Language : English
Elle venait de fermer le café, lorsque la radio passa leur chanson. Comme à chaque fois, ses pieds commencèrent leur ronde, avant même qu’elle se rende compte qu’elle était en train de danser. Elle fermait les yeux fort, très fort, à s’en faire mal aux paupières et à la tête, et il apparaissait. Il était là, il dansait avec elle. Ils virevoltaient ensemble autour des tables. Et tous les joyeux souvenirs venaient réconforter son corps.
Pour elle, il était la bonne humeur incarnée, alors qu’elle ne savait que faire une moue boudeuse avant lui. Il était une douce brise lors d’un soir d’été. Il était un feu de cheminée en hiver. Il était de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Il était le seul qui pouvait à la fois lui faire prendre une crise d'asthme et lui insuffler de l’oxygène par intraveineuse. Il était le seul qui pouvait la faire rire en la faisant pleurer et vice versa. Elle l'aimait autant que le classique rock, une tasse de thé et l'odeur des vieux livres. Elle l'aimait plus que tout au monde. Il représentait tout ce qui il y avait de bien dans son monde.
En son souvenir, elle dansait.
Et c’était tellement beau, de la voir virevolter ainsi autour des tables, sa serpillère en main, ses yeux fermés, et son cœur bien ouvert.
Il n’y avait rien de plus à ajouter.
Elle avait vécu.
Elle avait aimé.
Elle avait été aimée.
Et elle passerait désormais sa vie à danser, en attendant de le rejoindre, pour une dernière valse, un dernier air d’accordéon, un dernier rire, une dernière étreinte.
En attendant, elle serait la dame du café.
Le café de la Bohème, qui garde toujours une part de tarte au chaud pour les malmenés par la vie.
Le café des lilas.
Le café des amoureux.
