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PetitePlume
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Chapitre 13 : nouveau depart

Marie revint dans le couloir de l’hôpital, les papiers de sortie en main. Agathe l’attendait, recroquevillée sur un banc, un sac plastique contenant ses affaires posé à ses pieds. Elle leva les yeux en entendant ses pas.

— On peut y aller, pumpkin, dit Marie avec un sourire doux.

Le surnom fit rougir Agathe, mais elle hocha la tête. Elle se leva en silence, encore un peu raide, et suivit Marie hors de l’hôpital.

Pendant ce temps, Virginie terminait l’entretien avec le lieutenant.

— Tout me paraît en ordre, dit-il en refermant le dossier. Une assistante sociale passera chez vous cet après-midi, disons vers 14h. Si tout va bien, Agathe pourra rester. Officiellement.

— On sera prêtes, répondit Virginie.

Elle serra la main du lieutenant, un mélange de nervosité et de détermination dans le regard.

Dans la voiture

Le trajet se faisait en silence. Agathe fixait la route à travers la vitre, les bras serrés autour de son sac. Marie jetait des coups d’œil dans le rétroviseur, attentive.

— Cet après-midi, une assistante sociale va venir, expliqua Virginie, assise à côté d’elle. Elle va poser quelques questions, vérifier que la maison est adaptée… Et elle voudra sûrement te parler, mais c’est pas un interrogatoire. Juste pour qu’elle puisse faire son rapport.

Agathe tourna un peu la tête.

— Et… si elle dit que c’est pas bon ?

— Alors on trouvera un autre moyen, répondit Marie calmement. Mais tu sais quoi ? Je suis pas inquiète. On est ta famille maintenant. Si tu veux bien de nous.

Agathe hésita, puis demanda d’une voix timide :

— Pourquoi vous m’appelez pumpkin ?

Virginie sourit.

— À cause de tes cheveux roux, un peu. Mais pas que. T’es comme une petite citrouille précieuse. Douce à l’intérieur. Et t’es mignonne quand tu fronces les sourcils.

Marie rit doucement.

— Et puis, pumpkin, ça sonne mieux qu’"mademoiselle Agathe", tu trouves pas ?

Agathe baissa les yeux, un peu gênée, mais ses lèvres frémirent d’un sourire.

— Et plus de "Madame Leblanc", ajouta Virginie en la regardant dans les yeux. À la maison, c’est Marie et Virginie. D’accord ?

Elle hocha la tête. Ce mot, maison, sonnait bizarrement doux.

Visite de l’assistante sociale

À 14h pile, on frappa à la porte. Agathe sursauta, les mains crispées sur son mug de chocolat chaud. Marie posa sa main sur son épaule.

— C’est juste l’assistante sociale, pumpkin. Tout va bien.

Virginie ouvrit la porte. Une femme d’une soixantaine d’années, cheveux gris relevés en un chignon impeccable, entra avec un grand classeur contre la poitrine. Elle avait un regard vif, un sourire doux.

— Bonjour, je suis Madame Delorme. Vous êtes bien Marie et Virginie Leblanc ?

— Oui, entrez. Merci d’être venue.

Elles s’installèrent dans le salon. Madame Delorme feuilleta le dossier, puis s’arrêta brusquement sur une page.

— Virginie Faure ?

— Euh… oui, c’est mon nom de jeune fille, répondit Virginie.

Un silence suspendu s’installa.

— Je vous reconnais. J’étais votre référente sociale quand vous étiez enfant.

Virginie eut un léger mouvement de recul, les yeux agrandis par l’émotion.

— Vous… c’est vous qui avez géré mon dossier d’adoption ?

Madame Delorme sourit avec douceur.

— Oui. Vous étiez une petite fille vive, méfiante mais très courageuse. Je me souviens… Vous aviez un vieux stylo avec une licorne au bout. Vous le gardiez comme un trésor.

Une larme silencieuse coula sur la joue de Virginie.

— C’est vrai… Vous aviez été la première personne gentille avec moi.

Marie, émue, prit sa main sans un mot.

— Je savais que vous deviendriez quelqu’un de bien, murmura Madame Delorme. Vous en aviez la force. Et maintenant, vous donnez cette chance à une autre.

Elle reprit la visite, passant dans les pièces, posant des questions, notant des remarques. Puis elle demanda à parler seule à Agathe.

Dans la cuisine, Agathe s’assit face à elle, droite comme un piquet.

— Tu sais pourquoi je suis là ? demanda doucement la femme.

Agathe hocha la tête.

— Pour voir si je peux rester…

— Exactement. Mais je veux que tu saches quelque chose : ce n’est pas un test. Je veux juste m’assurer que tu es en sécurité et que tu te sens bien ici.

Agathe hésita, puis répondit :

— Ici… c’est différent. Elles… elles me regardent comme si j’étais importante. Comme si j’avais de la valeur.

Madame Delorme sourit doucement.

— Tu en as, Agathe. Et tu as le droit d’être aimée. C’est tout ce qui compte.

Point de vue d’Agathe

Le soir, le soleil déclinait à travers les rideaux du salon. Agathe était assise sur le tapis, devant la cheminer. La maison était calme, remplie de petits bruits rassurants : une casserole qui chante, une chaise qui grince, des pas feutrés.

— Tu peux regarder la télé si tu veux, lui dit Marie en passant derrière elle. Ou lire un livre. Tu fais comme chez toi, pumpkin.

— T’es chez toi, précisa Virginie en sortant des assiettes.

Elle les regarda. Ces deux femmes qui riaient, qui la traitaient comme une personne entière. Pas comme un fardeau. Pas comme un fantôme.

— Je peux aider ? demanda-t-elle doucement.

— Bien sûr, viens mettre la table avec moi, dit Virginie.

Agathe se leva, un peu gauchement. Elle mit les assiettes, les verres. Elle s’appliquait, concentrée, comme si ce petit geste prouvait qu’elle avait sa place ici.

Et peut-être que c’était vrai.

Ce soir-là, dans une maison simple mais pleine de chaleur, Agathe sourit pour de vrai.

Après le dîner, elle monta dans la petite chambre d’amis où un lit avait été préparé pour elle. Marie entra un instant plus tard, un pyjama un peu trop grand plié sur le bras.
— Je n’ai que ça pour ce soir, lui dit-elle en souriant. C’est peut-être pas trop ton style, je sais… mais on va te trouver mieux demain.

Agathe hocha la tête, un peu gênée.
— Merci…

— Oh, et d’ailleurs, ajouta Marie, on passera chez ma sœur demain matin, avant d’aller au collège. Elle a gardé des affaires de sa fille quand elle avait ton âge, elles t’iront sûrement mieux. Et t’en fais pas, elle est au courant. Elle est super.

Agathe sentit une bouffée de soulagement l’envahir. Pas besoin de remettre ses vieux vêtements, ni d’expliquer pourquoi elle n’avait rien.
— Tu sais, dit Marie en la regardant avec tendresse, t’es pas obligée d’être parfaite ici. Tu peux être juste toi. Et on prendra soin du reste, ok ?

Agathe hocha la tête, les yeux un peu brillants.

— Et ce week-end, on ira voir pour des affaires dans ton style. Tu verras, Virginie adore faire les boutiques, fit-elle en grimaçant.

Agathe eut un petit rire.
— Bonne nuit, pumpkin.
— Bonne nuit…

Quand la porte se referma, Agathe serra le pyjama contre elle quelques secondes. Il sentait la lavande, la lessive, et un peu… la chaleur humaine.

Demain, elle irait au collège. Pas en haillons. Pas honteuse.
Juste… comme une ado normale.
Et c’était énorme.

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