Chapitre 3 : Envoutement
LOKI
Loki obéit. Pour une fois. Il resta dissimulé derrière le rocher, affalé de tout son long, à switcher de vidéo en vidéo. Le réseau était incroyablement bon pour une grotte située à plusieurs dizaines de mètres sous le sol… Il songea un temps à sa dimension de poche, à l’écran plat renversé, à son petit salon brisé… et l’image de Leah s’afficha dans son esprit. Un pincement au cœur lui prit. Voilà ! Il s’ennuyait et commençait à trop réfléchir. Mais pourquoi penser à elle ? Des traîtres, des faux amis, il en avait connu d’autres par le passé…
« Merci ! Vraiment ! Sympa de m’avoir oublié dans la soute. J’ai mis des heures à sortir de ce fichu appareil ! »
Ikol se posa sur un petit promontoire rocheux, l’œil rageur.
« Que fais-tu là ? Un pique-nique ? »
— Thor m’a demandé d’attendre ici. Alors j’attends.
« Tu att… Pardon ? Quoi ? T’es malade ? »
— Si je veux qu’il me fasse confiance, alors je dois aussi apprendre à faire ce qu’il me dit…
« Ouais, donc résumons : ils t’ont planté là, et tu restes allongé sur le sol à gober des mouches ? Ah ! Il est beau, le dieu de la malice, tiens ! »
— Ce n’est pas toi qui me conseillais de laisser les missions et le danger aux adultes ?
« Ah, si… Mais maintenant qu’on est là, je me dis qu’il y a quand même plus intéressant que d’écouter un podcast ! C’est Jomsborg, ici, Kid ! La ville mystique d’Odin. As-tu la moindre idée du nombre d’objets magiques que recèle un tel endroit ? »
— Ouais, tant pis… je ne vais pas ruiner la confiance que Thor place en moi pour quelques babioles…
« Des babi… Je te parle d’artefact plus vieux que le temps lui-même, Kid ! Des objets dont la puissance dépasse l’entendement. Un pouvoir dont même ton ancien toi n’osait rêver, et qui te permettrait sans doute de régler ton problème avec Hela, mais soit ! Tu as raison. Soyons de bons petits anges. Restons là à regarder des vidéos de chats qui se cassent la figure. Tiens ! Tu peux mettre la dernière de Brent ? Je l’ai pas vu… »
Les doigts de l’enfant se resserrèrent autour de l’écran, et il tourna une mine hésitante en direction de la pie.
— Ils sont, genre… Vraiment vraiment puissants les artefacts ?
« De quoi propulser le fils d’Ares aux confins du multivers… »
Loki pinça les lèvres, s’agita, trépigna… puis se redressa d’un coup sec.
— Après tout, qu’est-ce que ça coute de jeter un œil, hein ?
« Ah, bah, tu vois, quand tu veux…»
***
THOR
Le fils d’Odin ne se sentait pas vraiment rassuré d’abandonner son jeune frère derrière eux. Après tout, Loki avait le chic pour déclencher un cataclysme dès qu’il avait le dos tourné. Mais le prendre avec eux dans l’affrontement aurait été bien pire. Face à une sorcière comme Loreleï, il devait rester concentrer sur le combat, sans avoir un craindre pour la sécurité de l’enfant.
La tour de Jomsborg était aussi haute que celle de Stark. En montant, ils croisèrent bien quelques hommes, mais ces derniers ne firent pas le poids face à eux : une valkyrie, des guerrières asgardiennes, une espionne, un héros légendaire, un Hulk et un dieu du tonnerre… Qui aurait pu prétendre les égaler ? L’enjeu était encore de se montrer discret, afin de ne pas élever les soupçons de l’ensorceleuse.
Au dernier étage, une immense porte arc-boutée, décorée de fresques anciennes, s’ouvrait sur une vaste pièce circulaire. Au centre brûlait un feu sur lequel on aurait pu faire rôtir deux bœufs flamboyait. Les murs étaient percés de multiples ouvertures menant à des balcons, par lesquels flottaient des drapés blancs. Et au fond, sur une estrade de marbre blanc, s’élevaient trois trônes. Celui du milieu était la copie conforme du trône d’Odin, à Asgard. Le même, mais en plus sombre, en plus obscur. Il en transpirait comme une aura de domination dérangeante.
— Ainsi donc, le Ragnarök n’aura pas suffi…
Une silhouette enroulée dans une longue robe de soie s’avança, la démarche langoureuse. Sa tenue ajourée laissait deviner des courbes gracieuses, aux formes généreuses. Elle caressa l’accoudoir du bout des doigts, avant de repousser en arrière sa crinière rousse. Aussitôt, un sentiment de danger envahit Thor, et il brandit Mjöllnir devant lui. Lorelei… Elle n’avait pas changé. Toujours cette même aura perfide et narcissique, toujours ce même sourire venimeux.
