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PetitePlume
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Chapitre 20 – Aveux

Léa n’était pas rentrée chez elle. Elle avait marché longtemps, le froid dans les joues, les pensées en vrac. Quand elle frappa chez Abigail, c’était sans réfléchir, poussée par un besoin urgent de ne plus être seule avec ce qu’elle portait.

Abby ouvrit, mug de tisane en main, surprise mais pas inquiète.

— Tu fais une de ces têtes… Viens, entre.

Un silence s’installa pendant qu’elle préparait une deuxième tasse. Léa ne disait rien. Elle s’assit, mains crispées autour de la céramique chaude. Puis, d’un souffle :

— Je sais que je devrais pas t’en parler, mais j’y arrive plus, Abby. Je dors plus, je pense à elle tout le temps. Et… il s’est passé quelque chose, à Paris.

Abby ne dit rien, mais elle posa doucement sa main sur l’avant-bras de Léa. Un geste simple, mais qui disait : je t’écoute.

Léa inspira profondément, puis se lança, comme si les mots brûlaient.

— J’ai toujours eu cette sensation d’être une pièce de trop dans le décor. J’ai été adoptée à six ans. Avant ça, c’était des foyers, des regards flous, des mains qu’on ne retient pas. Et même après, même dans cette famille-là, gentille, attentive, j’avais l’impression de jouer un rôle. D’être la fille qu’ils espéraient, pas celle que j’étais vraiment.

Un silence. Abby l’observait, son regard s’adoucissant.

— Et Maël… Je sais que ça peut paraître absurde, mais je me reconnais en elle. Ce vide qu’elle traîne, cette colère qui masque le manque. La façon dont elle cherche, maladroitement, à exister. Elle me ramène à ce que j’étais, ce que je suis peut-être encore. Sauf que moi, j’ai eu de la chance. Une main tendue, un foyer, une voie. Elle… elle tient encore debout toute seule.
Abby baissa légèrement la tête, pensive.

— C’est pour ça que tu lui as trouvé un logement. Un travail. Tu voulais qu’elle ait, elle aussi, cette main tendue.

— Au début, oui. C’était ça. Juste ça. Et puis… j’ai commencé à attendre ses messages. À surveiller la porte de ma classe, à sourire quand elle entrait. C’était plus fort que moi. Elle a ce regard… tu sais, celui qui voit à travers. Et à Paris, pendant l’orage, on était coincées à l’hôtel. On a… franchi une ligne. Pas dans la précipitation. Pas par erreur. C’était tendre, vrai. Et maintenant, je sais plus comment faire marche arrière.

Abby soupira longuement, mais sans colère. Elle semblait peser ses mots.

— Tu ne peux pas faire semblant que ça n’a pas eu lieu. Mais tu peux décider de la suite. De comment tu veux gérer ça — pour elle, pour toi.

Léa hocha la tête, une larme silencieuse glissant le long de sa joue.

— J’ai pas envie que ça s’arrête. Mais je veux faire les choses bien. Alors je vais parler à Gauthier. Pas tout lui dire, mais… assez pour qu’on m’écarte. Qu’on prenne le relais. Que je puisse réfléchir, poser les choses. Pas parce que j’ai honte. Mais parce que je veux qu’elle n’ait jamais à en payer le prix.

Abby lui prit la main, la serra doucement.

— Tu fais preuve de courage, Léa. Et de respect. C’est la meilleure chose que tu puisses faire pour elle, et pour toi.

Le lendemain matin, Léa frappa à la porte du bureau de Monsieur Gauthier. Il leva les yeux de ses papiers, un peu surpris de la voir si tôt.

— Léa ? Tout va bien ?

Elle entra, ferma la porte derrière elle et se tint debout, visiblement tendue.

— Il faut que je vous parle. C’est important.

Il déposa son stylo et la regarda, s’attendant à quelque chose de sérieux.

— Bien sûr, asseyez-vous.

