Gabriel
La soirée avec les gars s’était terminée tranquillement. Quelques parties de jeux vidéo, quelques vannes lancées à droite et à gauche, et surtout, beaucoup de rires. C’était exactement ce dont on avait besoin après une journée d’examens.
Mais maintenant que tout était terminé, je me sentais un peu trop éveillé.
Je sors du salon en m’étirant, prêt à aller dormir, mais en passant devant les escaliers, je remarque une lueur sous une porte.
Sa porte.
Clémence.
Je m’arrête net, mon regard fixé sur cette lumière qui ne devrait plus être allumée à cette heure-ci.
Elle est encore en train de bosser.
Je le savais. Je le savais depuis le début.
Elle nous fait croire qu’elle dort, qu’elle se repose, mais en réalité, elle étudie jusqu’à des heures impossibles. Ce n’est pas juste du stress, c’est de l’acharnement.
Julien et Léo ne voient rien. Ils ne se doutent de rien.
Mais moi… moi je vois.
J’hésite un instant. Frapper à la porte ? L’obliger à arrêter ? Mais je sais comment elle réagirait. Elle s’énerverait, nierait en bloc, et me jetterait dehors sans même écouter.
Fais ce que tu veux, mais ne t’écroule pas au milieu d’un examen, Clémence.
Je passe une main dans mes cheveux et pousse un long soupir avant de finalement tourner les talons.
Si je veux garder un œil sur elle, autant que je reste éveillé aussi.
Dans ma chambre, j’allume ma propre lampe de bureau, sors mes cahiers et décide d’étudier un peu moi aussi.
Au bout d’une heure, mon regard dérive vers la porte, puis vers la lumière sous la sienne. Toujours allumée.
Merde, Clémence… dors un peu.
Je tente de me reconcentrer sur mes notes.
Vingt minutes plus tard, je lève à nouveau les yeux. Toujours allumée.
Je serre la mâchoire. Qu’est-ce qu’elle croit, sérieusement ? Que son cerveau va mieux fonctionner en se privant de sommeil ?
Je pousse un soupir et referme mes cahiers.
Il est trop tard.
Pour elle, comme pour moi.
Je me glisse sous les couvertures, mais même allongé, mes pensées restent bloquées sur elle.
La lumière sous sa porte.
Son visage fatigué au petit matin.
Le fait qu’elle croit pouvoir tout gérer seule, sans rien dire à personne.
Et le pire, c’est que je ne peux rien faire.
Alors, je veille.
Je laisse la porte entrouverte, juste assez pour voir si la lumière change. J’écoute le silence de la maison. Et, malgré moi, je lutte contre le sommeil, incapable de fermer l’œil tant que je sais qu’elle ne dort pas
Le réveil sonne beaucoup trop tôt à mon goût.
Je grogne, tendant la main pour l’éteindre d’un coup sec. 7h.
J’ai l’impression que je viens à peine de fermer les yeux.
Je me redresse lentement, passant une main sur mon visage fatigué. Super, Gabriel. T’as passé plus de temps à surveiller la porte de Clémence qu’à réellement dormir.
À cette pensée, je jette un coup d’œil dans le couloir. Sa porte est fermée, mais je sais déjà qu’elle est debout.
Évidemment.
Je traîne les pieds jusqu’à la salle de bain, me passe de l’eau sur le visage pour essayer d’effacer les cernes et m’habille rapidement avant de descendre.
Dans la cuisine, Léo et Julien sont déjà attablés, en pleine discussion sur leurs examens du jour.
- T’as vu l’heure ? lâche Julien en me regardant. On va être à la bourre si on traîne encore.
- J’suis debout, j’suis debout… je marmonne en attrapant une tasse de café.
Je les entends continuer à parler, mais mon attention est ailleurs.
J’attends.
Et Clémence débarque quelques minutes plus tard, déjà prête.
Comment elle fait ?
Elle a l’air parfaitement réveillée. Aucun signe de fatigue, aucun bâillement. Mais je sais.
- Vous êtes lents, lâche-t-elle en attrapant une pomme.
Je l’observe en silence.
