Gabriel
Je pousse la porte d’entrée et la referme derrière moi avec un claquement sourd. L’écho résonne un instant dans le silence de la maison, et je reste figé, le regard dans le vide. La journée a été longue, trop longue. Entre les cours et tout le reste, j’ai juste envie de me poser et de ne plus penser à rien.
Sauf que mon esprit est encore accroché à cette scène ridicule qui s’est déroulée sous mes yeux.
D’habitude, les disputes de couple, je m’en fous. Ça gueule, ça pleure, ça se réconcilie ou ça se quitte, peu importe. Mais là… c’était autre chose. La fille s’est fait démonter devant tout le monde, et elle n’a même pas essayé de se défendre. Comme si elle n’avait plus la force.
Ça m’a saoulé.
Je soupire et traverse le couloir en direction du salon.
Léo et Julien sont affalés sur le canapé, manettes en main, absorbés par un match de FIFA. Léo est penché en avant, concentré, tandis que Julien arbore son éternel sourire en coin, l’air sûr de lui. Sur l’écran, le match est tendu. Le score affiche 2-2, 85e minute.
- Hé, Gab ! Ça s’est bien passé ? lance Léo sans détourner les yeux du jeu.
Julien, plus attentif, me jette un regard en coin.
- T’as une sale tête, mec. T’as vu un fantôme ou quoi ?
Je me laisse tomber dans un fauteuil, les muscles tendus.
- Rien. J’ai juste croisé un abruti qui hurlait sur sa meuf en plein milieu du campus.
Julien détourne enfin son regard de l’écran pour me fixer, intrigué.
- Et ça t’a mis dans cet état ?
Léo, lui, reste focalisé sur son match.
- Faut croire que Gab a développé une conscience sociale, lâche-t-il en esquivant une tacle vicieux à l’écran.
Je grogne, passe une main dans mes cheveux et fixe le plafond.
- Je sais pas. C’était juste… trop.
Julien met pause et se tourne vers moi.
- Trop quoi ?
Je croise les bras, agacé par ma propre réaction.
- Le mec gueulait comme un taré. Il balançait des accusations à la chaîne, et elle, elle encaissait sans broncher. Comme si elle s’attendait à ce que ça arrive. Ça m’a gavé.
Julien hoche la tête lentement.
- Ouais, y en a qui respectent rien…
Léo, lui, se marre et me jette un regard moqueur.
- Attention, Gabriel Leroy, défenseur des causes perdues.
Je lui balance un coussin en pleine face.
- Ferme-la.
Il éclate de rire, récupère le coussin et me le relance.
- Relax, mec. C’est juste surprenant de te voir te prendre la tête pour ça. D’habitude, tu te mêles pas des histoires des autres.
- Ouais, mais là, j’ai pas pu.
Je repense au regard de la fille. Elle avait l’air… fatiguée. Pas juste par la dispute, mais par quelque chose de plus profond.
Léo secoue la tête avec un sourire.
- Bon, au lieu de faire ton héros, viens plutôt prendre ta raclée.
Je relève un sourcil.
- C’est toi qui perds, là.
Julien ricane.
- Ouais, mais il est dans le déni.
Léo grogne et relance le match.
- On fait un tournoi. Tu joues ou tu déprimes encore ?
Je soupire, attrape une manette et me cale dans le fauteuil.
- Passe-moi une équipe potable.
- Prends le PSG, t’auras pas d’excuses.
- Trop facile. Je vais prendre Liverpool.
- T’es sûr ? Parce que là, je vais te fumer.
Je hausse les épaules.
- On verra.
Le match commence, et pendant les premières minutes, je joue en mode automatique. J’enchaîne les passes, les actions, mais mon esprit est encore ailleurs.
Pourquoi ça me travaille autant ?
Ce n’est pas comme si c’était la première fois que je voyais un couple s’engueuler. Pourtant, cette scène refuse de sortir de ma tête. Peut-être parce que c’était tellement… déséquilibré. Comme si le gars avait juste besoin de se défouler et qu’elle était son punching-ball.
- Gab, bouge-toi ! gueule Léo.
Je reviens à la réalité juste à temps pour voir que mon gardien s’est fait lobber comme un amateur. Léo explose de rire.
- 3-2 ! Merci pour le cadeau, mon pote !
Je serre la mâchoire et me redresse.
- Ok, fini de jouer en touriste.
Julien éclate de rire.
- C’est maintenant que tu te réveilles ?