Mais elle resta debout, hésitante. Après un moment de silence, elle prit la parole d'une voix plus basse.

— Il se passe quelque chose avec une élève. Rien de... rien de grave, mais... il y a eu des événements, une proximité qui s’est installée, et... des sentiments que je ne contrôlais pas. Je pense que je suis en train de tomber amoureuse.

Monsieur Gauthier la fixa un instant, son expression devenant plus sérieuse. Il croisa les bras, l'air moins conciliant.

— Vous êtes en train de me dire qu’il y a une relation... en dehors de la sphère professionnelle ? Avec un de vos élèves ?

Léa se raidit, ressentant l’intensité de sa question. Elle évita son regard, mais son silence en disait long.

— Vous parlez de Maël, n’est-ce pas ?

Elle sursauta presque à l'évocation de son nom, mais ne répondit pas directement. Le regard de Monsieur Gauthier était pénétrant, et il attendait sa confirmation.
Léa se sentit soudainement submergée par un flot de confusion et de culpabilité. Son instinct lui hurla que, si elle avait tout raconté, si elle avait révélé la vérité sur ce qui s’était réellement passé à Paris, la situation serait encore pire. Le regard de Monsieur Gauthier, son ton sec, son jugement silencieux… elle savait que, même sans tout savoir, il avait compris assez pour qu’elle ne puisse plus prétendre qu’il s’agissait simplement d’une erreur ou d’une situation isolée.

— Je... Je ne peux pas en parler en détail, c’est... compliqué. Mais je crois que je suis allé trop loin. J’ai essayé de garder une distance, mais je suis en train de perdre pied.
Il la regarda, sans aucune pitié cette fois, ses yeux froids mais attentifs.

— Léa, je vous ai toujours considérée comme une professionnelle. Mais là... ce n'est pas juste une question de proximité. Vous êtes en train de franchir une ligne. Et je ne peux pas ignorer ça. Vous avez laissé une situation se développer avec un élève, et maintenant vous venez me dire que vous êtes "amoureuse" ? C’est sérieux, ce que vous me dites. Et ça va avoir des conséquences.

Elle baissa les yeux, tentant de retenir une montée de frustration, mais elle savait qu'il avait raison.

— Je... Je n'ai pas voulu que ça arrive. Mais je ne peux plus prétendre que tout va bien. Je vous demande juste un peu de temps pour clarifier les choses. Je ne veux pas que ça affecte ma carrière, ni l’élève concerné.

Il la scruta longuement, avant de soupirer, visiblement contrarié.

— Très bien. Vous serez mise à pied temporairement. Je vais transmettre cette demande, mais vous devez comprendre que cela reste une décision disciplinaire. Cela ne sera pas anodin. Vous serez toujours employée ici, mais il sera impératif que vous vous éloigniez de cette situation, et en particulier de Maël, tant que vous ne serez pas en mesure de remettre les choses à leur place.

Léa acquiesça silencieusement, sentant le poids de la décision tomber sur ses épaules. Elle avait l’impression de s’être vidée de toutes ses forces.

— C’est la seule solution pour le moment. Vous comprenez ça, n’est-ce pas ?

Elle hocha la tête, son regard fuyant. Monsieur Gauthier ajouta d’un ton plus sec :

— Et Léa... soyez certaine que ce genre de situation ne peut pas rester floue. Si vous continuez sur cette voie, il y aura des répercussions bien plus graves.

Elle n’eut pas le courage de répondre. Elle se leva lentement, sentant la culpabilité peser sur ses épaules.
Avant qu’elle ne quitte le bureau, il ajouta, sans chaleur :

— Ne prenez pas cette décision à la légère. Ça pourrait vous coûter bien plus que votre emploi.

