Gabriel
La nuit est tombée depuis longtemps, et pourtant, je suis toujours là, assis sur mon lit, à fixer le plafond. Mon téléphone repose sur ma table de nuit, silencieux depuis des semaines. Plus de messages. Plus d’appels. Rien. Juste ce vide oppressant qui me serre la poitrine à chaque fois que je croise son regard dans les couloirs et qu’elle m’ignore comme si je n’existais plus.
Un mois.
Ça fait un mois que Clémence a explosé devant l’université. Un mois qu’elle a mis un point final à ce foutu jeu dans lequel je l’avais entraînée. Un mois qu’elle ne m’adresse plus un seul mot.
Quand elle est venue récupérer toutes ses affaires, elle n’a même pas cherché à me parler. Elle s’est contentée de s’adresser à Léo et Julien, comme si j’étais un fantôme. Comme si j’avais cessé d’exister dans son monde.
Et merde… pourquoi ça me bouffe autant ?
Je passe une main sur mon visage, soupirant bruyamment. Je ne dors plus correctement. J’ai la tête ailleurs en permanence. Même au hockey, je suis devenu une catastrophe ambulante. À chaque entraînement, je me fais engueuler parce que je suis lent, distrait, inexistant sur la glace.
Tout le monde l’a remarqué.
- Putain, Gabriel, c’est plus possible là.
Je lève à peine les yeux en entendant la voix de Léo. Lui, Julien et Théo sont dans ma chambre depuis une demi-heure, et ils me fixent tous avec la même expression exaspérée.
- Je vois pas de quoi tu parles, je marmonne en haussant les épaules.
- Oh si, tu vois très bien, lâche Julien en croisant les bras. T’es une loque depuis un mois, mec. Tu passes ton temps à faire la gueule, t’as plus aucune énergie, et franchement, t’es devenu chiant à mourir.
- Je vais bien, je rétorque, sans grande conviction.
Léo émet un rire sans joie.
- Non. Il s’appuie contre mon bureau et me regarde droit dans les yeux. Tu vas pas bien du tout, et on en a marre de te voir dans cet état.
Je serre la mâchoire, agacé.
- Les gars, lâchez-moi, c’est bon.
- Non, c’est pas bon, réplique Théo. T’es dans le déni complet.
Je souffle bruyamment.
- Mais bordel, je vais très bien !
Léo éclate de rire.
- T’as une tête de mec qui a pas dormi depuis trois jours et qui vient de perdre son chien. Alors non, désolé, mais t’as rien de “très bien”.
Je serre les poings. Ils commencent à vraiment me saouler.
- C’est juste une période, ça va passer.
- Non, ça passera pas, et tu sais pourquoi ? Julien s’approche et me pointe du doigt.
La pression monte en moi. Je sens mes nerfs à vif, mon cœur qui cogne dans ma poitrine.
- JE SUIS AMOUREUX DE CLÉMENCE !
Les mots sortent tout seuls, explosent hors de moi avec une force que je ne contrôle plus.
Un silence s’abat sur la pièce.
Je respire fort, le poing serré, mon corps tendu comme une corde prête à rompre.
Julien et Léo échangent un regard avant d’éclater de rire.
- Ça, on le savait déjà, abruti.
Je me laisse retomber sur mon lit, les mains dans les cheveux, frustré comme jamais.
- C’est impossible entre nous, je murmure finalement.
- Pourquoi ? demande Théo en haussant un sourcil.
Je ferme les yeux un instant, avant de répondre :
- Parce qu’elle n’est pas amoureuse de moi.
Silence.
Puis, Léo éclate à nouveau de rire.
- Attends, t’es sérieux là ?
- Mec, enchaîne Julien, si elle s’en foutait de toi, elle n’aurait jamais fait une putain de scène sur le parking de la fac.
Théo acquiesce.
- Elle t’a littéralement crié dessus devant tout le monde parce qu’elle était blessée. T’as déjà vu quelqu’un réagir comme ça pour un mec dont elle n’a rien à foutre ?
Je rouvre les yeux, perturbé.
- C’est pas pareil. Elle était en colère, pas amoureuse.
