Gabriel
Trois heures.
Ça fait trois putains d’heures que Clémence est partie.
J’ai essayé de ne pas y penser. Vraiment. J’ai mis mes écouteurs, j’ai regardé une série, j’ai même tenté de bosser un peu mes cours, mais impossible. J’ai la sensation d’avoir foutu un énorme bordel et d’être totalement impuissant.
Clémence est bornée. Trop. Et moi ? Moi, j’ai sûrement été trop brusque.
Mais merde… Aurélie, c’est du pipeau. Je le sens.
Le claquement de la porte d’entrée me fait sursauter.
- Yo ! lance Léo en entrant dans le salon.
Julien le suit de près, posant son sac contre le mur.
- Elle est où, Clémence ? demande-t-il en se dirigeant vers la cuisine.
Léo se laisse tomber sur le canapé, balançant son sac à côté de lui.
- Ouais, c’est vrai ça. Où est notre coloc préférée ? ajoute-t-il avec un sourire en coin, clairement pour me charrier.
Je serre la mâchoire. Je m’y attendais.
- Elle est partie.
Julien s’arrête net dans l’encadrement de la cuisine, et Léo fronce les sourcils.
- Quoi ? Partie où ? demande Léo.
- Dans son ancienne chambre étudiante.
Un silence.
Julien s’avance et s’appuie contre le dossier du canapé, bras croisés.
- Explique.
Je soupire.
- On s’est pris la tête.
Je leur raconte tout.
La réconciliation avec Aurélie, mon malaise, le fait que rien ne colle. Le chemin du retour, la dispute, ma tentative de lui ouvrir les yeux, son refus total de m’écouter. Puis son départ, furieuse, avec un sac pour plusieurs jours.
Quand j’ai fini, Léo souffle en secouant la tête.
- Merde…
- Et elle compte revenir ? demande Julien, sceptique.
- Aucune idée.
- T’as merdé, lâche Léo.
Je serre les poings.
- J’ai juste voulu la mettre en garde !
- Ouais, et t’avais raison, admet Julien. Mais elle avait pas besoin d’entendre ça comme ça.
Léo acquiesce.
- Tu sais comment elle est, Gab. Plus tu la pousses, plus elle résiste.
- Mais bordel, vous voyez bien que je suis pas fou, non ?
Je leur jette un regard, attendant une réponse.
Un silence. Puis…
- Ouais, t’as raison.
Je relève la tête.
Léo soupire.
- Y’a un truc qui cloche avec Aurélie.
Julien approuve d’un signe de tête.
- Elle a disparu sans donner de nouvelles. Annulé leurs vacances à la dernière seconde. Et là, elle revient et tout est censé être normal ?
- C’est ce que je dis depuis le début !
- Ouais… sauf que Clémence a passé des semaines à lui en vouloir. Et maintenant qu’elle est de retour, elle a juste envie que ça redevienne comme avant.
- Sauf que c’est pas possible, je grogne.
- Non, dit Léo. Mais ça, elle doit le voir par elle-même.
Je passe une main sur mon visage, frustré.
- Et si elle voit rien du tout ? Si elle continue à lui faire confiance ?
Julien hausse les épaules.
- Alors elle se plantera. Mais t’y es allé trop fort, mec.
- Elle va se calmer et revenir, ajoute Léo. Mais toi, va falloir que tu trouves un moyen de te rattraper, sinon elle va te bouder longtemps.
- Génial.
Je me laisse tomber dans le canapé, la tête en arrière.
Clémence n’a pas répondu à mon dernier message.
Et ça, ça m’inquiète plus que je ne veux bien l’admettre.
L’appartement est anormalement calme ce soir. Trop calme.
Assis sur le canapé, une bière à la main, je fixe l’écran de la télévision sans vraiment le voir. Un vieux film d’action tourne en boucle, mais les explosions et les courses-poursuites me paraissent lointaines, presque irréelles. Les dialogues se mêlent aux bruits de fond de la ville, étouffés par les fenêtres à moitié fermées.
