Taylor
J'entends l'eau de la douche s'écouler dans la salle de bain. Madelynn est en train de se laver. Depuis que son père et elle se sont disputés, Mme Berkley lui a permis de rester ici. Nous partageons mon lit ce qui n'est pas pour me déplaire. Je passe de superbes nuits avec elle dans mes bras.
Avachi sur mon matelas depuis une heure, j'attrape mon téléphone et pose les cours que je relisais assidûment jusque-là. J'ai un message non-lu de ma mère :
"-Tu m'appelles dans la soirée chéri ? Appel vidéo ?"
Je lui réponds :
"-Bien sûr ! Je peux t'appeler de suite ?
-Oui !"
Je me redresse pour m'asseoir en tailleur avant de lancer l'appel avec ma mère. Après une courte sonnerie, elle décroche.
—Chéri !
Évidemment, son cadrage approximatif ne me permet pas de la voir avant qu'elle ne décide de poser le téléphone sur le plan de travail de la cuisine.
—Coucou Maman !
Je ne sais pas encore si je vais lui parler de l'assemblée. J'omettrai sans doute le fait que je me suis fait viré avant d'être repris dans le programme d'échange. Je n'ai pas envie qu'elle se fasse du souci.
—Comment tu vas ?
—Bah écoute, je suis toujours vivant ! dis-je avec un sourire.
Je passe une main dans mes cheveux. Madelynn rentre dans la chambre et j'écarquille les yeux.
Elle est en serviette, les cheveux mouillés, ses affaires sales à la main. Elle me pointe sa valise du doigt sans oser parler, je hoche la tête.
—Il y a quelqu'un avec toi chéri ? me demande ma mère.
—Heu... On va dire ça.
Madelynn se baisse en tenant comme elle peut sa serviette. Je me force à détourner l'œil de ses magnifiques courbes jusqu'à qu'elle sorte de la chambre en trottinant pour aller s'habiller dans la salle de bain.
—C'est qui ? m'interroge ma mère en faisant traîner ses mots.
—C'est... Madelynn dis-je dans un soupir.
—Oh ! Elle est avec toi ?! s'écrie ma mère. Montre-la moi ! Je veux la voir !
Je glousse doucement.
—Elle se change, elle arrive.
Ma mère me lance un regard lourd de sous-entendus. Notre relation n'est pas un secret, je la tiens au courant régulièrement de mes journées. Cette nouvelle a été accueilli comme il se doit, avec un interrogatoire et une discussion plutôt gênante au sujet des rapports sexuels.
—Vous faîtes attention pour... tu sais quoi ? recommence-t-elle.
Je souris en levant les yeux au ciel.
—Je te l'ai déjà dit, on n'en est pas encore là maman.
Elle acquiesce, dans ses pensées. Je décide de presser ma brune :
—Lynn ! Ma mère t'attend ! crie-je dans le couloir.
—J'arrive ! Aïe !
Un objet tombe dans la salle d'eau avant qu'elle ne sorte de celle-ci. Elle passe devant le miroir de ma penderie pour arranger ses cheveux encore humides et j'en profite pour détailler sa tenue. Elle porte un long t-shirt que Lisa m'a acheté lors d'une de nos nombreuses après-midi shopping, avec un short long blanc.
Elle ajuste ses colliers autour de son cou. Le bracelet que je lui ai offert ne quitte pas son poignet d'ailleurs. Les petites pierres bleues ornent sa peau jours et nuits.
—C'est bon ? mime Lynn avec ses lèvres en se montrant de face.
Je hoche la tête avec un petit rire.
—Je crois qu'elle est un peu anxieuse, dis-je à ma mère. Elle sort de la douche.
Madelynn écarquille les yeux en mimant de m'étrangler avant de me rejoindre sur le lit.
—Bonsoir ! dit-elle avec une voix mielleuse
Ma mère plisse les yeux et sourit.
—Bonsoir Madelynn ! Comment vas-tu ?
—Très bien ! Et vous ?
—Ça va ! Même si j'ai bien l'impression que le climat est moins clément ici que chez vous ! Chéri, c'est des coups de soleil que tu as sur le nez ?