- T’es con ou tu le fais exprès ? Léo roule des yeux. La colère, c’est juste une autre façon d’exprimer qu’on tient à quelqu’un. Si elle s’en foutait, elle aurait juste disparu sans un mot. Mais elle a explosé parce que tu l’as blessée, et ça veut dire qu’elle ressentait quelque chose pour toi.
Je serre la mâchoire, les mots de mes potes résonnant dans ma tête.
- Mais… elle m’évite. Elle m’ignore complètement depuis un mois.
- Et t’es allé lui parler peut-être ? Théo lève un sourcil.
Je reste silencieux.
- Voilà, c’est bien ce que je pensais, reprend-il. T’attends quoi, en fait ? Qu’elle vienne toute seule en rampant te supplier de revenir dans sa vie ?
Je déglutis difficilement.
- J’ai merdé…
- Ouais, dit Julien. Et pas qu’un peu.
Je ferme les yeux un instant. Je repense à tout. À la manière dont j’ai traité Clémence comme un simple rôle à jouer. À comment j’ai refusé de voir ce qu’elle ressentait, comment j’ai fui dès que ça devenait trop réel.
Je serre la mâchoire si fort que mes dents me font mal. Mes poings sont crispés sur mes genoux, mes ongles s’enfonçant dans ma peau à travers le tissu de mon jean. Je sens la tension grimper en moi, bouillonner comme un volcan sur le point d’exploser.
- T’as surtout peur, lâche Léo, les bras croisés, la voix dure. Elle n’est pas ton ex, BORDEL !
Mon regard se lève brusquement vers lui, noir de colère.
- Ne la compare pas à elle.
Ma voix claque dans l’air, tranchante comme une lame.
Mais Léo ne bronche pas.
- Justement, on la compare pas, enchaîne Théo avec une froide assurance. On te rappelle juste que Clémence n’est pas cette garce qui s’est servie de toi. Elle, elle ne joue pas. Elle est vraie. Et t’as pas le droit de la mettre dans le même sac que ton ex.
Un frisson me traverse. Une boule se forme dans ma gorge, aussi douloureuse qu’un poing en plein estomac.
Ils ont raison.
Clémence n’a jamais cherché la notoriété. Elle n’a jamais essayé de me manipuler. Tout ce qu’elle voulait, c’était être avec moi.
Et moi, comme un abruti, je l’ai poussée à bout.
- Mec, faut vraiment que t’imprimes ça une bonne fois pour toutes, ajoute Julien en secouant la tête. T’es bloqué dans le passé, et tu laisses cette histoire de merde contrôler ta vie.
- C’est pas ça… je commence, mais Léo me coupe net.
- Bien sûr que si.
Son ton est sans appel, et je sens la colère monter en moi.
Il se penche légèrement en avant, les coudes sur ses genoux, et me fixe avec une intensité dérangeante.
- C’est quoi ton putain de problème, Gabriel ? On le sait tous comment ça s’est passé avec Emma. Elle t’a utilisé pour sa petite notoriété, elle t’a rendu fou avec sa jalousie à la con, et quand t’as décidé d’en finir, elle a raconté de la merde sur toi pour pas perdre la face.
Je me fige.
Un frisson glacé me remonte le long de la colonne vertébrale.
Je déteste parler de ça.
Mais Léo continue, sans pitié.
- Elle a bousillé ta confiance en toi, et depuis, t’as peur. Tu crois que toutes les filles sont comme elle.
- C’est faux, je rétorque, la voix tendue.
- Vraiment ? ironise Julien. T’as fui Clémence comme si elle allait te planter un couteau dans le dos alors qu’elle a jamais rien voulu d’autre que t’aider.
- C’est pas pareil.
Mais même en le disant, je sais que c’est un mensonge.
Théo soupire et s’appuie contre le canapé, son regard plein de reproches.
- Clémence t’a jamais demandé de la mettre en avant, elle t’a jamais poussé à la mettre sur un piédestal. Elle était là parce qu’elle le voulait. Pas pour les apparences.
Je détourne les yeux. Mon regard se perd quelque part devant moi, fixé sur un point inexistant.
- Et pourtant, t’as préféré la foutre dehors plutôt que de voir la vérité en face, lâche Julien.
Silence.
Un silence lourd, pesant, qui s’étire dans la pièce comme une corde sur le point de se rompre.