— Vous continuez à me traquer comme l’on traque une bête. Ne pouvez-vous donc pas me laisser vivre en paix ?
— Nous pourrions, rétorqua Thor. Si tes intentions n’étaient pas de former une armée afin d’asservir les humains et de faire tomber les Asgardiens…
— Allons ! se moqua la sorcière. Qui t’a dit que tout ceci était dans mes plans ?
— Ce n’est pas le cas ?
Loreleï alla s’asseoir sur le trône central en croisant sensuellement les jambes. Elle jouait avec eux, comme un félin joue avec sa proie.
— Si.
— Alors tu mérites d’être traquée et arrêtée ! rétorqua Sif.
La guerrière chargea aussitôt, mais Loreleï envoya une détonation qui la propulsa en arrière :
— À moi ! hurla l’Ensorceleuse. On m’attaque !
Une dizaine d’hommes surentraînés répondirent à l’appel de leur maîtresse et les prirent d’assaut.
— Banner ! s’écria Thor en envoyant l’un d’entre eux au tapis. Quoi qu’il arrive, ne t’approche pas de Loreleï !
— J’avais cru comprendre, oui ! répondit le géant vert en en plaquant un autre.
Dans leur dos, Sigurd chargeait Loreleï, mais cette dernière ne tenta même pas d’esquiver la lame dorée qui fendait vers elle. Non. Elle se contenta de lever la main et aussitôt, le héros se figea.
— Stop !
Sigurd resta là, son arme dressée, comme changé en statue de pierre.
— Que… Que se passe-t-il ? s’étonna Sif en se relevant. Je croyais que Sigurd était immunisé contre tes sortilèges.
Loreleï lui adressa un sourire transpirant de condescendance.
— C’est ce qu’il croit, oui. Car c’est ce que je lui ai dit…
La sorcière laissa une main glisser la joue du grand héros d’Asgard, et ce dernier abaissa alors son arme pour ployer le genou. Un esclave… Sigurd était sous l’emprise de l’Ensorceleuse.
— Il est comme tous les autres, se délecta cette dernière. Faible. Je l’ai ensorcelé à Asgardia. J’avais besoin de lui pour assurer mes arrières. Pour me dire ce qui se tramait dans mon dos. Je lui ai donc donné une certaine liberté, mais il me suffit de resserrer un peu la bride, et le voilà changé en petit soldat, prêt à tout pour me satisfaire. N’est-ce pas, Sigurd ?
Elle lui souleva le menton avec un sourire d’intense satisfaction. Sigurd, lui, fixait Loreleï comme un papillon attiré par la lumière.
— Croyez-vous vraiment m’avoir retrouvé par hasard ? enchaîna l’Ensorceleuse en leur faisant face. Pensiez-vous qu’il serait si facile de m’atteindre ?
— Bordel, jura Banner… Le petit avait raison.
— C’était donc un piège, grogna Thor entre ses dents.
— Bien entendu ! Sigurd ! Le collier, je te prie.
Le héros lui remit l’artefact en baissant la tête dans un signe de soumission. Un pantin… le grand Sigurd n’était plus qu’un jouet entre les mains de l’ensorceleuse.
— Mais je dois vous remercier, persifla Loreleï. Car vous m’avez amené l’objet qui aurait pu causer ma chute…
Elle referma sa poigne sur le collier et ce dernier fondit en une coulée dorée. L’unique moyen d’entraver les paroles venimeuses de la sorcière s’épanchait à présent sur le sol.
— … ainsi que des armes d’une extrême puissance !
Le regard d’acier de la sorcière se figea sur le fils d’Odin et sur Hulk dans un éclat d’avidité. Bien entendu ! Tout ceci n’était qu’un coup monté. Il fallait fuir, avant que la situation ne devienne ingérable.
— Thor ! Docteur Banner ! Allez-vous-en !
C’était Quake. L’espionne de Fury balança ses mains en avant, et aussitôt, la tour se mit à trembler. Des pics rocheux dégringolèrent du plafond et Loreleï du reculer pour ne pas finir écrasée. Thor aurait aimé lui prêter main forte, mais il savait aussi quand il valait mieux laisser les honneurs aux autres.
— Banner, on s’en va !
Il attrapa son ami par l’épaule, mais ce dernier ne bougea pas.
— Banner ?
Quand le géant vert tourna enfin les yeux sur lui, Thor se pétrifia. Il y lut cet éclat anormal, cette impression de vide. Ensorcelé… possédé…
— Quoi ? Mais… Comment ?
