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25 : Secrets et Mensonges

Clémence

- Clémence !

Sa voix résonne dans la cafétéria, me sortant brutalement de mes pensées. Je relève la tête, le cœur battant un peu plus vite.

Aurélie se tient devant moi, un sourire figé sur les lèvres, comme si elle s'efforçait de paraître naturelle. Mais je la connais trop bien. Ce sourire-là, ce n'est pas le sien.

Je cligne des yeux, surprise, cherchant quoi dire. Un million de pensées se percutent dans ma tête, des souvenirs, des questions, de la colère aussi.

Elle est là. Après des mois de silence. Après avoir annulé nos vacances ensemble la veille du départ, sans la moindre explication. Après avoir ignoré mes messages, mes appels, comme si je n'existais plus.

Et maintenant, elle débarque ici, comme si de rien n'était ?

- Euh... Salut ? lâché-je, incertaine.

Un silence plane entre nous. Je sens Léo et Gabriel nous observer, en alerte, mais je n'y prête pas attention.

- On peut parler ? Seules, ajoute-t-elle immédiatement, comme si elle lisait dans mes pensées.

J'hésite. Chaque fibre de mon corps hurle que je devrais lui dire non, qu'elle ne mérite pas que je l'écoute après tout ça. Mais en même temps... j'ai besoin de comprendre.

Je finis par hocher la tête et me lève sans un mot.

Elle m'entraîne un peu plus loin, à l'écart du bruit ambiant. Mon estomac se tord.

- J'imagine que tu veux des explications, souffle-t-elle.

- T'imagines bien, dis-je, croisant les bras.

Elle passe une main nerveuse dans ses cheveux.

- J'ai... J'ai eu un énorme problème familial.

Je plisse les yeux.

- Quel genre de problème ?

Elle hésite, baisse les yeux, puis murmure :

- Mon grand-père est mort.

Je reste figée.

- Quoi ?

- Il est mort, répète-t-elle, sa voix tremblante. C'était brutal... J'étais bouleversée, Clémence. Je n'avais pas la tête à parler à qui que ce soit.

Elle a l'air sincère. Vraiment. Pourtant, un mauvais pressentiment s'insinue en moi.

- Alors pourquoi tu as annulé nos vacances la veille du départ, sans explication ? Pourquoi tu ne m'as jamais répondu ?

Elle serre les dents.

- Parce que c'est arrivé à ce moment-là. Tout s'est effondré d'un coup. J'étais perdue...

Quelque chose sonne faux. Son regard, sa posture... Tout me semble étrange.

- Et tu n'as pas pu envoyer un seul message ? Un simple "désolée" ?

Elle détourne les yeux.

- Je... Je sais que j'aurais dû. Mais je n'y arrivais pas.

Un nœud se forme dans ma gorge.

Je veux la croire. Je veux me dire qu'elle a une vraie excuse, que je ne me suis pas trompée sur elle. Mais cette sensation de malaise ne disparaît pas.

Pourtant, une part de moi refuse d'être froide. Une part de moi se rappelle que, malgré tout, Aurélie a été ma meilleure amie.

Alors, je prends une inspiration et dis, d'une voix plus douce, mais toujours ferme :

- Je suis ta meilleure amie, Aurélie. Je suis là pour toi. Tu aurais dû me le dire... J'aurais pu te soutenir.

Elle relève les yeux vers moi, et cette fois, son masque se fissure. Ses lèvres tremblent légèrement.

- Oui, tu as raison... Vraiment, je suis désolée, Clémence. J'étais désemparée... Je ne savais pas comment gérer tout ça.

Son regard brille, et je sens que ses mots sonnent plus justes que tout ce qu'elle a dit avant.

Je l'observe encore un instant, cherchant à savoir si je peux vraiment lui faire confiance. Mais quand je vois son regard, cette lueur de sincérité mêlée à une détresse que je ne peux ignorer, mon cœur se serre.

Elle a peut-être merdé, mais elle reste Aurélie.

Ma meilleure amie.

Alors, je souffle doucement et finis par dire :

- D'accord... Je te pardonne.

Un poids semble s'effondrer sur ses épaules. Elle esquisse un sourire tremblant avant de se jeter dans mes bras. Je la serre contre moi, et pendant un court instant, tout semble redevenir normal.

- Merci, murmure-t-elle.

