Language : English
Je ne fais plus de transition.
J'ai tant à dire.
Tu l'as sans doute remarqué.
Et ça n'a pas l'air de te déranger,
c'est que sans s'en rendre compte, on y est habitué.
Dans la vie, il n'y a jamais de transition.
Tu marches pour aller acheter le pain,
tu sifflotes un air qui te trotte dans la tête,
la baguette sous les bras,
les mains dans les poches,
tu lèves la tête en l'air pour voir l'avancée des nuages
gris,
tu espères arriver avant la pluie,
parce que les feuilles sur le pavé, c'est donnant donnant :
soit, elles te collent aux semelles,
soit, elles te font glisser dans la ruelle,
et tu penses à ça,
tu pense déjà à cette future possible gamelle due aux feuilles mouillées,
quand,
couac,
une merde de chien,
et du mauvais pied en plus.
Ou alors, un pot de fleur qui tombe du troisième étage,
et sur ton front,
une cible,
Pas de chance.
Pas de pot.
Pas de pain.
C'est comme ça la vie,
ça arrive et ça prévient pas.
Pas d'introduction, pas de précédemment dans le dernier épisode, pas de résumé, et pas de transition.
Il suffit qu'un escargot se pointe au mauvais endroit au mauvais moment,
et une petite fille heurte le trottoir pour l'éviter,
et le médecin qui doit lui recoudre son genoux,
ne sait pas encore que le soir,
on lui défoncera la mâchoire,
à coup de pied de biche,
pour voler sa bagnole,
dont il venait juste de refaire le plein d'essence.
C'est ça la vie.
Le poteau que tu te prends en pleine poire lorsque tu as le malheur de détourner quelques secondes le regard,
et les rires des passants,
te font rougir,
et tu te maudis toi-même pour ne pas avoir vu le poteau,
et tu en veux au poteau de s'être trouvé sur ton passage,
et c'est la vie,
ça passera,
comme le rouge sur tes joues,
et la bosse sur ton front.
Déjà tu anticipes la suite, alors que dans tous les cas,
tu ne la contrôlera pas,
comme le temps.
