CHAPITRE 1 : File dans ta chambre !
La Nouvelle Asgard - Norvège
Thor
Thor possédait de multiples qualités, c’était indéniable. Il avait la force d’un titan, la sagesse d’Odin, la prestance des dieux, et surtout, de très beaux cheveux. Mais malgré cela, Thor allait apprendre une bien triste réalité : il était plus facile de combattre une horde d’Elfes Noirs, de repousser une invasion extraterrestre ou bien même, de protéger l’univers tout entier, que d’élever un préadolescent. Surtout quand ce dernier se trouvait-être un mini dieu de la malice en pleine croissance.
À peine étaient-ils rentrés à la Nouvelle Asgard, que les choses avaient dérapé. Ce fut d’abord des broutilles : Loki répondait de manière insolente, ou bien faisait des farces, somme toute, inoffensives. Mais bien vite, ce qui tenait de la simple bêtise se transforma en cataclysme à la chaîne.
— Thor !
Sif avait crié si fort, que tous les pêcheurs du port s'étaient retournés. Thor observa l’Asgardienne s’avancer vers lui, le pas rapide et la mine furieuse.
— Ouh là ! avait soufflé Egil en lui tapotant dans le dos. Elle a l’air dans tous ses états. Bon courage, mon gars.
Sif était crainte pour deux raisons : la première, pour son maniement de l’épée. La deuxième, pour ses colères dignes du plus ardent de volcans. Thor grimaça, alors que la guerrière se plantait devant lui, les deux poings sur les hanches. Elle avait revêtu son habit d’entrainement à la va-vite, et sa chevelure habituellement si soyeuse semblait à présent plus raide que du plâtre.
— Sif ! Comment vas-tu ? l’accueilli Thor avec un sourire. Tu as changé de coupe de cheveux ou…
— Ne te fout pas de moi ! rétorqua-t-elle en agitant un doigt sous son nez. Il faut qu’on parle ! Tout de suite !
— De quoi ?
— De ton frère ?
— De Loki ?
— Tu as d’autres frères ?
— Pas que je sache.
— Ca ne peut plus durer, Thor !
— De quoi parles-tu, enfin ?
— Tu dois canaliser ton frère, tu m’entends ? Quand tu nous as imposé Loki…
— Oula ! Deux minutes : je n’ai rien imposé à personne.
— Ah, si ! Dois-je te rappeler que tu as débarqué un beau matin, avec ce gamin dans les bras, en nous faisant bien comprendre qu’il allait rester parmi nous.
— Logique, c’est un asgardien.
— Je t’avais dit que ça n’allait pas être possible ! Je t’avais prévenu que ça finirait mal ! Et toi, tu as quand même insisté !
— Oui, mais je…
Sif le saisit par le col afin de l’obliger à se pencher. Pour une femme d’aussi petite stature, elle possédait une force étonnante
— Tu avais promis que tu le maitriserais ! Qu’il ne poserait pas le moindre problème ! J’ai excusé ses premières bêtises, Thor, mais là, s’en est trop ! Je suis à deux doigts de craquer. Donc, soit tu le recadres, soit je renvoie ton frère sur Jotunheim en Colissimo !
Autour d’eux, les pêcheurs avaient cessé leur labeur pour écouter la conversation. La majorité hochait la tête, comme pour approuver les paroles de la guerrière.
— Oui… heu…, bégaya maladroitement Thor. Bien ! Je vais lui en parler et…
— Il va falloir faire mieux que ça, fils d’Odin !
— Mais qu’est-ce qu’il t’a fait, au juste ?
Sif le repoussa violemment en arrière et pointa sa chevelure d’un doigt :
— Il a mis de la farine et de la laque dans mon sèche-cheveux !
Thor s’étrangla.
— De… la farine ? Ah… Bien…
Il se mit à tousser pour dissimuler un sourire nerveux.
— Et il a tout filmé !
Cette fois-ci, s’en fut trop : Thor éclata de rire.
— Ne te moque pas, Thor ! Ce petit serpent est parti en me faisant un signe débile de la main ! Comme pour signer ce mauvais coup de son nom !
Elle essaya d’imiter le geste favori de son jeune frère et réalisa un L maladroit avec son pouce et son index.
