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PetitePlume
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Chapitre 20 : Le souffle d'une famille

La lumière douce du matin caressait les murs de la chambre. Sous les draps encore tièdes, Virginie ouvrit les yeux en premier. Elle resta immobile un instant, savourant la chaleur du corps de Marie contre elle. Son cœur débordait d'une tendresse nouvelle, d'une joie silencieuse : elles allaient donner à Agathe la chance qu’elle, autrefois, avait eue.
Marie bougea doucement, enfouissant son visage dans le cou de Virginie.

— Tu souris, murmura-t-elle d'une voix encore endormie.
— Je suis heureuse, répondit Virginie en caressant lentement son dos. Heureuse qu'on puisse lui offrir une vraie famille.

Marie releva légèrement la tête, ses yeux brillants de douceur.

— Moi aussi... murmura-t-elle. Mais j'ai peur, parfois. Peur qu’elle pense qu’on va l’abandonner.
— On lui prouvera le contraire, promit Virginie dans un souffle, scellant la promesse d’un baiser léger au creux de son front.

Ils restèrent ainsi quelques minutes encore, enlacées, bercées par l'émotion brute et la certitude fragile qu'elles étaient sur le bon chemin.

Un peu plus tard, Agathe descendit les escaliers, ses cheveux encore en bataille. Elle trouva Marie dans la cuisine, affairée à préparer le petit-déjeuner. Mais Virginie n’était nulle part.

Un pincement d’angoisse serra la poitrine d'Agathe.

— Elle est partie ? demanda-t-elle, la voix un peu tremblante malgré elle.

Marie s’essuya les mains sur un torchon avant de venir s’accroupir à sa hauteur, lui offrant un sourire rassurant.

— Ne t’inquiète pas, pumpkin, dit-elle doucement. Virginie est juste allée remplir des papiers à l’assistance sociale. Pour toi, pour nous. Tout va bien.

Agathe hocha la tête, encore un peu tendue, mais le regard de Marie, plein de chaleur et de certitude, parvint à calmer son cœur affolé.

Pendant ce temps, Virginie poussa la porte de l’assistance sociale avec un petit sourire nerveux.
Elle n’avait plus rien d’une gamine perdue dans ces couloirs, mais revenir ici lui nouait toujours un peu la gorge.

À l’accueil, la secrétaire la reconnut tout de suite.

— Bonjour Virginie, Madame Delorme vous attend dans son bureau.

Virginie hocha la tête et s’engagea dans le couloir familier.
Quand elle toqua à la porte, une voix chaleureuse l'invita à entrer.

Mme Delorme était là, derrière son bureau encombré de dossiers, son éternel mug de café à la main.
Son visage s’éclaira en voyant Virginie.

— Ma petite Virginie, fit-elle tendrement. Entre, assieds-toi.

Virginie s’installa en face d’elle, un peu nerveuse malgré tout.
Madame Delorme posa son mug, croisant les mains sur son bureau.

— Alors, qu'est-ce qui t’amène ? Comment ça se passe avec Agathe ?

Virginie sourit doucement.

— Ça se passe bien... très bien, même.
Elle hésita un instant, puis se lança, les yeux brillants d'une émotion sincère.

— Je suis venue parce qu’avec Marie... on voudrait aller plus loin.
On aimerait l’adopter.

Un silence doux s'installa. Pas de surprise dans les yeux de Mme Delorme, juste une émotion discrète.

— J’espérais entendre ça un jour, souffla-t-elle en souriant.

Virginie sentit sa gorge se serrer légèrement.
Mme Delorme, c’était plus qu’une assistante sociale pour elle. C’était une des rares personnes qui l’avaient aidée à se construire, à croire qu’une famille était possible.

— Agathe... elle a mis du temps à s’ouvrir, avoua Virginie. Mais aujourd'hui, elle est...
Elle fait partie de nous. Comme si elle avait toujours été là.

Mme Delorme posa doucement sa main sur la sienne.

— Tu sais mieux que personne ce que c’est que de trouver enfin un foyer. Tu sais l'importance que ça a pour un enfant cabossé.

Virginie hocha la tête, les yeux brillants.

— Alors... quelles sont les démarches ? demanda-t-elle d’une voix plus ferme.

Mme Delorme se redressa, professionnelle mais toujours douce.

— Il va falloir remplir une demande officielle d’adoption. Ensuite, il y aura une évaluation sociale, une audience devant le juge des affaires familiales... et, le plus délicat, l'abandon des droits parentaux du père d’Agathe.

Le sourire de Virginie vacilla.

— Et si... s’il refuse ?

Mme Delorme soupira doucement.

— Ce sera au juge de décider, en fonction de l’intérêt d’Agathe.
Mais avec ce qu'elle a vécu... il est probable que le juge privilégiera votre demande.
Il faudra être patiente. Courageuse.