Mes poings tremblent.
Je serre les dents.
- Putain…
Je ferme les yeux, secoue la tête.
Les images me reviennent en vrac.
Le sourire sincère de Clémence.
Son regard blessé le jour où elle a explosé devant l’université.
Sa colère.
Sa douleur.
Mon silence.
Et moi, comme un abruti, je l’ai poussée à bout.
Je passe une main sur mon visage.
Je rouvre les yeux.
- Putain… J’ai vraiment merdé de A à Z.
- Oh ça, c’est peu de le dire, ricane Léo.
Un rire amer.
Je les regarde tour à tour, le cœur battant à tout rompre.
- Je dois me rattraper auprès de Clémence. Je peux pas la perdre.
Léo éclate de rire et lève les bras au ciel.
- Aaaaah bah ENFIN, BORDEL ! On a cru que ça n’arriverait jamais !
Julien me donne une tape sur l’épaule, un sourire en coin.
- Il était temps que tu t’en rendes compte.
- Hallelujah, notre Gabriel national a retrouvé ses neurones. Lâche Léo.
Je prends une grande inspiration. Je serre les poings, mon regard plus déterminé que jamais.
- Je vais la récupérer.
Et cette fois, je ne reculerai pas.
Je suis affalé sur le canapé, les bras croisés, le regard perdu dans le vide. Julien et Léo sont assis en face de moi, chacun avec une bière à la main. Ça fait déjà une heure qu’on tourne en rond, à essayer de trouver une solution, et honnêtement, on n’est pas plus avancés qu’au début.
- OK, les gars, faut qu’on trouve un truc béton. Un vrai plan qui la fera fondre.
Julien hoche la tête, l’air inspiré.
- On pourrait lui faire livrer des fleurs.
Je le regarde, blasé.
- Des fleurs ? Sérieusement ?
- Bah ouais, les filles aiment les fleurs, non ?
Léo pouffe de rire.
- Mec, elle va les foutre à la poubelle sans même lire la carte.
Julien hausse les épaules.
- OK, alors… des chocolats ?
- Elle va les balancer à la gueule de Gabriel.
Je grogne.
- Vous comptez me proposer tous les clichés romantiques à la con ou bien ?
Léo claque des doigts, l’air soudainement surexcité.
- Attendez ! J’ai une idée de malade !
- On t’écoute, soupiré-je.
- Un flash mob.
Le silence s’abat dans la pièce.
Julien et moi échangeons un regard, puis je plisse les yeux vers Léo.
- Un quoi ?
Léo s’anime, déjà en train de visualiser son plan.
- Un flash mob, mec ! Imagine : tu la fais venir sur la place du campus, t’as une cinquantaine d’étudiants qui commencent à danser en synchro sur une chanson romantique, et toi, à la fin, tu débarques au milieu pour lui déclarer ton amour.
Julien éclate de rire.
- Non mais… T’es sérieux là ?
Léo fronce les sourcils.
- Bah ouais. C’est stylé, non ?
Je le fixe, consterné.
- Léo, je sais pas si t’as remarqué, mais je danse comme un pied.
- C’est vrai, approuve Julien. T’es une catastrophe ambulante.
- Merci du soutien, les gars.
Léo réfléchit un instant, puis tape dans ses mains.
- Et si on lui faisait un road trip en mode very bad trip.
Julien grimace.
- Vraiment en mode very bad trip tu veux qu’elle le tue avec un couteaux.
- Bah vas-y, trouve mieux, toi. Puis moi je veux bien devenir tonton.
- T’es irrécupérable, ma parole.
- Bon, d’accord pas de road trip.
Julien prend un air pensif, puis son visage s’illumine.
- Un tatouage.
Je cligne des yeux.
- Pardon ?
- Tu te fais tatouer son prénom sur ton bras. Ça prouve ton engagement !
Léo se retient de rire.
- Mais t’es con ou quoi ? Imagine il se plante et elle veut plus jamais le voir ? Il fait quoi après ?
- Il le transforme en "Clémentine", c’est pas un problème, dit Julien en haussant les épaules.
Je roule des yeux.
- Laissez tomber. On n’arrivera jamais à trouver un plan potable.
