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PetitePlume
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Chapitre 17 – Blanchi

Cela faisait un mois depuis la dernière convocation de Léa, et ce matin, elle était attendue par le proviseur. L’atmosphère dans l’école semblait avoir retrouvé un calme précaire, mais l’incertitude qui avait flotté sur son avenir restait toujours présente dans un coin de son esprit. Elle se sentait prête, pourtant. Prête à entendre les conclusions de l’enquête interne, prête à tourner cette page. Le dossier de rumeurs, de soupçons et de regards lourds allait enfin être clos.

Léa passa devant les portes du bureau du proviseur, son cœur battant légèrement plus fort. Avant de frapper, elle prit une grande inspiration, se redressant et se donnant un dernier coup de pouce pour faire face à la situation. Elle entra sans hésiter.

Le proviseur, toujours aussi implacable, l’accueillit avec un petit sourire professionnel.

— Bonjour, Mademoiselle Moreau, asseyez-vous. Vous n’avez pas à vous inquiéter, cette rencontre sera brève.

Léa s’assit, l’esprit toujours en effervescence, mais son regard calme, presque détaché. Elle savait que l’enquête interne avait été menée dans le plus grand secret. Elle n’avait pas de nouvelles directes, mais elle n’était pas naïve. L’école ne la laisserait pas tomber si facilement. Ses actions, ses choix… tout avait été scruté.

— Je voulais vous informer que, suite à l’enquête, aucune preuve de manquement grave n’a été retenue contre vous. Les accusations de comportement inapproprié à l’égard de l’élève Maël sont donc… levées. Vous êtes blanchi, Mademoiselle Moreau.

Léa sentit un poids énorme se soulever de ses épaules. L’injustice, l’attente, l'incertitude… tout cela s’évaporait enfin. Elle hocha lentement la tête, un petit sourire naissant sur ses lèvres.

— Je vous remercie, monsieur le proviseur. J'avais confiance dans le fait que ma conduite était irréprochable, mais il est bon d'avoir confirmation.

Il lui offrit un regard à la fois rassurant et distant.

— Nous n’avons pas souhaité rendre public cet épisode. Mais je vous conseille de rester vigilante. Nous devons tous maintenir une certaine… réserve dans notre comportement.

Léa acquiesça, comprenant l’implicite derrière ses mots. Les regards à l’école, même après cette décision, risquaient de rester. Elle savait que, malgré la levée des accusations, la situation pourrait encore être fragile.

Plus tard dans la journée, de retour dans sa salle, Léa s’autorisa un moment seule, assise derrière son bureau. Elle ouvrit son ordinateur, pas pour corriger des copies cette fois, mais pour écrire un court message. Elle resta un moment devant l’écran, réfléchissant aux mots, au ton, à la manière.

Puis, elle écrivit.

Objet : Séance annulée
Corps du message :
Le ciel est enfin clair, plus d’orage en vue. Le vent est calme. Tu peux souffler, toi aussi. On se retrouve bientôt, comme d’habitude. — L.

Elle relut le message une dernière fois. C’était leur code, un langage discret qu’elles avaient adopté presque sans s’en rendre compte. Une manière de dire "je suis blanchie", "tout va bien", sans que personne d’autre ne puisse le comprendre. Elle cliqua sur "Envoyer", puis se laissa aller contre le dossier de sa chaise, les yeux fermés un instant. Une respiration plus profonde, plus libre.

Quelques minutes plus tard, son cours suivant débuta. La classe était calme, attentive, bercée par cette lumière pâle des après-midis d’hiver. Léa introduisit le sujet du jour avec un regain d’enthousiasme qu’elle ne s’était pas autorisé depuis longtemps : un concours informatique inter-établissements. Les élèves semblaient intrigués, voire curieux.

— C’est un projet en équipe, dit-elle. On va former des binômes. Créativité, initiative, entraide. Je veux que chacun y trouve sa place.

Dans un coin de la salle, Maël l’observait attentivement. Son visage ne laissait rien paraître, mais ses doigts jouaient avec le coin de son cahier, signe qu’elle avait compris. Elle avait décodé le message. Elle savait.

Quand Léa retourna dans sa salle après le déjeuner, une notification l’attendait. Réponse de Maël.

Objet : Re : Séance annulée
Corps du message :
Le ciel reste couvert parfois, même après l’orage. Mais s’il y a quelqu’un pour regarder le ciel avec moi, ça me va.

Pas de nom, pas de signature. Juste cette phrase, glissée comme une pensée entre les lignes, comme une confidence qui aurait pris l’air d’un poème maladroit.

Léa resta figée un instant devant l’écran. Le message n'était pas une confirmation, ni une question. Il était comme Maël : insaisissable, à la fois lucide et fragile, distant et tout proche.

Elle laissa sa main flotter au-dessus du clavier, hésita à répondre. Puis referma doucement l’écran. Il n’y avait rien à ajouter. Pas maintenant.

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