Elle fouilla dans son tiroir, en sortit quelques documents.

— Tiens. Commence par remplir ça. Et si tu as besoin de moi... pour un mot de soutien, une attestation... tu sais que je suis là.

Virginie prit les papiers, émue.

— Merci, murmura-t-elle.

Mme Delorme serra doucement sa main.

— C’est moi qui te remercie, Virginie. Ce que tu fais... c’est beau. C’est juste. C’est la plus belle réponse que tu puisses offrir à ton passé.

Virginie quitta le bureau le cœur serré, les papiers contre elle comme un trésor précieux.
Pour Agathe. Pour leur futur à toutes les trois.

Virginie traversa la cour du collège, son dossier sous le bras, encore portée par les mots de Madame Delorme.
Le bâtiment lui parut plus vivant que d'habitude, les éclats de voix des élèves, les rires, les bruits de pas dans les couloirs…
Tout semblait vibrer d'une énergie nouvelle.
Ou peut-être était-ce simplement son cœur à elle qui battait plus fort.

Elle aperçut Marie de loin, accrochée à son tableau d'affichage, un carnet à la main.
Sans réfléchir, Virginie accéléra le pas et la rejoignit.

Marie leva les yeux en la voyant approcher et son visage s'illumina d’un sourire tendre.

— Alors ? demanda-t-elle à voix basse, curieuse et un peu inquiète.

Virginie jeta un rapide coup d'œil autour d'elles. Le couloir était plutôt calme.
Elle glissa les papiers dans son sac, attrapa doucement la main de Marie, juste un instant, juste pour sentir son ancrage.

— Elle était contente pour nous, murmura-t-elle. Elle nous soutient.

Marie soupira de soulagement.

— Et les démarches ?

Virginie fit une petite moue, à peine hésitante.

— Il y a tout un dossier à remplir...
Et... Il faudra aussi que le père d'Agathe abandonne ses droits. Sinon, ça devra passer par une décision du juge.

Marie serra un peu plus fort ses doigts.

— On fera tout ce qu'il faut. Promis.

Virginie hocha la tête, tentant de chasser l'inquiétude qui menaçait de l'envahir.

Ce qu'elles n'avaient pas vu, un peu plus loin, c’était Agathe.
La jeune fille, qui passait dans le couloir, s'était arrêtée en voyant les deux femmes discuter.
Elle n'avait pas tout entendu, juste quelques mots volés au passage : dossier, juge, père...

Son cœur se serra.

Elle ne voulait pas retourner en arrière.
Elle voulait rester là, avec elles, dans cette maison où la lumière était douce, où les petits déjeuners sentaient la brioche et le chocolat chaud.

Agathe serra son sac contre elle, puis tourna les talons, le pas plus lourd qu’à son arrivée.

Agathe s'était réfugiée sous le grand arbre, au fond de la cour.
Celui où, parfois, elle et Julie s'asseyaient pour discuter loin du bruit et du monde.

Julie ne tarda pas à la rejoindre, son sac en bandoulière et l'air légèrement essoufflée.

— Hey... Ça va ? demanda-t-elle en s'asseyant à côté d'elle.

Agathe haussa les épaules, fixant ses pieds qui grattouillaient la poussière.

— J'ai entendu... Virginie et Marie parler... murmura-t-elle sans lever les yeux.

Julie se pencha un peu, attentive.

— À propos de quoi ?

Un silence.
Puis la voix d'Agathe, toute petite :

— Mon père...
Il pourrait empêcher l'adoption.

Julie fronça les sourcils, cherchant ses mots.

— Mais... t'es bien ici, non ? Avec elles ?

Agathe hocha lentement la tête.

— Ouais. C'est... C'est la première fois que je me sens vraiment en sécurité.
La première fois que j'ai l'impression... d'avoir une maison.

Elle essuya du bout de sa manche une larme qui menaçait de couler.

— Et j'ai peur que tout s'arrête. Que ce soit juste... un rêve.
Je veux pas retourner chez lui, Julie. Jamais.
Je veux qu'elles deviennent mes mamans.

Julie posa doucement sa main sur la sienne, sans un mot.
Un geste simple, silencieux, mais rempli d'une chaleur immense.

— Elles t'aiment, Agathe. Ça se voit. Ça se sent.
Et toi aussi tu les aimes, non ?

Agathe hocha la tête, incapable de parler, un sanglot doux coincé au fond de sa gorge.

Julie lui serra un peu plus fort la main.

— Alors ça va aller. Peut-être que ce sera compliqué... mais tu n'es plus toute seule maintenant.

Agathe ferma les yeux un instant, laissant ces mots la réchauffer doucement, comme un rayon de soleil timide au travers des feuilles.

Pour la première fois depuis longtemps, malgré les peurs et les doutes, elle se sentit un peu plus forte.

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