Trois heures de sommeil.
Elle se comporte comme si de rien n’était, comme si elle avait eu sa nuit complète.
- T’as dormi un peu au moins ? je finis par demander, à moitié certain de la réponse.
Elle lève les yeux vers moi, me lance un sourire trop facile, trop convaincant.
- Bien sûr.
Mensonge.
Je serre les dents mais ne dis rien.
- Bon, nous on file, dit Léo en se levant. On a un autre trajet que vous de toute façon.
Julien et lui prennent leurs affaires et quittent la maison.
Je termine mon café d’une traite avant d’attraper mes clés.
- Allez, mon ange, à ton tour.
Elle roule des yeux mais me suit jusqu’à la voiture.
La route jusqu’à l’université se fait en silence.
Clémence fixe son téléphone, l’air concentré. Je jette quelques regards discrets dans sa direction. Elle a l’air tendue.
- Relax, je finis par dire.
Elle lève un sourcil.
- Facile à dire. J’ai dormi trois heu...
Elle s’arrête net.
Je souris légèrement.
- Quoi ? Continue.
Elle fronce les sourcils.
- Rien.
Ouais, c’est bien ce que je pensais.
Je ne relève pas et continue de conduire jusqu’à son bâtiment. Mais je ne me contente pas de m’arrêter devant.
Je coupe le moteur et sors de la voiture.
- Qu’est-ce que tu fais ? demande-t-elle.
- Je t’accompagne.
- Gabriel, j’ai l’habitude, tu sais.
- Allez, avance, dis-je en lui faisant signe.
Elle soupire mais ne proteste pas davantage.
Nous entrons dans le bâtiment et je la suis dans les couloirs jusqu’à sa salle. Plus elle s’approche, plus elle semble nerveuse.
- Arrête de stresser, tout va bien se passer, je dis doucement.
- Facile à dire pour toi ! Tu dors la nuit, toi !
Je ne réponds rien. Si seulement elle savait.
On arrive devant sa salle. Elle se tourne vers moi, hésitante.
- Merci… pour tout, souffle-t-elle.
Je hoche la tête.
- Toujours.
Elle me fixe une seconde de plus, puis inspire profondément avant d’entrer.
Je reste là quelques secondes, à fixer la porte fermée.
Puis, je me détourne pour rejoindre ma propre salle.
La journée va être longue.
Je marche dans les couloirs, la tête encore à moitié dans le brouillard. La fatigue me pèse lourdement, mais je fais de mon mieux pour ne pas le montrer. Clémence a peut-être dormi trois heures cette nuit, mais moi, je n’ai pas fermé l’œil correctement non plus.
J’ai passé une partie de la nuit à fixer le plafond, me demandant à quel point elle allait encore s’épuiser avant de s’effondrer complètement. Puis, à un moment donné, je me suis résigné à essayer de dormir un peu, sachant que j’aurais moi aussi des examens aujourd’hui.
Je laisse échapper un soupir, me massant les tempes en avançant dans les couloirs bondés de l’université. Partout autour de moi, des étudiants stressés révisent encore quelques fiches, murmurent des formules à la va-vite ou se plaignent du manque de sommeil.
Une ambiance typique de période d’examen.
Mais moi, mon esprit est ailleurs.
Alors que je continue mon chemin vers ma salle, je vois à quelques mètres de moi, Aurélie et Théodore sont en grande discussion dans un coin du couloir.
Enfin… discussion, c’est un bien grand mot. Aurélie, elle, a l’air parfaitement assurée.
Aurélie me repère et dit:
- Théodore, je suis sérieuse. Laisse tomber Clémence.
Je m’arrête net.
Théodore semble… troublé ? Perdu ?
Je fronce les sourcils.
C’est quoi cette histoire ?
Théodore fixe Aurélie avec une expression entre l’étonnement et l’incompréhension, comme s’il ne s’attendait pas à cette attaque frontale.
Puis, comme s’il sentait ma présence, il tourne la tête et croise mon regard.
Je m’attends à ce qu’il nie, s’énerve, proteste.
Mais non.