- Tais-toi et regarde.
Les cinq minutes suivantes, je me mets sérieusement dedans. Je remonte au score avec une égalisation parfaite, puis j’arrache la victoire dans les arrêts de jeu.
Léo lâche sa manette en râlant.
- Putain, t’as de la chance !
Je souris en m’étirant.
- C’est pas de la chance, c’est du talent.
Julien hoche la tête, impressionné.
- T’as mis du temps à rentrer dedans, mais t’as assuré.
Léo grogne, mais il est déjà en train de relancer un autre match.
Petit à petit, le jeu me vide la tête. Ça ne règle rien, mais au moins, pendant un instant, j’oublie cette foutue scène.
Et pour l’instant, c’est tout ce dont j’ai besoin.
Bien sûr ! Voici une version plus longue et immersive de ta scène, avec plus de détails sur l’entraînement, les interactions et les émotions de Gabriel.
Après plusieurs parties intenses et une bonne dose de rigolades, Léo se redresse brusquement en regardant sa montre. Son expression change instantanément, passant de détendu à sérieux.
- Bon, les gars, faut se préparer.
Il pose sa manette sur la table basse et s’étire.
- On a entraînement dans deux heures, et je vous rappelle que le championnat approche à grands pas. Le coach sera intransigeant sur les retardataires.
Je roule des yeux en repensant à la dernière fois où Léo était arrivé en retard.
- Rien que d’y penser, j’en ai encore des frissons… dit-il en secouant la tête.
Je laisse échapper un rire.
- Ouais, ouais, je me souviens encore du nombre de tours que tu as dû faire.
Julien, qui était resté silencieux jusqu’ici, éclate de rire à son tour.
- C’était mémorable. On aurait dit un hamster dans sa roue.
- Très drôle, grogne Léo, faussement vexé.
Je me lève du canapé et m’étire.
- Bon, c’est le moment de se mettre en mode préparation.
On se dirige chacun vers nos chambres respectives pour nous changer. Une fois dans la mienne, je fouille dans mon sac de sport et sors mon équipement. Tandis que j’enfile mon maillot d’entraînement, mes pensées dérivent à nouveau vers la scène de cet après-midi.
Mais ce n’est pas le moment d’y penser.
Je prends une grande inspiration et me concentre sur l’entraînement d’il y a deux jours. Je repasse mentalement chaque exercice, chaque moment où j’aurais pu faire mieux. Aujourd’hui, je dois être à 100 %.
Les vestiaires sont animés quand j’arrive. Certains joueurs plaisantent, d’autres sont concentrés sur leur routine. L’odeur familière de la glace, du cuir et de la sueur flotte dans l’air.
Je prépare mon équipement en silence, enfilant mes protège-tibias et mes patins pendant que mes coéquipiers discutent.
- Vous avez vu le match amical de la première équipe qu’on va affronter ? demande Léo en nouant ses lacets.
- Ouais, ils sont vraiment en forme cette année, répond Max, un autre attaquant de l’équipe.
Il secoue la tête, visiblement impressionné.
- Ils ont recruté deux nouveaux joueurs super rapides. Ça va être chaud.
- Mais je pense qu’on a les moyens de les battre, ajoute-t-il après une pause.
Je hoche la tête, tout en serrant les lanières de mes gants.
- On a juste besoin de bien se préparer.
Léo se redresse et tape dans ses mains.
- Exactement ! Cette année, la victoire, elle est pour nous. On ne peut pas se permettre de laisser passer notre chance.
Son ton est motivant. Il a toujours su trouver les mots pour nous booster.
- On doit tout donner, ajoute-t-il.
La porte des vestiaires s’ouvre soudainement, et notre coach entre, les bras croisés.
- Bien dit, capitaine.
Son regard balaie l’équipe, et il affiche un sourire satisfait.
- Je vous attends sur la glace dans cinq minutes. Et je veux voir du sérieux.
On acquiesce tous, puis Léo tend sa main au centre du groupe.
- Allez, les gars, tous ensemble !
On empile nos mains les unes sur les autres.
- 1, 2, 3…
- PHOENIX ! crions-nous en chœur.
L’adrénaline commence déjà à monter.
On enfile nos casques et on se dirige vers la patinoire. Dès que je mets un pied sur la glace, une sensation de liberté m’envahit. C’est comme si toutes les pensées parasites disparaissaient instantanément. Ici, il n’y a que le jeu.