Léa se tourna une dernière fois, un instant figée dans l’encadrement de la porte, avant de sortir. Elle laissa le bureau derrière elle, le poids du mensonge et de la vérité non dite la submergeant. Elle savait que rien ne serait plus jamais pareil.Léa n’était pas rentrée chez elle. Elle avait marché longtemps, le froid dans les joues, les pensées en vrac. Quand elle frappa chez Abigail, c’était sans réfléchir, poussée par un besoin urgent de ne plus être seule avec ce qu’elle portait.

Abby ouvrit, mug de tisane en main, surprise mais pas inquiète.

— Tu fais une de ces têtes… Viens, entre.

Un silence s’installa pendant qu’elle préparait une deuxième tasse. Léa ne disait rien. Elle s’assit, mains crispées autour de la céramique chaude. Puis, d’un souffle :

— Je sais que je devrais pas t’en parler, mais j’y arrive plus, Abby. Je dors plus, je pense à elle tout le temps. Et… il s’est passé quelque chose, à Paris.
Abby ne dit rien, mais elle posa doucement sa main sur l’avant-bras de Léa. Un geste simple, mais qui disait : je t’écoute.

Léa inspira profondément, puis se lança, comme si les mots brûlaient.

— J’ai toujours eu cette sensation d’être une pièce de trop dans le décor. J’ai été adoptée à six ans. Avant ça, c’était des foyers, des regards flous, des mains qu’on ne retient pas. Et même après, même dans cette famille-là, gentille, attentive, j’avais l’impression de jouer un rôle. D’être la fille qu’ils espéraient, pas celle que j’étais vraiment.

Un silence. Abby l’observait, son regard s’adoucissant.

— Et Maël… Je sais que ça peut paraître absurde, mais je me reconnais en elle. Ce vide qu’elle traîne, cette colère qui masque le manque. La façon dont elle cherche, maladroitement, à exister. Elle me ramène à ce que j’étais, ce que je suis peut-être encore. Sauf que moi, j’ai eu de la chance. Une main tendue, un foyer, une voie. Elle… elle tient encore debout toute seule.
Abby baissa légèrement la tête, pensive.

— C’est pour ça que tu lui as trouvé un logement. Un travail. Tu voulais qu’elle ait, elle aussi, cette main tendue.

— Au début, oui. C’était ça. Juste ça. Et puis… j’ai commencé à attendre ses messages. À surveiller la porte de ma classe, à sourire quand elle entrait. C’était plus fort que moi. Elle a ce regard… tu sais, celui qui voit à travers. Et à Paris, pendant l’orage, on était coincées à l’hôtel. On a… franchi une ligne. Pas dans la précipitation. Pas par erreur. C’était tendre, vrai. Et maintenant, je sais plus comment faire marche arrière.

Abby soupira longuement, mais sans colère. Elle semblait peser ses mots.

— Tu ne peux pas faire semblant que ça n’a pas eu lieu. Mais tu peux décider de la suite. De comment tu veux gérer ça — pour elle, pour toi.
Léa hocha la tête, une larme silencieuse glissant le long de sa joue.

— J’ai pas envie que ça s’arrête. Mais je veux faire les choses bien. Alors je vais parler à Gauthier. Pas tout lui dire, mais… assez pour qu’on m’écarte. Qu’on prenne le relais. Que je puisse réfléchir, poser les choses. Pas parce que j’ai honte. Mais parce que je veux qu’elle n’ait jamais à en payer le prix.

Abby lui prit la main, la serra doucement.

— Tu fais preuve de courage, Léa. Et de respect. C’est la meilleure chose que tu puisses faire pour elle, et pour toi.

Le lendemain matin, Léa frappa à la porte du bureau de Monsieur Gauthier. Il leva les yeux de ses papiers, un peu surpris de la voir si tôt.

— Léa ? Tout va bien ?

Elle entra, ferma la porte derrière elle et se tint debout, visiblement tendue.

— Il faut que je vous parle. C’est important.

Il déposa son stylo et la regarda, s’attendant à quelque chose de sérieux.

— Bien sûr, asseyez-vous.

