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PetitePlume
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Chapitre 19 – L'orage

Après des semaines de préparation, le moment tant attendu était enfin arrivé : le concours interétablissement. Les étudiants montèrent dans le bus en direction de la capitale, l'excitation palpable dans l'air. La route se déroulait dans une ambiance joyeuse, marquée par des éclats de rire, des discussions animées et des blagues échangées. Léa observait ses élèves, admirant leur enthousiasme. Maël, elle, semblait plus calme, absorbée par ses pensées, mais Léa savait que, malgré son apparence, elle était tout autant investie dans ce concours.

Le premier jour s’était bien passé. Les épreuves s’étaient enchaînées sans encombre, et tout le groupe semblait de bonne humeur. Léa se sentait détendue, même si une petite partie d’elle-même restait sur le qui-vive, attentive aux détails. Maël, en particulier, semblait un peu plus tendue, mais elle n’y prêta pas attention.

Le lendemain matin, alors qu’ils se préparaient à repartir, un orage éclata soudainement. Les éclairs zébraient le ciel, et le vent soufflait avec une violence inhabituelle. Léa, inquiète par la force de la tempête, prit son téléphone et appela l’organisation du concours pour savoir comment procéder. La réponse fut rapide et déroutante :

— Bonjour, Madame, nous avons été informés de l’orage. Après évaluation, les épreuves sont annulées pour aujourd’hui. Nous vous conseillons de rester à l’hôtel jusqu’à ce que le temps se calme. Nous vous rappellerons pour fixer une nouvelle date de concours.

Léa raccrocha et se tourna vers ses élèves, un peu perdue dans cette situation imprévu. Elle leur annonça la nouvelle, les invitant à se retirer dans leurs chambres pour attendre que l’orage passe. Les étudiants, un peu déconcertés mais soulagés de ne pas devoir affronter une nouvelle journée de compétition, s'éparpillèrent rapidement.

Mais Léa, perdue dans ses pensées, croisa le regard de Maël. Un échange silencieux, presque complice. Maël savait ce que cela signifiait. Léa hésita un instant avant de se diriger vers les escaliers.

— Tu montes ? demanda Léa en fronçant légèrement les sourcils. Maël hocha la tête, et les deux filles s’éclipsèrent silencieusement dans les couloirs de l’hôtel.

Une fois à l’étage, Léa s’arrêta devant la porte de sa chambre, se mordant la lèvre inférieure. Maël la devança, s’approchant doucement.

— Ça va aller, tu sais, tu n’as pas à t’inquiéter, dit Maël d’un ton apaisant.

Léa inspira profondément avant de tourner la clé dans la serrure et d’ouvrir la porte.

— Entre, s’il te plaît, souffla Léa.

Maël entra et se tourna vers elle, une lueur d’attention dans le regard. Léa la fixa un instant, un brin hésitante, avant de faire un petit pas en avant. Elle se mordit la lèvre, visiblement nerveuse. L’orage faisait rage dehors, le bruit des éclairs et du vent secouant les fenêtres.

— En fait… je voulais te demander un truc. Tu veux bien rester avec moi ? Je… je sais, c’est stupide, mais… je déteste les orages. Ça me fait peur, je crois.

Maël sembla surprise, mais son expression se radoucit. Elle s’approcha de Léa et posa une main rassurante sur son épaule.

— Bien sûr, Léa. Je resterai avec toi. T’inquiète pas.

Les deux jeunes femmes s’assirent sur le lit. Léa tenta de se concentrer sur sa respiration, mais le bruit de l’orage à l’extérieur rendait l’atmosphère plus oppressante. Puis, tout à coup, un bruit sec se fit entendre. Le courant s’éteignit brusquement. La lumière s’éteignit, et la pièce plongea dans une semi-obscurité. Léa sursauta.

— Ça va, ça va… c’est juste… la coupure de courant, murmura Maël en lui attrapant la main. Reste calme.

Mais Léa sentit une pointe d’anxiété monter en elle. Elle avait l’impression que tout se refermait autour d’elle, que l’espace se rétrécissait avec chaque éclat du tonnerre. Les portes magnétiques de l’hôtel se bloquèrent, comme par magie. Elles étaient enfermées.

— Maël… ça me stresse vraiment, tout ça… J’ai du mal à respirer. Je crois que… il faut faire quelque chose.

Maël la fixa, un léger sourire aux lèvres. Elle savait que Léa avait besoin d’un moyen de détourner son esprit, et elle était prête à tout pour la faire oublier l’angoisse qui la paralysait. Elle se leva alors, s’éloignant un peu avant de revenir vers Léa avec un regard malicieux.

Maël s’approcha, lentement, comme si elle redoutait de brusquer le moment. Le silence, entre elles, était dense, chargé de battements de cœur. Elle effleura la joue de Léa du bout des doigts, l’invitant à la regarder. Son regard n’avait rien d’adolescent : il était calme, ancré, un peu fiévreux.

Léa sentit sa gorge se nouer.

