EPISODE 7 

Une journée en Enfer

Une aventure, 100% Loki !

Chapitre 1 : Thori

LOKI

Une odeur alléchante remonta jusque dans sa chambre. Une odeur anormale, qui n’avait rien à faire ici, et qui le poussa à se redresser entre ses draps froissés. Était-ce… du bacon ?

— Loki ! Petit dej !

Appâté par la faim et la curiosité, Loki descendit à la cuisine, encore vêtu de son pyjama : un ensemble composé d’un vieux jogging, et d’un t-shirt affichant fièrement les noms ultra flashy des membres du groupe BTS.

— Tu as fait du bacon ? s’étonna-t-il en s’avançant pied nu sur le carrelage.

— Bacon, œuf, fromage, appuya Thor en déposant une poêle sur la table. Assieds-toi. Et prends du jus d’orange.

L’enfant obéit, partagé entre la satisfaction et la suspicion. Ça sentait l’entourloupe ! Depuis quand Thor abandonnait-il ses horribles milkshakes hyperprotéinés du matin ?

— Tiens. Je t’ai préparé une tranche de pain, recouverte de cette pâte chocolatée que tu aimes tant. Mais je te préviens, tu n’en auras qu’une ! C’est bourré de mauvaise graisse et d’huile de palme, ce truc-là...

Il déposa devant lui une assiette contenant une tartine de Nutella. Ce fut la goutte de trop. Cette fois-ci, c’était sûr : on essayait de l’amadouer.

— D’accord ! Qu’est-ce qu’il se passe ?

— Rien. Pourquoi dis-tu ç…

— Thor, n’essaye pas de me mentir ! C’est moi le menteur de la famille. Tu as quelque chose à m’annoncer ?

Son aîné prit le temps de servir les œufs brouillés avant de répondre, comme si cela aiderait à faire passer la pilule.

— Rien de grave, ne t’inquiète pas. Mais je vais devoir m’absenter… sans doute pour plusieurs jours.

— Plusieurs jours ?

— Ouais…

— Et pour faire quoi ? Où vas-tu ?

— Avec Sigurd, nous devons rencontrer une personne capable de nous aider dans le projet « Asgardia ». Les négociations risquent de durer un peu.

Loreleï sous les barreaux, Thor s’était concentré sur son pacte avec Sigurd. Son objectif était clair : créer une Agard indépendante, afin d’atténuer les tensions avec les humains, et redonner la liberté aux Asgardiens. Voilà sans doute la meilleure des options, mais cette optique angoissait le jeune garçon : quitter la Terre, pour vivre dans l’espace, selon les coutumes asgardiennes ancestrales ? L’angoisse ! Même si sa vie n’avait pas toujours été tendre ici-bas, Loki avait un attachement tout particulier avec cette planète, sa culture, ses coutumes... Tout simplement, parce qu’il ne connaissait que ça. Il avait beau se répéter qu’il était Loki, fils adoptif d’Odin, il se sentait bien plus terrien qu’asgardien. Les souvenirs de son enfance au palais étaient si nébuleux… si lointain !

Loki pinça les lèvres, mais se retint de dire quoi que ce soit. Qu’importe ses états d’âme : ce n’était pas lui qui décidait, après tout… Il y avait plus grand en jeu que ses ressentiments ou ses petites angoisses personnelles. 

— J’ai demandé à Korg et Miek de venir passer la nuit avec toi., ajouta Thor en déposant la poêle dans l’évier.

Encore ? Quand est-ce que son frère comprendra-t-il qu’il n’avait pas besoin de baby-sitter ! Mais là encore, Loki ravala sa frustration en engloutissant une fourchette d’œuf-bacon.

— Hum… OK, grommela-t-il. Et qui vas-tu rencontrer, au juste ?

— Un certain Wilson. Le porte-parole des dieux de Manchester. 

Il manqua de s’étouffer sous la surprise, il recracha sa bouchée en toussant :

— Attends ! Tu vas dans l’Outremonde ? Je viens avec toi !

L’Outremonde ! Une dimension parallèle, liée au folklore et à la mythologie de Grande-Bretagne. Loki avait lu beaucoup de choses sur cet endroit empli de magie et de mystères. Un monde ancestral aux codes ruraux, bouleversé depuis quelques siècles par l’arrivée des « Dieux de Manchester ». Un surnom un peu pompeux… ces créatures, animées par la révolution industrielle et l’évolution de l’humanité, n’avaient rien de divin, mais se confrontaient à l’ancien code chevaleresque. C’était un peu la guerre entre la fantasy et le steampunk, en gros.