Léo et Julien sont là aussi, installés autour de la table basse, mais eux non plus ne semblent pas vraiment absorbés par le film. Léo tripote nerveusement le décapsuleur en métal entre ses doigts, tandis que Julien fait tourner sa bière sur la table, les yeux dans le vide.
D’habitude, on aurait déjà lancé un débat à la con sur un sujet totalement absurde, genre, est-ce que les pizzas aux ananas méritent d’exister, ou si Julien arrivera un jour à tenir plus d’un mois avec une fille. Peut-être même qu’on aurait commencé une partie de FIFA qui finirait en cris et en paris stupides.
Mais ce soir, rien.
Le silence est pesant.
Depuis que Clémence est partie, l’appartement n’est plus le même.
Et je déteste l’admettre, mais ça me dérange plus que ça ne devrait.
Je m’efforce de ne pas y penser, de ne pas me rappeler à quel point elle prenait de la place ici. Pas physiquement, elle n’était pas du genre à envahir l’espace, mais par sa simple présence. Ses éclats de voix, ses soupirs exaspérés quand on faisait trop de bruit, ses tacles moqueurs quand elle s’installait avec nous sur le canapé en prétendant ne pas s’intéresser à ce qu’on regardait.
Maintenant, il y a un vide.
Un vide inexplicable.
- C’est bizarre sans elle, lâche finalement Léo en brisant le silence.
Je serre la mâchoire et détourne les yeux.
- Ouais, confirme Julien.
Personne n’ajoute rien pendant plusieurs secondes.
Julien repose sa bière sur la table, un peu trop brusquement.
- Tu crois qu’elle va revenir, Gab ?
Je prends une inspiration lente, fixant toujours l’écran sans vraiment le voir.
Honnêtement, j’en sais rien.
J’aimerais dire oui.
J’aimerais être sûr qu’elle reviendra, qu’on va se retrouver demain matin autour d’un café, et que cette absence ne sera qu’une parenthèse.
Mais la vérité, c’est que je n’ai aucune putain d’idée.
- Je sais pas, je finis par dire.
Léo hausse un sourcil.
- T’y es peut-être allé un peu fort, non ?
Je me redresse légèrement, sur la défensive.
- J’ai juste essayé de lui ouvrir les yeux.
- Peut-être qu’elle avait pas envie, rétorque Julien.
Je soupire et me passe une main sur le visage, fatigué.
- Vous trouvez pas ça bizarre, vous, tout ce qui se passe avec Aurélie ?
Léo grimace, l’air un peu embêté.
- Ouais… Si.
Julien hoche la tête, l’air songeur.
- Je vais pas te mentir, y’a un truc qui cloche avec elle.
Un silence s’installe à nouveau.
Julien finit par se tourner vers moi, son regard plus sérieux.
- Mais ça change rien au fait que Clémence s’est barrée à cause de toi.
Je baisse les yeux sur ma bière, mal à l’aise.
Je sais qu’ils ont raison.
Mais j’ai toujours cette sensation désagréable que quelque chose m’échappe.
Et ça, ça m’inquiète.
Le réveil sonne et je grogne en tendant un bras pour l’éteindre. Ma tête me fait un mal de chien. La nuit a été courte, trop agitée. J’ai tourné dans mon lit pendant des heures, incapable d’ignorer cette impression étrange qui me colle à la peau depuis hier soir.
Clémence n’a toujours pas donné signe de vie.
J’attrape mon téléphone machinalement, le déverrouille et vérifie mes notifications. Rien. Pas un message, pas un appel, pas même un foutu « vu » sur les conversations qu’on avait eues avant tout ça.
Je souffle et me passe une main sur le visage avant de me lever. Pas la peine de continuer à fixer mon écran, ça ne changera rien.
Je traîne les pieds jusqu’à la cuisine, où je trouve Julien, déjà debout, un bol de céréales à la main. Il lève les yeux vers moi et fronce les sourcils.
- T’as une sale gueule.
- Merci du compliment, je grogne en ouvrant le frigo.
- Mal dormi ?
