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PetitePlume
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Chapitre 13 – Distance imposée

La convocation était arrivée par mail. Laconique. Froide.

« Merci de bien vouloir passer au bureau de la direction en fin de journée. »

Pas d’explication. Pas de formule de politesse. Juste cette impression désagréable d’un couperet qui tombe. Léa lut le message trois fois. Son estomac se noua.

Toute la journée, elle tenta de rester concentrée sur ses cours. De garder le visage neutre. Mais elle sentait son corps un peu plus tendu, son sourire plus forcé. Et surtout, elle évitait soigneusement le regard de Maël.

Elle n’avait pas besoin de deviner. Elle savait. Les murmures dans les couloirs. Les regards appuyés. Le vent tournait.

À dix-sept heures, elle frappa à la porte de la direction.

Le proviseur était là, accompagné de l'adjointe. L'ambiance était formelle, presque glaciale. On l’invita à s’asseoir. Pas un sourire.

— Nous avons eu quelques retours préoccupants, commença l’adjointe, les mains croisées sur le bureau. Des élèves, des parents. Des observations dans l’établissement et à l’extérieur.

Léa fronça les sourcils.

— À propos de quoi ?

— De votre proximité avec l’élève Maël Delaunay.

Le silence tomba, brutal.

— Je… l’ai simplement aidée, répondit Léa, la voix plus ferme qu’elle ne l’aurait cru. Elle avait besoin de soutien. Comme d’autres élèves.

— Sauf que d’autres élèves ne sont pas vus en dehors de l’établissement, à entrer dans un immeuble avec leur enseignante.

Léa se figea. Elle ouvrit la bouche pour répondre, puis se ravisa. La colère montait, mêlée à un sentiment d’injustice profond.

— Je lui ai trouvé un logement. J’ai… pris le temps. Comme je l’aurais fait pour n’importe quel jeune en détresse.

— Peut-être. Mais l’interprétation qui en découle nuit à l’image de l’établissement. Et à la vôtre. Nous vous demandons de garder vos distances avec elle. Au moins pour quelque temps.

Un goût métallique remonta dans la bouche de Léa. Elle avait l’impression d’étouffer.

— Et si elle a besoin d’aide ? Vous comptez juste… la laisser tomber ?

— Ce n’est plus à vous d’en décider.

La réunion se termina sans éclats, mais Léa sortit du bureau le cœur lourd, vidée. Elle ne savait pas comment elle allait l’annoncer à Maël.

Elle n’eut pas besoin de le faire.

Quand elle entra dans sa salle de classe le lendemain, Maël était déjà là. Installée au fond, comme d’habitude. Sauf que cette fois, elle ne leva pas les yeux. Pas une fois. Pas un mot.

Léa sentit la distance. Imposée. Tranchante.

À la fin du cours, elle s’approcha doucement. Elle aurait voulu lui expliquer, lui dire que ce n’était pas contre elle, qu’elle n’avait pas eu le choix.

Mais Maël la coupa avant même qu’elle parle :

— Laissez tomber.

Elle avait dit ça calmement. Sans colère. Mais avec une froideur nouvelle. Une barrière levée. Définitive.

— Maël…

— Vous m’avez dit que vous seriez là. Que je ne serais pas seule. Et maintenant ? Maintenant, vous disparaissez ?

Léa chercha les mots, mais rien ne sortit.

— J’ai jamais rien demandé, vous savez. C’est vous qui êtes venue.

Et elle sortit. Sans un regard.

Léa resta seule dans la salle, les doigts crispés sur le bord de son bureau. C’était peut-être ce qui la blessait le plus : pas la colère de Maël, mais sa déception. Ce regard qui disait : je m’étais laissée convaincre que j’avais le droit d’espérer.

Et maintenant, elle doutait. À nouveau.

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