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PetitePlume
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Chapitre 23 : Premiers pas vers la bataille

Les jours suivants furent remplis d’une drôle d’effervescence, faite de silences lourds et de regards complices.
Marie et Virginie avaient pris une décision : protéger Agathe autant que possible de tout ce qui allait suivre.

Un soir, alors qu'elles étaient toutes les trois installées sur le canapé, Marie prit doucement la main d'Agathe.

— On a réfléchi, murmura-t-elle.
— À quoi ? demanda Agathe, la gorge un peu nouée.
— À te laisser souffler un peu, répondit Virginie, un sourire doux aux lèvres. T’éloigner de tout ça pendant quelques jours. Tu sais, prendre une grande bouffée d’air.

Agathe fronça les sourcils, hésitante.

— Mais… et vous ? Et ce qui se passe avec mon père ?
— On va gérer, promis, souffla Marie en lui caressant doucement la joue. Tu as déjà assez porté tout ça sur tes épaules. C’est à nous de prendre le relais.

C’est ainsi qu’ils décidèrent : pendant que Marie et Virginie commenceraient à préparer leur dossier pour le juge, Agathe partirait une semaine chez la sœur de Marie, avec ses cousins.
Des vacances improvisées, loin des papiers, des avocats, des menaces.

Le jour du départ arriva vite.
Sur le pas de la porte, Agathe serra Marie puis Virginie dans ses bras, l’air hésitant.

— Vous allez vraiment réussir ? demanda-t-elle dans un souffle.
— On va se battre, lui répondit Marie, le regard brûlant de détermination. Et on va gagner.
— Parce que tu es notre fille, ajouta Virginie. Dans notre cœur, c'est déjà fait.

Le coffre de la voiture se referma dans un claquement joyeux, et Agathe partit, un peu rassurée, un peu triste aussi.

Dès que la voiture disparut au coin de la rue, Marie se tourna vers Virginie avec un sourire tendu.

— C’est parti pour la bataille.

Virginie hocha la tête.

— Première étape : appeler un avocat.

Le téléphone était posé au milieu de la table, haut-parleur activé.
Marie et Virginie se tenaient assises l'une en face de l'autre, un carnet et un stylo à portée de main, comme deux élèves sages... mais avec l’estomac noué.

— Respire, souffla Virginie en voyant Marie tapoter nerveusement sur la table.
— Je respire ! protesta-t-elle. Mais c’est pas tous les jours qu’on engage un avocat pour protéger notre fille.

À cet instant, la sonnerie résonna, brisant leur tension. Marie appuya rapidement sur le bouton vert.

— Maître Dupuis, bonjour, lança une voix posée.
— Bonjour, répondit Virginie d'une voix plus calme qu'elle ne se sentait. Nous sommes Marie et Virginie Leblanc… c’est pour Agathe.

Après quelques salutations, l’avocat se montra tout de suite rassurant.

— Votre dossier est solide, expliqua-t-il après un bref résumé. Témoignages, rapports médicaux, scolarité impeccable, cadre de vie stable… Vous avez de très bons arguments en votre faveur.

Marie se détendit légèrement et osa même un sourire en coin vers Virginie.
Mais l’avocat, plus sérieux, reprit :

— Le principal obstacle, ce sera le père biologique. Il a encore ses droits parentaux. Sa récente condamnation joue contre lui, mais s’il décide de se battre… cela pourrait retarder les choses.

Virginie serra doucement la main de Marie sous la table.

— On est prêtes, déclara-t-elle d'une voix ferme. On n'abandonnera pas.

Un petit silence suivit, puis l’avocat ajouta :

— Alors dans ce cas, je vous conseille de commencer par déposer officiellement une requête au juge aux affaires familiales. Avec ce que vous m'avez fourni, je peux préparer le dossier pour vous.

Marie griffonna frénétiquement sur son carnet :
**- Appeler le juge

Préparer dossier adoption

Ne pas vomir de stress.**

Virginie jeta un coup d'œil et éclata de rire doucement.