— En fait, je crois que ça veut dire looser, corrigea Thor. Mais je…
— Je me fous de ce que ça signifie ! Loki est devenu ingérable ! Rien qu’hier, il a volé des bouteilles d’alcool dans la réserve du magasin, a créé une catapulte pour bombarder le toit de la mairie avec des ballons remplis de mousse à raser, et il a massacré les fleurs que venait tout juste de planter Dagmar.
Le Dagmar en question s’avança d’un pas, les bras croisés.
— Je confirme.
Thor se sentit acculé. La foule se resserrait autour de lui en une horde de visages mécontents.
— Oui… Je comprends votre frustration, et Dagmar, je suis navrée que Loki ait piétiné tes fleurs, mais…
— Il ne s’est pas contenté de les piétiner, Thor.
— Comment ça ?
— Je crois que le plus simple, c’est encore que tu le constates toi-même.
Dagmar le conduisit dans son jardin, sans doute le plus beau de toute la Nouvelle Asgard. Le médecin de la ville avait à cœur de l’entretenir et d’en faire un havre de paix, mais ce que le fils d’Odin découvrit en arrivant sur les lieux du crime ressemblait davantage à un champ de mine. Des trous, de partout. Des crevasses, de la terre retournée… Pas un seul buisson n’y avait résisté. Thor observa les dégâts, pris entre le malaise et l’incrédulité.
— Comment a-t-il fait ça ?
— Avec une tractopelle.
Le fils d’Odin s’étrangla.
— Une tractopelle ?
— Oui ! Une tractopelle.
Un lourd silence pesa avant que Dagmar n’enchaîne :
— Mais ce n’est pas ça le pire.
— Il y a pire ? paniqua le dieu du tonnerre.
On le conduisit jusqu’à la salle des fêtes. Derrière le terrain d’entrainement, une bâche recouvrait en partie le mur du bâtiment.
— J’ai eu la surprise de découvrir ça en me levant, ce matin, expliqua Dagmar.
Il tira sur la bâche en plastique et un immense tag se dévoila. Un dessin haut de plus de trois mètres, pour deux de large, mêlant de subtiles nuances de jaune et de verts, et sur lequel était représenté un immense L stylisé.
— La seule chose que je peux dire pour sa défense, c’est qu’il a un certain talent créatif, grogna Dagmar.
Thor ne savait plus sur quel pied danser. Inutile de chercher à protéger son jeune frère : il avait dépassé les bornes.
— Ca ne peut pas continuer comme ça, Thor ! menaça Sif.
— Oui… Oui, tu as raison. Je vais m’en occuper et lui donner une bonne leçon, croyez-moi !
Autour de lui s’éleva une clameur pleine de doutes.
— Ca fait des jours que tu nous dis ça, fils d’Odin !
— Oui ! On n’en a assez !
— Si ça continue, Loki réduira la Nouvelle Asgarde en ruines. Ce sera pire que le Ragnarök !
— Non, je vous l’assure ! tenta de les rassurer le dieu du Tonnerre. Je vais arranger ça, et tout de suite.
***
Cela faisait plus d’un an que Thor avait quitté sa maison. Après sa victoire sur Thanos, le fils d’Odin avait laissé le commandement de la ville à Brunehilde, la Valkyrie, puis il était parti à l’aventure. Il avait pris la route, pour essayer de se construire un avenir. Pour oublier tous ces échecs et tout ce qu’il avait perdu. Mais en retrouvant Loki, il n’avait eu d’autre choix que de revenir. Il n’y aurait qu’ici, à la Nouvelle Asgard, que son frère serait en sécurité. Car ici, Fury ne pouvait pas le retrouver.
Lorsqu’il passa la porte d’entrée de la maison, Thor retrouva le salon sens dessus dessous. Des boîtes de pizza s’empilaient sur la table basse, et un jeu de combat tournait en boucle sur l’écran de la télévision. Pour le coup, Loki n’était pas le seul responsable à cette pagaille : lui-même n’avait jamais été une fée du logis, et il ignorait comment allumer un aspirateur.
— Loki ?
Pas de réponse, mais un tambourinement incessant provenait de l’étage.
— Tu ne perds rien pour attendre, petit démon ! grogna-t-il en prenant la direction de l’escalier.