Il hésite une seconde.
Et contre toute attente…
- Ouais, ouais… T’as raison, finit-il par dire en haussant les épaules.
J’écarquille les yeux.
Pardon ?
Je regarde Aurélie, puis Théodore, puis à nouveau Aurélie.
Elle affiche un sourire satisfait en me voyant approcher.
- Tiens, Gabriel ! pile au bon moment !
Je plisse les yeux.
- C’était quoi, ça ? je demande en désignant Théodore du menton.
- Rien du tout, me répond Aurélie avec un air faussement innocent.
Théodore, lui, évite soigneusement mon regard.
- Depuis quand t’abandonnes aussi facilement, toi ? je demande en le fixant.
Il hausse encore les épaules, l’air de rien.
- J’sais pas… J’me suis peut-être trompé, c’est tout.
Je le fixe plus intensément.
Ça ne colle pas.
Théodore n’est pas du genre à "se tromper". Et encore moins à lâcher l’affaire juste parce qu’on lui dit de le faire.
Je n’ai jamais vraiment compris ce qu’il voulait avec Clémence. Parfois, j’ai l’impression qu’il joue avec elle pour la provoquer, pour voir jusqu’où elle peut aller avant de craquer. D’autres fois, j’ai le sentiment qu’il est sincèrement intrigué par elle, qu’elle lui plaît d’une certaine façon.
Mais jamais il n’aurait lâché aussi facilement.
Sauf s’il cache quelque chose.
Ou si Aurélie lui a fait comprendre quelque chose.
Je pose mon regard sur elle, mais elle garde son sourire innocent.
- T’es bizarre, je lance finalement à Théodore.
Il me jette un regard en coin avant de hausser les épaules une dernière fois.
- Peut-être.
Sans un mot de plus, il tourne les talons et s’éloigne, les mains dans les poches.
Je reste planté là une seconde, perplexe.
Aurélie, elle, ne semble pas troublée du tout.
- Quoi ? elle me demande avec un sourire en coin.
- Qu’est-ce que t’as dit à Théodore ?
Elle hausse un sourcil.
- Je lui ai juste fait comprendre qu’il ferait mieux de laisser Clémence tranquille.
- Et il t’a écoutée ? Juste comme ça ?
Elle hausse les épaules, l’air faussement détendu.
- Parfois, il suffit d’être convaincante.
Je croise les bras, la détaillant attentivement.
- Ou alors, vous mijotez un truc.
Elle éclate de rire.
- Gabriel, arrête de voir des complots partout ! Je protège juste ma meilleure amie.
Je ne suis pas convaincu, mais je n’ai pas le temps de creuser davantage.
L’horloge au-dessus de la porte indique que je dois être en salle d’examen dans cinq minutes.
Je laisse échapper un soupir et secoue la tête.
- On en reparlera, je lâche avant de tourner les talons.
Aurélie rigole encore derrière moi.
- Fais donc ça, monsieur le détective !
Je l’ignore et me fraye un chemin à travers les étudiants qui se pressent vers les salles.
Mes pensées sont en pagaille alors que je marche d’un pas rapide.
Théodore qui abandonne d’un coup. Aurélie qui agit comme si de rien n’était.
Y a quelque chose qui ne va pas.
Et je compte bien comprendre quoi.
Mais pour l’instant, j’ai un examen à passer.
Je pousse la porte de ma salle et m’installe à une table.
L’examinateur est déjà là, empilant soigneusement les copies sur le bureau.
Je sors mon stylo, inspire profondément.
Concentre-toi, Gabriel.
Je veux des réponses, mais elles devront attendre.
L’université est enfin derrière moi pour aujourd’hui. Après les examens, après la fatigue accumulée, après le stress ambiant, il ne me reste plus qu’une chose à affronter : l’entraînement.
Normalement, le hockey est une échappatoire. Un moyen de vider mon esprit, de canaliser mon énergie. C’est le seul endroit où tout ce qui m’entoure disparaît, où je peux me concentrer sur une seule chose : jouer.
Mais aujourd’hui… aujourd’hui, c’est différent.