Quand l’appel se termina, elles restèrent un instant silencieuses. Puis Marie, d’un ton solennel, déclara :

— Opération "Mission Sauvetage de Pumpkin" est lancée.
— Capitaine Leblanc à la manœuvre, ajouta Virginie avec un petit salut militaire.

Elles passèrent la journée plongées dans les papiers, à classer, photocopier, annoter.
Les rapports médicaux, les témoignages d’enseignants, les déclarations de Julie, le courrier de l’infirmière scolaire… Chaque preuve de la violence subie par Agathe était précieuse.

Elles allaient se battre. Jusqu'au bout.

Chez la sœur de Marie, l’ambiance était bien différente.

Agathe était assise sur le canapé, emmitouflée dans un plaid à carreaux, un chocolat chaud entre les mains. Autour d’elle, les enfants de la famille couraient, riaient, s’appelaient. Ça sentait la brioche grillée et le feu de bois. C’était chaleureux, vivant… mais dans un coin de son cœur, Agathe sentait un petit vide.

Elle porta machinalement son mug à ses lèvres, son regard se perdant par la fenêtre.
Elle pensait à Marie. À Virginie.
À leur maison.
À leurs blagues idiotes, à la façon dont Marie embrassait toujours ses cheveux sans prévenir, et à Virginie qui râlait dès qu’elle oubliait ses chaussettes dans le salon.

Elle serra le mug un peu plus fort.

— Ça va, ma grande ? demanda la sœur de Marie en venant s’asseoir près d’elle.

Agathe hocha doucement la tête.

— Oui… C’est juste que… elles me manquent un peu, souffla-t-elle.

La sœur de Marie eut un sourire tendre et passa un bras autour d’elle.

— C’est normal. Quand on tient à quelqu’un, même une heure loin d’eux, c’est trop long.

Agathe sourit timidement.

Elle ne le savait pas encore, mais à cet instant précis, quelque part, Marie et Virginie pensaient exactement la même chose.

Pendant ce temps, à la maison, la lumière du salon filtrait encore sous la porte, bien après minuit.
Virginie et Marie étaient toujours debout, plongées dans leurs montagnes de documents.
Virginie, affalée sur le canapé, faisait tourner un surligneur distraitement entre ses doigts. Marie, assise en tailleur sur le tapis, griffonnait dans un cahier, un stylo coincé derrière l'oreille.

— C’est monstrueux... souffla Virginie en feuilletant un énième rapport médical. T’as vu la taille de son dossier ?

Marie hocha la tête, le visage grave.

— Entre les hématomes, les passages à l’hôpital, les certificats de l'infirmière scolaire... C'est un miracle qu’elle ait tenu tout ce temps.

Un silence tomba, chargé d’une émotion contenue.
Marie finit par soupirer, rassemblant une poignée de feuilles.

— Bon, au moins, ça, c’est du concret. Le juge pourra pas l’ignorer.

Virginie se pencha en arrière sur le canapé, les bras étendus. Marie posa son stylo, grimpa sur le canapé, et s’assit près de Virginie. Elle glissa sa main dans la sienne, entrelaçant doucement leurs doigts.

— Si j’avais su que la paperasse allait être plus violente que le sport, j’aurais demandé un entraînement spécial...

Marie esquissa un petit sourire, attrapa une feuille vierge, la roula en boule et la lança en plein sur Virginie.

— T’as qu’à appeler ça notre triathlon de la famille !

Virginie éclata de rire, l’attrapant par la taille pour la faire basculer contre elle.

— La fatigue te rend insolente, Madame Leblanc.

— Et toi bien trop sérieuse, répondit Marie en déposant un baiser rapide sur son nez.

Elles rirent encore, quelques secondes. Juste elles deux, dans leur monde.
Puis, en silence, elles se remirent au travail. Parce qu’il y avait des batailles qui valaient toutes les nuits blanches du monde.

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