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PetitePlume
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Chapitre 18 – Le baiser

La journée avait été longue. Trop longue. Les élèves s’étaient montrés agités, les copies à corriger s’entassaient sur le bureau, et la fatigue s’étirait en elle comme une ombre sourde. Pourtant, depuis le matin, une chose occupait l’esprit de Léa plus que tout le reste : le message de Maël.

Elle n’y avait pas répondu. Pas encore. Pas parce qu’elle ne voulait pas, mais parce qu’elle ne savait pas comment. La phrase de Maël flottait en elle comme un souffle suspendu, une parenthèse entre deux réalités.

En fin de journée, alors que les couloirs du lycée se vidaient lentement, Léa resta dans sa salle, triant distraitement des papiers pour donner le change à l’agitation intérieure qui ne la quittait plus. Elle avait laissé la porte entrouverte, sans y penser. Quand elle releva les yeux, Maël était là. Dans l’embrasure.

Silencieuse, immobile. Un regard un peu trop droit, un peu trop calme.

— Tu devrais être partie depuis longtemps, dit Léa, la voix douce, mais pas aussi ferme qu’elle l’aurait voulu.

Maël entra sans répondre, ferma la porte derrière elle. Elle s’approcha lentement, sans brusquerie, sans provocation. Juste… présente.

— Tu vas bien ? demanda Léa, un peu trop tard, un peu trop bas.

Maël était déjà là. Tout près. À portée de souffle.

Et puis, elle l’embrassa.

Simplement. Comme si ça allait de soi. Comme si c’était la suite logique de toutes les silences, les mercredis après-midis, les regards retenus. Un baiser doux. Trop bref. Léa sentit son corps se figer. Son cœur s'emballer.

Elle recula. D’un pas. Puis d’un autre.

— Je… Maël… je viens à peine d’être blanchie. Je viens juste… Je crois que c’est pas le moment. Même si j’en ai très envie. Je peux pas, pas tout de suite.

Elle parlait vite, les mots tremblaient un peu.

Maël ne bougea pas. Elle la regarda un instant, les yeux toujours clairs, mais doux. Compréhensifs.

Puis elle haussa les épaules, avec un demi-sourire.

— Tu sais… Ces derniers mois, personne n’a su. Qu’on se voyait. Qu’on parlait. Qu’on riait, parfois. Qu’on buvait des chocolats trop sucrés dans la librairie, entre deux livres moisis.

Elle s’approcha de nouveau. Tout doucement.

— Alors on pourra peut-être continuer comme ça. Être ensemble… mercredi après-midi. Dans la librairie. Avec les romans d’occasion, et toi qui fais semblant de ne pas aimer les bouquins sentimentaux.

Léa ne trouva rien à répondre. Son regard se baissa, puis remonta vers celui de Maël. Elle allait parler, peut-être, mais Maël l’embrassa une seconde fois. Plus longuement. Pas plus audacieusement. Juste… avec certitude.

Quand leurs visages se séparèrent, Léa souffla enfin :

— Mais ici, au lycée… il faut vraiment qu’on soit discrètes. Vraiment.

Maël hocha la tête, un petit sourire malicieux aux lèvres.

— Promis. Discrète comme un chaton dans une bibliothèque.

— C’est pas très rassurant, ça…

— T’inquiète.

Et sur cette phrase, elle attrapa son sac, lança un regard rapide vers la porte, puis s’éclipsa. Léa resta seule quelques secondes, le cœur battant, les lèvres encore pleines du goût de l’instant. Elle se rassit, doucement, comme si tout son corps tremblait à retardement.

Un sourire lui échappa. Infime. Involontaire.

Et pour la première fois depuis des semaines, elle ferma les yeux sans peur.

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