Je me sens lourd. Pas physiquement – enfin, si, un peu – mais surtout mentalement. Mon crâne est encombré de pensées parasites, et je sens que ça va être compliqué de me mettre dedans.
Dans le vestiaire, l’ambiance est la même que d’habitude. Les gars rigolent, racontent des conneries sur les profs, se plaignent des examens et balancent quelques blagues douteuses, mais moi, je reste en retrait.
Je tire mon sac d’un geste fatigué et commence à m’équiper.
- T’as une tête de mec qui vient de voir un fantôme, me balance Léo en attachant ses patins.
Je lève à peine les yeux vers lui.
- Merci, j’apprécie, je réponds, le ton plat, en serrant les lacets des miens.
Julien, à côté de moi, me jette un regard en coin.
- T’as mal dormi ou quoi ?
Je pourrais mentir. Leur dire que c’est juste la fatigue des examens, que c’est normal d’être crevé après une journée comme celle-là.
Mais ces deux-là me connaissent trop bien.
- Un peu des deux, je finis par dire.
Julien me fixe un instant, comme s’il essayait de deviner ce que je ne dis pas.
Mais il ne pose pas plus de questions. Il sait que si j’ai quelque chose à dire, je le dirai quand je serai prêt.
L’entraînement commence enfin.
Dès que je glisse sur la glace, je ressens un léger soulagement. C’est comme si, pendant une fraction de seconde, le poids que je traîne depuis ce matin s’évaporait.
On commence par des tours de patinoire pour s’échauffer. Le froid mord ma peau, mais l’air vif me fait du bien. Je me force à me concentrer sur la sensation de mes jambes qui poussent, sur le bruit des lames qui crissent contre la glace.
Petit à petit, mon corps se met en route.
Le coach ne nous ménage pas.
Les exercices s’enchaînent : accélérations, dribbles, passes rapides. Le rythme est intense, et mon souffle devient plus court au fil des minutes.
Mais au moins, je ne pense plus.
Je me laisse happer par l’effort, par l’adrénaline.
Je ressens chaque mouvement : la pression sur mes jambes quand je change de direction, la brûlure dans mes muscles après un sprint, la crispation de mes doigts autour de ma crosse.
Puis vient le moment des oppositions.
Je suis placé en attaque avec Léo, tandis que Julien est en défense dans l’équipe adverse.
Le palet fuse sur la glace, les contacts sont rudes.
- Allez, Gabriel ! me crie Léo en m’envoyant une passe tendue.
Je la réceptionne, esquive un adversaire, feinte une frappe, puis tente un tir rapide.
Mais Julien surgit à la dernière seconde et dévie mon shoot avec son bâton.
- Toujours pas assez rapide, lâche-t-il avec un sourire moqueur.
Je souffle, secoue la tête, mais je ne peux pas m’empêcher de sourire aussi.
L’espace d’un instant, je me suis senti bien.
Quand le sifflet final retentit, je me laisse tomber sur le banc, épuisé, les cheveux trempés de sueur.
- Bordel, il nous a tués, souffle Léo en retirant son casque.
- Comme si t’avais pas l’habitude, se moque Julien en le frappant sur l’épaule.
- Pas après une journée d’examens, grogne Léo.
Je rigole légèrement, attrapant ma bouteille d’eau pour boire quelques gorgées.
L’entraînement m’a fait du bien, mais la réalité me rattrape rapidement.
Toutes les pensées que j’avais réussi à repousser pendant cette heure et demie reviennent en force.
Il est temps de rentrer.
Le trajet du retour est étrangement calme.
Contrairement à d’habitude, où Léo et Julien ne cessent de débattre sur telle ou telle action de l’entraînement, cette fois, on roule en silence.
On est trop fatigués.
Quand nous arrivons enfin à la maison, je balance mon sac dans un coin du salon et me laisse tomber sur le canapé.
Julien et Léo me rejoignent, s’installant lourdement à côté de moi, encore en partie en tenue de sport.
Je ferme brièvement les yeux. Juste une seconde.