Thor grimaça face au débordement enthousiaste de son cadet. De toute évidence, c’était ce qu’il redoutait. 

— Non, Loki. Non ! Je n’y vais pas pour les vacances. Ce sont des négociations très importantes. Là n’est pas ta place.

— Mais, je…

— Loki ! Tu veux que je te rappelle Jomsborg ?

Il pointa son poignet, et l’enfant finit par soupirer. Presque une semaine s’était écoulée depuis l’arrestation de l’ensorceleuse. Bientôt, il avait pu retirer son attelle : son corps commençait à retrouver sa consistance d’entente. Ses blessures guérissaient plus vite, même s’il gardait une fragilité anormale pour son espèce.

— D’accord, rumina-t-il, déçu. Mais tu as intérêt à me rapporter des photos. Je veux voir Camelot, Merlin, le roi Arthur…

— Si tu veux, acquiesça Thor en refermant le lave-vaisselle.

Il se saisit de Mojnir et son vieux tablier sale fut remplacé par sa tenue de prince asgardien. Loki pinça les lèvres… Mince ! Il aurait dû filmer ça. La transition aurait fait un malheur sur les réseaux.

— Bon, je dois y aller.

Loki releva des yeux ronds de son assiette.

— Déjà ? Mais… il n’est même pas huit heures !

— Je sais, mais je dois rejoindre Sigurd et Banner.

— Tu vas utiliser l’un des portails de Londres pour rejoindre l’Outre-monde ?

— Non. Je crois qu’on m’a parlé d’un endroit nommé… Stonage...

— Stonhedge ?

— Ouais, ça doit être ça.

— Si tu passes quand même par Londres, tu voudrais bien me rapporter un souvenir ? Genre, une statuette de la reine, un poster de Big-Ben ou un t-shirt avec « I Love London » écrit dessus ?

— Loki, si tu tiens tant que ça à te rendre au royaume d’Angleterre, je t’y emmènerai, d’accord ? Mais à la condition que tu sois sage, et que tu ne provoques pas de catastrophe. La Nouvelle Asgard a intérêt à être encore debout à mon retour. Maintenant, excuse-moi, je ne veux pas faire attendre Captain Britain.

Loki manqua à nouveau de s’étouffer et sauta de sa chaise haute.

— Attends ! Quoi ? Tu vas vraiment rencontrer Captain Britain ?

— Je le connais depuis longtemps, mon frère…

Thor se dirigea en direction de la porte d’entrée, et Loki le suivit à la manière d’un caneton accroché à sa mère.

— Pourquoi tu ne m’as pas dit plus tôt que tu connaissais Captain Britain ? Ce type est ouf ! Je suis trop fan. Eh ! Thor ! S’il te plait… Tu pourrais lui demander un autographe ? Je veux un autog…

Alors qu’il était sur le point de passer la porte, Thor se retourna, les poings sur les hanches.

— Résumons : tu veux des photos de l’Outre-monde, un souvenir de Londres et un autographe de Captain Britain ?

— Ouais !

— Si je te ramène tout ça, tu me promets d’être sage et d’obéir à Sif et Korg ?

— J’irais laver leur linge sale, s’ils me le demandent…

— Bien. Alors, c’est d’accord. Mais Loki… pas de bêtise, comprit ?

Il n’attendit pas sa réponse. Thor brandit son marteau, avant de s’envoler dans le ciel de la Nouvelle Asgard. Loki l’observa disparaître avant de refermer la porte.

— Captain Britain…, répéta-t-il sans en revenir. L’Outre-monde… Sérieux !

Un bruit de claquement l’interpella et Loki se retourna vers la fenêtre du salon. De l’autre côté de la vitre, Ikol frappait le verre de son bec. L’enfant alla lui ouvrir, et la pie entra dans la maison en ébouriffant son plumage.

« C’est bon ? L’autre gros imbécile étant absent, j’ai le droit d’entrer, maintenant ? »

Loki avait ordonné à l’oiseau de rester en dehors de la maison, au moins dans la journée. Il craignait que Thor ne découvre sa présence. Bien sûr, il avait songé à lui parler de l’existence d’Ikol, mais il avait finalement décidé de se taire à ce sujet. Pourquoi ? Peut-être parce qu’entre Leah, le chiot de l’enfer, Ikol, la dimension de poche… tout cela faisait beaucoup. Loki avait l’impression de faire face à une montagne de secrets, prête à l’ensevelir. S’il voulait s’en sortir, il devait régler ses soucis un par un. Et comme avait dit Thor : mentir était acceptable, si c’était pour protéger ses proches.

