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1 - Prologue
2 - La Baby-sitter est une... rebelle
3 - Bienvenue en Amérique !
4 - Note à moi-même : ne plus tenir tête à un colosse faisant deux fois mon poids
5 - Douceur, désinfectant et petit pois
6 - Une demie barre de céréales et un irlandais pour un café
7 - Le diable s'habille en débardeur visiblement...
8 - Celui-ci n'était pas Waterproof
9 - Exposition, Fast-food et numéro de téléphone
10 - Noyer le poisson dans l'eau
11 - C'est le principe des montagnes russes : tu montes, et tu plonges !
12 - On n'est pas dans une comédie romantique
13 - Le triangle Des Bermudes
14 - Party in the Parker's House*
15 - Briser la glace... ou une mâchoire
16 - La petite sirène a été prise dans les filets du méchant Capitaine !
17 - Il faut effacer les traces
18 - Se voiler la face : définition
19 - Je n'ai jamais été bon aux casse-têtes
20 - Supplément bougie sur votre pizza ?
21 - Invité indésirable
22 - La fièvre a du bon parfois
23 - Irish Kisses
24 - Les 101 Dalmatiens, c'est très romantique, non ?
25 - Les cendres d'une amitié
26 - Strike ou Spare ?
27 - Les conseils avisés d'une mère valent des millions
28 - Blondie + Brunette
29 - Il faut savoir amadouer le poisson avant de le pêcher
30 - Le plus cliché des baisers
31 - Le jour et le mois ou bien le mois puis le jour ?
32 - La princesse se révolte contre le roi
33 - La princesse couronnée Reine de la révolte
34 - Une révolution est toujours empreinte de sacrifices...
35 - Le début de la fin
36 - Coup de Poker
37 - Le combat de l'irlandais
38 - Penser au futur
39 - Ta belle-mère n'est pas une marâtre !
40 - Une trêve jusqu'en Europe
41 - Le bal des sentiments
42 - Le grand départ
43 - Les choses changent... et les gens aussi.
44 - 5811 kilomètres
45 - Epilogue
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On n'est pas dans une comédie romantique

Madelynn

Quelle abrutie.

Je me gifle mentalement en rentrant chez moi. Je devrais lui envoyer un message. Je dois lui envoyer un message. M'excuser au moins.

Adossée contre ma porte d'entrée, je déverrouille mon portable et entre enfin le numéro de Taylor dans mes contacts. Je commence à écrire :

"-Hey, Taylor. C'est Lynn. Je ne sais pas pourquoi j'ai réagi comme ça mais si Will nous pense proche il s'en prendra de nouveau à toi. Noah aussi. Je suis la fille du proviseur ce qui me place en dehors de leur portée mais ils peuvent toujours passer par toi si... Bref. Désolée pour"

Je m'arrête. Mon cœur se stoppe avec le mouvement des mes doigts.

C'est ridicule.

Je laisse le message incomplet et je finis par éteindre mon téléphone. Je décide d'aller prendre une douche pour me changer les idées, et surtout pour retirer l'odeur de tabac de ma peau et de mes cheveux. Je ressors de la salle d'eau habillée d'une serviette dans les cheveux et une autour de mon corps avant d'aller enfiler mon peignoir.

Mes pensées tournent en boucle sur l'irlandais. Entre les reproches que je m'adresse, les mots que je voudrais effacer, et ceux que j'aimerai lui dire...

Je n'ai pas le moral ce soir. Mon père ne va pas rentrer avant très tard, voire pas du tout. Je choisis de laisser tomber l'idée d'un dîner et me prépare un latté décaféiné avec une touche de vanille. Je rejoins ensuite mon salon. D'anciens cadres ornent encore certains murs : ma mère, mon père en voyage la plupart du temps, ou le jour de ma naissance ou encore celui de leur mariage. Les autres doivent sûrement être dans les cartons entreposés au grenier. Ces mêmes cartons ont été remplis par mon père il y a quelques années, lorsque voir une photo de ma mère était trop douloureux pour lui. Il les alors tous enlevés. Tous les cadres. Laissant la petite fille que j'étais, sans aucune image de sa mère pendant plusieurs mois...

