Loading...
Link copied
Loading...
Loading...
Mark all as read
You have no notification
Original
Fanfiction
Trending tags

Log In

or
@
Adepagter
Share the book

19 : Dernier Effort

Clémence

Deux semaines.

Deux semaines que je vis un enfer.

Les examens m’ont lessivée, vidée, achevée. Et il en reste encore trois.

Trois épreuves en deux jours avant la délivrance.

Et honnêtement, je ne sais pas comment je tiens encore debout.

Allongée sur mon lit, j’ai l’impression que mes paupières pèsent une tonne. Mon réveil n’a pas encore sonné, mais je suis déjà réveillée. À vrai dire, j’ai à peine dormi. Trois heures, peut-être ? Quatre, grand maximum.

Ma tête tourne un peu lorsque je me redresse. Je me frotte les yeux en soupirant longuement. Encore deux jours, Clémence. Tiens bon.

Je jette un œil à mon téléphone.

7h05.

Évidemment, j’ai devancé mon réveil.

Super.

Je finis par repousser ma couverture et je me lève, traînant des pieds jusqu’à la salle de bain pour me rafraîchir un minimum. J’ai une tête affreuse, cernée jusqu’aux pommettes, et mes cheveux ressemblent à un nid d’oiseau.

Un peu d’eau froide sur le visage, une queue-de-cheval rapide, et je fais semblant d’avoir dormi correctement.

En descendant, j’entends du bruit dans le salon.

Les garçons.

Quand j’arrive en bas, je les trouve encore à moitié affalés dans le canapé, les cheveux en bataille et les yeux mi-clos.

- Sérieusement ? je lâche en les voyant dans cet état.

Julien tourne lentement la tête vers moi, l’air complètement amorphe.

- Clémence… Comment tu fais pour être debout à cette heure-là alors qu’on est tous crevés ?

Je hausse les épaules et me dirige vers la cuisine pour me faire un café.

- J’ai pas le choix, je réponds simplement en attrapant une tasse.

Léo pousse un grognement en s’étirant.

- Encore deux jours et c’est fini…

- Ouais, deux jours, trois examens, je rectifie.

Julien grimace.

- Le dernier va être horrible…

- Merci, c’est exactement ce que j’avais envie d’entendre.

Il ricane légèrement alors que je bois une gorgée de café brûlant.

- Gabriel est prêt ? je demande.

Julien secoue la tête.

- Il est encore sous la douche.

J’acquiesce et m’appuie contre le comptoir, essayant d’ignorer la fatigue écrasante qui me cloue sur place.

Encore deux jours. Tiens bon, Clémence.

Une demi-heure plus tard, je suis dans la voiture de Gabriel, un thermos de café à la main, fixant la route à travers la vitre.

- Ça va ? demande Gabriel en me lançant un coup d’œil.

Je hoche vaguement la tête.

- Disons que je suis encore en vie.

Il sourit légèrement.

- T’as l’air d’un zombie.

- Et toi, t’as l’air trop en forme pour quelqu’un qui passe des examens.

Il rit doucement avant de reprendre son sérieux.

- Plus que deux jours, Clémence. Après, c’est terminé.

- Mmmh…

Je ne réponds pas vraiment. Je sais qu’il essaie d’être encourageant, mais honnêtement, j’ai juste hâte que tout ça se termine.

Quand on arrive enfin devant l’université, il sort de la voiture et m’accompagne jusqu’à ma salle d’examen.

C’est devenu une habitude.

En marchant dans les couloirs, je remarque que je ne suis pas la seule à être à bout. Beaucoup d’élèves traînent des pieds, certains les yeux rivés sur leurs fiches de révision, d’autres fixant le vide, probablement en pleine crise existentielle.

On arrive devant ma salle.

Gabriel s’arrête et me regarde.

- Courage, souffle-t-il.

Je hoche la tête et pousse la porte.

La salle est plongée dans un silence pesant. Quelques élèves sont déjà installés, la tête baissée sur leurs notes de dernière minute.

Je prends place, posant mon stylo et ma calculatrice sur la table, et ferme brièvement les yeux.

Quelques minutes plus tard, la prof entre avec une pile de copies.

- Bonjour à tous, lance-t-elle d’un ton neutre. J’espère que vous êtes prêts, parce qu’une fois les copies distribuées, plus personne ne bouge.

Personne ne répond.

On est tous trop fatigués pour réagir.

Elle pose les copies sur son bureau et ajuste ses lunettes.

- Vous avez trois heures pour compléter l’examen. Les consignes sont en première page. Lisez-les attentivement.