« Sérieusement, on se les caille dehors ! J’en ai marre de rester perché sur l’arbre de ce foutu jardin. L’écureuil qui vit là-dedans commence à me regarder bizarrement… Laisse-moi aller dans ta grotte magique, au moins ! »

— Leah a dit que si tu y retournais sans moi, elle te changeait en poulet rôti.

« Qu’elle essaye, tiens ! »

Loki alla récupérer la tartine de Nutella, ainsi qu’un verre de jus d’orange sur la table, avant d’ouvrir une faille vers sa dimension de poche.

— Leah ?

L’interpellée était en train de consulter un livre dans la bibliothèque et lui tournait le dos. Il avait fallu changer tous les meubles de la grotte pour que l’endroit retrouve un côté chaleureux. Nouveau canapé, nouvelle télé… Il avait même aménagé une salle de bain et une vraie chambre, pour que la jeune fille s’y sente au mieux. Il fallait avouer qu’elle restait enfermée ici, sans jamais pouvoir en sortir. Et il en serait ainsi jusqu’à ce qu’ils trouvent un moyen de la libérer du lien l’unissant à sa maitresse.

— Et ! Leah…, insista Loki en s’approchant d’elle à grands coups de sourire mielleux. Regarde. Je t’amène le petit déjeuner. Jus d’orange et tartine au chocolat. Tu aimes ça, le chocolat, non ?

Pas un mot. Pas un regard non plus. Elle resta, le nez planté dans son bouquin. A croire qu’il n’était qu’un fantôme.

— Leah… Tu boudes encore ?

— Si je boude…

Elle referma l’ouvrage dans un claquement sec, avant de se retourner. Son regard était noir. De vrais révolvers ! Un peu plus, et Loki aurait fini criblé de balles.

— Si je boude !? tempêta-t-elle. Tu es sérieux, là ?

Ses mots se répercutèrent en écho sur les murs de la grotte.

— Heu…

Bon ! Il allait devoir agiter un drapeau blanc et demander le cesser-le-feu.

— Leah…, minauda-t-il dans un sourire navré. C’était un accident, tu sais ? Ça m’a échappé. Et puis, ce n’est pas si grave que ça. J’ai j…

Elle s’avança vers lui d’un pas furibond, et Loki se crispa, prêt à recevoir une raclée.

— J’étais à la saison six, Loki ! gronda-t-elle en tapant sa poitrine du bout du doigt. Épisode 8 ! Des heures et des heures de visionnage, de questionnements, d’espoir, de doute… et toi, tu as tout balayé en moins d’une seconde ! Toi, tu m’as spoilé la fin de Game Of Thrones !

Il grimaça, avant d’oser enfin répondre :

— Oui, bon d’accord… mais tu ne crois pas que tu prends ça un peu trop à cœur, quand même ? Et puis, on n’a même pas l’âge de regarder cette série, normalement.

Pour toute réponse, elle lui arracha l’assiette des mains, avant de s’installer sur la banquette.

— Ta traitrise mérite bien plus qu’une simple tartine en dédommagement !

Loki soupira avant de la rejoindre. Leah était… Leah ! Tantôt glace, tantôt volcan en éruption. Ça, ça n’avait pas changé. Il déposa le verre de jus d’orange sur la table basse et s’assit en tailleur face à son amie.

— Sinon… Tu as bien dormi ?

— Je ne dors pas, Loki…

— Ah, oui. C’est vrai.

Il oubliait parfois. Comme beaucoup de créatures de Hel, Leah ne dormait jamais. Elle passait donc ses journées et ses nuits à étudier, à la recherche d’une solution pour se libérer de ses chaînes.

— Je crois que j’ai trouvé quelque chose, finit-elle par reprendre, à nouveau aussi paisible que l’eau d’un lac.

— Vraiment ? s’enthousiasma Loki.

— Mais ce ne serait pas viable sur le long terme. Il s’agit d’un sortilège qui te permettrait de créer une sorte de bulle autour de moi. Une bulle qui reflèterait ta dimension de poche. Cela serait totalement invisible, et je pourrais me balader dans le monde réel, mais pour Hela, ce serait comme si je n’avais jamais quitté la grotte.

— Trop cool ! Et pourquoi ce ne serait pas viable sur le long terme ?

