Quoi que... je les comprends. Je ne suis pas vraiment si diffรฉrente...
Me dirigeant doucement vers la grande vitre, je pousse lรฉgรจrement les rideaux, jetant un regard ร la nature devant moi. Il fait si noir ici... La seule chose qui ressort est cette grande porte en or.
Clic.
Mes yeux s'ouvrent soudainement. La porte en or. Cette allรฉe barrรฉ car elle mรจne ร la forรชt interdite. Pressant le pas, je me dirige vers mon carnet avant de le feuilleter lรฉgรจrement. Faisant tourner les pages, je me stoppe soudainement, me retrouvant face aux pages blanches que j'avais laissรฉ exprรจs pour cette forรชt. Je ne savais pas quoi รฉcrire de toute faรงon. Je ne pensais pas avoir une chance.
Un lรฉger sourire s'รฉtire sur mes lรจvres alors que je prends une sacoche avec de quoi รฉcrire. Ma vue se tourne une derniรจre fois vers ma couronne, voyant la rose complรจtement fissurรฉe. Mes lรจvres se pincent alors que je me baisse doucement pour la prendre. Peu importe ce que je dis ou fait, je ne peux pas m'en empรชcher. Elle est une part de moi. Brisรฉe ou non. Je me retourne vers la porte, prenant une grande inspiration.
Mon pรจre ne voulait pas que je m'aventure par lร .
Malheureusement pour lui, je ne suis pas du genre ร laisser un travail inachevรฉ.
Ce n'est pas dans ma nature aprรจs tout.
Serrant ma sacoche d'une main, je me dirige vers la porte, l'entrouvrant lรฉgรจrement pour savoir si la voie et libre avant de sortir.
J'en ai marre des mensonges.
โโโ
Me faufilant ร l'arriรจre du chรขteau, je pousse dรฉlicatement la porte en bois avant de la refermรฉ en soufflant lรฉgรจrement. Je n'avais croisรฉ personne, merci aux festivitรฉs qui se faisait plus haut. Le personnel est surement trop occupรฉ avec le bal pour se soucier d'une princesse "qui fait un caprice". Ou juste qu'ils n'avaient pas envie faire face ร ma colรจre, dans les deux cas รงa m'arrange.
Je ne suis pas en รฉtat de garder mon sang froid ce soir, ni d'agir comme une royale.
Marchant sur la pointe des pieds, je me dirige doucement vers les รฉcuries. La nuit, รฉclairรฉ par les astres, est trรจs calme. L'agitation du chรขteau ne se fait ni sentir, ni entendre, tellement le son est sourd. Cependant, en relevant la tรชte, on peut voir la lumiรจre aveuglante des chandeliers ainsi que les diffรฉrentes couleurs vives des tapisseries en velours, formant les symboles fort du royaume. Les gens se dandinent, rigolent, chantent. Ils ne se doutent de rien, pareille ร des enfants insouciants. C'est dans ces moments lร finalement que l'on se rend compte de la naรฏvetรฉ du peuple.
Car forcรฉ d'oublier, ils oublient.
Forcรฉ de sourire, ils sourient.
Et tout devient naturel et normal.
Je souris tristement en rรฉalisant cela.
Poussant la porte de l'รฉcurie avec mon dos, je m'approche doucement de mon รฉtalon. Celui-ci pousse un lรฉger hennissement de surprise, je mets doucement sa main sur son museau tout en lui chuchotant doucement des mots pour qu'elle reconnaisse ma voix. Hazzle n'aime pas vraiment les รฉtrangers, alors venir la nuit en capuche. C'est pour รงa que gรฉnรฉralement je me change dans les รฉcuries. Au moins elle voit que c'est moi. Reconnaissant ma voix, elle se calme doucement et je la prรฉpare. Partir ร cheval est honnรชtement la meilleure solution. Mรชme si la plupart du personnel ร son attention ailleurs, cela ne veut pas dire que les gardes ne sont pas de service.
Montant doucement sur elle, je donne un petit coup de rรชnes, lui donnant ainsi la direction ร prendre. En toute honnรชtetรฉ, je m'attends d'ailleurs ร ce que le grand portail soit protรฉgรฉs fermement. Il n'y a pas eu un seul jour oรน celle-ci n'a pas รฉtรฉ gardรฉ. Alors si je dois m'รฉchapper... Autant que je le fasse vite. Arrivant vers l'endroit, comme prรฉvu, les gardes sont lร , plantรฉ de chaque cรดtรฉ de la porte. Cependant, plus je viens prรจs d'eux, moins ils rรฉagissent. Ils restent lร , en garde ร vous, la pointe de leurs armes vers le haut. Ils ne sont mรชme pas un peu soucieux du fait qu'une inconnue avec une capuche puissent se planter devant eux, ici, ร une heure pareille.
Bizarre.
Doucement, descendant mon cheval, je marche vers eux.
โ Monsieur John ? Grรฉgory ?
Mais ils ne me rรฉpondent pas. A la place, leurs tรชtes se tournent, me fixant, les yeux grands ouverts. Mais aucun son. Rien. Juste une certaine tension qui subsiste dans l'air.
Plus je marche vers la porte, plus ils se tournent et me regardent. Ma main tremble lรฉgรจrement en sentant leurs regards vide sur moi. Posant ma paume sur la grande porte dorรฉe, une lumiรจre surgit, mettant en surbrillance les symboles sur celle-ci. Puis, le mรฉcanisme s'enclenche. Le cliquetis du portail se fait entendre et celle-ci s'ouvre. Une soudaine bouffรฉe de magie me frappe au visage, me forรงant ร fermer les yeux. Elle est chaude, lourde...
Mais intรฉressante.
J'ai l'impression que mon cลur va bondir ร force d'inspirer cet air.
Expirant fortement, mes paupiรจres s'ouvrent sur une allรฉe illuminรฉe par la lune...
Les arbres me montrant dรฉlicatement le chemin vers l'aube de la nuit.