Les musiciens chantaient sur la terrasse. Cela s'était fait plutôt naturellement. L’un d’eux jouaient d’un air distrait de sa guitare. Et les autres ont commencé à l’accompagner doucement, puis avec engouement. Bientôt toute la terrasse chantait, et dansait, et tapait dans ses mains en rythme. Des sourires et des rires habitaient tous les visages. Même celui de la dame du café. Il s’agissait d’un pur moment de bonheur. Cela faisait si longtemps que son cœur n’avait pas battu ainsi, avec légèreté. Le bonheur, c’est si simple parfois. Le bonheur, c'est juste un truc comme ça, un truc dont on se sert pour se rassurer, se dire qu'il y a de la lumière au bout de ce merdier. Et pour une fois, les souvenirs qui remontaient ne lui faisaient pas mal. Elle se souvenait de son bonheur à elle, de lui et de ce qu’il lui disait : “Le bonheur, certains soirs, c'est toi, quand tu te mets à danser, sans raison dans toute la maison, juste comme ça. Tu me prends la main et m'emmène, et je me laisse entraîner loin de mes sombres pensées. Tu me souris et me dis : « Tu sais gamin, le bonheur, ça n'existe pas, mais on s'en fiche tant qu'il y a de la joie. », et moi je danse, je chante, je fais le pitre parce que mon bonheur c’est ça, c’est toi, c’est te faire rire, et sourire, et t’aimer.”
Au fond, elle savait que le bonheur, ce n’est rien. Dans le grand tout de l’existence, le bonheur ce n’est pas grand chose. Mais eux, ils ne valent pas bien mieux. Alors c’est déjà bien. C’est le moment.