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PetitePlume
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Chapitre 14 : Face au système

Le matin, Marie et Virginie arrivèrent au collège. Elles pouvaient entendre des murmures sur leur absence de la veille.

Avant de venir, elles avaient déposé Agathe chez la sœur de Marie. Virginie avait reçu un mail de Julien Marchal, les convoquant dans son bureau. Pour éviter à Agathe ce stress supplémentaire, elles avaient préféré la laisser en sécurité, loin de la tension attendue. Elles lui avaient promis qu’elle les rejoindrait en début d’après-midi pour son retour en classe.

Une fois arrivées, elles se rendirent directement au bureau du proviseur, où la convocation était prévue pour 8h30. Le proviseur les accueillit poliment, mais son regard trahissait une certaine inquiétude.

— Mesdames Leblanc, merci d’être présentes, commença-t-il. Nous devons aborder plusieurs points concernant la prise en charge d’Agathe.

Marie et Virginie s’assirent en face de lui.

— Nous comprenons, répondit Virginie d’un ton ferme. Je tiens à m’excuser pour notre absence et celle d’Agathe hier, mais comme vous pouvez l’imaginer, les circonstances étaient exceptionnelles. Agathe sera présente dès cet après-midi.

Le proviseur jeta un œil aux documents posés devant lui.

— Très bien. Concernant la situation d’Agathe, certaines procédures doivent être respectées. Elle est désormais sous la responsabilité de l’assistante sociale, et son accueil à votre domicile s’inscrit dans un cadre légal bien précis. Les documents d’accueil provisoire sont-ils en règle ? Je précise également que son père est légalement tenu de ne pas s’approcher d’elle, ni de l’établissement.

Virginie acquiesça calmement.

— Tout est prêt, répondit-elle. Notre priorité est que tout soit conforme, sécurisé. Nous ne demandons aucun traitement particulier, simplement que la sécurité d’Agathe soit assurée.

Le proviseur ajusta ses lunettes et feuilleta rapidement un dossier.

— Très bien. Pour ce qui est de la gestion avec les élèves, je vous propose d’informer la classe de manière succincte. Il est important d’endiguer les rumeurs sans pour autant violer la vie privée d’Agathe. Nous pourrons évoquer des difficultés familiales, sans entrer dans les détails. Pas de favoritisme en cours, mais une vigilance adaptée.

— Parfait, répondit Marie. C’est ce que nous souhaitons également : un discours sobre, mais clair.

— Dans ce cas, dit le proviseur, nous ferons une annonce dès aujourd’hui. La situation sera traitée avec sérieux et discrétion.

Ils se levèrent tous trois.

— Merci pour votre coopération, conclut Virginie.

— Il n’y a pas de souci, répondit-il.

Avant la reprise des cours, Virginie et Marie allèrent chercher Agathe. Elles la retrouvèrent dans un coin tranquille du collège, un peu tendue.

— Pumpkin, viens avec nous un instant, dit Marie doucement. On doit te parler avant que tu retournes en classe.

Elles se dirigèrent vers la salle de Marie, et une fois la porte fermée, Virginie s’assit à côté d’Agathe.

— Comme tu t’en doutes, on a parlé avec le proviseur ce matin, commença-t-elle. Tes camarades vont remarquer les bleus, et que tu arrives avec nous désormais. Pour éviter les rumeurs ou les moqueries, il va simplement leur dire que tu traverses des difficultés familiales. Aucun détail. Mais c’est important pour nous que tu sois d’accord avec ça.

Agathe hocha lentement la tête.

— Ça me va. Je préfère ça. Je veux juste qu’on me laisse tranquille.

Marie sourit doucement.

— Tu n’auras rien à expliquer. Et si jamais tu veux changer quelque chose ou en parler, tu viens nous voir, ok ?

Agathe fit oui de la tête. Elle ne disait rien, mais ses épaules se détendaient.

Quelques minutes plus tard, ils entrèrent dans la salle de classe d’Agathe. Les élèves étaient déjà installés. Le proviseur demanda le silence.

— Mesdames et messieurs, dit-il, comme vous l’avez constaté, Agathe a été absente hier. Elle traverse actuellement des difficultés familiales, et dans ce cadre, elle est temporairement hébergée par mesdames Leblanc. Nous vous demandons de respecter sa vie privée et de faire preuve de bienveillance.

Il marqua une pause.

— Aucun détail ne sera communiqué, et ce n’est pas nécessaire. Agathe reste votre camarade. Nous comptons sur votre discrétion.

Les regards se croisèrent dans la salle. Quelques chuchotements, mais pas de ricanements, pas d’hostilité.

— Merci de votre attention. Le cours peut commencer, conclut le proviseur avant de quitter la salle.

Les élèves s’étaient rassis après l’intervention du proviseur. La classe était plongée dans un silence inhabituel, comme si chacun attendait de voir comment les choses allaient se passer.

Virginie jeta un coup d’œil à Agathe, qui se tenait encore à la porte, hésitante.

— Allez, vas-y, lui murmura-t-elle doucement.

Agathe inspira profondément, puis franchit le seuil. Tous les regards se tournèrent vers elle, et elle sentit son cœur s’accélérer. Certains élèves baissèrent les yeux, d’autres lui adressèrent un sourire timide. Mais personne ne dit un mot.

Elle rejoignit sa place, au fond de la salle, près de la fenêtre. Celle qu’elle avait choisie au début de l’année pour passer inaperçue. Cette fois encore, elle se glissa dans sa chaise, la tête baissée, les mains crispées sur la table.

Juste devant elle, Inès — une fille discrète mais gentille — se retourna légèrement.

— Si t’as besoin de rattraper des trucs, je peux te passer mes cours, murmura-t-elle.

Agathe releva les yeux, surprise. Elle hocha la tête, un peu décontenancée.

— Merci…

À sa droite, Youssef, un élève plutôt calme, fit un petit signe de tête.

— T’inquiète, on est pas des abrutis. On sait se mêler de nos affaires.

Elle ne sut pas quoi répondre. Mais un petit sourire se dessina malgré elle. L’ambiance était tendue, mais pas hostile. Il y avait comme une forme de respect silencieux dans l’air.

Marie prit la parole pour lancer le cours. Sa voix, posée et calme, servit d’ancrage. Elle n’adressa pas un mot particulier à Agathe, mais à plusieurs reprises, ses yeux croisèrent les siens. Un langage discret, rassurant. Un “je suis là” muet.

Le reste du cours se déroula sans incident. Agathe prit son stylo, griffonna des notes machinalement, et releva la tête un peu plus souvent que d’habitude.

À la fin de l’heure, quelques élèves lui lancèrent un “salut” ou un “à plus” en quittant la salle. Rien d’exceptionnel. Juste… normal. Et pour elle, c’était déjà beaucoup.

Lorsqu’elle ressortit dans le couloir, elle retrouva Virginie qui l’attendait à quelques pas de la porte.

— Alors ? demanda-t-elle doucement.

— Pas trop pire, répondit Agathe. Ils m’ont pas posé de questions. Et… quelqu’un m’a proposé ses cours.

Virginie lui adressa un sourire plein de tendresse.

— C’est bien. C’est un début, pumpkin.

Agathe leva les yeux vers elle.

— Tu crois que je vais m’habituer ?

— Je crois que t’es déjà en train de le faire.

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