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PetitePlume
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Chapitre 23 – Le retour discret

Le matin était clair, presque doux, comme s’il cherchait à atténuer l’appréhension qui pesait sur les épaules de Léa. Elle remontait lentement les escaliers du bâtiment C, son sac battant contre sa hanche à chaque marche. Son cœur tambourinait dans sa poitrine, à la fois d’angoisse et de soulagement. Elle revenait. Enfin.

En arrivant devant la porte de la salle 204, elle s’accorda une seconde de silence. Juste une. Le temps de calmer son souffle, de redresser un peu le menton, de ravaler ce frisson d’inquiétude. Puis elle entra.

Léa, elle, s'était promis de rester droite. De ne rien laisser transparaître. Et pourtant, chaque minute en présence de Maël était une épreuve d'équilibriste. Elle parlait, elle expliquait, elle faisait classe comme si de rien n'était. Mais tout en elle criait qu'il ne s'agissait pas d’un jour normal.

Les premiers instants, lorsqu’elle était entrée dans la salle, elle avait senti son cœur battre contre ses côtes comme un animal affolé. La salle s’était tue en la voyant. Elle avait senti le poids des regards. Elle avait entendu les suppositions flotter dans l’air, sous les faux silences.

« J’ai dû m’absenter pour des raisons familiales », avait-elle dit d’un ton posé, un peu trop neutre pour être complètement sincère. Elle avait senti ses mains trembler en posant son sac sur le bureau, alors elle les avait glissées dans ses poches pour les cacher.

Et Maël. Maël, au fond de la salle, assise à sa place habituelle. Impassible. Le visage fermé, le regard tranquille — mais Léa la connaissait trop bien, maintenant. Elle voyait les failles dans cette façade. Elle lisait les silences derrière les silences.

À un moment, leurs regards s’étaient croisés. Pas longtemps. Une demi-seconde, peut-être moins. Mais cette demi-seconde avait tout dit. C'était un feu doux, contrôlé, mais brûlant. Une promesse muette. Une reconnaissance. Une douleur aussi, retenue, tenue au corps.

Léa sentit son souffle se couper brièvement. Alors elle détourna les yeux, fit semblant de chercher une feuille sur son bureau. Elle ne devait pas flancher. Pas maintenant. Pas alors qu’elles avaient risqué si grand pour retrouver ce fragile équilibre.

Et puis il y eut ce moment inattendu.

Lina. Discrète, toujours un peu en retrait, la tête penchée sur son cahier. Une élève brillante, mais surtout observatrice. Trop, parfois. Léa l’avait toujours su.

Quand elle releva les yeux, elle vit Lina fixer Maël. Elle ne disait rien. Elle ne souriait même pas. Mais il y avait ce petit geste : un clin d’œil furtif, presque imperceptible. Un signe. Une façon de dire :
« Je sais. Je t’ai vue. Je te couvre. »

Maël, d’abord surprise, pinça à peine les lèvres dans un soupir invisible. Puis elle baissa les yeux, son doigt revenant machinalement vers la médaille qu’elle portait. C’était à Paris, la première fois qu’elle l’avait vue la porter. Elle avait remarqué la médaille minuscule, presque cachée sous le col de son t-shirt. Une gravure discrète, qu’elle n’avait jamais réussi à lire. Ce jour-là, Maël lui avait simplement dit :
« C’est rien. C’est à moi. »

Maintenant, elle la touchait sans arrêt. Par automatisme. Par besoin. Comme si c’était un talisman.

Et Léa, témoin silencieuse de l’échange, sentit son cœur se serrer.

À la fin du cours, Léa rangea lentement ses affaires, espérant capter un dernier regard. Mais Maël avait déjà filé. Elle ne la croisa pas dans les couloirs.

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