Cette bouffée de nostalgie m'étouffe et je me contrains à me concentrer sur le canapé où je m'installe avec un plaid. Je choisis un film historique pour boire tranquillement ma boisson chaude. Le générique est à peine lancé que je commence déjà à divaguer dans mes pensées.

Taylor doit être si mal...

Je secoue la tête. Aller Madelynn ! Arrête d'y penser !

Le film passe, j'éteins la télé avant la fin. Mon verre est vide et je n'ai plus suffisamment la sensation de brûlure sur la langue pour détourner mon attention de ce qui me tourmente réellement. Je dépose ma vaisselle sale dans l'évier et monte en quatrième vitesse dans ma chambre après m'être assurée que la porte d'entrée était verrouillée et les fenêtres fermées.

Je retrouve mon téléphone, abandonné sur mon lit. Il paraît bien dramatique à giser sur mes draps attendant que j'agisse enfin. Je n'en fait rien et m'attèle aux devoirs que je n'ai pas fait.

Ça devrait m'aider à ne plus penser à... Bref.

Mais à peine dix minutes plus tard, me revoilà perdue dans mes songes. N'y tenant plus, je me mets en pyjama et me glisse sous ma couette. La lumière éteinte, le téléphone en main, le doute plane sur ma tête, comme une épée de damoclès. Je décide de surfer sur les réseaux sociaux. En cherchant le profil de Taylor dessus, je remarque qu'il est déjà abonné au mien. Je regarde ses récentes publications. Un pincement me prend au cœur quand je le vois, un sourire au lèvres, avec Anyka.

Je devrais arrêter de me torturer.

Et pourtant, je décide d'écrire à la belle indienne.

"-Hey ! Notre sortie tient toujours ?

-Coucou ! Bien sûr ! Demain après-midi après les cours ? Je crois qu'un prof n'est pas là.

-Ok, disons une balade en ville ?

-Ça me va !

-Parfait ! À demain.

-À demain ! :)"

Je verrouille mon téléphone et prends soin de le placer le plus loin possible de moi.

M'éloigner de lui est sûrement le mieux à faire. De toute manière, ce n'est même pas un ami, pourquoi est-ce que ça me tourmente autant ?

Je finis par trouver le sommeil après quelques dizaines de minutes à me tourner et retourner dans mon lit.

Au milieu de la nuit, un éclair me réveille. Je sursaute alors que la lumière traverse mes rideaux. Je frotte mes yeux et tente de me rendormir. Le bruit de l'eau contre la fenêtre me berce, mais les grands coups de tonnerre me tiennent éveillée. C'est une douce torture, entre berceuse et coup de cymbales, si on veut.

Je finis par me lever pour jeter un coup d'œil à la rue. Le grand arbre devant chez nous penche à cause du vent qui siffle entre les murs. La pluie a inondé toute l'allée. Un second éclair m'aveugle, puis sa mélodie le rejoint.

J'ai toujours trouvé une certaine beauté à ça, aux orages. Lorsque j'étais plus jeune, ma mère dormait avec moi quand j'en avais peur. Mais lorsque mon père a pris le relais, il me renvoyait me coucher après m'avoir réprimander. J'ai dû battre cette peur seule, comme beaucoup d'autres choses. J'ai dû me convaincre que les absences régulières de mon père avaient du bon, que je n'avais pas besoin de lui de toute manière. Mais je me souviendrais toujours du sentiment de haine qui m'a envahit lorsqu'il est venu me chercher au collège après que la directrice l'ait appelé.

"—T'es qu'une folle ! Vas te faire interner !

—La regarder pas elle est trop bizarre !