Je hoche la tête contre son épaule, puis me recule.

- Allez, on doit y aller, sinon on va être à la bourre.

Elle essuie rapidement ses yeux et acquiesce. Nous attrapons nos affaires, et en quelques minutes, la cafétéria se vide alors que la journée de cours commence.

Après avoir pardonné Aurélie et partagé un câlin, une immense vague de soulagement m'envahit. Toute cette histoire de silence, de messages ignorés, de vacances annulées... c'était du passé. Aurélie avait une bonne raison, et je l'avais crue.

Gabriel, Léo et Julien échangent des regards en coin, mais je choisis de les ignorer. Ils ne peuvent pas comprendre ce que je ressens.

Ma première heure de la journée, c'est maths appliquées. Une salle bondée, des étudiants dispersés, certains concentrés, d'autres complètement ailleurs. Je retrouve Aurélie et nous nous installons côte à côte, comme avant.

- Franchement, j'ai rien suivi là, murmure-t-elle en sortant son ordi.

- C'est pas grave, je te filerai mes notes.

Elle me lance un regard reconnaissant, et je me sens bien. Tout est redevenu normal.

Le prof parle de modélisation et de statistiques, mais j'ai du mal à me concentrer. Je me contente de noter distraitement les formules sur mon iPad tout en jetant un regard furtif vers Gabriel, assis quelques rangs plus loin. Il est plongé dans ses notes, mais je sais qu'il cogite.

Il ne lâche jamais l'affaire.

Je décide de ne pas y penser.

Entre deux cours, on se retrouve tous dans le hall principal de la fac. Machines à café, étudiants en groupes, discussions animées.

- Je vais être honnête, dit Aurélie en ouvrant un paquet de biscuits. J'ai eu peur que tu ne me pardonnes jamais.

- Évidemment que je t'aurais pardonnée... Il m'a fallu un peu de temps, mais c'est normal, non ?

Elle hoche la tête avec un sourire doux.

- J'ai vraiment eu une période affreuse... Je suis tellement soulagée que tu sois toujours là.

Je lui serre la main, comme pour sceller cette réconciliation.

Gabriel, qui était resté en retrait jusque-là, soupire bruyamment.

- Quoi ? lâché-je en le fusillant du regard.

- Rien. Absolument rien.

Son ton sarcastique m'agace. Il ne comprend pas. Il n'a jamais été du genre à pardonner facilement, lui.

Le cours suivant est en amphithéâtre. Histoire contemporaine, un sujet qui me passionne. J'ouvre mon ordi et commence à taper mes notes avec sérieux.

Aurélie, assise à côté, griffonne distraitement sur sa tablette.

Gabriel est installé un peu plus loin. Je sens son regard sur moi par moments, mais j'ignore.

À un moment, Aurélie me glisse un message sur WhatsApp.

- C'est moi ou Gabriel te lance des regards de tueur ? Me dit Aurélie

Je retiens un sourire et réponds.

- Il est chiant.

Elle esquisse un sourire amusé avant de reporter son attention sur le prof.

À midi, on se retrouve au réfectoire du campus. Bruit de plateaux, discussions, ambiance détendue.

- On pourrait se faire une sortie entre filles samedi, propose Aurélie. Ciné, restau, ce que tu veux.

- Carrément ! répondis-je avec enthousiasme.

Tout semble parfait... jusqu'à ce que Gabriel se racle bruyamment la gorge.

- C'est bizarre, non ?

Je ferme les yeux un instant, essayant de garder mon calme.

- Quoi encore, Gabriel ?

- Rien. Juste que c'est drôle comme tout redevient parfait

Aurélie baisse légèrement les yeux, mais je prends immédiatement sa défense.

- On a réglé nos problèmes, c'est tout.

- Ouais, c'est pratique.

- Tu veux dire quoi, exactement ?

Gabriel hausse les épaules, l'air innocent.

- Rien.

Je le fusille du regard, mais décide de ne pas insister. Il n'attend que ça.

Après le déjeuner, on enchaîne avec un cours d'histoire sur la Seconde Guerre mondiale. Je prends des notes avec attention, passionnée par le sujet. Aurélie, elle, a un peu plus de mal et se contente de griffonner quelques mots.

Le dernier cours de la journée est un TP de biologie où nous devons observer des cellules au microscope. Comme toujours, Aurélie et moi sommes partenaires.

