Faim dévorante
Un pic d'excitation me traverse face à ses provocations. La malice dans les yeux sûrs d'Aubrey se change instantanément en curiosité.
Je sais pas si les miens ont rougeoyé l'espace d'une seconde, ni s'il l'a remarqué.
Peut-être bien que oui.
Il incline la tête sur le côté. Je sens le frison qui le parcourt, ses poils se hérissent. Une chose est sûre, c'est pas juste l'effet de l'eau froide. Mais j'ai l'impression que sa surprise refait rapidement place à l'excitation.
Cet humain-là m'a pas l'air con. Le scintillement incontrôlé de mes iris lui a peut-être bel et bien évoqué ma condition de créature surnaturelle. Je suis à peu près sûr qu'il se demande en ce moment même ce que je pourrais être. Le voir se remette à sourire, sans prendre ses jambes à son cou, renforce tout l'intérêt qu'il me suscite.
Mon Aubrey des Îles de Guadeloupe.
Si énigmatique.
Si appétissant.
Appelé par la chaleur de son corps en rut, je patauge à mon tour dans la flotte et avance jusqu'à ce que ma poitrine soit dedans. J'irai pas plus loin.
Je sais nager, mais pas comme les humains. Alors j'ordonne :
— Viens ici.
Mon autorité le fait encore sourire, pas pour très longtemps. Je compte bien lui faire ravaler cet air confiant. Il nage vers moi sans contestation et s'arrête à quelques centimètres de mon visage.
— Tu veux me montrer à quel point t'es féroce ? souffle-t-il.
Son ton reste joueur. Ses yeux sombres ne quittent pas les miens. Je gronde et saisis machinalement sa mâchoire. Ses jambes puissantes s'enroulent autour de mes hanches en réponse. Il manœuvre pour plaquer son bassin et son buste contre mon corps, tendu par mon instinct de prédation. J'aime pas particulièrement l'eau, mais sentir ma bite flotter dans le léger courant qui caresse ma peau est agréable. Additionné à ça, l'attitude docile d'Aubrey achève d'effacer l'irritation que soulèvent ses provocations incessantes. Au lieu de lui arracher la jugulaire d'un coup de crocs, je pose ma langue contre sa veine et la lèche.
Aubrey penche la tête pour me laisser faire, sa peau pulsant contre la mienne en battements rapides. En recherche d'équilibre, il entoure mes épaules d'un bras avant de plonger sa main libre sous l'eau. Lèvres pincées, il commence à se branler. Son bassin s'active. Habile, il s'aligne de façon à ce que mon sexe roule au milieu de sa raie poilue.
Je lâche son visage et empoigne ses fesses charnues à pleines mains. C'est bien l'occasion durant laquelle je trouve la forme de ces deux membres supérieurs la plus utile. Emporté par ses propres vapeurs, Aubrey cherche ma bouche et y enfonce sa langue. Je constate que même sa salive est bonne. Il y manque pourtant un petit quelque chose. N'écoutant que mon envie, je mordille sa lèvre inférieure et la fend.
Surpris par mon entaille, qu'il sait volontaire, Aubrey sursaute. Il ricane contre mes lèvres, mais ne s'écarte pas. Le goût de son sang se mêle à notre échange, le rendant encore plus savoureux. Je l'attire étroitement contre moi et imite à la perfection ses mouvements de langue hargneux. Puisque je le maintenant à la surface, son bras quitte mes épaules. Il immerge sa deuxième main et masse ma verge en la pressant entre ses fesses. Déjà bien dur, je gémis doucement dans sa bouche avant de m'en séparer.
— Assez joué.
Ma voix claque dans le calme de la nuit.
Je le repousse, seulement pour mieux le retourner, et le rattrape par la nuque d'une poigne ferme. Je le cambre, mais il parvient à se dégager sans que je me m'y attende.
Tout en nageant vers le bord, il se tourne vers moi. Comme si le sourire moqueur qu'il me lance suffisait pas, il lâche :
— Patience, le grand méchant.
V'là qu'il recommence à me gonfler !
Je suis tenté de plonger en avant et de l'enfoncer dans les rochers en reprenant ma forme originelle. Le frisson d'avant transformation me chatouille de corps. Aubrey fait bien de pas me lâcher des yeux avant d'atteindre le bord de cette putain de rivière. Il ne se retourne que pour sortir de l'eau. Distrait par les reflets de la faible lumière sur sa peau sombre et les gouttes qui ruissellent le long de son corps, je reste à l'observer. Il s'en va fouiller dans ses vêtements et me montre un petit carré que je contemple avec réticence.
— Tu viens ?
Je ravale un grognement.
L'attachement des humains à cet accessoire ridicule ne cesse de changer en fonction des époques. À mon humble avis, une espèce assez fragile pour tomber malade après un banal coït mérite l'éradication des plus faibles par sélection naturelle. M'enfin, en revenant dans l'eau se pencher contre un rocher de taille moyenne, jambes écartées et cul offert, mon humain intrépide me présente aussi un argument qui dissuade de tergiverser.
Je le rejoins lentement, ralenti par la résistance de la flotte autour de mes membres inférieurs. Quand il me sent arriver derrière lui, il se retourne et m'accroche du regard.
— Approche, susurre-t-il. Je commence à te cerner, tu dois être du genre à déchirer les capotes avec tes dents.
Il baisse les yeux vers ma bite, sans attendre une autre réaction de ma part que la coopération. Son souffle chaud s'abat sur la peau de mon buste tellement on est proches. Je hume son odeur entêtante et remonte les mains sur ses flancs. Il pompe un peu mon pénis, avant de le recouvrir de son morceau de plastique inutile. Dès que c'est fait, je le retourne et le penche à nouveau. Il s'exécute, sans plus résister.
Sage de sa part, parce que j'arrive à bout de patience.