La porte de l’enfant était entrouverte. Au milieu de sa chambre, Loki dansait. Ses écouteurs rose bonbon dans les oreilles et son téléphone dans la main, le gamin tournait sur lui-même comme un diable enragé. Thor se demandait comment aborder le problème, quand le garnement shoota dans la corbeille de son bureau. Cette dernière déversa une pluie de boulettes de papier et de canettes vides à travers toute la pièce.
— Loki ! Ça suffit maintenant !
Sans plus réfléchir, il lui arracha les écouteurs des oreilles et le jeune dieu de la malice se retourna, outré.
— Eh ! Qu’est-ce que tu fous ?
— Premièrement, on ne jure pas ! gronda l’aîné. Deuxièmement : je peux savoir pourquoi tu as dessiné sur le mur de la salle des fêtes ?
Loki laissa ses bras retomber le long de son corps, avant de lui adresser un regard blasé :
— Parce que j’avais envie.
— De… quoi ? Ce n’est pas une raison, ça !
Le garnement haussa les épaules, avant d’enfiler à nouveau ses écouteurs, mais Thor s’empara de son téléphone pour le lui confisquer :
— Tu dois arrêter ces bêtises, Loki !
Son frère se mit aussitôt sur la défensive. Si ses yeux avaient été des dagues, il l’aurait poignardé sans ménagement.
— Et pourquoi ?
— Pourquoi ? Les habitants commencent vraiment à en avoir assez de ton comportement.
— Qu’est-ce que ça change ? Ils me détestent, de toute façon.
— Ils te détestent, car tu agis stupidement.
— Non ! Ils me détestaient bien avant ça, Thor.
— Et tu es en train de leur donner raison !
Le ton venait de monter, indubitablement. Thor tenta de retrouver son calme. Partir en conflit avec Loki, c’était la dernière chose à faire. Il l’avait bien compris ces dernières semaines.
— Écoute… Je sais que tout ça, c’est nouveau pour toi, et que c’est un grand bouleversement dans ta vie. Mais si tu y mettais un peu du tien…
— Que j’y mette du mien pour quoi ? Je ne sais même pas ce qu’on me reproche !
Le dieu du tonnerre leva une main et commença à énumérer :
— Le massacre du jardin de Dagmar, la pluie de papier toilette sur la grande avenue, la vitrine du boucher recouverte de crème chantilly… Je m’arrête là, ou tu en veux davantage ?
Loki réalisa un signe des plus provocateurs de la main, avant de tourner les talons, pour se jeter sur son lit. Allongé sur le dos, les bras écartés en croix, l’enfant se mit à chantonner comme si de rien n’était. Thor sentait son sang bouillir. Les barricades qui retenaient son impulsivité commençaient doucement à céder.
— Écoute ! Mon frère… Il va vraiment falloir que tu changes, car j’ai de plus en plus de mal à te défendre.
— Et dire que tu m’avais promis de me protéger du monde entier si je te suivais… Tu n’auras pas tenu longtemps, finalement.
— Je… Ca n’a rien à voir ! Je t’ai promis de te… C’est quoi ce truc ?
Thor venait tout juste de remarquer le vernis noir qui recouvrait les ongles de l’enfant. Ce dernier leva une main devant lui, un sourire condescendant aux coins des lèvres.
— J’ai chapardé ça dans la trousse de toilette d’Edwin. Tu aimes ?
— Non. Je déteste.
— Bien ! Je m’en fiche. Moi, j’adore.
Thor serra le poing à s’en faire craquer les jointures, avant de soupirer :
— Garde donc tes… froufrous, je m’en fiche ! Mais cesse dès à présent de me désobéir, Loki !
— Ah ? Excuse-moi, je ne savais pas que je devais signer un pacte d’obéissance avec mon sang. Tu as une dague pour que je m’ouvre les veines, ou je prends l’une des miennes ?
Thor laissa passer une suite de grognements inaudibles. Il allait le rendre chèvre ! Ou marteau ! Ou les deux !
— Par la barbe d’Odin ! Loki ! Mais pourquoi fais-tu tout ça ?
Le gamin se redressa sur son lit pour le fixer dans les yeux.
— Je ne sais pas… Pourquoi tout le monde me déteste, Thor ?