Les premières frappes de la rondelle contre les bandes résonnent fort, accompagnées du crissement des patins sur la glace. L’air frais me picote le visage, et l’adrénaline commence à monter dans mes veines.
- Allez, on commence par des échauffements, annonce le coach en tapant dans ses mains.
On se met en ligne, prêts à démarrer. Julien, notre capitaine, prend les devants, et on le suit en accélérant progressivement. On commence par des tours de glace à vitesse modérée, juste pour réveiller nos muscles. Puis le coach intensifie l’exercice avec des accélérations soudaines.
- Sprint sur cinq mètres, puis retour au rythme normal ! crie-t-il.
Je pousse sur mes jambes, sentant la puissance de chaque foulée alors que mes patins mordent la glace. Léo, qui est juste à côté de moi, essaye de me devancer.
- Tu veux me battre à la course, Leroy ? je lance, un sourire en coin.
- Toujours, mec !
Je pousse encore plus fort, sentant la compétition s’installer. Mais Julien arrive de derrière et nous dépasse en un éclair.
- Concentrez-vous, les gamins ! nous rappelle-t-il en riant.
Une fois les tours terminés, on passe aux exercices de maniement de la rondelle. On slalome entre les plots, alternant vitesse et précision. Mes mains sont fermes sur ma crosse, guidant la rondelle avec fluidité.
- Regardez devant vous, pas la rondelle ! rappelle le coach.
Il a raison. Un bon joueur doit toujours anticiper le jeu. Je relève la tête et continue à dribbler sans perdre le contrôle. Léo rate un plot et manque de peu de s’emmêler les patins.
- Putain ! grogne-t-il en se redressant.
- Concentre-toi, dit Julien en passant à côté de lui.
Après plusieurs minutes de maniement, le coach passe aux exercices de passes rapides. On se met en duo et on s’envoie la rondelle en rythme.
- Plus rapide ! ordonne le coach.
Léo et moi accélérons la cadence. J’essaie d’envoyer des passes tendues, bien dosées, et il me les renvoie avec précision.
- Gab, ici ! crie-t-il à un moment.
Je lui fais une passe parfaite en diagonale, et il fonce vers le but. Il feinte une frappe avant de glisser la rondelle entre les jambes du gardien.
- Boom ! s’exclame-t-il en levant les bras.
Le coach siffle.
- Belle action, les gars. Continuez comme ça.
Ensuite, on passe aux tirs au but. Julien commence et envoie un missile en pleine lucarne. Le gardien grogne, frustré.
- Facile, lance notre capitaine en lui adressant un clin d’œil.
Mon tour arrive. Je prends position, fixe la cage et arme mon tir. J’analyse brièvement la posture du gardien avant de déclencher une frappe sèche. La rondelle fuse et s’écrase dans l’angle droit.
- Bien joué, Gabriel, commente le coach.
On enchaîne avec des simulations de match. Julien organise les lignes, et je me retrouve en offensive avec Léo et Max. Le jeu est intense. On applique les stratégies travaillées ces dernières semaines.
À un moment, Julien récupère la rondelle en défense et me l’envoie d’une passe longue. Je l’intercepte en pleine course, évitant un adversaire de justesse.
- Vas-y, Gab ! crie Léo en se plaçant.
Je lève la tête et repère une ouverture. Je feinte un tir, attirant l’attention du gardien, puis passe à Léo qui n’a plus qu’à pousser la rondelle dans le filet.
- Oui ! hurle-t-il en levant les bras.
L’équipe adverse râle, mais le coach applaudit.
- Belle action collective, les gars ! Encouragez-vous sur la glace !
On continue à jouer pendant encore une demi-heure, alternant phases défensives et offensives. Julien ne relâche pas la pression et nous pousse à donner notre maximum. Il motive, corrige, encourage. C’est un vrai capitaine.
Après presque deux heures d’efforts intensifs, le coach siffle la fin de la session. Je retire mon casque, ma respiration est lourde et mes muscles brûlent, mais la satisfaction est là. La fatigue pèse sur mes muscles, mais c’est une bonne douleur. Celle qui prouve que j’ai tout donné.
- Bon travail aujourd’hui, les gars, dit Julien en retirant son casque. On est prêts pour le championnat.
Léo, lui, grimace en retirant ses gants.
- Bon allez, les gars, prenez une douche, parce que vous puez, et c’est insupportable !
Tout le monde éclate de rire en retournant vers les vestiaires. L’entraînement m’a vidé la tête, et je me sens enfin détendu.