- T'as vu ? On dirait un petit alien, chuchote-t-elle en pointant du doigt l'échantillon.

J'étouffe un rire.

- T'es irrécupérable.

On continue le TP dans une ambiance détendue, et je sens que j'ai retrouvé mon équilibre

Les derniers rayons du soleil teintent le ciel d'une lueur orangée tandis que Gabriel et moi marchons en direction de notre maison. L'air est lourd. Pas à cause de la chaleur, mais à cause de lui.

Je sais déjà qu'il mijote quelque chose.

Je sais déjà qu'il va en parler.

Et ça ne manque pas.

- Tu crois vraiment que son histoire tient la route ?

Sa voix brise le silence, tranchante comme une lame.

Je soupire, lasse d'avance.

- Pas encore ça, Gabriel...

- Clémence, ouvre les yeux. Y'a trop de trucs qui collent pas.

J'accélère le pas, espérant qu'il comprendra le message. Mais bien sûr, il continue.

- Comme quoi ? lâché-je, agacée.

- Déjà, elle a disparu sans donner de nouvelles. Ensuite, elle annule vos vacances à la dernière seconde sans explication. Et maintenant, elle revient comme une fleur avec une excuse bancale ?

Je me fige et me tourne vers lui, furieuse.

- Son grand-père est mort, Gabriel ! Tu veux qu'elle fasse quoi ? Qu'elle me réponde en pleine cérémonie funéraire ?

Il secoue la tête, exaspéré.

- Ok. Alors explique-moi pourquoi je l'ai vue parler avec Théodore dans le couloir.

Un frisson me parcourt.

- Tu l'as quoi ?

- Je les ai vus ensemble, Clémence. Ils parlaient, et elle avait l'air nerveuse. Lui, il souriait comme un enfoiré.

Mon cœur rate un battement.

- Tu... tu dois te tromper. Aurélie n'a rien à voir avec Théodore.

- Ah ouais ? Pourtant, ils avaient l'air bien complices.

J'éclate de rire, un rire forcé et nerveux.

- T'es parano, Gabriel. Tu veux absolument trouver quelque chose pour lui faire porter le chapeau.

- C'est pas une question de paranoïa, Clémence ! Je SAIS ce que j'ai vu !

- Et moi, je sais QUI est Aurélie !

La tension est insoutenable. Nous sommes plantés au milieu du trottoir, à quelques mètres de notre maison, sous les regards curieux des passants.

- T'es aveugle ou quoi ?! s'exclame-t-il.

- Et toi, t'es complètement parano !

Je n'ai plus envie d'entendre son ton moralisateur, plus envie de voir son air suffisant.

J'attrape mes clés et fonce vers la porte d'entrée. Gabriel me suit du regard, mais il ne bouge pas.

- T'es en train de faire une connerie, prévient-il.

Je me retourne une dernière fois, les poings serrés.

- Non. La seule connerie, c'est de t'écouter.

Je claque la porte derrière moi, monte les escaliers en quatrième vitesse et me précipite dans ma chambre.

Ma respiration est saccadée.

Je me sens oppressée.

Je ne peux plus rester ici.

L'air est lourd dans ma chambre. D'un geste rageur, j'ouvre mon placard et commence à balancer des vêtements dans mon sac. Des jeans, des pulls, mon chargeur. Juste le nécessaire. Je prends ma trousse de toilette et la glisse dans un compartiment latéral avant de refermer la fermeture éclair dans un bruit sec. Je m'en fiche. Tant que je pars d'ici.

Gabriel ne comprend rien. Il refuse de me faire confiance, de me croire quand je dis qu'Aurélie n'a rien fait de mal. Il est persuadé d'être le seul à voir clair, comme si j'étais trop idiote pour me rendre compte de quoi que ce soit.

J'attrape ma brosse à dents et la balance dans mon sac avant de tirer la fermeture d'un geste sec.

C'est bon. Je suis prête.

Sans un mot, je sors de ma chambre et descends les escaliers d'un pas rapide.

- Clémence, attends !

La voix de Gabriel me rattrape, mais je ne me retourne pas.

- Laisse-moi tranquille, Gabriel.

J'ouvre la porte et sors dans la nuit qui commence à tomber.

- T'es en train de faire une erreur, lance-t-il derrière moi.