Une première main se lève.

- Madame, on peut utiliser nos propres calculatrices ?

- Oui, tant qu’elles ne sont pas programmables.

Un autre élève demande :

- On a le droit de quitter la salle si on finit avant ?

- Seulement après la première heure.

Les questions s’enchaînent, et la prof répond avec son habituel ton strict mais patient.

- Est-ce qu’il y aura une question bonus ?

- Non.

- C’est plus dur que l’examen de l’année dernière ?

Elle esquisse un sourire.

- Ça, c’est à vous de me le dire.

Quelques rires nerveux se font entendre.

Puis elle commence à distribuer les copies.

Mon cœur bat plus vite alors que la feuille se pose devant moi.

Je prends une grande inspiration et jette un œil à la première question.

Ok, ça va…

Je prends mon stylo et commence à écrire.

Le temps passe de manière étrange.

Parfois, les minutes semblent interminables.

D’autres fois, elles filent à toute vitesse.

Une heure s’écoule.

Je continue d’écrire, mon cerveau fonctionnant en pilote automatique.

Deux heures.

Puis, la troisième approche.

La fatigue est toujours là, mais l’adrénaline me tient éveillée.

Quand la prof annonce la fin de l’épreuve, je lâche mon stylo et me masse les tempes.

Un de moins… Plus que deux.

Je me lève lentement et rends ma copie avant de quitter la salle.

La lumière du couloir me paraît presque irréelle après ces trois heures sous les néons froids de la classe.

Je sors mon téléphone et vois un message de Gabriel.

Gabriel: Alors, survivante ?

Je souris faiblement.

Clémence: À peine.

Mon estomac grogne, mais franchement, manger est presque secondaire.

J’ai encore un examen cet après-midi.

Et il faut que je sois prête.

Les autres étudiants sortent en petits groupes, discutant à voix basse, certains pestant sur l’examen, d’autres déjà en train de ranger leurs affaires avec lassitude.

Moi, je ne dis rien.

J’attrape mon téléphone et j'envoie un message à Gabriel.

Clémence: Je vais manger vite fait et bosser un peu.

Il ne met pas longtemps à répondre.

Gabriel: T’es sûre que tu veux pas venir avec nous ?

Je soupire légèrement, hésitant une seconde.

Manger avec eux serait sûrement plus détendant… mais ça me ferait perdre du temps.

Et je n’ai pas ce luxe.

Clémence: Ouais, j’ai besoin de réviser encore un peu. Je te retrouve après.

Je ne lui laisse pas le temps d’insister et range mon téléphone dans ma poche.

Direction la cafétéria.

La cafétéria est bondée à cette heure-ci. Des dizaines d’étudiants font la queue, leurs plateaux en main, certains parlant de tout sauf des examens, d’autres, au contraire, stressant à voix haute sur ce qui les attend encore.

Je me fraie un chemin jusqu’au comptoir et prends quelque chose de rapide : une salade, un bout de pain, un café.

Pas de temps à perdre.

Je repère une table libre au fond de la salle, un peu à l’écart, et m’y installe immédiatement.

À peine assise, j’ouvre mon cahier et commence à relire mes notes tout en picorant distraitement ma salade.

Chaque minute compte.

Chaque phrase, chaque définition, chaque démonstration doit être ancrée dans mon esprit.

Autour de moi, le bruit des conversations et des rires me semble lointain. Je suis dans ma bulle, concentrée, filtrant tout le reste.

Après une matinée intense et un repas rapide passée seule à réviser, je retourne en salle d’examen pour mon deuxième test de la journée.

La fatigue commence sérieusement à peser sur moi.

J’ai du mal à me concentrer alors que la prof distribue les copies.

- Il est actuellement 13h30. Vous avez 4 heures pour compléter cet examen, annonce-t-elle d’une voix calme. Lisez bien chaque question avant de répondre. Si vous avez des interrogations, je suis là.

Je prends une grande inspiration et baisse les yeux vers ma feuille.

C’est parti…

Dès la première question, je sens mon cerveau qui tourne au ralenti.

Les mots sont là, je les comprends, mais ils ne s’assemblent pas correctement dans ma tête.

Je fronce les sourcils, relis la consigne.

Ok.

Je prends mon stylo et me force à avancer.

Petit à petit, je me plonge dans mes réponses.

Les minutes s’égrènent lentement.

Autour de moi, j’entends quelques élèves soupirer, d’autres griffonner frénétiquement.

De temps en temps, une main se lève.

