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Chapitre 5

Ses doigts jouaient de l’accordéon.

— C’est une jolie chanson, dit-elle.

— Ce n’est que l’histoire d’un crétin de musicien amoureux d’une catin romantique, répondit-il, c’est tragique.

— C’est parce que c’est tragique que c’est beau. J’aimerais beaucoup l’entendre encore.

— Et moi je préfère la vivre !

Il l’embrasse.

On va dire qu’ils ont vingt ans. Parce qu’on a toujours vingt ans dans les histoires d’amour, c’est bien connu. Et c’en est une. Une histoire d’amour.

Et ils étaient beaux aussi. Parce qu’on est toujours beaux dans ce genre d’histoires. Et même si on ne l’est pas vraiment on le devient au contact de l’autre, la moitié, l’aimé. Alors oui, ils étaient beaux.

Du moins si on trouve de la beauté dans le corps d’une femme qui crie famine avec ses joues creuses comme son ventre et ses cheveux plats. Elle va, déambulant dans les rues de Paris, tel un fantôme avec sa robe légère et son esprit flottant, les pieds nus cherchant encore et toujours plus de liberté. Elle veut courir et ses jambes frêles parviennent tant bien que mal à ne pas plier. Elles continuent de la porter et de porter le nécessaire pour s’improviser peintre des rues au détour des grands boulevards le jour, et performatrice la nuit.

Du moins si on trouve bel homme un visage avec un monosourcil, entouré de cheveux crépus et son accordéon toujours scotché entre les doigts et dans le cœur. Il ne sait pas parler sans bégayer, mais il sait chanter et faire danser les foules. Un peu trop efflanqué pour les magazines, et un peu trop effronté pour un emploi bien sage, bien rangé, il traîne dans les rues de la capitale pour faire valser les passants et récolter un peu de pécules. Pas grand chose, juste de quoi recoudre ses poches trouées. 

Et enfin, des oiseaux qui prennent leur envol et un regard amoureux à la terrasse d’un café, un air de Java trainant derrière le bar, et des mains qui valsent sous la table. Oui, elle était belle cette histoire. Leur histoire.

— Une autre bière !

Et le souvenir s’efface. La bonne femme du café sort de sa réverie. Elle offre sa tournée, détournant le regard pour que personne ne voit ses yeux briller. Elle serre le poing, enserre son cœur, et sert les pintes.

Les histoires d’amour l’a rendaient toujours nostalgiques, surtout les débuts.

Ah la vie à la bohème ! Que de souvenirs !

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