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PetitePlume
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Chapitre 18 : Le cœur ouvert

Le printemps avait doucement conquis la maison.
Les journées étaient plus longues, la lumière plus douce, et avec elle, quelque chose s’était installé entre les murs : la paix.

Chaque matin, Agathe descendait pour le petit-déjeuner, les pieds nus sur le parquet tiède, les cheveux encore ébouriffés par le sommeil.
Et à chaque fois, elle trouvait Virginie déjà levée, une tasse de café fumante à la main, le regard tendre posé sur elle.
Marie, elle, surgissait souvent de la cuisine en chantonnant faux, faisant mine de danser juste pour la faire sourire.

Et Agathe souriait. Elle ne se forçait plus.

Le soir, après les devoirs, après les repas, elles s'installaient toutes les trois dans le salon.
Parfois, Agathe s'asseyait à leurs pieds, un plaid sur les jambes, posant distraitement la tête contre le genou de Marie, qui glissait sa main dans ses cheveux sans y penser.

Virginie, elle, venait souvent s'asseoir derrière elles sur le canapé, entourant leurs épaules d'un bras protecteur.

Les gestes étaient simples, naturels.
Un baiser furtif sur une tempe, une caresse dans les cheveux, un froncement de nez amusé.
Des petites preuves d’amour disséminées partout.

Un soir de pluie, alors que la maison baignait dans une lumière douce et que le feu crépitait dans la cheminée, Virginie et Marie s'étaient isolées dans leur chambre, la porte entrouverte.
Agathe, montée dans sa chambre, n'entendait que le murmure rassurant de leurs voix.

— Tu y penses aussi, n'est-ce pas ? souffla Virginie en glissant ses doigts dans ceux de Marie, alors qu'elles étaient assises sur le bord du lit.

Marie leva les yeux, son regard brillant d’émotion.

— Chaque jour un peu plus, murmura-t-elle.
— L’adoption... Ce serait la suite naturelle, non ? ajouta Virginie, caressant distraitement la main de Marie de son pouce.

Marie hocha la tête, un sourire doux sur les lèvres.

— Mais on doit attendre. La laisser venir à nous. Elle a encore besoin de temps.

Virginie se pencha et déposa un baiser sur la joue de Marie, un baiser lent, chargé de gratitude.
Elles restèrent ainsi un moment, l’une contre l’autre, partageant ce silence heureux, rêvant tout bas de leur avenir à trois.

Le lendemain soir, alors que la pluie tambourinait doucement contre les fenêtres, elles décidèrent d'aborder le sujet du procès avec Agathe.

Le feu crépitait dans l’âtre, jetant des reflets orangés sur les murs.
Agathe était recroquevillée dans un fauteuil, une tasse de chocolat chaud entre les mains.

Marie s’approcha la première, s’agenouillant doucement devant elle.
Virginie vint s’asseoir tout contre, une main posée dans le dos d’Agathe, caressant lentement des cercles apaisants.

— Pumpkin... commença Marie d’une voix douce. On voulait te parler de quelque chose d'important.

Agathe leva les yeux, inquiète.

Virginie se pencha légèrement, cherchant son regard.

— C’est à propos du procès, murmura-t-elle. Celui de... ton père.

Agathe se raidit imperceptiblement, ses doigts se crispant autour de la tasse.

Marie posa ses mains sur les siennes, enveloppant doucement ses doigts glacés.

— Ça s’est bien passé, poursuivit Virginie d'une voix calme. La justice a reconnu ce que tu as vécu.
— Il a été condamné, ajouta Marie doucement. Tu n’auras plus à avoir peur de lui. Jamais.

Un silence tomba, lourd de mille émotions.

Agathe cligna plusieurs fois des yeux, cherchant à ravaler les larmes qui montaient.

— C’est fini... ? demanda-t-elle d’une toute petite voix.

Marie hocha la tête, un sourire tendre sur les lèvres.

— C’est fini, Pumpkin.

Agathe posa la tasse sur la table basse d'un geste tremblant, puis, sans un mot, se jeta dans leurs bras.
Virginie l’enlaça aussitôt, la serrant contre elle, lui murmurant des paroles douces à l’oreille.
Marie entoura Agathe de ses bras, posant sa joue contre ses cheveux, les yeux fermés.

Elles restèrent longtemps ainsi, unies, respirant au même rythme.

Dans la chaleur du feu et des bras autour d’elle, Agathe sentit un poids immense tomber de ses épaules.
Pour la première fois depuis des années, elle pouvait pleurer sans honte, sans peur.
Elle pouvait être faible, et être aimée quand même.

Elle n'était plus seule.
Elle n'était plus un problème.
Elle était leur Agathe.

Et dans le cœur de Virginie et Marie, ce soir-là, la certitude prit racine :
elles ne laisseraient plus jamais cette enfant affronter le monde sans elles.

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