Chapitre 2 : Le Magicien
LOKI
L’impact fut violent. Loki s’écrasa sur un sol rugueux, plein d’aspérités. Un temps, il sombra dans une demi-conscience, avant de réussir enfin à se redresser. L’obscurité l’entourait. La seule lumière provenait d’une porte ouverte, de l’autre côté de la pièce. Il s’avança, le pas chancelant, mais bien vite, des barreaux coupèrent sa progression. En cage ! Il était enfermé dans une geôle rustique, au fond d’un sous-sol poussiéreux.
— Qu’est-ce que…
Où… Où était-il tombé ? Était-ce un rêve ? C’était-il endormi ? Son cœur s’accéléra à cette idée, mais bien vite, la douleur à son poignet le contredit. Dans sa chute, une entaille s’était ouverte sur sa paume gauche. La douleur se diffusait jusque dans son avant-bras. Non ! Il ne rêvait pas.
— Cela fait un moment que je te surveille…
Loki releva les yeux en direction de la porte. Une silhouette s’y dessinait à contre-jour. Impossible de distinguer le visage de l’individu.
— En fait, j’ai perçu ta présence au moment même où Thor t’a retrouvé, à Paris. J’avais pourtant bien précisé que je ne voulais plus te voir mettre un pied sur cette planète… J’aurais pu te mettre hors d’état de nuire, mais il me sembla évident que tu avais changé. Tu n’es plus le Loki que j’ai rencontré, voilà des années…
L’individu s’avança. Ou plutôt, il lévita. Ses pieds ne touchaient pas le sol et une immense cape flottait curieusement dans son dos. Un sentiment d’effroi s’empara de l’enfant, et ce dernier recula. Il essaya d’enclencher une téléportation, mais impossible : ses pouvoirs semblaient bloqués.
— Je me suis permis d’annihiler ta magie. Cela aurait été malheureux que tu me files entre les pattes, tu l’avoueras ?
L’inconnu se planta de l’autre côté des barreaux, puis frappa dans ses mains. Aussitôt, la lumière inonda la pièce, et Loki plissa les yeux pour ne pas être aveuglé.
— Je t’ai laissé une chance. Après tout, la réincarnation est un procédé complexe, qui change beaucoup de choses. Mais j’ai quand même conservé un œil sur toi… je crois que j’ai bien fait.
L’homme qui lui faisait face portait une tunique bleue, et de courts cheveux bruns. Un bouc ornait son visage paré d’une expression stricte, et ses deux yeux perçants le fixaient avec autorité. Loki avala de travers.
— Je… je vous connais !
— Voyez-vous ça…
— Vous êtes le docteur Strange !
Loki avait lu des tas de choses sur lui et sur sa magie. C’était un être de grande puissance, sans doute le plus redoutable sorcier de la Terre. Sa peur laissa peu à peu place à l’admiration et à l’enthousiasme. Il n’aurait jamais imaginé le rencontrer un jour !
— Vous êtes un magicien, appuya l’enfant en encerclant les barreaux de ses mains.
— Un maître des arts mystique, corrigea Strange.
— Vous êtes le sorcier suprême !
— En vérité non. Je l’ai été, mais désormais c’est Wang qui… Enfin, ce n’est pas le problème.
— Vous êtes un Avengers !
Strange laissa passer un silence exaspéré avant de répondre :
— Non plus.
— Vous connaissez des sorts de malade ! Vous pouvez sortir de votre corps, ouvrir des portails sur la dimension miroir…
— Où as-tu appris ç…
— Vous pourriez m’apprendre des tours !
Nouveau silence pesant.
— Non. Non, tu n’es pas ici pour ça.
Loki sentit comme une pression lui enserrer la poitrine, et il se recroquevilla un peu sur lui-même :
— Vous allez me tuer ?
— Te… Non. On va éviter d’en arriver jusque-là.
— Alors, vous pouvez bien m’apprendre des trucs ? Des tous petits tr…
— Ça suffit !
Strange venait de hausser le ton, et cela lui ferma le clapet.
— As-tu la moindre idée de pourquoi tu es là ?