- Bon, maintenant qu’on est posés… c’était quoi cette tête tout à l’heure ? demande Léo en me jetant un regard en biais.
Julien hoche la tête.
- Ouais, t’avais l’air… préoccupé.
Je soupire.
Je sais que ça va leur sembler ridicule.
Mais ça me trotte trop dans la tête.
- J’ai surpris une conversation bizarre entre Aurélie et Théodore, je finis par lâcher.
Julien fronce les sourcils.
- Bizarre comment ?
- Aurélie lui disait de lâcher l’affaire avec Clémence.
Léo éclate de rire.
- Et ? Tout le monde aimerait qu’il lâche l’affaire avec Clémence.
Je secoue la tête.
- Ouais, sauf que lui… il a juste accepté. Comme ça.
Julien semble réfléchir.
- Ça ne lui ressemble pas trop, c’est vrai…
Léo, lui, reste sceptique.
- Tu t’attendais à quoi ? À ce qu’il fasse une scène ? Peut-être qu’il a juste réalisé qu’il se fatiguait pour rien.
Je croise les bras.
- Théodore ne "réalise" jamais ce genre de choses. Il insiste, il teste, il cherche à provoquer. Là, il a juste lâché.
Julien plisse les yeux.
- T’es en train de dire que t’aurais préféré qu’il continue à embêter Clémence ?
- Bien sûr que non ! Mais ça pue l’embrouille, cette histoire.
Léo lève les mains en l’air, exagérant son expression.
- Ah, parce que maintenant, on a des complots secrets autour de Clémence et Théodore ?
- Je dis juste que c’est bizarre, je réplique.
Julien soupire.
- Gabriel, t’es crevé. Peut-être que t’interprètes trop les choses.
Je reste silencieux un instant.
Peut-être qu’ils ont raison. Peut-être que je vois des coïncidences là où il n’y en a pas.
Mais je n’en suis pas convaincu.
Je repense au regard de Théodore, à la façon dont il a juste… abandonné.
À la satisfaction d’Aurélie.
Il y a quelque chose qui cloche.
Et je vais finir par savoir quoi.
- Bon, les gars, j’vais me coucher, je lance en me levant du canapé.
Julien et Léo lèvent vaguement la main en guise de réponse.
- Bonne nuit, marmonne Julien, déjà à moitié affalé sur l’accoudoir.
- Essaie de pas trop comploter sur Théodore dans tes rêves, se moque Léo avec un sourire en coin.
Je lève les yeux au ciel sans répondre et monte les escaliers.
Je suis épuisé. Mes jambes sont lourdes, mes bras me semblent faits de plomb, et ma tête tourne légèrement sous l’effet de la fatigue accumulée. Pourtant, je sais que m’endormir ne sera pas si simple.
Trop de pensées. Trop de trucs à analyser.
En arrivant sur le palier, je m’arrête devant la porte de ma chambre et, par réflexe, mon regard glisse vers celle d’en face.
Celle de Clémence.
Et évidemment…
Sa lumière est encore allumée.
Je soupire.
Ce n’est même pas une surprise à ce stade.
Je devrais juste ignorer ça, aller me coucher et dormir.
Mais mes jambes me portent toutes seules jusqu’à sa porte.
Je ne frappe pas. Je ne veux pas qu’elle sache que je suis là.
À la place, je m’appuie contre le mur d’en face, croise les bras et attends.
Juste quelques secondes.
Peut-être qu’elle va éteindre, cette fois.
Peut-être qu’elle est sur le point d’aller dormir.
Mais les minutes passent.
Et rien.
Toujours cette lumière, signe qu’elle est encore en train de bosser, encore en train de s’acharner sur ses révisions.
Je me passe une main sur le visage.
Honnêtement, je ne sais pas comment elle fait.
Je suis crevé alors que j’ai dormi plus qu’elle, alors que j’ai eu un entraînement pour me vider l’esprit.
Elle, elle tient uniquement à la force de sa volonté.
C’est impressionnant.
Mais aussi terrifiant.
Parce qu’à ce rythme, elle va s’écrouler.
Et j’ai aucune idée de comment l’arrêter.