— Parce que tout reposerait sur toi. Tu servirais de catalyseur au sort. Donc, cela ne fonctionnerait que si nous sommes vraiment proches, voir côte à côte. Et je ne parle pas de l’effort que cela te demanderait. Une telle magie ira directement puiser dans ton énergie. Tu ne pourras pas tenir ce sort plus de quelques heures sans t’épuiser…

— Hum, répondit Loki et enroulant ses bras autour de ses genoux. Oui, ce n’est pas optimal… Mais c’est déjà une super nouvelle ! Tu vas pouvoir sortir, prendre l’air, voir le soleil… Ca va te changer d’ici.

Ikol vint se poser sur le sommet de son crâne. Les serres de l’oiseau râpèrent son cuir chevelu.

« Et pour l’autre problème ? Vous avez une solution ? Non, parce qu’il a encore essayé de me bouffer, hier soir… »

Loki se tourna vers la cage aménagée dans le fond de la grotte. Au début, il avait apporté des couvertures, des coussins, des jouets… mais il avait rapidement abandonné ses efforts : le chien réduisait tout en cendres. Aucun doute : ce chiot était diabolique. D’ailleurs, comme s’il avait deviné qu’on parlait de lui, l’animal s’approcha des barreaux et ses yeux se mirent à luire des flammes de l’enfer.

— Meeeuuurtre…, grogna-t-il.

Loki grimaça.

— J’ai posté des annonces, mais dès que j’envoie des photos de lui, les gens fuient comme si je leur avais présenté le diable… Et je ne vous parle même pas la fois où j’ai voulu l’emmener à la SPA. Ils m’ont payé pour que je le reprenne.

— On aura essayé, soupira Leah. Mais il a bien trop de sang infernal dans les veines. Ses frères et sœurs n’étaient pas comme ça. Ils restaient des chiots de l’Enfer, oui, mais ils ne menaçaient pas d’étriper quiconque les approchait. Je crois qu’on n’a plus le choix…

Elle se leva et alla chercher un livre, entreposé sur un guéridon.

— Comment ça, plus le choix ? s’alerta Loki.

« Personne ne voudra de lui, répondit Ikol. Ou alors, uniquement des êtres maléfiques qui se serviront du pouvoir du chien pour les retourner contre nous. Mieux vaut s’en débarrasser. »

— Ca m’embête de l’avouer, enchaîna Leah, mais la volaille à raison. Il faut l’envoyer là où il ne sera plus un problème…

Loki leva sur elle des yeux ronds. Un problème ?

Elle lut une formule et un portail s’ouvrit. Contrairement à ceux de Loki, celui-ci irradiait d’une étrange lueur orangée et, derrière, se déroula un paysage étrange. Polaire. Stérile. Le vent soufflait un air glacial et des flocons recouvraient un sol d’un fin manteau blanc. L’amas rocheux donnait sur le vide. Un immense gouffre, s’étendant à l’infini. Et là, dans ce trou, poussait l’arbre le plus grand que Loki n’est jamais vu. Immense. Titanesque. Sidéral ! Impossible d’en apercevoir la cime ou bien les racines, tellement il s’étendait. D’étranges scintillements parcouraient son tronc, auréolé d’une aura dorée magnifique.

— Yggdrasil, l’arbre-monde, expliqua Leah.

— Heu… d’accord, mais que veux-tu…

— Il faut balancer le chien à ses racines, dans le néant.

— Quoi ? s’étouffa le jeune garçon. Tu veux qu’on le tue ?

Leah alla ouvrir la cage pour se saisir de l’animal. La bête se débattit en laissant passer un filet de flammes entre ses crocs.

« Mais non, Kid ! Quand on envoie quelque chose au néant, il ne meurt pas. C’est plus… comme s’il n’avait jamais existé. Et puis, cette bête sauvage n’a pas d’âme. Ne t’inquiète pas, il ne souffrira pas. On lui rend service ! »

Leah tendit le chiot, que Loki attrapa maladroitement. Les muscles ankylosés, il resta planté sur place.

— Qu… Que veux-tu…, bégaya-t-il.

— Je ne peux pas encore sortir de cette grotte, expliqua Leah en le poussant vers le portail. C’est à toi de le faire !

— Tu me demandes vraiment de balancer un chiot dans le gouffre de l’arbre-monde ?

Sa voix déraillait sous la panique et il essaya de freiner, mais la jeune fille possédait une force surprenante.