- Madame, pour la question 3, il faut répondre en une seule phrase ou on peut développer ?

- Développez si vous en ressentez le besoin, mais restez clairs et concis.

Je continue.

Encore une question, puis une autre.

Je sens que mes réponses sont moins structurées que d’habitude, mais je ne peux pas me permettre de perdre du temps à les reformuler.

Alors j’écris.

J’écris sans m’arrêter, jusqu’à ce que le dernier exercice soit complété.

Quand la prof annonce qu’il reste cinq minutes, je relis rapidement ce que j’ai fait.

Trop tard pour tout revoir.

J’espère que ça suffira.

- Il est 17h30, posez vos stylos !

Un soupir collectif s’élève dans la salle alors que les copies sont ramassées.

Enfin… c’est fini.

Enfin… pour aujourd’hui.

Demain, il ne restera qu’un seul examen.

Le plus difficile.

Le plus long.

Je me lève lentement, récupère mes affaires et quitte la salle d’un pas lourd.

Dès que je passe la porte de la maison, je me dirige directement vers ma chambre, sans même prendre le temps d’enlever mes chaussures correctement.

Pas de pause.

Pas de distraction.

Demain, c’est le dernier examen… et c’est aussi le plus difficile.

J’entends à peine la porte se refermer derrière moi. Pas de bruits dans la maison, et pour cause : les garçons sont à leur entraînement de hockey.

Parfait.

J’ai toute la soirée devant moi pour réviser à fond sans être interrompue.

J’attrape mon sac, sors mes notes, mes fiches, mes bouquins. J’empile tout sur mon bureau avant de m’asseoir en tailleur sur mon lit, cahier en main.

Allez, Clémence. C’est le dernier effort.

Je me plonge immédiatement dans mes révisions.

Les mots dansent devant mes yeux.

Les formules, les concepts, les définitions… tout se mélange un peu, mais je tiens bon.

Je relis encore et encore, je récite mentalement, je griffonne des résumés sur des feuilles volantes.

Une heure passe.

Puis deux.

Je me lève une seconde pour aller chercher un café et retourne aussitôt à mon bureau.

La fatigue me pèse, mais je ne lâche rien.

C’est le dernier examen. Le plus long, le plus technique, le plus exigeant.

Je ne peux pas me permettre d’arriver en terrain inconnu demain.

Alors je continue.

Et je continue encore…

Jusqu’à ce que mes yeux commencent à piquer sérieusement.

Quelle heure est-il ?

Je jette un regard à mon téléphone.

2h47.

Super.

Je soupire et me passe une main sur le visage.

Je pourrais dormir un peu… mais honnêtement, ça ne servirait à rien.

Tant qu’à être crevée, autant que ce soit avec un maximum de connaissances en tête.

Alors je reprends mon stylo et je continue.

Le réveil sonne.

Je sursaute.

Mon cœur tambourine dans ma poitrine alors que je cligne des yeux plusieurs fois.

J’ai dormi.

Un peu.

Pas assez.

Ma tête est lourde, mon corps est engourdi, et j’ai l’impression que mon cerveau refuse de redémarrer correctement.

Je me lève mécaniquement et me prépare en mode automatique.

Un rapide passage par la salle de bain pour essayer d’avoir l’air présentable, un café avalé en vitesse, et me voilà déjà en route.

Gabriel, fidèle à lui-même, m’attend devant la porte.

Je monte dans la voiture sans un mot, les mains serrées autour de mon sac.

Il me jette un coup d'œil en démarrant.

- Tu stresses, constate-t-il.

Je ne réponds pas tout de suite.

Parce que oui.

Évidemment que je stresse.

C’est le dernier examen, et c’est clairement le plus dur.

Mais au lieu de lui dire ça, je me contente d’un vague :

- Un peu.

Il hoche la tête et ne pose pas plus de questions.

Il sait que ce n’est pas la peine.

Le trajet se fait dans un calme relatif. Pas de musique. Pas de discussions inutiles. Juste la route et mes pensées qui tournent en boucle.

Quand on arrive devant l’université, Gabriel se gare et me regarde.

- T’assures toujours, Clémence. Ça va bien se passer.

Je hoche la tête, même si je ne suis pas convaincue.

- Merci, dis-je simplement avant de sortir de la voiture.

Direction la salle d’examen.

En entrant dans la classe, mon stress monte d’un cran.

Les élèves sont déjà installés, certains feuilletant une dernière fois leurs notes, d’autres discutant à voix basse.

Moi, je vais directement à ma place, posant mon sac au sol avec un soupir.