Le dieu du Tonnerre avait volontairement dissimulé les actes de sa version antérieure à son jeune frère. En toute franchise, il craignait que cela ne réveille un peu plus la mémoire de Loki, et ne l’entraine dans une boucle infernale, ou la colère et la rage le submergeraient.
— Ca n’a aucune importance, Loki.
— Si ! Ça en a pour moi ! Je ne suis pas stupide. Je sais que tu me caches des choses, et je veux savoir quoi. J’en ai assez de subir sans en connaitre la raison !
Thor flancha. Comme à chaque fois qu’ils abordaient ce sujet, comme à chaque fois que Loki insistait pour qu’il lui dévoile la sombre histoire de son lui passé.
— Bon, ça suffit ! La discussion est close !
Thor rangea le téléphone et les écouteurs dans sa poche, attrapa la tablette posée sur le bureau, puis rejoignis la porte.
— Eh ! s’offusqua l’enfant. Rends-les-moi !
— Non ! Pas tant que tu n’arrêteras pas de te conduire comme un môme.
— Je suis un môme !
— Et arrête de répondre. Tu vas rester enfermé dans ta chambre pour réfléchir à ce que tu as fait. Tu n’en sortiras que quand tu seras décidé à présenter tes excuses à Sif, à Dagmar, à Edwin, à Bjorn, à Ulf… à toute la ville, en fait !
Et il claqua la porte, avant de la fermer à double tour. Des coups résonnèrent de l’autre côté du battant. De coups, et des cris de colère.
— Tu n’as pas le droit ! Laisse-moi sortir !
— Non ! Tu as besoin d’une leçon !
— Tu n’es pas mon père !
— Encore heureux, marmonna Thor à lui-même.
Pour plus de sécurité, il poussa une commode devant la porte de la chambre. Ce ne serait pas de trop : Loki était un expert en crochetage. Il n’avait pas pris le sobriquet de Serrure pour rien.
Ceci fait, Thor descendit au salon et se laissa tomber dans le canapé. Les hurlements de son frère raisonnèrent encore quelques minutes, avant de se tarir. Le silence revenu, Thor observa le désordre ambiant avant de soupirer. La fatigue… C’était quelque chose qui lui était inconnu jusqu’alors, mais maintenant, elle ne le quittait plus. Et dire qu’il était persuadé d’avoir fait le plus dur. Qu’après avoir convaincu Loki de le suivre, tout serait plus simple. À quel moment cela avait-il dérapé ?
Les heures filèrent et, las de tourner en rond, il était retourné frapper à la porte de son frère.
— Loki ? Tu t’es calmé ? On peut parler ?
Pas de réponse. Tant pis ! Qu’il boude.
Thor sortit dès le soir venu. Un verre ne serait pas de trop. Il gagna la taverne de la grande place, un lieu festif où il avait ses habitudes. Ce soir, l’établissement était rempli, et à son entrée, mille yeux curieux le fixèrent. Notamment ceux de Sif. Attablée en compagnie de Brunehilde et de Grace, la guerrière balança un bras nonchalant dans sa direction :
— Alors ? Tu as fait ce qu’il y avait à faire ?
— Ne t’inquiète pas, rétorqua-t-il sans s’étaler. Je m’en suis occupé.
Puis il s’éloigna en direction du bar pour rejoindre Korg et Miek au comptoir.
Les deux extraterrestres s’étaient bien intégrés à la communauté asgardienne, même si le premier était fait de pierre, et que l’autre possédait l’apparence d’un immense insecte.
— Ne le prends pas mal, Thor, mais tu as une sale tête, balança Korg.
— Je sais, répliqua le fils d’Odin dans un souffle.
— Dure journée ?
— Je ne comprends pas… J’ai tout essayé ! Je l’ai puni, je l’ai privé de jeux vidéo, de télé, de téléphone… Je l’ai envoyé dans sa chambre une bonne centaine de fois, mais il n’écoute toujours rien !
Thor se saisit de la chope que venait de lui servir le barman. Il avait ses habitudes ici. Plus besoin de passer commande.
— Mais rien n’y fait, ajouta-t-il après avoir vidé son verre d’une traite. Ce gosse est incontrôlable.
— Hum… Ne le prends pas mal, mon ami, répondit l’homme de pierre, mais tu es vraiment un très mauvais tuteur.
Thor lâcha un ricanement amer.