Je hoche vaguement la tête en sortant une bouteille de jus d’orange. J’ai pas envie d’en parler. Julien me scrute quelques secondes avant de hausser les épaules et de retourner à son téléphone.
La matinée passe lentement. Trop lentement. J’enchaîne les cours sans vraiment y prêter attention, prenant des notes mécaniquement sans enregistrer un seul mot de ce que dit le prof. Mon esprit est ailleurs.
Avec elle.
Je me dis que je vais la voir dans l’après-midi, pendant notre seul cours en commun de la semaine.
Elle sera là.
Elle doit être là.
Mais quand j’arrive dans l’amphithéâtre, aucune trace d’elle.
Je reste un moment planté devant la porte, scrutant les sièges à la recherche de sa silhouette familière. Son chignon en désordre, son sweat trop grand, son air concentré, parfois perdu dans ses pensées…
Mais il n’y a rien.
Personne.
Je fronce les sourcils et m’avance lentement dans l’amphi, comme si elle allait surgir d’un coin que j’aurais manqué.
Mais non.
Elle n’est pas là.
Je m’installe, essayant de me convaincre qu’elle est juste en retard.
Le prof commence son cours.
Les minutes passent.
Toujours rien.
Un mauvais pressentiment s’installe au creux de mon estomac.
Je me force à rester concentré, à ne pas me laisser envahir par l’inquiétude, mais c’est peine perdue. Je n’écoute pas un mot de ce qui se dit autour de moi. Mon pied tape nerveusement contre le sol, mes doigts s’agitent sur mon stylo.
Quand le cours se termine enfin, je range mes affaires en vitesse et sors presque en courant.
Sur le chemin du retour, je tombe sur Léo, qui traîne devant le bâtiment, son sac en bandoulière.
- T’as vu Clémence en cours aujourd’hui ? je demande sans détour.
Il secoue la tête.
- Non, et j’avoue que c’est chelou. Elle rate jamais les cours normalement.
Je fronce les sourcils.
- Ouais…
Il me regarde un instant avant d’ajouter :
- Tu crois qu’elle fait la gueule ?
- J’en sais rien, je souffle.
Il hausse les épaules.
- Elle a peut-être juste eu besoin de souffler. Ça fait beaucoup ces derniers jours.
Je hoche la tête, sans être convaincu.
Peut-être qu’elle avait juste besoin d’un jour pour elle.
Peut-être qu’elle sera là demain.
En attendant, on doit se concentrer sur l'entraînement d’aujourd’hui.
Après une journée passée à me torturer l’esprit avec l’absence inexpliquée de Clémence, je suis presque soulagé de retrouver la glace.
Enfin… presque.
Parce que même si l’entraînement est censé me vider la tête, je sens que mon corps est là, mais mon esprit, lui, est ailleurs.
- T’as une gueule de mec qui a pas dormi depuis trois jours, Gab, me balance Julien en ajustant son casque.
- Ça va, ferme-la, je grogne en serrant mes lacets.
Léo, qui s’étire à côté, me jette un regard en coin.
- T’es sûr que ça va ?
Je soupire et attrape mon bâton de hockey.
- Ouais, ouais. Juste crevé.
C’est faux.
Et ils le savent.
Mais aucun des deux ne pousse plus loin.
On enfile nos casques et on glisse sur la glace.
Le coach nous rassemble rapidement, nous donnant les consignes de l’échauffement. Tours de patinoire en accélérant progressivement, travail des appuis, quelques exercices de passes.
D’habitude, j’aime ce moment. La sensation de la glace sous mes lames, le froid qui mord la peau, la vitesse qui efface tout le reste.
Mais ce soir, je n’arrive pas à me concentrer.
- Gabriel, réveille-toi, merde !
Je cligne des yeux et réalise que j’ai raté une passe facile de Léo.
Merde.
Je resserre ma prise sur mon bâton et me force à me recentrer.
Une passe.
Un tir.
Un patinage rapide pour récupérer le palet.
J’essaie de rentrer dans le rythme, de me laisser happer par l’intensité de l’entraînement.
Mais mon jeu est brouillon.
