Le lendemain matin, le soleil perçait timidement à travers les nuages, une lumière douce et fragile qui donnait un air presque printanier à l'air encore frais du matin. Léa se leva tôt, un peu nerveuse, mais aussi enthousiaste. Elle avait promis à Maël de l'aider à emménager dans la chambre au-dessus de la librairie. Une étape de plus. Une petite victoire.
Elle se rendit directement à la librairie, son sac à l’épaule, et Maël l'attendait devant la porte, son regard un peu fuyant, mais une lueur de gratitude dans ses yeux.
— Tu es prête ? demanda Léa, avec un sourire complice.
Maël hocha la tête et ensemble, elles commencèrent à monter les cartons, à déplacer les affaires dans la petite chambre. Léa l'aidait à ranger, à remettre de l’ordre. Les murs, bien que simples, semblaient désormais un peu plus accueillants, avec les petites touches personnelles que Maël y ajoutait petit à petit. Des livres, des posters, des objets qu'elle avait soigneusement choisis. C’était un décor presque intime, où il y avait un peu de Maël, mais pas encore tout à fait.
Au bout de quelques heures, le travail était presque terminé. Le silence était lourd, mais pas de gêne. C’était juste une journée banale de déménagement, un moment de calme où, pour la première fois depuis longtemps, Maël semblait détendue.
Quand elles terminèrent, Léa se rendit compte qu’elles étaient restées un moment dans la librairie, loin des regards. Mais à peine eurent-elles franchi la porte de l’immeuble, que des élèves du lycée, croisés par hasard dans la rue, les aperçurent. Quelques regards furtifs, des murmures. Rien de bien méchant, mais suffisant pour que la tension devienne palpable.
Une poignée d’élèves les regardaient, quelques-uns se glissant des sous-entendus que Léa n’arrivait pas encore à saisir. Elle se sentit un instant déstabilisée, comme si la situation échappait à son contrôle. Il y avait quelque chose dans l’air, quelque chose qui ne collait pas.
Les regards d’abord indifférents, puis curieux, s’accentuaient à mesure qu’elles s’éloignaient. Léa commença à se poser des questions. Était-ce juste son imagination ? Ou est-ce qu’il y avait réellement quelque chose derrière ces petites allusions, ces petites failles dans le regard des élèves ?
Le lendemain, au lycée, l’atmosphère semblait différente. Les chuchotements dans les couloirs étaient plus présents, plus insistants. Des regards s’échangeaient discrètement entre les élèves. Léa le sentait dans ses propres interactions : les sourires étaient plus forcés, les silences plus lourds. C’était comme si le lycée tout entier avait commencé à parler, à réagir différemment depuis cette fameuse visite à la librairie.
Et dans ce tourbillon de petites rumeurs, Léa sentit un malaise. Elle savait que Maël était un peu… une énigme, mais elle ne s’était pas préparée à l’impact que cela pourrait avoir sur elle aussi. Elle ne savait pas comment se positionner face à ces rumeurs qui naissaient à peine.
En se regardant dans le miroir ce matin-là, elle se sentit perdue, presque naïve. Le poids des regards des autres commençait à la peser. Était-ce vraiment une bonne idée de l’avoir aidée comme ça ?
Mais avant qu’elle puisse se perdre davantage dans ses pensées, Maël arriva en classe, plus silencieuse que d’habitude. Elle s’assit au fond, le regard fuyant, et ne croisa presque jamais les yeux de Léa.
Léa s’assit à son bureau, sentant les murmures de la journée peser sur ses épaules. Elle ne savait pas encore ce qui se passait, mais une chose était sûre : un nouveau défi venait de commencer. Et ce n’était pas seulement avec Maël que cela se jouait. C'était aussi avec elle-même, et avec ce lycée qui semblait s’impliquer davantage dans leur histoire qu’elle ne l’avait imaginé.
Les rumeurs étaient là, et elles étaient plus fortes que ce qu’elle avait prévu.