— Merci, Korg ! Tu m’aides beaucoup, là. Une autre, s’il te plait, ajouta-t-il à l’attention du serveur.
— Non, je suis sérieux. Ce n’est pas facile de s’occuper un enfant, surtout lorsqu’il se trouve être aussi turbulent que ton frère. Mais toutes les punitions du monde n’arrangeront pas les choses. Ce n’est pas comme ça que ça marche.
— Je dois faire quoi, alors ? Le ligoté à son lit ? Lui faire un lavage de cerveau ? Je dois pouvoir récupérer un manuel d’Hydra sur le sujet, ceci dit…
— Et est-ce que tu lui as demandé pourquoi ?
— Pourquoi quoi ?
— Pourquoi il agit de la sorte ?
Thor laissa passer un rire amer, avant de se saisir de la nouvelle chope que venait de déposer le barman devant lui.
— Je ne sais pas si tu l’as remarqué, mais la communication entre mon frère et moi, ce n’est pas ce qu’il y a de plus facile. Ça ne l’a jamais été.
Korg l’observa boire. Ses doigts de pierre pianotaient sur le comptoir dans un bruit des plus agaçant et Thor se crispa malgré lui.
— Très bien, alors prenons le problème autrement. Ton frère… Je veux dire, l’ancien Loki. Celui qui t’a à mainte fois trahi, qui a envahi la Terre, qui a dévasté New York…
— Merci, Korg, le coupa Thor. Je connais son curriculum vitae.
— Oui, et bien ce Loki-là… Pourquoi, à ton avis, a-t-il agi de la sorte ?
Cette question plongea Thor dans l’embarras, comme si on le forçait à extraire de vieux démons enfouis depuis des années.
— Eh bien… Il était en colère et jaloux.
— Pourquoi ?
— Mon père lui avait caché des choses. Comme le fait qu’il ait été adopté. Loki a sans doute eu l’impression qu’on lui avait menti, qu’on s’était servie de lui. Puis il s’est convaincu que Odin ne l’appréciait pas comme son véritable fils. Alors il a essayé de gagner son respect… de manière complètement stupide, je dois l’avouer.
— Hum… Intéressant. Dis-m’en plus.
Un frisson lui remonta le long de la colonne, et Thor se retourna vers l’extraterrestre, la mine outrée :
— Attends… Tu es en train de m’analyser, là ?
— Non, je fais un parallèle.
— Un parallèle avec quoi ?
— Et bien, selon toi, si ton père avait dit la vérité à ton frère dès le début, s’il avait pris le temps de lui parler, de lui expliquer les choses… Est-ce que cela aurait eu une incidence ?
Acculé. C’était le sentiment qui l’animait. Thor haussa les épaules, avant de laisser passer un rire nerveux.
— Qu’est-ce que j’en sais ? Je ne suis pas un psychopathe, Korg !
— On dit psychiatre, Thor, mais ce n’est pas grave. Ce que j’essaye de te montrer, ce que tu dois te demander, c’est : si quelqu’un avait parlé à Loki avant qu’il ne dérape, alors serait-il devenu ce dieu fourbe que l’on connait tous ? Si toi-même, tu l’avais écouté, s’il s’était senti compris et soutenu, si quelqu’un l’avait rassuré… les choses auraient-elles pu être différentes aujourd’hui ?
Thor ne répondit pas. Il ne savait plus quoi dire. Il se contenta donc de finir son verre d’une traite, les yeux dans le vague. Et s’il avait parlé à Loki ? Cela aurait-il vraiment changé quelque chose ?
— Tu dois parler à ton petit frère, finit par déclarer Korg en se levant de sa chaise. C’est le seul conseil que j’ai à te donner.
— Tu sembles bien t’y connaitre en matière d’éducation ? le taquina le fils d’Odin.
— Oh, tu sais, dans ma famille, on n’est très productif. Je suis père de nombreux petits cailloux. Et grand-père, aussi ! Je me demande même si je ne suis pas arrière-grand-père, depuis peu...
Thor échangea un regard gêné avec Miek, et l’insecte gérant haussa les pinces dans un grincement aigu.
— N’en dit pas plus, conclut Thor. Je ne veux pas savoir.
Korg ricana et lui tapota l’épaule, avant de prendre la direction de la sortie.