Je perds plus de duels que d’habitude, mes tirs manquent de précision, et je sens le regard du coach qui commence à s’attarder sur moi.
- T’as la tête ailleurs, Gab ! il me lance après une énième erreur.
Je serre la mâchoire et patine jusqu’au banc en frappant mon bâton contre la rambarde.
Putain.
Julien et Léo me rejoignent vite pour la pause.
Julien pousse un léger soupir.
- Elle a peut-être juste besoin de souffler.
- Ou alors, il lui est arrivé un truc.
Léo ne répond pas immédiatement.
- T’as essayé de lui envoyer un message ?
- Évidemment.
Je fais tourner mon téléphone entre mes doigts, la frustration montant en moi.
Toujours rien.
Et ce silence commence sérieusement à me faire flipper.
Mon réveil sonne et toujours pas de nouvelle.
Deux jours.
Ça fait maintenant deux jours qu’elle a disparu sans un mot.
Deux jours que son absence pèse dans l’appartement.
Deux jours que j’essaie de me convaincre que tout va bien, qu’elle a juste besoin d’espace, qu’elle finira par revenir d’elle-même.
Mais plus le temps passe, plus je sens que quelque chose ne va pas.
Je fais défiler mon téléphone pour la centième fois, ouvrant et fermant l’application de messages, vérifiant si son statut en ligne a changé. Rien.
Aucune notification. Aucun message. Aucune publication sur les réseaux sociaux.
Le néant.
Ce n’est pas normal.
Clémence n’est pas du genre à ghoster les gens comme ça. Même quand elle est en colère, elle finit toujours par lâcher un sarcasme ou une pique bien placée.
Mais là… c’est le silence total.
Et ce putain de silence commence sérieusement à me bouffer.
J’ai essayé de me concentrer sur mes cours ce matin, mais impossible de penser à autre chose. Mes notes sont un bordel sans nom, une suite de mots griffonnés sans aucun sens. J’ai la tête ailleurs, la jambe qui tressaute sous la table, l’impression oppressante que quelque chose cloche.
Et si elle allait mal ?
Et si… ?
Non. Je secoue la tête. Je ne vais pas me laisser entraîner dans des scénarios catastrophes.
Pas encore.
C’est en sortant de cours, en fin de matinée, que je croise Aurélie dans le couloir.
Je la vois de loin et, sans réfléchir, j’accélère le pas pour la rejoindre.
- Aurélie !
Elle sursaute légèrement en entendant ma voix et tourne la tête vers moi.
L’espace d’une seconde, j’ai l’impression qu’elle hésite. Puis, elle fait mine d’ignorer mon appel et continue son chemin.
Mauvais signe.
- Attends !
Je me plante devant elle, lui bloquant le passage.
- Clémence va bien ?
Je scrute son visage, cherchant la moindre réaction.
Et bingo.
Elle baisse légèrement les yeux, mal à l’aise. Sa posture se ferme, comme si elle voulait fuir et pleurer en même temps.
- J’en sais rien, je l’ai pas vue.
Mensonge.
Je plisse les yeux.
- T’es sûre ?
Elle relève la tête, et cette fois, son regard se durcit.
- J’ai pas le temps, Gabriel.
Elle tente de me contourner, mais je ne bouge pas.
Son attitude me met encore plus sur les nerfs.
Pourquoi elle est aussi nerveuse ?
Pourquoi elle évite mon regard ?
Pourquoi elle a l’air coupable ?
- T’as pas le temps ou t’as pas envie de me répondre ? je rétorque, la voix plus froide que je ne l’aurais voulu.
Elle serre les dents.
- Fous-moi la paix.
Et elle s’éloigne précipitamment, sans se retourner.
Je reste figé, la mâchoire serrée.
Pourquoi elle m’a évité comme ça ?
Pourquoi elle a fui comme une voleuse, au lieu de simplement me dire qu’elle ne savait rien ?
Un frisson désagréable me parcourt.
Je déteste cette sensation.
Cette impression d’être dans le noir, de ne rien comprendre.
Où est Clémence ?
Et surtout… est-ce qu’elle va bien ?
