Grand méchant loup
Quand les vibrations de la voiture diminuent, la queue de mon obsession est enfoncée bien profond dans ma gorge.
Aubrey coupe le contact et glisse sa main dans mes longs poils noirs, qu'il serre d'une bonne poigne. Ses ondulations de bassin contre ma face marquent le rythme de cette pipe. Prêt à le sucer jusqu'à la moelle, j'accepte volontiers. Ses râles roques remplacent les ronronnements du moteur. S'y mêle le frottement de son cul nu sur le tissu rêche du siège.
Je lui pompe la bite comme un possédé. Il arque le dos en gémissant. Son plaisir coule par petites gouttes sur ma langue. Un vrai délice. La concentration de ses effluves dans l'habitacle clos stimule un max mes sens. Tout ça me fait presque tourner la tête, mais pas au point de le laisser s'accaparer le contrôle de la situation. J'arrête solidement son poignet et me redresse quand il tente d'enrouler ses doigts autour de ma gorge. Je me libère facilement de sa faible prise dans mes poils. Ses yeux débordant de luxure trouvent les miens dans la pénombre.
Son souffle, chaotique, les battements effrénés de son cœur et le sang qui cogne dans ses veines comblent un instant le silence relatif. Puis il propose avec un léger sourire :
— On descend ?
Un rictus carnassier pour seule réponse, je m'exécute.
C'est la deuxième fois que je me retrouve sur le siège passager du petit humain au parfum épicé. Ce coup-ci, tout est différent. J'ouvre la portière et descends de moi-même, debout sur deux foutues jambes.
J'étire mes quatre membres par habitude et prend une grande inspiration. Cette goulée d'air frais me fait du bien, mais je préfère largement intoxiquer mon système nerveux de son odeur.
Quitte à en vriller.
Un sourire fend mon visage alors qu'il fait le tour de sa caisse. Ses vêtements frôlent sa peau et tintent très légèrement pendant qu'il les remonte. J'en profite pour détailler vite fait la zone boisée isolée dans laquelle il nous a paumés.
En plus des chuintements de ses fringues et de la forêt qui nous entoure, je perçois le bruit d'un cours d'eau. Elle est douce, vu l'odeur fraîche un peu terreuse. Quant à la baraque fade dressée devant nous, elle fait tâche dans ce paysage sauvage. Je reporte le regard vers Aubrey, qui me rejoint enfin de mon côté de la voiture.
— C'est ça, l'endroit qui est censé me plaire ?
Il scrute mon air dépité et retient un rire.
— Ce domaine est celui d'un ami. La villa est en location saisonnière, et comme il n'habite pas la Guadeloupe, je me charge parfois de gérer l'arrivée des clients qui la réservent. Son emplacement est discret, alors j'y invite aussi les hommes que je rencontre. Mais toi, on dirait bien que tu te fiches qu'elle soit moderne ou luxueuse.
— Complètement.
— Tu as le mérite d'être honnête.
Ma réponse a finit par le faire marrer. J'ai pas l'intention de jacqueter avec lui toute la nuit, alors je me tourne et l'accroche par les hanches. Yeux dans les yeux, je le tire jusqu'à ce que ma pine gonflée soit pressée contre la sienne à travers ses vêtements mal ajustés.
— C'est pas ma seule qualité.
Il affiche un sourire en coin.
— Je demande qu'à voir. Le petit coin de paradis où je veux t'emmener est par ici. Allons-y.
Aubrey se dégage et s'éloigne à pas tranquilles. De nouveau, comme au club de débauche, il prend les devants. Confiant quant au fait que je le suive docilement. Cette assurance qui émane de lui m'irrite presque autant qu'elle m'attire. Impatient de marquer sa chair, de lui rappeler son statut de proie, je me mets en mouvement. J'arrive vite derrière lui et marche aisément dans son sillage à travers les racines et les rochers qui jonchent le sol dénivelé.
L'odeur fraîche et terreuse se renforce. Cet endroit qu'il voulait tant me montrer, c'est qu'une banale rivière de flotte. Leur lune blafarde est restée cachée au loin. Ses rayons clairs filtrent à travers le feuillage serré des arbres et touchent la surface réfléchissante de l'eau. Prêt à l'action, Aubrey ne cherche pas à savoir si son « petit coin de paradis » est à mon goût. Il se dévêtit sans cérémonie.
Je lorgne les formes nerveuses de son corps. Passant de son dos aux muscles bombés, à sa croupe galbée. Il me jette un bref regard et entre dans l'eau sans un mot. Je me débarrasse à mon tour des vêtements qui me couvrent tandis qu'il s'enfonce entre les gros rochers qui bordent la rivière.
Les clapotis de sa nage lente complètent la musique nocturne de la forêt. Il admire ma carrure tout en s'éloignant progressivement vers le centre, plus profond, où ses pieds ne touchent plus le sol tapissé de pierres et de feuilles mortes. Je fronce les sourcils en percevant une certaine déception.
— Quoi, ma bite te plaît pas ?
Mon ton n'évoque en rien une rigolade. Pourtant, le petit humain sourit.
— Disons que ce n'est pas ce à quoi je m'attendais... Mais, tu sais bien, l'important n'est pas la taille. C'est ce que tu sais en faire.
Son air lubrique encore imprégné sur son visage, il me défie du regard.
Une vibration sourde remonte dans ma poitrine. Cet effronté aime beaucoup trop jouer avec le feu.
Sous ma forme originelle, je mesure bien deux mètres de haut et trois en longueur. J'ignore combien de pénis humains il faudrait additionner pour obtenir le calibre du mien. En toute logique, je pouvais pas en garder la taille. Et, j'ai beau m'en gaver, j'ai qu'une vague idée des normes anatomiques de cette espèce poids plume. Je voulais pas risquer de lui retourner les intestins en le baisant. J'aurais peut-être dû m'en foutre !
Je choisis tout de même de continuer à parler au lieu de grogner en réponse. Ou presque.
— T'as aucune idée de tout le mal que je pourrais te faire.
— Ah oui ?
Il rit grassement.
— Ça sonne presque comme la menace d'un prédateur.
— J'en suis un.
— OK, s'esclaffe-t-il à nouveau. T'as de la gueule, et tu me fais bien rire. Mais je crois qu'il est temps de montrer ce que tu vaux. Viens me rejoindre, Mâle Alpha, on verra si t'es si dangereux que tu le penses.