— C’est compliqué de devenir père du jour au lendemain.
— Je ne suis pas son père ! s’écria le dieu du tonnerre, alors que l’extraterrestre quittait le bar.
— Appelle ça comme tu veux. Bonne soirée, les gars.
Thor resta un instant là, à enchaîner les choppes. Non, pas un instant. Plusieurs heures, en fait. Au moins jusqu’à ce que Miek roule sur le comptoir, complètement ivre. Quand il ne resta plus que lui, le tavernier lui demanda gentiment de sortir : il devait fermer.
Thor déambula dans les rues, sans réellement savoir où aller. Dans sa tête, les paroles de l’homme de pierre tournaient en rond. Et si… On fait beaucoup de choses, avec des « Et si… ». Mais il était trop tard, à présent. Enfin… trop tard pour l’ancien Loki. Mais pour le Loki enfant qui boudait actuellement dans sa chambre, il était peut-être encore temps ?
Il regagna finalement sa maison, plongée dans l’obscurité. Le pas las, il monta l’escalier et alla frapper à la porte de son frère.
— Eh, Loki ? Tu dors ?
Pas de réponse. Il devait encore bouder. Thor ôta la commode qui bloquait le passage, puis déverrouilla la porte.
— Loki, entama-t-il d’une voix lourde de regret. Écoute, je sais que nous nous sommes disputés, et je m’excuse de t’avoir crié dessus. Mais si tu le veux bien, j’aimerais que l’on parle tous les deux. Je crois qu’on a pas mal de choses à se dire, en fait. Et sache que je ne t’en veux pas, c’est ma faute. J’ai voulu te protéger et au nom de ça, je t’ai dissimulé certaines informations que tu avais le droit de… Loki ?
Vide. La chambre était vide. Thor s’avança en fixant la fenêtre grande ouverte. Le vent faisait battre les rideaux. Une idée terrible le figea. Partie ! Loki avait fugué.
— Merde, jura-t-il.
Puis, après s’être remis de sa surprise, il ajouta :
— D’accord. Là… je vais le tuer.
ANECDOTES
Bon! Soyons clair : j’essaye d’intégrer un maximum d’éléments des Comics et notemment, de l’histoire de Kid Loki pourvous faire découvrir ce loki oublié des blockbusters. Cependant, je ne peux pas coller au scénario des BD pour de nombreuses raisons, la première étant de devoir adapter afin de faire passer l’histoire dans l’univers des films (MCU). Les deux points qui suivent sont donc très différents du Comics.
L’équipe de Fury :
Après le démantèlement du SHIELD, Fury est recherché. Mais il n’a jamais cessé d’opérer dans l’ombre, et notemment en regroupant une équipe de personnes améliorer, notemment sa fidèle Daisy Johnson, dit Quake. Ils n’ont AUCUN rapport avec Kid Loki, mais je me suis amusé à faire cette rencontre, notemment aussi car la parallèle entre Loki et Phobos (fils d’Ares, à peine plus agé que Kid) m’a vraiment boté. J’ai hâte de vous faire dcéouvrir cette équipe au complet.
Loki et les asgardiens
Ca fait partie d’une des grosses adaptations éloignant la FanFic du Comics : dans le Comics, Asgard est encore debout et Odin règne. (il n’y a même pas eut l’attaque de Thanos, et Iron Man est encore en vie - tout comme les autres Avengers). Donc, j’ai dû composer pour faire ressortir ce «rejet» que subit aussi Kid dans le comics. Contrairement à ce qu’il va se passer ici, Kid Loki ne sera jamais accepté dans les comics. Il sera rejeté de tous, sauf de son frère qui sera et restera son protecteur. De même, le Kid des comics, même s’il va faire de grosses bêtises, est moins «vengeur» et en colère que notre Kid de la fanfiction. J’ai volontairement poussé ce trait afin aussi de lui donner un meilleur arc de rédemption. Disons que Kid est plus «gentil» dans les comics, en tout cas, à ses débuts. Moi, pour le coup, je vous offre directement un petit diable, qui a clairement un soucis avec l’autorité, toujours dans la recherche de conflit et l’absence de confiance aux autres. Mais c’est plutôt logique, vu ce qu’il a vécu dans les rues de Paris.