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PetitePlume
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Chapitre 16 – Soutien inattendu

Les rayons de la librairie filtraient à travers les fenêtres, baignées dans une lumière tamisée, presque dorée. L’endroit était paisible, le bruit du monde extérieur bien loin. Léa et Maël s’étaient retrouvées, comme d’habitude, un mercredi après-midi. Les tasses de thé fumant entre leurs mains semblaient ancrer leur présence dans cet instant suspendu.

Elles s’étaient installées à une table au fond, dans un coin tranquille de la librairie, loin des regards curieux des rares clients. Maël avait pris l’habitude de se glisser dans cette routine silencieuse, les yeux légèrement baissés sur son livre, mais toujours prête à échanger quelques mots avec Léa. Leurs conversations s’étaient peu à peu déplacées de l’ordinaire vers des territoires plus personnels, plus intimes.

Léa, après une énième gorgée de son thé, posa sa tasse. Elle n’était pas pressée. Le monde pouvait tourner sans elle pour un instant. Elle observa Maël qui, cette fois, ne détournait pas les yeux.

— Ça fait longtemps qu’on ne s’est pas parlées de tout ça, dit Léa, brisant le silence comme une promesse implicite. De… toi. De ce que tu as ressenti, de ce que tu vis.

Maël leva les yeux, ses lèvres s’étirant légèrement. Il y avait quelque chose de plus calme en elle, comme si le poids qu’elle portait était un peu moins lourd, ou du moins plus supportable.

— Tu sais… c’est la première fois depuis la mort de mes parents que je me sens… bien. Enfin, pas tout le temps, mais plus souvent. C’est comme si je commençais à retrouver une sorte de normalité. Même si c’est pas facile. Même si c’est jamais comme avant. Mais ici, avec toi… c’est différent.

Maël marqua une pause, les doigts caressant distraitement le rebord de sa tasse. Léa, les yeux fixés sur elle, sentit un frisson doux, presque imperceptible, naître dans l’air entre elles. Il n’y avait pas de jugement, juste un partage d’émotions qui se tissait lentement, avec la certitude qu’il n’y avait pas besoin de mots pour tout exprimer.

Léa s’approcha d’un pas, un geste doux, instinctif. Elle posa sa main sur la cuisse de Maël, presque sans y penser, mais avec l’assurance tranquille que ce geste n’était pas lourd, pas intrusif. C’était juste là, comme une caresse discrète qui parlait plus fort que tout ce qu’elles auraient pu dire.

Maël, surpris au début, la regarda un instant. Puis, lentement, elle sourit, et un petit frémissement de soulagement passa dans ses yeux. Léa, attentive, ne bougea pas. Elle laissa à Maël le temps de digérer le geste, de l’accepter. Puis Maël, à son tour, posa sa main sur celle de Léa, un geste léger, presque timide, mais tellement plus fort que tout ce qu’elle avait connu auparavant.

Les deux femmes restèrent là un moment, dans ce silence doux, leurs mains liées par cette promesse silencieuse de réconfort. Et pour la première fois depuis longtemps, Maël se sentit presque à sa place.

Dans cette librairie, entre les livres et les murs pleins de souvenirs, elles avaient trouvé une petite île où le temps ne comptait pas.

Au lycée, les rumeurs s’étaient peu à peu estompées. Le souffle bruyant de la suspicion semblait s’être dissipé, comme une brume qui se retire au matin. Mais au fond de son esprit, Léa n’oubliait pas que ces murmures avaient eu un impact, qu’elles n’étaient jamais vraiment parties. Pourtant, chaque jour passé dans l’établissement semblait alléger un peu plus le poids de ces regards.

Abby était son soutien inébranlable. Chaque échange, chaque petit moment partagé dans le couloir, lui rappelait qu’elle avait fait le bon choix en tendant la main à Maël. Ces dernières semaines, elles avaient trouvé un équilibre fragile, mais essentiel, entre l’enseignement et la bienveillance. Abby lui offrait souvent un sourire discret, un mot de réconfort, sans jamais vraiment en parler de manière explicite. C'était comme un pacte tacite entre elles.

Dans la salle des profs, les discussions étaient toujours animées, mais il y avait un sujet qui revenait de plus en plus souvent : le changement de Maël. D'abord, c'était un murmure, puis une affirmation, un constat presque unanime.

— Tu as vu, Maël ? Elle écoute. Elle progresse. C’est incroyable, elle est tellement calme, cette année, une élève modèle.

Léa, assise à sa table, cachait à peine un sourire de fierté. Les paroles des collègues flottaient dans l’air comme un secret qu’elle avait patiemment tissé avec Maël. L'élève de la classe, qui avait longtemps été en marge, était désormais une étoile montante. Ses notes s’amélioraient, et malgré quelques dérapages ici et là, elle restait sur une lancée impressionnante.

Chaque remarque la touchait profondément. Ces mots, ces regards, ces jugements étaient peut-être passés inaperçus pour les autres, mais pour Léa, ils étaient comme une récompense secrète. Elle n’était pas celle qui se vantait, mais au fond d’elle, elle savait que ce chemin, celui de Maël, elle l’avait accompagné, patiemment, dans l’ombre.

Parfois, lorsque les conversations s’éteignaient autour d’elle, Léa se retrouvait un instant à penser à cette éducation discrète, à la manière dont chaque sourire, chaque geste avait été un petit pas vers une transformation silencieuse. Maël était toujours Maël, mais c’était une nouvelle Maël, une version d’elle-même qu’elle commençait tout juste à comprendre, à apprivoiser. Et cela, Léa l’avait fait.

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