Loki repensa à l’invocation, au livre des songes, mais il préféra répondre d’un signe négatif de la tête. Strange soupira, avant de se frotter les yeux.
— Tu étais sur le point de lancer un sort terriblement dangereux.
— Oh… C’était une petite invocation de rien du tout.
— De rien du tout ?
Comme pour souligner son agacement, son col se releva et sa cape se mit à flotter dans son dos.
— C’était un sortilège interdit, capable de briser la frontière entre le rêve et la réalité ! Depuis maintenant plusieurs semaines, je lutte contre un étrange mal qui touche des centaines de personnes à travers le globe. J’imagine que cela te parle ?
— Heu… pas vraiment, non.
Strange leva le bras et des images apparurent dans un arceau lumineux. On aurait dit des vidéos issus de reportages. Des médecins s’affairaient autour d’un lit sur lequel reposait une jeune fille, un peu plus âgé que lui.
— Un peu partout dans le monde, des enfants s’endorment et ne se réveillent jamais. Ils semblent pris dans un cauchemar perpétuel. Certains restent des jours entiers à s’agiter, à crier, sans que rien ne puisse les éveiller. Au bout de quelque temps, ils finissent par succomber à une crise cardiaque, mais leur visage est comme figé dans une expression d’horreur.
Loki eut l’impression de s’enfoncer dans le sol alors que les images se faisaient de plus en plus horribles, effrayantes. Mortelles. Strange finit par couper le cercle et reprit d’un ton grave :
— Alors ? Ça ne te parle toujours pas ?
— Non… Enfin si ! Mais je n’y suis pour rien !
— Tu n’y es pour rien, mais c’est le genre d’invocation que tu t’apprêtais à réaliser qui pourrait être à l’origine de ce phénomène.
— Oui, sauf que ce n’était pas moi ! Je suis aussi une victime. Depuis des semaines, je n’arrête pas de faire des cauchemars. Le genre horrible ! Le dernier, j’ai cru que je ne me réveillerais jamais, et Ikol m’a expliqué que c’était une attaque magique…
— Qui est Ikol ?
Il aurait peut-être dû tourner sa langue sept fois dans sa bouche.
— Mon oiseau… enfin, bref ! Je voulais juste comprendre ce qu’il m’arrivait et faire en sorte que ça s’arrête. Je n’étais pas au courant pour les autres. Je vous le jure !
Comme Strange garda le silence, il insista :
— Promis ! Je n’ai rien à voir avec ça… Monsieur ?
Le sorcier finit par pousser un long soupir, presque déçu. Il espérait sans doute avoir découvert l’origine de ses problèmes.
— Bon, peu importe ! Ce que tu t’apprêtais à faire était dangereux et complètement irresponsable.
— Oui, d’accord… Désolé.
Nouveau silence.
— Je ne recommencerai plus, promis.
— Je ne te crois pas.
— Par la barbe d’Odin, pourquoi personne ne me croit jamais ?
— Je te laisse deviner.
Strange lui tourna le dos et fit léviter un gros volume jusqu’à lui. Loki reconnut sans mal la couverture du livre des songes. Il avait dû tomber ici, en même temps que lui.
— Du coup… vous allez me renvoyer chez moi ? Non, parce que si je ne suis pas dans ma chambre demain matin, Sif va me passer un sav…
— Non. Je crois qu’en vue de la gravité de la situation, il serait bon de tenir ton frère informé de tes agissements.
— Quoi ? s’étrangla Loki. Ne faites pas ça ! Il va me tuer.
— Je l’espère bien.
— Thor est très occupé... Il est dans l’Outre-monde à cause d’une affaire super importante.
— Je suis au courant…
— On ne va pas le déranger pour si peu ! J’ai compris la leçon, promis ! Plus d’invocation. De toute manière, vous ne parviendrez pas à le joindre. Il est dans une autre dimension.
— Ca, ce n’est pas un problème. Je change de dimension tous les jours, petit.
— Hein ?
