Point de vue de Marie et Virginie
C’était la fin des vacances scolaires, le retour à la routine pour Marie et Virginie. Il était temps de retrouver leurs habitudes familières.
Le réveil sonna, accompagné de la douce lumière du matin. Marie ouvrit les yeux lentement, puis tourna la tête vers Virginie. Elle la trouvait toujours aussi belle au réveil : les cheveux en bataille, les paupières encore alourdies par le sommeil. D’un geste presque machinal, Marie se leva. Mais avant de rejoindre la cuisine, elle se pencha doucement vers Virginie et lui offrit un baiser, furtif mais tendre, comme une promesse silencieuse.
Le temps que Virginie émerge doucement du sommeil, Marie fila préparer le café. Quelques minutes plus tard, sa compagne la rejoignit, passant ses bras autour de sa taille dans une étreinte familière, bien ancrée dans leur quotidien.
— Tu as bien dormi ? demanda Virginie, la voix encore voilée de sommeil.
— Comme un bébé, répondit Marie avec un sourire léger. Et toi ?
— Parfaitement, souffla Virginie avec un éclat malicieux dans les yeux.
Les tasses partagées, les regards échangés, les gestes tendres remplaçaient les mots. Il était temps de se préparer pour le collège.
Elles attrapèrent leurs sacs, quittèrent la maison et prirent le chemin du travail côte à côte. Leur couple n’était pas un secret, mais elles n’en faisaient pas étalage. Au collège, ceux qui prêtaient attention savaient qu’elles étaient mariées. Comme chaque matin, elles montèrent les escaliers en discutant à voix basse, mêlées au bruit de fond des autres enseignants. Une fois dans la salle des profs, elles posèrent leurs affaires, prirent un café, échangèrent quelques mots avec leurs collègues, puis se séparèrent pour rejoindre leurs classes.
Un dernier baiser, discret, dans un coin de la salle des profs. Puis plus rien de visible : ni gestes déplacés, ni démonstrations. Juste la routine. Juste elles.
Avant de véritablement reprendre le rythme, il fallait d’abord récupérer tous les documents administratifs pour lancer l’année. La salle des profs bourdonnait de rires et d’échanges animés sur les vacances, mais le calme revint presque instantanément à l’arrivée de Julien Marchal.
La quarantaine bien portée, une allure sobre mais solide, il dégageait une autorité tranquille. Il n’avait jamais besoin d’élever la voix. Dès qu’il entra, les conversations s’éteignirent naturellement. Tous les regards convergèrent vers lui.
— Bonjour à toutes et à tous. Je suis Julien Marchal, votre proviseur. Cette année encore, j’ai le plaisir de superviser ce collège.
Sa voix posée traversa la salle avec assurance.
— Pour commencer, je vais vous distribuer vos plannings. Les professeurs principaux sont attendus dans la cour dans vingt minutes pour accueillir leurs classes. Pour les autres, les cours commenceront en début d’après-midi. Et, comme chaque année, je vous le rappelle : en cas de problème, mon bureau vous est toujours ouvert. Je vous souhaite à toutes et à tous une excellente rentrée.
Des hochements de tête, des soupirs soulagés ou inquiets. Chacun se plongea dans son planning.
Marie, professeure de français, se vit confier une fois encore la classe de 6e B. Son calme, sa douceur et sa bienveillance en faisaient une référente idéale pour les élèves de sixième. Elle avait l’art d’apaiser leurs craintes, de rendre cette transition vers le collège un peu moins vertigineuse.
Virginie, professeure d’EPS, débordait d’énergie. Très investie dans la vie du collège, elle co-organisait chaque année un grand triathlon solidaire. Le projet occupait une bonne partie de son premier trimestre, ce qui ne lui laissait pas la possibilité d’être prof principale. Mais elle restait toujours disponible pour prêter main-forte.
Marie glissa ses documents dans son sac, le cœur légèrement serré par cette nervosité familière. Elle s’approcha de Virginie et effleura doucement son épaule.
— C’est l’heure pour moi, dit-elle avec un sourire.
— Tout va bien se passer, répondit Virginie, lisant dans son regard une pointe d’anxiété.
— Comme d’habitude.
Elle se pencha pour l’embrasser, puis ajouta dans un murmure taquin :
— Amuse-toi bien avec tes sportifs.
— On se retrouve pour la pause déjeuner ?
— Bien sûr.
Dans la cour, les élèves formaient de petits groupes épars. Certains restaient près de leurs parents, d’autres chahutaient comme s’ils ne s’étaient jamais quittés.
Marie traversa la foule avec son calme habituel. Un sourire doux aux lèvres, elle rejoignit le groupe des professeurs principaux.
Un surveillant prit la parole pour ramener un peu d’ordre :
— Les professeurs principaux de sixième vont appeler leurs classes. Merci de rester attentifs.
Marie consulta sa feuille, inspira profondément, puis s’avança.
— 6e B, avec moi, s’il vous plaît !
Quelques élèves levèrent la tête. Des regards timides, quelques visages fermés, certains plus assurés. Elle observait déjà, attentive à ceux qui se faisaient tout petits, à ceux qui tentaient de se fondre dans la masse.
— Formez une ligne, on va monter tranquillement en salle. Nous prendrons le temps de faire connaissance. Pas d’inquiétude.