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PetitePlume
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Chapitre 24 – Clin d’œil

Elle l’attendait là, adossée au muret à l’entrée du lycée, les mains dans les poches de sa veste en jean. Maël fixait l’allée pavée sans vraiment la voir, le regard un peu vague, un peu tendu. Quand Lina sortit enfin du bâtiment, sac à l’épaule et casque autour du cou.

— Hé, Lina, l’interpella Maël d’un ton calme.

La jeune fille leva les yeux, surprise. Elle hésita, puis s’approcha, un peu méfiante.

— Tu veux quelque chose ?

— Ouais. Des réponses. Et… peut-être un café, ajouta Maël, presque gênée.

Lina haussa un sourcil, intriguée, mais elle hocha la tête.

Quelques minutes plus tard, elles étaient attablées à la terrasse d’un petit café discret, deux chocolats chauds fumants entre elles. Le silence s’installa d’abord, mais Maël le brisa d’un ton plus doux qu’elle ne l’aurait cru :

— Qu’est-ce que c’était, ce clin d’œil, aujourd’hui, en classe ?

Lina leva les yeux vers elle, un sourcil arqué, l’air faussement surpris.

— Ah, ce clin d’œil ? C’était juste… du soutien.

Maël pencha légèrement la tête, le regard un peu plus perçant.

— Du soutien pour quoi, exactement ?

Lina eut un petit sourire, presque triste. Elle haussa les épaules avant de répondre :

— J’ai compris. J’ai vu ta façon de la regarder. Comme si t’avais besoin d’elle juste là, à côté de toi. Comme si t’avais envie qu’elle voie à quel point t’étais là, toi aussi.

Maël secoua la tête, mais sa voix resta calme, maîtrisée :

— Je vois pas de quoi tu parles. Mme Dumas était là pour m’aider quand tout est devenu difficile. C’est tout.

— Je pourrais faire semblant de te croire, souffla Lina. Mais j’ai déjà vu ce regard. Chez mon ex. Notre relation était secrète aussi. Pas pour les mêmes raisons, c’est sûr… Mais je sais ce que ça fait. Je sais ce que ça coûte de cacher ce qu’on ressent. Et je me suis dit que peut-être… peut-être t’aurais besoin d’un peu de soutien.

Maël détourna les yeux une seconde, inspirant doucement. Elle joua avec la cuillère, traçant des cercles invisibles sur la soucoupe.

— Écoute… Si jamais t’as vraiment vu quelque chose, je te demande juste de pas en parler. À personne. Pas pour moi. Pour elle. Léa pourrait perdre son poste. Sa carrière. Et elle mérite pas ça. Elle a toujours fait les choses bien. C’est moi… qui suis venue compliquer l’équation.

Lina hocha lentement la tête, son regard soudain plus sérieux.

— Tu veux que je garde le secret ?

— Oui. Je sais que t’es pas du genre à te mêler de tout ça. Mais j’ai besoin d’être sûre. Léa… elle a déjà pris assez de risques comme ça.

Un silence. Puis Lina esquissa un léger sourire.

— Je dirai rien. Promis. Je t’ai juste fait ce clin d’œil parce que… j’ai compris. Et parce que, parfois, c’est bien de savoir qu’on n’est pas seule dans le bordel.

Maël releva enfin les yeux vers elle. Et dans ce regard, il y avait quelque chose de nouveau. Une gratitude discrète. Et peut-être, au fond, un début d’amitié.

Ce soir-là, Maël frappa deux fois, doucement, à la porte de Léa. Elle n’attendit même pas que celle-ci parle pour entrer. Léa était en pull large, les cheveux relevés n’importe comment, une tasse de thé à la main.

— Alors ta journée? demanda-t-elle, un sourire en coin.

— Intéressante, répondit Maël en retirant son manteau. J’ai bu un chocolat avec Lina.

— Lina ? répéta Léa, surprise. C’est pas la plus loquace d’habitude.

Maël haussa une épaule, vint s’adosser au comptoir.

— Elle est plus fine qu’elle en a l’air. Elle avait deviné. Pour nous.

Un bref silence. Léa se figea une seconde.

— Elle a dit quelque chose ?

— Non. Juste un clin d’œil. Je l’ai confrontée. Elle m’a promis qu’elle dirait rien. Je lui ai demandé. Pour toi.

Le regard de Léa se posa sur elle, doux, un peu inquiet.

— Tu n’aurais pas dû avoir à faire ça.

Maël esquissa un sourire, fatigué mais sincère.

— Si. C’est à moi de protéger ce qu’on construit, non ? T’as déjà fait ta part.

Maël viens près d’elle, attrapa la tasse de Léa entre ses mains pour en boire une gorgée sans demander.

— Et ça t’inquiète pas ? demande Léa

— Non. C’est bizarre, mais... ça m’apaise. Elle comprend. Et elle veut juste que je me sente moins seule.

Léa la regarda longuement, puis l’attira doucement contre elle.

— C’est bien, souffla-t-elle. Tu t’ouvres. Tu vis.

— Je te l’avais dit, non ? Je suis pas finie. Juste... en réparation.

Léa embrassa doucement ses cheveux.

— On est deux, alors.

Dans le calme du salon, au milieu des coussins dépareillés et de la lumière chaude, elles restèrent là, tranquilles. Ensemble.

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