- Regarde qui parle, se moque Julien en passant à côté de lui.
On rigole tous en rejoignant les vestiaires, encore électrisés par l’intensité de l’entraînement. Léo et Julien sont déjà en train de se charrier, comme d’habitude. Léo, toujours avec son sourire provocateur, se tourne vers Julien en le poussant légèrement de l’épaule.
- Tu sais que t’as failli te faire avoir sur mon dernier tir ? Si le gardien l’avait pas arrêtée, c’était un but d’anthologie, mec.
Julien lève les yeux au ciel en retirant son casque.
- Arrête ton cinéma, Léo. T’avais aucune chance.
- Ah ouais ? Pourtant, je suis sûr que t’as flippé.
- Bien sûr, bien sûr, ironise Julien. Continue à rêver, ça te fera du bien.
Tout le monde éclate de rire pendant qu’on enlève nos équipements. Max, qui range ses gants dans son sac, intervient à son tour.
- En tout cas, Léo, tu devrais bosser un peu plus tes passes. J’ai compté au moins trois cafouillages pendant le match.
- Ah ouais, Max ? Et toi, tu devrais bosser tes tirs. T’as envoyé la rondelle en pleine vitre au lieu des filets, c’était quoi ce délire ?
- Je voulais juste tester la solidité des protections, réplique Max avec un sourire en coin.
L’ambiance est légère, détendue. Malgré la fatigue, on sent l’excitation du championnat qui approche.
Pendant que certains finissent de retirer leurs protections, Léo attrape une serviette et balance un regard malicieux à Gabriel.
- Dis, Gab, t’étais dans la lune aujourd’hui au début de l’entraînement. T’as croisé une fille avant de venir ou quoi ?
Je lui lance un regard blasé en enlevant mon maillot trempé de sueur.
- Raconte pas de conneries, Léo.
Julien, qui enfile son t-shirt sec, lève un sourcil.
- Ah. Donc il y a bien une fille ?
- Mais non, y’a pas de fille, les gars, soupiré-je.
- Mmh… je suis pas convaincu, répond Léo en croisant les bras.
Max, qui a suivi la conversation, intervient en plaisantant :
- Si c’est une histoire de cœur, j’espère juste que ça va pas te déconcentrer pour le championnat.
- Arrêtez vos conneries, grogné-je en balançant ma serviette sur le banc.
Tout le monde éclate de rire. On a l’habitude de se taquiner, mais ça ne va jamais trop loin.
On se dirige vers les douches, et l’eau chaude qui coule sur ma peau me fait un bien fou. Mes muscles endoloris se détendent enfin, et je prends une profonde inspiration. Pendant un instant, je ferme les yeux et me laisse aller.
L’entraînement m’a permis de tout mettre en pause, de me recentrer sur ce qui est important.
Le championnat arrive, et je suis prêt.
J’ai hâte d’y être.
On quitte la patinoire en traînant un peu les pieds, complètement épuisés. L’air frais de la nuit nous frappe en sortant du bâtiment, et ça fait un bien fou après la chaleur des vestiaires.
- Putain, je suis mort. Lâche Léo en s’étirant.
- Tu m’étonnes. Répond Max en baillant. Si demain je peux me lever sans courbatures, ce sera un miracle.
Julien, qui marche à côté de moi, passe une main dans ses cheveux encore humides.
- On s’en sort bien, mais faut pas qu’on relâche la pression. Le championnat approche, et on doit être au top.
- On sait, Capitaine, pas la peine de nous faire un discours à une heure du matin, plaisante Léo.
On rigole tous en montant dans la voiture de Julien, qui nous ramène chez nous. La route est calme, et le silence s’installe rapidement. L’épuisement nous rattrape, et même Léo ne trouve plus l’énergie de sortir une connerie.
Arrivés à la maison, on claque la porte derrière nous et on se débarrasse de nos sacs avec un soupir de soulagement.
- Manger, lit, dodo. Résume Léo en traînant des pieds vers sa chambre.
- Je valide. Ajoute Julien avant de disparaître dans le couloir.
Je passe une main sur mon visage, les paupières lourdes. Mon corps entier me rappelle l’intensité de l’entraînement, mais c’est une fatigue satisfaisante.
Je me glisse sous les draps, appréciant la fraîcheur du lit après cette journée éprouvante.
Jeudi, on recommence. Mais pour l’instant, c’est repos total.
Je ferme les yeux. En moins de deux minutes, je sombre dans un sommeil profond.