C’est là que Léo décide de faire son entrée. Je vais oublier qu’il était dans mon cours.

Il arrive avec son insouciance habituelle, un sourire en coin, et une énergie bien trop élevée pour l’heure.

- Alors, prêts à souffrir pendant cinq heures ? balance-t-il en s’asseyant à côté de moi.

Je ne réponds pas.

Je suis bien trop occupée à stresser.

Léo, lui, s’étire longuement et regarde autour de lui avec un air faussement inquiet.

- Vous croyez qu’on peut corrompre la prof avec des cookies ? Ou alors avec un café ?

Quelques rires s’élèvent dans la classe.

Moi, je garde mon sérieux, mais je sens mes lèvres qui tremblent presque d’un sourire.

Léo continue.

- Bon, sinon, plan B : on feint un malaise collectif. Si tout le monde tombe dans les vapes en même temps, la prof va être obligée d’annuler, non ?

Cette fois, des éclats de rire retentissent.

Léo se tourne vers moi avec un sourire en coin.

- Clémence, si je m’évanouis maintenant, tu promets de jouer le jeu et de crier au scandale ?

Je lève les yeux au ciel.

- T’es bête…

Léo affiche un sourire fier.

- Ah, j’ai vu ! T’as failli sourire !

- T’es insupportable, je souffle.

Il ricane.

Mais au fond, je sais qu’il a réussi.

Pendant quelques secondes, j’ai oublié mon stress.

J’ai oublié la peur.

J’ai juste pensé à autre chose.

Et peut-être que c’est exactement ce dont j’avais besoin.

La prof entre dans la salle, une pile d’examens entre les mains.

Mon cœur bat à cent à l’heure.

C’est l’ultime test.

Le dernier obstacle avant les vacances.

J’inspire profondément.

Allez, Clémence.

C’est le dernier effort.

Après ça… C’est enfin les vacances.

Quand l’épreuve se termine enfin, un immense soulagement s’empare de moi.  

C’est fini.  

Les examens sont terminés.  

Les vacances commencent.  

J’ai envie de m’effondrer sur place, mais il me reste une dernière mission: rentrer à la maison et fêter ça avec les garçons.  

Quand j’ouvre la porte, une vague de légèreté m’envahit.  

Julien est déjà installé dans le canapé, les jambes allongées sur la table basse.  

Léo, lui, est en train de fouiller dans le frigo, probablement à la recherche de quelque chose à grignoter.  

Gabriel arrive juste derrière moi et referme la porte.  

- C’est bon, on est en vacances ! s’exclame Léo en levant les bras au ciel.  

Julien attrape son téléphone et commence à mettre de la musique.  

- Ça mérite au moins une bière, non ? propose-t-il.  

- Évidemment que ça mérite une bière , renchérit Léo.  

Il sort quatre bouteilles du frigo et nous en tend une à chacun.  

- À la fin des examens !   

- À la fin des examens !  répétons-nous en entrechoquant nos bouteilles.  

Je prends une première gorgée et  sens mon corps se détendre  pour la première fois en  deux semaines.

C’est terminé.  

J’ai  survécu .  

Enfin…  

Presque.  

- Bon, pour fêter ça comme il se doit, j’ai une annonce importante,  enchaîne Léo en se redressant.  

On le regarde, intrigués.  

- Ce soir, c’est le grand soir. Pate au pesto!   

Julien et Gabriel ont l'eau à la bouche juste avec cette phrase.

Et moi je fronce les sourcils.  

- Attends… les fameuses pâtes au pesto ?   

Léo me regarde, l’air choqué.  

- T’as jamais goûté mes pâtes au pesto ?   

- Euh… non ?   

Il pose sa bière et se lève d’un bond.  

- Clémence, ce soir est un jour spécial. Tu vas vivre une expérience culinaire qui va changer ta vie.   

Je  pouffe de rire .  

Gabriel, lui, lève simplement les yeux au ciel.  

- C’est juste des pâtes, mec.  

- Juste des pâtes ?!  répète Léo, outré.  

Julien tape sur l’épaule de Gabriel.  

- T’as vexé le chef cuistot, bien joué.  

Léo  croise les bras , faussement offensé.  

- Vous êtes juste jaloux parce que mes pâtes sont meilleures que tout ce que vous avez jamais mangé.   

Gabriel s’apprête à répliquer… mais son téléphone vibre.  

Il le sort de sa poche, regarde l’écran… et  son expression change immédiatement .  

Son regard se fige, ses traits se durcissent.  

- Quoi ? demande Julien en remarquant son silence.  