—Euh, peut-être...
—Je lui répète sans cesse de mettre de la crème ! Si seulement il m'écoutait parfois ! se plaint Lynn en me lançant un regard malicieux.
—Taylor n'écoute jamais les bons conseils !
Les deux femmes rient en je me rends compte que taquiner Madelynn devant ma mère n'est peut-être pas la meilleure stratégie que j'ai eu.
—Bref ! Comment se passent les cours, les jeunes ?
—Tout se passe bien, je réponds.
La conversation est fluide, Madelynn répond avec tact et politesse aux questions de ma mère qui semble avoir oublié ma présence.
—Oh chéri je dois te dire quelque chose! se précipite-t-elle, se souvenant de quelque chose. On a prévu le déménagement avec ton père !
C'est vrai que depuis notre dernière conversation téléphonique, elle m'a informé des suites de l'entretien de mon père. Environ trois jours après, il a reçu une lettre lui confirmant qu'il serait embauché dans les plus brefs délais. Depuis, ma mère a évoqué un déménagement quelques fois pour nous rapprocher de son lieu de travail. Je suis content de savoir qu'ils ont trouvé notre prochain foyer.
—C'est génial ! Vous déménagez quand ?
—Normalement, juste après ton retour, donc tu pourras faire tes cartons toi-même.
—C'est parfait !
—Je t'enverrai les photos de la maison, mais je suis sûre que tu vas adorer ! En plus c'est juste à côté de l'université où tu voulais aller.
Je souris. Ma mère qui a pendant longtemps vécu dans la misère des fins de mois, va enfin avoir accès à un vrai confort. Je dois penser à appeler mon père pour le féliciter.
—Et tu vas devoir te préparer pour tes examens quand tu rentreras aussi, continue ma mère.
Je hoche la tête. Penser au futur me noue l'estomac. Je change de sujet :
—Je pense qu'on va pas tarder à te laisser, il doit être tard, ou tôt chez toi. Et puis il faut qu'on aille dormir.
L'appel se termine assez vite après ma remarque.
Madelynn et moi nous retrouvons seuls. Je pose mon téléphone et me penche pour l'embrasser doucement.
—Tu étais vraiment belle avec ta serviette tout à l'heure, dis-je avec un sourire moqueur. Même si maintenant aussi tu es absolument à tomber.
Elle rougit légèrement en venant se lover dans mes bras. J'embrasse son crâne et profite de notre étreinte. Dès qu'elle est près de moi, je sens tout mon corps se détendre, mon esprit s'apaise.
Depuis le début, nous ne nous sommes pas disputés ni rien, j'avoue que ça m'a étonné au début mais Lisa m'a dit que nous avons trouvé très rapidement un bon équilibre entre discussion et concession. J'ai parfaitement conscience que nous sommes très proches et vraiment liés à présent, et je suis terrifié à l'idée de partir. Même si elle compte me rejoindre en Irlande.
Nous avons discuté des choix d'universités, de comment nous ferons pour nous voir une fois sur place mais il nous reste encore un millions de détails à voir ensemble. J'espère vraiment que nous pourrons passer beaucoup de temps à deux.
J'ai l'impression que je dois rester auprès d'elle chaque seconde sinon je me retrouve essoufflé plus vite, comme si je retenais ma respiration lorsqu'elle est loin. Je n'ai jamais ressenti ça. Comme un junkie devenu accro à la drogue.
Je respire l'odeur de son shampoing dans ses cheveux mouillés. Je m'enivre de sa présence avant de la repousser pour reposer mes lèvres sur les siennes encore et encore. Elle passe sur moi, à califourchon, m'embrassant d'autant plus. Nos souffles se mélangent et nos langues se rencontrent. Je passe mes mains sur ses hanches, soudain pris d'un désir hardent pour la femme qui balade ses doigts dans mon cou. Nos langues se cherchent, dansent ensemble au rythme de nos cœurs. Elle se détache, à bout de souffle. Front contre front, je remonte une main pour replacer une mèche de cheveux derrière son oreille et caresser sa joue. Elle presse son visage contre ma paume en me regardant tendrement. Mon cœur s'emballe.
Comme je l'aime.