En fin de journée, je retrouve Léo et Julien sur le parking.
Je leur explique ce qu’Aurélie m’a dit,ou plutôt ce qu’elle n’a pas dit.
- Les gars… Je crois qu’il se passe un truc avec Clémence.
Julien arque un sourcil.
- T’as des nouvelles ?
- Non. Justement. Je l’ai pas vue depuis lundi soir. Et Aurélie a clairement esquivé ma question.
Léo croise les bras.
- C’est vrai que c’est chelou…
C’est à ce moment-là qu’une voix s’élève derrière nous.
- Elle est dans ma chambre, enfermée.
Je ne capte pas tout de suite ce qu’elle vient de dire.
Je me tourne vers la personne qui vient de parler.
- Salut petite sœur, lâche- je avec un sourire.
- Salut mini Gab, ajoute Léo en riant.
Je reste figé, l’esprit encore bloqué sur ce qu’elle vient de dire.
- Attends… Quoi ?
Je fixe Manon, cherchant à comprendre si j’ai bien entendu.
Elle lève les yeux au ciel.
- Je vous dis qu’elle est dans ma chambre. Clémence. Elle a demandé à changer de chambre et elle est tombée sur moi.
Un silence s’abat sur nous.
- Tu te fous de nous ? lâche Julien.
- Non. Elle est là depuis lundi soir.
Mon cœur rate un battement.
- Putain…
Je me tourne vers Léo et Julien, qui ont l’air aussi sous le choc que moi.
- Pourquoi elle a fait ça ? demande Léo.
- Parce qu’elle était mal, répond Manon, les bras croisés. Et vous, bande d’abrutis, vous étiez où quand elle a découvert la vérité ?
Je fronce les sourcils.
- Quelle vérité ?
Manon nous dévisage un instant, comme si elle hésitait à parler, puis finit par lâcher :
- Clémence est rentrée dans sa chambre et elle a trouvé Aurélie en train de coucher avec Théodort.
Le choc me coupe le souffle.
- QUOI ?! s’exclame Léo.
Julien écarquille les yeux.
- T’es sérieuse ?
Manon hoche la tête.
- C’est pour ça qu’elle est partie. Elle a claqué la porte et elle a demandé direct à changer de chambre.
Je sens la colère monter en moi.
- Ce connard…
Théodort.
Le mec qui la suppliait presque de revenir. Le mec qui, selon lui, “avait merdé” mais qui disait regretter.
Je serre les poings.
- Putain, soufflé-je entre mes dents.
Léo secoue la tête, abasourdi.
- Attends… mais ça veut dire qu’Aurélie et Théodort… depuis combien de temps ?
- Depuis leur rupture, répond Manon.
Un frisson glacé me traverse.
- Les plans culs du mardi… murmuré-je.
Tout s’assemble dans mon esprit.
Aurélie qui défendait Théodort sans raison.
Aurélie qui s’éloignait de Clémence.
Aurélie qui a annulé les vacances pour rester avec lui.
Tout était là.
Julien passe une main sur son visage.
- Putain… On aurait dû capter.
Léo jure à voix basse.
- Et elle a encaissé tout ça toute seule…
Je ferme les yeux un instant. Une vague de culpabilité me submerge.
J’ai tellement été focalisé sur cette histoire de faux couple, sur le fait de “protéger” Clémence de Théodort, que je n’ai même pas vu ce qui se tramait sous mon nez.
- Et toi, t’es vraiment con d’avoir proposé ce plan de faux couple, ajoute ma petite soeur en me fixant.
Je serre les dents.
- C’était pas censé finir comme ça.
- Bah c’est raté.
Léo passe une main dans ses cheveux, l’air dépité.
- Putain, on aurait dû être là pour elle…
Julien soupire.
- Ouais. Mais maintenant, qu’est-ce qu’on fait ?
Je n’ai pas la réponse.
Tout ce que je sais, c’est qu’on a merdé.
Et qu’on doit réparer nos conneries.
- Manon on a besoin de toi ! Dit-Léo
- Bon d’accord mais vous me revaudrai ça.