Il se retourna. Loreleï, toujours debout sur son estrade, lui adressa un dernier sourire moqueur avant de disparaître. Une illusion…
— Tu devrais pourtant être habituée à percer ce genre de fourberie, fils d’Odin ! susurra une voix langoureuse à son oreille.
Derrière… Juste derrière lui. Elle était là ! Thor voulut se retourner, prêt à brandir Mjöllnir, mais une main glissa sur la peau de son bras. Une caresse. La plus douce qui soit, et aussitôt, sa rage le quitta. Loreleï lui fit face. Une beauté solaire, un charme intersidéral… la plus belle chose de l’univers. Comment pouvait-il vouloir du mal à tant de splendeur ?
— Tu es à moi, Thor, chanta mélodieusement la voix de la déesse à ses oreilles.
— Entièrement, affirma-t-il. Je ne peux appartenir à quiconque d’autre que toi…
— Parfait… Avec toi et ton ami vert à mes côtés, plus rien ne m’arrêtera.
Un cri s’éleva dans la grande salle circulaire, et Thor quitta le visage si parfait de Lorelei des yeux. Sif, Brunehilde et les autres femmes pointaient désormais leurs armes vers eux.
— Thor ! Tu dois lutter ! s’écria la chef de la garde asgardienne. Tu l’as déjà fait !
Loreleï poussa un rire tout à fait charmant.
— Mais pourquoi en aurait-il envie, Sif ? Tu connais pourtant la chanson, non ? Tu sais bien que tu ne gagneras pas contre moi.
— Je t’ai déjà vaincue, Loreleï ! Et je recommencerai !
La guerrière chargea, prête à s’en prendre à la douce Loreleï. La simple idée qu’elle puisse blesser une créature aussi divine plongea Thor dans une rage folle. Son poing se referma autour de Mjöllnir et des éclairs léchèrent le sol.
— Doucement, le calma la douce Loreleï. Laissons Sif à notre nouvel ami. Je veux voir de quoi il est capable.
Elle se hissa sur la pointe de pieds pour susurrer à l’oreille de Banner :
— Fracasse-moi cette garce !
Aussitôt, Hulk, ou bien Banner, peut-être même les deux, chargea. Le choc fut violent, et Brunehilde dut accourir au secours de son alliée. C’est alors que le sol se mit à trembler. Une stalactite se décrocha de la voûte pour fondre sur eux. Thor envoya un éclair afin de briser le projectile de pierre, qui éclata en mille morceaux. La divine Ensorceleuse tourna un regard furibond en direction de Quake.
— Thor ! Achève-moi cette vile créature.
— Avec plaisir !
Le fils d’Odin marcha droit sur l’agente de Fury. Finalement, il l’aurait sa revanche ! Jamais il n’aurait dû pactiser avec cette femme. Cette traitresse. On ne pouvait pas faire confiance aux agents de Fury. On ne pouvait pas faire confiance aux Midgardiens !
— Thor ! s’enquit la chienne du SHIELD. Calmez-vous ! Nous n’avons pas à nous…
Il envoya son marteau et la jeune femme fut propulsée par l’une des nombreuses fenêtres de la tour, précipitée dans le vide, tel un boulet de canon.
LE CONTEUR
LORELEÏ
La Loreleï qui est introduit ici est bien plus proche de celle de la MCU, pour le coup, que celle des bandes dessinés.
Dans la série Le SHIELD, l’ensorceleuse est un traitresse asgardienne, qui semble en avoir après la gente masculine et qui, après s’être échappé d’Asgard, tente de former une armée pour dominer la Terre.
Le SHIELD réussira à l’arrêta avec l’aide de Sif, et on apprend entre autre que l’ensorceleuse aurait par le passé envouté le fiancé de SIF, avant de l’obliger à se donner la mort. On comprend mieux la haine de la guerrirèe asgardienne pour la sorcière.
Dans les Comics, Loreleï est tantôt un antagoniste, tantôt un allier de Loki, qui séduit les hommes et s’intéresse à la richesse. C’est une sorte de voleuse magique, plus ou moins maléfique. Sans doute pas autant dans la version de la MCU. En tout cas, dans les récentes versions des Comics.
Fait amusant : Lorelei est la soeur de l’enchanteresse Amora. Cette dernière va jeté un sort à sa cadette et la faire tomber amoureuse de l’ancien Loki pendant un moment. Plus recemment, Loreleï a une histoire «d’amour» avec Sigurd dans Loki, Agent d’Asgard.
Bref ! C’est une toute nouvelle Loreleï que je vous propose ici, mais elle aura peut être son importance...