Un silence s’installe.
Julien finit par soupirer.
- En vrai, on est cons. On sait tous qu’il y a une seule personne qui pourrait nous aider.
Léo hoche lentement la tête.
- C’est clair.
Je fronce les sourcils.
- De qui vous parlez ?
Ils se tournent vers moi en même temps. Et dissent:
- MANON!!
Je me tends aussitôt.
- T’oublies juste un détail, rétorqué-je. Manon me déteste en ce moment.
- Mec, on n’a pas le choix, insiste Julien. Si quelqu’un peut nous donner un vrai plan qui fonctionne, c’est elle.
- Et pourquoi elle nous aiderait, hein ?
Léo ricane.
- Pour Clémence, évidemment. Mais va falloir la convaincre, parce que son débile de frère a foutu un beau bordel.
Je soupire bruyamment.
- Super.
Julien me donne une tape sur l’épaule.
- Courage, frérot. Ça va être plus dur que de récupérer Clémence, ça, c’est sûr.
Je sens déjà que je vais le regretter…
- Comment vous comptez la convaincre ?
Léo sourit.
- T’inquiète, on a un plan.
Je soupire. Ça, je le sens mal.
- C’est bon je vais l’appel. Nous dit Léo
Après 5 minute d’appel.
- Elle arrive!!
Quelques heures plus tard, on est affalés sur le canapé de l’appart, à attendre Manon. Léo jette un coup d’œil à son téléphone et souffle bruyamment.
- Putain, elle prend son temps.
- Elle hésite sûrement encore à venir, répond Julien.
Moi, je reste silencieux. J’ai du mal à croire qu’elle ait accepté, mais en même temps, je sais que si quelqu’un peut m’aider, c’est bien elle. Elle ne porte pas que mon nom de famille, elle est aussi l’une des seules personnes capables de voir clair dans cette merde.
Soudain, des coups secs retentissent contre la porte.
- Bon, ouvrez avant que je change d’avis, gronde une voix de l’autre côté.
Léo bondit du canapé et ouvre la porte avec un grand sourire.
- Ma sœur préférée !
Manon lui lance un regard noir avant d’entrer dans l’appart sans attendre d’invitation. Elle pose les mains sur ses hanches et nous fixe tour à tour.
- Franchement, je sais même pas pourquoi je suis venue.
Elle s’arrête sur moi et arque un sourcil.
- Ah si. Pour voir à quel point mon frère peut être pathétique.
Julien ricane en douce, et Léo se racle la gorge.
- On est contents que tu sois là aussi, Manon.
Elle l’ignore et s’affale sur un fauteuil, l’air passablement agacée.
- Bon, expliquez-moi pourquoi vous avez insisté comme des morts de faim pour que je vienne.
Léo et Julien me jettent un regard.
- Bah vas-y, mec, c’est ton problème, commence Léo.
Je prends une grande inspiration et me lance :
- J’ai besoin de ton aide.
Manon me fixe, impassible.
- Pour réparer les conneries monumentales que t’as faites avec Clémence, j’imagine ?
- Bingo, souffle Julien.
Elle croise les bras et me scrute d’un regard accusateur.
- Pourquoi je t’aiderais ?
Je serre les dents, mais je me force à répondre.
- Parce que je veux la récupérer. Et t’es la seule qui peut m’aider à y arriver.
Elle me fixe sans rien dire pendant un instant qui semble durer une éternité. Puis, elle soupire et secoue la tête.
- Vous êtes désespérés, hein ?
Léo hoche la tête avec sérieux.
- Carrément.
Un silence s’installe, Manon tapote ses doigts sur l’accoudoir du fauteuil, pensive.
Elle laisse planer un silence avant de répondre.
- Très bien. J’ai un plan. Mais Gabriel, tu vas devoir mettre ton ego de côté.
Je grimace.
- Génial.
Elle sourit en coin.
Je ferme les yeux.
Manon s’installe confortablement dans le fauteuil, croise les jambes et nous regarde un par un comme une prof prête à donner un cours magistral.
- Bon, sortez de quoi noter, parce que ça va être long. Et je ne veux pas me répéter.
Julien attrape son téléphone pour prendre des notes, tandis que je me redresse légèrement, prêt à écouter. Mais Léo, fidèle à lui-même, trouve encore le moyen de l’ouvrir.