- Peut-être, mais au moins, ce sera la mienne !

Je claque la porte et m'éloigne sans un regard en arrière.

Juste quelques jours.

Le trajet jusqu'à mon ancienne chambre étudiante est court, mais chaque pas me semble plus lourd que le précédent. Je ressens un mélange étrange de colère et de fatigue. J'ai envie de pleurer et d'exploser en même temps.

Pourquoi Gabriel ne peut-il pas juste me laisser respirer ?

Je marche vite, serrant la sangle de mon sac sur mon épaule. La nuit est douce, mais je ne la remarque même pas. Mon cerveau tourne en boucle sur notre dispute.

Il ne sait rien.

Il croit tout savoir, mais il se trompe.

Aurélie a eu un moment difficile. Elle avait besoin de temps. Ça arrive à tout le monde. Moi aussi, j'ai eu des périodes où je n'avais pas envie de parler à qui que ce soit.

Alors pourquoi il s'acharne comme ça ?

J'arrive enfin devant la résidence universitaire. L'endroit est calme, presque trop. Je me rends compte que je n'y ai pas mis les pieds depuis un moment.

Loin de Gabriel.

Loin de ses doutes.

Loin de ses accusations.

Je suis persuadée d'avoir pris la bonne décision.

Je monte rapidement les escaliers et ouvre la porte de ma chambre.

Je les vois.

Aurélie.

Aurélie et ...

Aurélie et ...

Je ne peux pas y croire.

Aurélie et Théodore.

Ensemble.

Dans mon lit.

Le monde s'arrête. Je venais juste de la pardonnée.

Je ne comprends pas. Je refuse de comprendre.

Mais la scène est là, sous mes yeux. Incontestable. Ils sont en train de coucher ensemble.

Le bruit de la porte qui s'ouvre les fait sursauter. Théodore tourne la tête vers moi, un sourire en coin déjà sur les lèvres, comme s'il attendait ce moment.

Aurélie, elle, devient livide.

- Clémence...

Mon cœur bat trop fort. Je suffoque.

Sans réfléchir, je recule d'un pas, puis d'un autre.

Et je claque violemment la porte.

Le bruit résonne dans tout le couloir.

J'ai envie de vomir.

J'entends des pas précipités derrière moi, puis une voix paniquée :

- Clémence, attends !

Je ne veux pas l'écouter. Je refuse de l'écouter.

Je me mets à marcher rapidement dans le couloir, le souffle court. Surtout ne pas pleurer.

Mais elle me suit.

- Clémence, s'il te plaît, écoute-moi !

Je me retourne, mes poings serrés.

- Écouter quoi ?! hurle-je. T'as couché avec mon ex dans MON lit et tu veux que je t'écoute ?!

Elle est en panique totale.

- Je... c'est pas comme ça que ça devait se passer...

- Ah non ?! je ricane, hystérique. Et c'était censé se passer comment, Aurélie ?!

Elle se mord la lèvre, baisse les yeux.

- Je suis amoureuse de lui.

Je ressens un frisson glacé me traverser l'échine.

- Tu... quoi ?

- Je suis amoureuse de Théodore... Depuis un moment... Ça s'est fait comme ça...

Je secoue la tête, incrédule.

- Ça s'est fait comme ça ?!

Je ris, un rire amer, brisé.

Tout fait sens.

Le moment de la première sortie de notre faux couple avec Gabriel où Aurélie n'as pas pris seulement ma défense, elle a aussi défendu Théodore fin elle essayait surtout que Théodore ne la déteste pas

Les fameux plans cul du mardi, qui ont commencé juste après ma rupture.

Les mercredis où Aurélie était distante, et où je ne comprenais pas pourquoi.

Et surtout...

La vraie raison pour laquelle elle a annulé nos vacances.

Était-elle vraiment chez sa famille? Ou elle était chez Théodore.

Mon ventre se tord de dégoût.

- Tu es une salope, Aurélie.

Elle me supplie du regard.

- Je voulais pas que ça se passe comme ça, Clémence...

- Mais ça s'est passé.

Je me retourne et fonce vers l'administration de la résidence, déterminée à disparaître de cette chambre au plus vite.

- Clémence, attends !

Elle essaie de me rattraper, mais j'accélère le pas. Je ne veux plus jamais la voir.