— Ca ne me plait pas plus qu’à toi, Loki, mais nous lui avons donné sa chance. Il est ainsi. C’est dans son sang. Dans ses gênes. Il ressemble trop à son père. Tu dois comprendre que certaines créatures sont simplement mauvaises, et qu’on ne pourra jamais les changer. Allez. Fais ça vite, ce sera plus simple.

Et avant qu’il n’y comprenne quoi que ce soit, Loki se retrouva pieds nus dans la neige. Le vent glacial s’infiltra sous son t-shirt et il se mit à trembler comme une feuille. Il se retourna en pressant les chiots contre lui.

— Tu es sûr de toi, Leah ? Parce que, franchement…

— Allez, l’encouragea-t-elle d’un signe de la main.

Résigné, il s’avança vers le bord de la falaise. L’arbre s’enfonçait si profondément que cela lui flanqua le vertige. Entre ses bras, l’animal se débattait mollement en laissant passer une suite de : « ordure, ordure, ordure… meurtre ! »

Un être maléfique… Il ne changera jamais… C’est vrai que même lui craignait de tourner le dos au chiot. Ce dernier avait déjà essayé plusieurs fois de lui sauter à la gorge, mais de là à le balancer dans le vide de l’arbre monde… Ce pauvre animal méritait-il un tel sort ?

« Kid ! Bouge-toi ! On se les caille ! »

Son cœur se serra au moment où il leva les bras, prêt à jeter l’animal infernal dans le néant abyssal. Loki avisa le gouffre, resserra sa prise… Puis se figea. Les paroles de Leah tournaient en boucle dans sa tête : « c’est dans ses gènes… Il ne changera pas… mieux vaut le renvoyer là où il ne sera plus un problème… » Non… Non ! Ce n’était pas juste. Tout le monde méritait une seconde chance.

— Je ne peux pas faire ça…

Il ramena l’animal contre lui et se tourna vers Ikol et Leah.

— Moi aussi, je suis un problème ! rétorqua-t-il. Moi aussi, on prétend que je ne changerai pas. Mais on ne me jette pas dans le néant pour autant !

Leah souffla, la mine autoritaire.

— Loki… Arrête tes sensibleries, ou c’est moi qui te balance dans le vide !

— Non ! Je suis sûr qu’il peut changer. Il ne sera jamais parfait, mais Thori est un bon chien !

Leah et Ikol poussèrent un même cri de stupéfaction :

— Thori ?

— Oui. Il s’appelle Thori.

« Voilà… Il lui a donné un nom. On est foutu. »

Loki déposa l’animal au sol avant de se pencher vers lui.

— Thori sera un bon chien. Pas vrai ? Tu vas apprendre à monter la garde, à jouer à la balle, à…

— …te tuueer ! grogna la bête infernale.

Loki pinça les lèvres.

— Bon. On va devoir reprendre les bases, quand même.

Loki regagna sa dimension de poche, Thori sur les talons, sous le regard colérique des deux autres.

« Tu te rends bien compte que tu t’enterres tout seul, là, Kid ? Ce chien finira par t’égorger… »

— Non. Pas du tout. Thori va devenir le meilleur de tous les chiens.

Il se pencha pour caresser la tête du petit molosse.

— Pas vrai, Th…

L’animal se retourna pour lui agripper son jogging. Le tissu s’enflamma instantanément, et Loki dut se débattre pour le forcer à lâcher prise.

— Méchant, Thori ! Méchant ! Non… Ne mets pas le feu à mes vêtements ! J’adorai ce t-shirt…

Derrière lui, Ikol et Leah l’observaient dans un silence empli de jugement.

ANECDOTES

Thori

Thori est un des personnages incontournables de Kid Loki. Dans les Comics, Loki se rend plusieurs fois en enfers (pour semer le bordel...) et il va notemment libérre le chien de Hel, qui aura une portée avec Garm. Hela va charger Loki et Leah de trouver un foyer au sept chiots (car oui, dans les comics, Hela n'est pas ennemi de Kid et de Leah). Exactement comme dans la fanfic, Thori est le seul à ne trouver aucun maître. Le chiot passe sont temps à grogner des menaces (meurtre, mais aussi plein de promesse horrible). Leah va également demander à Loki de le jeter dans les racines de Yggdrasil, mais ce dernier refuse, car il voit clairement un parallèle entre lui et le chiot. Ce rejet pour ce qu'il est, le fait qu'on pense ne pas pouvoir le changer...

A noter que dans les comics, Thori à la trouille de Leah et n'arrête pas de dire : "Fais peur, la fille ! " dès qu'elle s'énerve