Maël l’embrassa.

Pas comme l’autre fois. Pas pour tester, ni provoquer. Cette fois, c’était doux, patient. Un baiser qui ouvrait une porte que Léa n’avait encore jamais franchie. Elle se laissa faire, d’abord raide, maladroite. Une partie d’elle tremblait,  pas seulement à cause du désir. C’était la peur de mal faire, de ne pas savoir. La peur de ce que cela allait changer.

Parce que c’était la première fois.

La première fois avec une femme. Avec Maël.

Elle avait imaginé, parfois. Mais jamais ressenti ça. Cette chaleur vive, montante, presque insupportable tant elle était réelle. Maël sembla le deviner. Elle recula d’un souffle, un sourire taquin aux lèvres.

— Tu veux ?

Un petit rire s’échappa de sa gorge, doux, léger. Léa rougit, incapable de soutenir son regard. Elle hocha la tête, à peine. Maël glissa ses mains sous son t-shirt, lentement, comme si chaque geste comptait. Léa ferma les yeux.

Le tissu s’éleva, dévoilant sa peau par touches. Elle frissonna. Pas de froid. Juste… l’intensité. La nouveauté.

Elles s’allongèrent sur le lit, les draps froissés sous elles. Les gestes restaient lents, comme pour apprivoiser, écouter. Maël prenait son temps, sa bouche se promenant sur le corps nu de Léa, explorant chaque partie comme si elle voulait en garder la mémoire. Ses baisers glissaient le long de son ventre, sur ses hanches, sur l’intérieur de ses cuisses.

Léa retenait son souffle, submergée par l’inconnu. Elle sentait les doigts de Maël voyager dans son dos, caresser ses côtes, effleurer des zones qu’elle n’avait jamais pensé si sensibles. Elle se surprit à trembler, à gémir, à chercher plus.

Mais elle ne voulait pas rester passive. Pas face à ces marques de plaisir. Alors, avec une timidité touchante, elle imita les gestes de Maël, bien que maladroitement. Ses mains découvrirent une autre peau, plus fine, plus chaude. Elle suivit les courbes de Maël, du bout des doigts, puis de la paume. Elle apprenait. Elle s’égarait. Et dans chaque frisson qu’elle déclenchait, elle gagnait un peu de confiance.

Leurs souffles se mêlèrent, leurs corps aussi. Rien de précipité. Juste deux femmes qui se cherchaient, se trouvaient.

Et sous les mains de Maël, sous ses mots murmurés, Léa comprit qu’elle n’était plus dans un fantasme lointain.

La lumière douce de l’après-midi filtrait entre les rideaux, révélant les contours paisibles de la chambre. L’orage, qui battait les vitres quelques heures plus tôt, avait cessé. Dehors, le silence avait remplacé le fracas, comme si le monde, lui aussi, retenait son souffle.

Allongée sur le lit défait, Léa sentait encore la chaleur de Maël contre sa peau. Son souffle régulier sur son épaule, sa main distraite dans ses cheveux, comme un geste devenu naturel.

— Ça va ? murmura Maël.

— Oui… souffla Léa, encore un peu ailleurs. Je crois que j’ai jamais ressenti ça.

Maël se redressa un peu pour la regarder.

— T’étais nerveuse au début.

Léa acquiesça, un sourire timide sur les lèvres.

— C’est la première fois… que je fais ça. Avec une femme.

— Ah.

Un silence. Puis Maël approcha son visage, déposant un baiser sur sa clavicule.

— Alors, professeur… c’est moi qui ai dû t’apprendre un truc ou deux.

Léa éclata d’un rire léger, presque surpris d’être aussi détendue. Elle répondit d’une caresse maladroite sur le flanc de Maël, mimant l’exploration qu’elle avait subie quelques instants plus tôt. Maël frissonna sous ses doigts.

— J’ai peut-être encore besoin d’un peu d’entraînement, souffla-t-elle.

— J’suis une bonne prof, répondit Maël, sourire en coin.

Le silence revint, confortable cette fois. Léa avait l’impression que chaque geste de Maël, chaque baiser, chaque frôlement avait été une manière de dire je te vois, je te choisis, tu peux être toi. Et elle avait répondu, maladroitement mais sincèrement, par ce langage nouveau qui disait je suis là aussi.

Mais le monde, lui, ne s’était pas arrêté.

Le téléphone de Léa vibra sur la table de chevet. Elle tendit le bras, un peu groggy, pour attraper l’écran.
Concours – Reprise des épreuves dans 15 minutes.

Elle soupira, se tournant vers Maël.

— L’orage est passé. On doit y aller.

— Vraiment dommage, dit Maël en s’étirant paresseusement. J’étais en train de t’écrire une excellente leçon.

Léa rit, enfilant lentement ses vêtements. Elle s’arrêta un instant, regardant Maël encore nue sur les draps défaits.

— On n’a pas fini le chapitre, tu sais.

— J’espère bien, répondit Maël, un sourire en coin, éclatant comme une promesse.

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