Elle me dégoûte et lui aussi.

J'entre dans le bureau d'accueil et m'approche du guichet, les mains tremblantes.

L'employé lève les yeux vers moi.

- Bonsoir, vous avez besoin de quelque chose ?

- Je veux changer de chambre. Ce soir.

Il fronce les sourcils.

Oui, je pourrais retourner vivre chez les garçons mais la j'ai besoin d'être loin d'eux, il faut que je digère tout ça.

- Euh... c'est un peu compliqué, normalement il faut plusieurs jours...

- Il FAUT que je change aujourd'hui.

Je vois qu'il hésite.

Il tape quelque chose sur son clavier et plisse les yeux devant son écran.

- Vous avez de la chance, il reste justement une chambre de libre... avec une certaine Manon Delcourt.

Je cligne des yeux.

- Manon ?

- Oui. Vous la connaissez ?

- Ça me dit quelque chose.

- Ducoup, vous prenez la chambre ou pas

Je hoche la tête lentement.

- Oui, ça ira.

Je prends la clé que l'employé me tend et me dirige vers ma nouvelle chambre d'un pas rapide, sans même regarder derrière moi. J'ai l'impression que si je me retourne, je vais exploser.

Je monte les escaliers, mon sac jeté sur l'épaule, et je m'arrête devant la porte de ma nouvelle chambre. Manon.

Je frappe doucement avant d'entrer, plus par politesse qu'autre chose.

La pièce est bien rangée, un peu impersonnelle, mais accueillante. Ma nouvelle coloc est assise sur son lit, le dos appuyé contre le mur, son téléphone à la main. Elle lève la tête en la voyant entrer.

- Euh... Salut ?

Je tente un sourire, malgré la tempête intérieure.

- Salut. Je suis Clémence Dufresne, ta nouvelle coloc.

La fille plisse légèrement les yeux, intriguée.

- Et moi je suis Manon Delcourt et comment ça ma nouvelle coloc ? Mais j'étais censée être seule...

Je hoche la tête en jetant mon sac sur le lit encore vide.

- Changement de dernière minute. Dis-je.

Manon m'observe, la tête légèrement inclinée.

Puis, son regard s'illumine d'un coup.

- Attends... On ne se serait pas déjà vues à un match de hockey ?

Je cligne des yeux, prise au dépourvu.

- Un match de hockey ?

Je fouille rapidement dans ma mémoire... Et ça me frappe d'un coups.

- Oh ! Je la pointe du doigt. T'es la meuf trop gentille !

Manon éclate de rire.

- La meuf trop gentille ? Sérieux ?

Je me laisse tomber sur mon lit en soufflant un rire nerveux.

- Désolée, j'ai pas retenu ton prénom ce jour-là, mais t'étais vraiment sympa.

Manon secoue la tête en souriant.

- T'inquiète, j'avais même pas capté ton prénom non plus.

Le silence s'installe quelques secondes.

Puis, Manon m'observe plus attentivement.

- OK, t'as l'air d'avoir traversé l'enfer...

Je me passe une main sur le visage, épuisée.

- T'imagines même pas.

Manon croise les bras et me fixe avec sérieux.

- Raconte.

J'hésite. Est-ce que j'ai envie d'en parler ?

Puis, la douleur remonte brutalement, et je sais que je ne peux pas tout garder pour moi.

J'inspire profondément et c'est partie.

- J'ai surpris ma meilleure amie en train de coucher avec mon ex.

Elle me fixe, bouche bée.

- Quoi ?!

Je lâche un rire sans joie.

- Ouais. Et apparemment, ça dure depuis des mois.

Ma nouvelle coloc secoue la tête, abasourdie.

- Mais c'est des saloperies !

- Tu veux mieux ? Elle a annulé nos vacances en me disant que son grand-père était mort... En fait, elle était chez lui.

- Putain...

Je serre les poings.

- Et le pire, c'est que je suis la seule à ne pas avoir vu les signes. Tout le monde me disait qu'il y avait un truc louche, mais je voulais pas y croire.

Manon m'observe un instant, avant de poser doucement une main sur mon bras.

- Hé. C'est pas de ta faute. Ces gens sont des connards, c'est tout.

Je baisse les yeux.

- J'aimerais tellement que ce soit aussi simple.

Manon plisse les yeux.

- Attends. Y'a autre chose, pas vrai ?