—Beurk ! Tu t'es pas lavée depuis quand ?"

Des coups, des rires et mes pleurs.

Contre un mur, ils étaient deux, ou dix, peu importait.

Ma tête cognait contre leurs mains avides de mes cris.

—T'as rien à faire ici ! Sale tarée !

—Laissez-moi ! Par pitié !

Bam. Bam. Bam.

Trois, cinq, huit coups. Ma tête, mon estomac, mes jambes. Adieu la jolie robe dont m'avait vêtue ma mère pour la rentrée du printemps. Adieu les beaux rubans qui coloraient mes cheveux.

Il ne restait plus que la boue, mon sang, mes larmes et leurs rires.

"—Tu devrais t'intégrer, me disait ma mère. Avoir des amis te ferait du bien.

—Ils ne m'aiment pas, répondais-je avec les larmes aux yeux."

Elle caressait ma tête et embrassait mon front.

"—Les gens n'aiment pas ceux qui sont différents, parce que ça leur rappelle qu'ils sont banals."

Cette fois-là, j'avais été lynchée, frappée, abusée par mes camarades qui m'avaient déchiré mon haut et souillé le pantalon de boue. Ils avaient tapé mon ventre, mes côtes, mon visage. Ils avaient déversé un torrent de haine que je m'étais habitué à recevoir par goutte, de temps en temps comme une petite averse de printemps. Cette fois-là, ça avait été le plus gros orage de ma vie.

Mon père avait écouté la directrice, qui lui avait fait comprendre que ce n'était pas "juste une petite dispute d'enfant" mais bel et bien une agression, et que ce n'était pas la première. Il n'y avait eu sur son visage, rien d'autre que de la déception. Pas une once d'empathie, de remords ou de tristesse.

Nous étions rentrés à la maison et il avait simplement décapsulé une bouteille de bière alors que je mettais de la glace sur mes hématomes.

—Ne me refais plus jamais honte de la sorte, Madelynn, avait-il dit, d'un ton froid et sans amour. Ta mère serait déçue de voir la fille que tu es devenue.

Je m'étais retiré dans ma chambre et laissé couler toutes les larmes de mon corps. Ma mère nous avait quittés quelques mois plus tôt. J'avais serré la peluche qu'elle m'avait offerte et qu'elle avait elle-même eu plus jeune toute une nuit sans dormir, de peur que l'odeur qui l'imprégnait disparaisse durant mon sommeil. J'avais aspergé son parfum sur mon oreiller et pleuré silencieusement. Persuadée que j'étais la plus grande déception de mon père, et de ma défunte mère. Persuadée que je ne devais même pas exister, que ça ne valait pas le coup.

J'avais pleuré toute la nuit, remuant les pensées noires et des idées encore plus noires. J'avais bien cru que toute la peine que je ressentais ne partirait jamais. Mais elle était partie, et elle avait laissé un vide. Un vide que j'avais comblé, plus tard, avec la colère.

Mon père m'avait changé de collège. Mais la haine que j'avais ne s'était pas atténuée, au contraire. Je m'étais coupé les longs cheveux que ma mère adorait brosser lorsque nous étions invités quelque part, ou simplement coiffer pour le plaisir le dimanche matin. J'avais enfermé sa peluche et son parfum dans un tiroir de ma penderie, m'interdisant d'y toucher. J'avais acheté de nouveaux habits avec mes économies et avec le temps, je m'étais forgé une haute muraille entre mon monde et l'extérieur.

Je haïssais mon père pour ne pas m'avoir aidé, je haïssais ma mère pour m'avoir abandonné avec un homme comme lui et je haïssais le monde pour tout ce qu'il m'avait infligé.

Et ce soir, alors que le tonnerre grondait de nouveau, plus fort et plus gravement dans ces murs et dehors, je me haïssais encore plus, d'avoir laissé quelqu'un voir au-travers de mes murs, ne serait-ce qu'un instant.

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