Gabriel ne répond pas tout de suite.  

Il fixe toujours son téléphone, comme s’il essayait  d’assimiler une mauvaise nouvelle .  

Finalement, il souffle un juron avant de poser son téléphone sur la table.  

- Mon père a décidé de venir dîner pendant les vacances.   

Silence.  

Léo arrête immédiatement de plaisanter.  

Julien ne dit rien, mais son regard se voile légèrement.  

Quant à moi, je reste figée.  

- Il veut rencontrer Clémence.   

Son père veut me rencontrer. 

Et quelque chose dans l’attitude des garçons me fait  immédiatement comprendre  que ce n’est pas une bonne nouvelle.  

- C’est une blague ? finit par dire Léo.  

- Tu crois que je plaisante ?

Personne ne sait trop quoi dire.  

L’ambiance  s’est refroidie d’un coup .  

Je ne connais pas les détails de la relation entre Gabriel et son père, mais une chose est sur : sa n’as pas l’air d'être une bonne relation.

Et maintenant…  

Il veut  venir dîner  ?  

Et me rencontrer, moi ?  

Gabriel attrape à nouveau sa bière et boit une grande gorgée.  

- Bon, on ne va pas se prendre la tête avec ça ce soir.   

Il pose sa bouteille avec un bruit sec et nous regarde.  

- Ce soir, on fête la fin des examens.   

Léo prend une grande inspiration et hoche la tête.  

- Ouais. D’ailleurs, Clémence, prépare-toi à être éblouie par mes talents de cuisinier.   

J’esquisse un léger sourire.  

L’annonce de Gabriel a jeté un froid, mais on ne va pas laisser ça gâcher notre soirée.  

Pas ce soir. 

Léo est dans la cuisine, très concentré. Il a retroussé ses manches et se prend pour un chef étoilé.

- Personne n’entre ici sans mon autorisation ! déclare-t-il en agitant une cuillère en bois comme un sceptre royal.

- T’abuses pas un peu ? se moque Julien.

- Si, totalement. Mais c’est mérité.

Je m’installe sur une chaise près du comptoir, curieuse.

- T’es vraiment sûr que ce sont les meilleures pâtes que je vais manger de ma vie ?

Léo me regarde comme si j’avais insulté son honneur.

- Clémence, après ce repas, tu ne voudras plus jamais manger d’autres pâtes.

Gabriel, qui s’est calé dans un coin avec une bière, lève un sourcil.

- Méfie-toi, il dit ça à chaque fois.

- Ouais, et à chaque fois, c’est vrai, réplique Léo en goûtant sa sauce d’un air critique.

Julien souffle, amusé.

- Dépêche-toi, maestro, j’ai faim.

- Les œuvres d’art prennent du temps, répond Léo avec sérieux.

Gabriel et Julien échangent un regard, puis éclatent de rire.

Moi, j’observe la scène, amusée.

Malgré la tension du message de Gabriel plus tôt, la bonne humeur est revenue.

Et franchement, ça fait du bien.

Après vingt minutes de spectacle culinaire, Léo dépose un plat fumant sur la table.

- Mesdames et messieurs… je vous présente les légendaires pâtes au pesto.

Il s’incline comme un magicien après un tour.

Je prends une fourchette, sceptique… et goûte une bouchée.

Et là…

C’est incroyable.

La sauce est crémeuse, équilibrée, avec ce goût de basilic et de parmesan parfaitement dosé.

Je cligne des yeux, impressionnée.

- Okay…

Léo se penche vers moi, impatient.

- Alors ?

Je prends une deuxième bouchée. Puis une troisième.

- Je déteste l’admettre, mais… elles sont vraiment trop bonnes.

Léo lève les bras au ciel.

- Merci ! De reconnaît mon génie !

Julien rigole.

- T’emballe pas, elle a juste dit qu’elles étaient bonnes. Pas que t’étais un dieu de la cuisine.

- Détail ! réplique Léo en reprenant une énorme bouchée.

Même Gabriel hoche la tête en mangeant.

- T’as eu de la chance ce soir, elles sont encore meilleures que d’habitude.

- Parce que je cuisine avec amour, répond Léo avec un clin d’œil.

- Arrête, t’es flippant, se moque Julien.

On éclate tous de rire.

Franchement, après les semaines qu’on vient de passer, cette soirée est parfaite.

Et même si l’ombre du dîner avec le père de Gabriel plane toujours au loin…

On aura bien le temps d’y penser plus tard.

Comment this paragraph

Comment

No comment yet