Aujourd’hui, tout va trop vite.
Les chauffeurs ne respectent plus les limitations de vitesse,
Et la vie non plus.
Je ne sais pas s’il y a un dieu,
Et encore moins si je le rencontrerais un jour.
Mais je voudrais lui dire que cette vie est une course pour laquelle on ne m’a pas laissé le temps de m’échauffer.
On ne prend plus le temps de rien.
Deux minutes, c’est trop long.
Alors on prend son café à emporter.
Je ne sais pas pourquoi nous sommes si pressés.
La peur que notre temps passe trop vite,
Qu’on n’en ai pas assez…
Ou alors, s’occuper, toujours,
Pour ne pas y penser.
Je n’ai jamais aimé le café.
Trop noir.
Trop corsé.
Trop fort.
Et moi, trop faible.
Trop sensible.
Dans une autre vie, je voulais être un arc-en-ciel.
Si je rencontre Dieu un jour, je lui dirais que cette vie est un café que je n’ai pas commandé.
L’époque des magnétoscopes me manque peut-être parce que je n’étais qu’une enfant.
Et même si je courrais de partout,
J’avais toujours l’impression d’avoir le temps.
Je pouvais me stopper à tout moment,
M’allonger,
Regarder les nuages me raconter une histoire.
Aujourd’hui, c’est moi qui me raconte des histoires pour m’endormir.
Et je mets trois réveils pour me lever le matin.
Je prends des somnifères et enchaîne avec trois cafés,
La peur de perdre le contrôle
De perdre mon temps.
Je fonctionne au ralenti,
et je ne prends plus le temps de rien.