- T’as dit quoi ? Pardon, j’ai pas entendu, lâche-t-il avec un sourire en coin.
Manon le fixe sans bouger, son regard se transformant en pur meurtre. Puis, elle se lève d’un coup.
- C’est bon, démerdez-vous, je me barre !
Elle tourne les talons et se dirige vers la porte, sous nos yeux horrifiés.
- Non ! Pardon, c’est une blague ! Reste, s’il te plaît ! J’ai vraiment besoin de toi !
Je me lève à mon tour et me place juste devant elle, bloquant la sortie.
- Manon, s’il te plaît. Je suis sérieux. J’ai foiré. J’ai plus d’options. Et si quelqu’un peut m’aider à réparer ça, c’est toi.
Elle me fixe, les bras croisés, sceptique.
- Hm… Je sais pas…
Julien intervient à son tour.
- Allez, Manon, fais pas genre. T’adores être la boss de la situation. Et puis, avoue que ça t’amuse de faire flipper Gabriel.
Un sourire en coin apparaît sur son visage.
- C’est pas faux…
Léo attrape son téléphone et le lève en l’air.
- J’ouvre une note spéciale "Plan de génie de Manon".
Elle souffle bruyamment, mais revient s’asseoir sur le fauteuil, les bras toujours croisés.
- Très bien. Mais si l’un de vous refait une blague pourrie, je me casse.
Je hoche la tête frénétiquement.
- Promis.
Elle nous observe un instant, puis lâche enfin :
- Bon… Voilà ce qu’on va faire.
Et je sens déjà que je vais souffrir.
Manon passe une heure entière à nous détailler son plan, allant jusqu’à souligner chaque étape comme si elle nous briefait pour un braquage millimétré. Elle parle vite, précise, et je vois bien qu’elle prend un malin plaisir à nous voir suspendus à ses lèvres, surtout moi.
- Bon, déjà, si on lui dit qu’elle doit venir pour voir Gabriel, elle refusera direct, commence-t-elle en croisant les bras. Donc, il va falloir ruser.
- Et t’as une idée pour ça ? demande Julien en haussant un sourcil.
Manon roule des yeux.
- Évidemment. Je vais l’amener au lieu de rendez-vous… les yeux bandés.
Je fronce les sourcils.
- Sérieusement ?
- Ah non, t’as raison, acquiesce-t-elle en prenant un ton faussement dramatique. On pourrait aussi l’attacher et la jeter dans le coffre d’une voiture, mais ça risque de mal finir pour vous.
Léo éclate de rire, tandis que Julien secoue la tête, amusé.
- Je lui dirai que je lui ai préparé une surprise, continue Manon, imperturbable. Un moment de détente. Comme elle me fait confiance, elle ne se méfiera pas.
Léo hoche la tête avec admiration.
- Franchement, je suis impressionné.
- Tu devrais, réplique Manon en haussant les épaules. Je ne fais pas les choses à moitié.
Elle se tourne vers moi et son sourire disparaît. Son regard devient plus sérieux.
- Mais pour le reste…
Je sens déjà que je vais détester ce qu’elle va dire.
- … ça, c’est ton problème.
- Pardon ?
- Je t’amène Clémence, mais c’est à toi de la convaincre de rester. À toi de trouver les bons mots, de lui montrer que tu vaux encore quelque chose à ses yeux.
Je déglutis.
- Et si elle refuse de m’écouter ?
Manon hausse les épaules, impassible.
- Dans ce cas, c’est que t’as vraiment tout gâché. Et ça, ce sera pas de ma faute.
Un silence pesant s’installe. Je sens la pression monter d’un cran alors que mes pensées s’emballent.
Julien tapote mon épaule, faussement compatissant.
- Pas de pression, hein.
Léo ricane.
- Juste ta dernière chance, mec.
Manon croise les bras et me fixe avec un sourire en coin.
- Alors, Gabriel… Prêt à te battre, ou tu veux qu’on abandonne tout de suite ?
Je serre les poings. Je ne peux pas la perdre.
- Je suis prêt.
Léo lève son verre.
- À la catastrophe à venir !
- Ta gueule Léo.