Avant qu’il n’ait pu comprendre quoi que ce soit, Strange avait déjà ouvert la porte de sa cellule, puis une faille aux reflets rougeâtre s’étira devant eux. De l’autre côté s’affichait un décor étrange, celle d’une ville aux pavés sombres et à l’air chargé d’une fumée opaque. Pas vraiment l’image qu’il se faisait de l’Outre-monde.
— On y va ! ordonna Strange en l’attrapant par le bras.
Loki freina des quatre-fer, mais le sorcier avait une sacrée poigne.
— Non, mais vraiment… C’est inutile. J’ai compris la leçon. Et puis, pourquoi déranger Thor, maintenant ? Vous savez, il a un téléphone. Vous pourriez l’appeler demain et en discuter avec lui posément. Mais pas maintenant, car là, je vous sens quand même un brin tendu, et…
— La ferme.
— Bon, d’accord.
Ils traversèrent la faille.
THOR
Les Dieux de Manchester avaient engendré d’immenses villes robotiques. Ces cités incroyables étaient juchées sur des machines d’une taille démesurée, articulées de pattes en métal, qui leur permettaient de se déplacer. Les créatures mécaniques parcouraient l’outre-monde, avec sur leur dos des centaines de maisons, d’usines et de ruelles, dans lesquelles pullulait une population surprenante. Orcs, fées, gobelins… ces êtres de contes revêtaient ici des habits futuristes, arborant parfois des bras d’acier ou des parures robotisés.
Toutes s’affairaient, malgré l’heure matinale. Les villes vivantes ne dormaient jamais. Ici il n’y avait qu’un seul mot d’ordre : la production. De longues cheminées s’extirpaient des entrepôts, relâchant une fumée noire et opaque qui obscurcissait le ciel de l’Outre-monde. Une vision qui n’avait rien de rassurant, pourtant Thor fut surpris de l’ordre et de l’ambiance légère qui régnait dans les rues.
— Vous voyez ? avait expliqué Wilson. Ici, tout le monde trouve sa place. N’importe qui peut obtenir un travail, une tâche, un but précis. Chacun peut, avec des efforts et de l’ambition, gravir les échelons. Ici, il n’y a pas de nobles, pas de roi. Même le plus petit des individus peut espérer devenir quelqu’un.
Ils croisèrent une bande de trolls, tirant derrière eux un attirail de rouages et de broc.
— Arthur a parlé de lavage de cerveau, intervint Thor. Les habitants des campagnes désertent leurs villages. Les maisons sont laissées à l’abandon, les champs en jachère…
— Un lavage de cerveau ? ricana l’homme de fer. Mais nous ne forçons personne à nous rejoindre. Les habitants viennent ici d’eux même. Dans leur village, ils ne sont que les esclaves des seigneurs, obligés de trimer toute leur vie pour le compte des autres. Ici, ils travaillent pour eux même, pour leur avenir. Camelot peut cependant en effet trouver cela dommageable. Ils ont moins de serviteurs pour dresser leur banquet et faire leurs lits…
Thor échangea un regard avec Sigurd. Il n’aimait guère l’atmosphère de ces villes polluée, mais il ne pouvait réfuter les paroles du maître. Si les villageois venaient ici de leur propre chef, alors il serait injuste de les forcer à regagner leurs champs et leurs corvées.
Une fée de petite taille voleta dans leur direction. Elle avait de courts cheveux bruns, des oreilles pointues et un habit fait d’un alliage de cuivre et de fer. Ses ailes semblaient renforcées par un système mécanique qui lui donnait une vitesse impressionnante.
— Bonjour, Maître Wilson, salua-t-elle d’une voix aigüe.
— Bonjour, Windry. Alors, comment s’est passée votre semaine ?
— Elle a été très productive, monsieur. Les employés se sont montrés extrêmement attentionnés et nous avons atteint les chiffres du mois en un temps record !
— C’est fantastique ! Donnez-leur donc un jour de repos. Cela me semble tout à fait mérité.
La fée afficha un large sourire avant de prendre de la hauteur.
— Ils vont être ravis. Merci, maître !
Thor observa la petite créature magique disparaître dans le ciel encore obscurci par la nuit.
— Vous voyez ? souleva Wilson. Ont-ils l’air si malheureux ?