Clémence détourne le regard.

- T'as déjà entendu parler de Gabriel ?

- Gabriel... ? Manon fronce les sourcils. Ouais, vaguement. Pourquoi ?

Clémence prend une inspiration et lâche :

- C'est mon copain.

- OK ?

- Sauf que... Je ferme les yeux une seconde avant d'avouer : C'est faux.

Manon cligne des yeux.

- Attends... QUOI ? Crie Manon l'air énérver

Je me frotte les tempes, à bout.

- C'était un plan. Un faux couple. Juste pour me débarrasser de mon ex fou et lui pour ses groupies.

Manon se fige.

- T'es en train de me dire que t'es dans un faux couple... avec un mec que tu connais à peine... juste pour emmerder ton ex ?

- En gros, ouais. Réponds-je.

Manon laisse échapper un petit sifflement.

- Putain.

J'éclate d'un rire nerveux.

- Ouais. Je crois que j'ai fait un peu n'importe quoi.

Manon me fixe un moment, avant de secouer la tête avec un sourire en coin.

- Non, mais toi, t'as une vie de série Netflix.

Je rigole doucement, puis m'affale en arrière sur mon lit pour quelque jours.

- J'en peux plus, Manon.

- Ouais, je comprends.

Manon réfléchit une seconde, puis me fait un câlin et je m'effondre en pleure sur son épaule comme si je m'étais retenue depuis des années.

- T'inquiète. Je sais pas encore ce que je peux faire pour toi, mais je suis là, OK ?

Je tourne la tête vers elle, touchée.

- Merci.

Je renifle bruyamment, essayant de calmer mes sanglots, mais rien n'y fait. Les larmes continuent de couler, incontrôlables, et plus j'essaie de les retenir, plus elles redoublent d'intensité. Manon est assise en face de moi, son regard rempli d'une bienveillance qui me déstabilise. Elle ne me connaît même pas et pourtant... elle est là, à m'écouter vider mon sac comme si on était amies depuis toujours.

Je passe une main tremblante sur mon visage et lâche, entre deux reniflements :

- T'aurais pas... des fraises et du Nutella ?

Manon arque un sourcil.

- Euh... quoi ?

Je me sens conne immédiatement. Pourquoi j'ai sorti ça ? C'est totalement absurde, vu la situation. Mais maintenant que c'est dit...

- Je sais, c'est bizarre... Je renifle encore. Mais j'ai trop envie de tremper des fraises dans du Nutella.

Un silence s'installe. Je m'attends à un regard perplexe, à une remarque du genre "Sérieusement, c'est ça ton problème en ce moment ?".

Mais à la place...

Manon ouvre grand la bouche, les yeux écarquillés comme si je venais de révéler le secret du bonheur absolu.

- Attends... TU MANGES ÇA TOI AUSSI ?

Je cligne des yeux, un peu prise au dépourvu.

- Bah... ouais ?

Son expression change immédiatement. Elle pose une main dramatique sur son cœur et souffle :

- Tu viens officiellement de passer dans mon top 3 des meilleures colocs de l'univers.

Un petit rire m'échappe malgré moi.

- T'es sérieuse ?

- ÉVIDEMMENT ! Les gens qui n'aiment pas ça, c'est EUX les personnes bizarres !

Et là, sans prévenir, elle saute sur ses pieds et se met à fouiller frénétiquement dans un placard.

- J'ai pas de fraises... Dit-elle en mettant un peu trop de suspense. Puis, elle se retourne vers moi avec un sourire triomphant et brandit un pot de Nutella. Mais j'ai du Nutella !

Je pouffe de rire à travers mes larmes.

- Manon, t'es mon héroïne.

- Je sais, je sais.

Elle attrape son téléphone et pianote dessus avec une concentration absolue.

- T'inquiète, je vais nous commander des fraises en express. Ce soir, c'est FRAISES-NUTELLA ou rien.

Je secoue la tête, un peu abasourdie. Je suis arrivée ici en larmes, prête à m'effondrer complètement. Et maintenant, je suis assise sur un lit, avec une quasi-inconnue qui me commande des fraises pour qu'on puisse les noyer dans du chocolat.

Pour la première fois depuis des heures, une vraie chaleur se diffuse en moi. Je ne suis peut-être pas aussi seule que je le pensais.

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