Mais elle resta debout, hésitante. Après un moment de silence, elle prit la parole d'une voix plus basse.

— Il se passe quelque chose avec une élève. Rien de... rien de grave, mais... il y a eu des événements, une proximité qui s’est installée, et... des sentiments que je ne contrôlais pas. Je pense que je suis en train de tomber amoureuse.

Monsieur Gauthier la fixa un instant, son expression devenant plus sérieuse. Il croisa les bras, l'air moins conciliant.

— Vous êtes en train de me dire qu’il y a une relation... en dehors de la sphère professionnelle ? Avec un de vos élèves ?

Léa se raidit, ressentant l’intensité de sa question. Elle évita son regard, mais son silence en disait long.

— Vous parlez de Maël, n’est-ce pas ?

Elle sursauta presque à l'évocation de son nom, mais ne répondit pas directement. Le regard de Monsieur Gauthier était pénétrant, et il attendait sa confirmation.
Léa se sentit soudainement submergée par un flot de confusion et de culpabilité. Son instinct lui hurla que, si elle avait tout raconté, si elle avait révélé la vérité sur ce qui s’était réellement passé à Paris, la situation serait encore pire. Le regard de Monsieur Gauthier, son ton sec, son jugement silencieux… elle savait que, même sans tout savoir, il avait compris assez pour qu’elle ne puisse plus prétendre qu’il s’agissait simplement d’une erreur ou d’une situation isolée.

— Je... Je ne peux pas en parler en détail, c’est... compliqué. Mais je crois que je suis allé trop loin. J’ai essayé de garder une distance, mais je suis en train de perdre pied.
Il la regarda, sans aucune pitié cette fois, ses yeux froids mais attentifs.

— Léa, je vous ai toujours considérée comme une professionnelle. Mais là... ce n'est pas juste une question de proximité. Vous êtes en train de franchir une ligne. Et je ne peux pas ignorer ça. Vous avez laissé une situation se développer avec un élève, et maintenant vous venez me dire que vous êtes "amoureuse" ? C’est sérieux, ce que vous me dites. Et ça va avoir des conséquences.

Elle baissa les yeux, tentant de retenir une montée de frustration, mais elle savait qu'il avait raison.

— Je... Je n'ai pas voulu que ça arrive. Mais je ne peux plus prétendre que tout va bien. Je vous demande juste un peu de temps pour clarifier les choses. Je ne veux pas que ça affecte ma carrière, ni l’élève concerné.

Il la scruta longuement, avant de soupirer, visiblement contrarié.

— Très bien. Vous serez mise à pied temporairement. Je vais transmettre cette demande, mais vous devez comprendre que cela reste une décision disciplinaire. Cela ne sera pas anodin. Vous serez toujours employée ici, mais il sera impératif que vous vous éloigniez de cette situation, et en particulier de Maël, tant que vous ne serez pas en mesure de remettre les choses à leur place.

Léa acquiesça silencieusement, sentant le poids de la décision tomber sur ses épaules. Elle avait l’impression de s’être vidée de toutes ses forces.

— C’est la seule solution pour le moment. Vous comprenez ça, n’est-ce pas ?

Elle hocha la tête, son regard fuyant. Monsieur Gauthier ajouta d’un ton plus sec :

— Et Léa... soyez certaine que ce genre de situation ne peut pas rester floue. Si vous continuez sur cette voie, il y aura des répercussions bien plus graves.

Elle n’eut pas le courage de répondre. Elle se leva lentement, sentant la culpabilité peser sur ses épaules.

Avant qu’elle ne quitte le bureau, il ajouta, sans chaleur :

— Ne prenez pas cette décision à la légère. Ça pourrait vous coûter bien plus que votre emploi.

Léa se tourna une dernière fois, un instant figée dans l’encadrement de la porte, avant de sortir. Elle laissa le bureau derrière elle, le poids du mensonge et de la vérité non dite la submergeant. Elle savait que rien ne serait plus jamais pareil.

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