— Non, avoua Thor. Au contraire…
— C’est seulement un autre mode de vie. Loin de la chevalerie et des traditions d’Avalon, je l’entends. Mais cela fonctionne, et chacun devrait être libre de choisir son destin.
Le fils d’Odin pinça les lèvres. L’appréhension ressentie en arrivant dans cette cité ambulante disparaissait peu à peu. Toutes ces machines, cette industrie… C’était loin de ce qu’il connaissait, mais il savait qu’un peuple pouvait changer. Après tout, les asgardiens avaient eux-mêmes dû s’adapter en arrivant sur Terre, et beaucoup appréciaient cette nouvelle façon d’exister.
Ils arrivèrent devant une bâtisse très haute, où rougeoyait la lueur des flammes. Celle du feu qui animait les cités mécaniques. Sous la plante de ses pieds, malgré le cuir épais de ses bottes, Thor pouvait sentir le sol trembler. C’était les rouages de la ville qui ronronnaient, tournaient, s’activaient.
— J’espère que cela a pu vous convaincre et surtout, éloigner les incompréhensions que Arthur et les siens ne cessent de jeter sur notre existence. Nous ne souhaitons pas la guerre. Nous voulons juste la liberté de choisir, et la liberté d’exister. Nous rêvons d’un outre-monde plus proche de l’air moderne, capable de coexister avec l’ancien régime : celui de la féérie, des chevaliers et des rois. L’un n’est pas obligé d’effacer l’autre. L’Outre-monde peut être partagé. L’Angleterre a, elle-même, deux visages…
Thor ouvrit la bouche pour répondre, mais il n’en eut pas le temps. Une lueur vive illumina le centre de la ruelle, et un cercle flamboyant se forma.
— Qu’est-ce que cela ? s’inquiéta Wilson.
— Je crois le savoir… marmonna Thor.
La haute silhouette de Strange franchit le portail. Le sorcier n’avait pas changé depuis leur dernière rencontre. La même cape, le même bouc… Thor le trouvait bien maigrelet. Il avait songé un temps à lui conseiller quelques exercices de musculation. Après tout, l’esprit ne faisait pas tout.
— Thor, salua Strange.
— Magicien ! répondit ce dernier en essayant de dissimuler sa surprise. Que venez-vous…
— Je crois que ceci vous appartient ?
Il tira un enfant devant lui et ce dernier releva un visage grimaçant d’appréhension.
— Salut, Bro.
— Loki ! s’étrangla le fils d’Odin.
— Loki ? répéta Captain Britain.
— Captain Britain ! s’extasia le jeune dieu. Je suis votre plus grand f… Aïe.
Strange venait de lui donner une tape à l’arrière du crâne. Loki se frotta les cheveux, la mine courroucée, mais le magicien l’ignora, et fit face au dieu du tonnerre.
— Il faut qu’on parle.
— Que se passe-t-il ? Qu’a-t-il fait ?
— Oh, rien de grave… si ce n’est qu’il a essayé d’invoquer un démon ancestral sur le parquet de sa chambre.
— Un tout petit démon… marmonna l’enfant en baissant les yeux, les mains dans le dos.
Thor ne sut comment réagir. Autour de lui, Wilson, Captain Britain et Sigurd semblaient tout autant pris au dépourvu.
— Je peux vous parler en privé ? insista Strange.
— Je suis navré, lança Thor à l’attention des trois autres. C’est un léger… contretemps.
— Faite, l’encouragea Wilson. Nous ne sommes pas à la minute.
Thor suivit le sorcier à l’écart, la mine embarrassée :
— Écoutez, je suis navré si mon frère vous a causé des ennuis. Mais je vous assure que ce n’est plus le même Loki. Il est un peu… turbulent, certes. Mais je veillerai à ce qu’il…
— Je sais, Thor, je sais, le rassura Strange. Si je suis venu vous importuner, ce n’est pas pour ça. Je vais avoir besoin de votre frère et je me voyais mal le faire sans votre consentement.
— Comment ça ?
— Voilà plusieurs semaines, certains enfants terriens sont piégés dans leur sommeil et ne se réveillent pas. Je soupçonne un démon du cauchemar d’en être la source. Bien que les enfants asgardiens ne semblent pas atteints par cette « maladie », votre frère, lui, étant partiellement humain, en serait victime.
Thor ouvrit de grands yeux abasourdis.
— Victime ? Comment ça, victime ?
Il adressa un regard en coin à l’enfant, qui avait accosté Captain Britain, la mine dégoulinante d’admiration.
— Pour le moment, il est encore capable de s’éveiller, mais cela ne durera pas. S’il suit le même chemin que les autres enfants, il finira par se retrouver bloqué dans un cauchemar perpétuel, et risque d’en mourir.
Nouveau regard scandalisé. Et cela durait depuis des semaines ? Comment avait-il pu ignorer un tel problème ?
— Loki ne m’a jamais parlé de cauchemars.
— Oui, logique. Vous êtes bien occupé, après tout…
Ces derniers mots étaient sans doute des plus innocents, mais ils le culpabilisèrent sans qu’il ne sache pourquoi.
— …et quoi de plus normal pour un garçon de dix ans que de faire des cauchemars, enchaîna Strange. Mais cette fois-ci, le danger est réel. Je n’ai encore jamais pu approcher une victime encore consciente. Ça, couplé aux facultés divines de votre frère, devrait me permettre de remonter jusqu’à la source du problème et l’annihiler.
— Vous pourriez faire cesser tout ça ?
— En théorie, si je coupe le lien qui unit le lanceur du sort à notre réalité, tous les enfants victimes de ce mal, y compris Loki, seraient libérés.
— Ce serait sans danger pour le petit ?
— En théorie.
— Ca fait beaucoup de théorie, magicien…
— Si j’étais certain que tout se passerait au mieux, je ne vous aurais pas dérangé. En attendant, tant que ce problème n’est pas réglé, votre frère risque sa vie à chaque fois qu’il ferme les yeux.
Oui, donc en gros, il n’avait pas vraiment le choix, quoi... Thor acquiesça et revint en direction des autres. Loki s’était lancé dans un long monologue auprès du pauvre Captain Britain, qui ne semblait plus savoir comment l’arrêter.
— …lorsque vous avez capturé le Baron noir, c’était trop cool ! Oh, et c’est vrai qu’il y a des extra-terrestres sous le loch Ness, ou c’est juste une…
— Loki ! le coupa Thor.
L’enfant sursauta, avant de tourner vers lui une mine innocente :
— Ce n’est pas moi, promis !
Cela devenait presque un reflex… Thor soupira avant de croiser les bras dans une posture autoritaire :
— Nous reparlerons de cette histoire d’invocation à mon retour. En attendant, je veux que tu accompagnes le Docteur et que tu l’aides dans sa mission.
— Quoi ? s’étrangla l’enfant. Tu es sérieux ?
— Très sérieux ! Tu lui obéis. Tu fais tout ce qu’il te demande et surtout, tu évites les bêtises, compris ?
Le regard de l’enfant oscilla entre Strange et lui, avant qu’il ne hausse finalement les épaules.
— OK. Je n’ai rien de mieux à faire, de toute façon…
— Bien.
Thor le poussa en direction de Strange, qui avait déjà rouvert un portail vers son manoir, mais avant de le franchir, il ajouta :
— Oh, et ce serait bien de découvrir où votre frère a récupéré ça ? C’est quand même un ouvrage de sorcellerie noire, interdite dans de nombreux univers.
Il désigna un épais livre à la couverture de cuir. Thor adressa un ultime regard à l’enfant, et ce dernier sauta avec empressement par le portail interdimensionnel.
— Salut, Bro !
Lorsqu’ils eurent disparu, le fils d’Odin laissa passer un long soupir.
— Les enfants… ça donne parfois envie de s’arracher les cheveux, hum ?
Il se tourna vers Wilson. L’homme de fer l’observait, un sourire amusé aux lèvres, et les deux mains sur le pommeau de sa canne.
— Surtout celui-là… Bon, reprenons où nous en étions, voulez-vous ?