Deux mois s’étaient écoulées depuis les événements qui avaient ébranlé la maison Lemoine. Le soleil perçait doucement à travers les rideaux de la chambre d’Alice, illuminant les croquis qu’elle dessinait avec application. Elle avait passé la matinée à créer des designs inspirés des robes qu’elle avait admirées lors des soirées passées dans cette maison pleine d’élégance. Près d’elle, Camille brodait un motif floral sur un morceau de tissu, concentrée mais heureuse de partager ce moment calme avec Alice.
Dans un coin de la chambre, Étoile, la chienne fidèle, veillait sur Alice, ses yeux remplis d’une douceur attentive. Les petits chiots d’Étoile dormaient paisiblement dans un panier près du lit, créant une atmosphère chaleureuse et réconfortante.
La porte s’ouvrit doucement, et Mme Lemoine entra avec un sourire bienveillant.
« Alice, je voulais te prévenir que la couturière arrivera en fin de matinée pour les essayages des robes. Elle a travaillé avec soin et dévouement pour transformer vos croquis en tenues uniques pour toi et Camille. Mais ce n’est pas tout. Elle m’a fait part d’une idée : une collaboration entre vous deux. Elle aimerait discuter avec toi après les essayages. »
Alice posa son crayon, ses joues se teintant d’une légère rougeur. Elle regarda Mme Lemoine avec surprise et gratitude.
« Une collaboration ? Mais… je ne veux pas déranger. Vous avez déjà fait tant pour moi. »
Camille posa sa broderie sur ses genoux et s’exclama avec enthousiasme : « Alice, c’est une opportunité incroyable ! Tes croquis sont magnifiques, et tu as un talent naturel. Tu devrais vraiment accepter. »
Mme Lemoine s’approcha et posa une main réconfortante sur l’épaule d’Alice. « Tu ne déranges personne, ma chère. Nous voulons simplement t’offrir des opportunités qui te permettront de t’épanouir. Prends le temps d’en discuter avec elle, sans pression. »
Étoile, en même temps, aboya comme pour manifester son approbation, encourageant Alice à sa façon. La chienne s'approcha d'Alice et posa sa tête contre sa jambe pour lui montrer son soutien.
« Tu vois, même Étoile est d'accord avec nous, » dit Camille, amusée, tandis que la chienne aboyait légèrement comme pour appuyer ses propos.
Alice acquiesça timidement, un faible sourire illuminant son visage. Mais dans son cœur, un doute subsistait. L’idée de se lancer dans une collaboration professionnelle, de laisser ses croquis être transformés en créations tangibles, semblait un rêve qu’elle n’avait pas osé nourrir jusque-là. Elle n’était pas sûre d’être prête, pas sûre d’être à la hauteur de l'attente que cela impliquerait.
Lorsque la couturière arriva, elle fut accueillie avec chaleur par Mme Lemoine et Camille. « Bonjour, Mme Delacroix, c’est un plaisir de vous revoir, » dit Mme Lemoine en souriant.
« Le plaisir est pour moi, Mme. J’ai hâte de voir vos réactions, » répondit la couturière avec enthousiasme.
Les essayages commencèrent immédiatement. Alice, bien que nerveuse, ne put s’empêcher d’admirer le travail minutieux de la couturière. Ses doigts effleuraient les tissus avec une telle précision qu’Alice se sentit émerveillée.
« C’est incroyable, » murmura Alice en enfilant sa robe. « Chaque détail est parfait. Merci pour tout ce travail. »
Mme Delacroix, touchée, répondit avec un sourire : « Merci, Alice. Mais c’est grâce à vos croquis. Ils sont si clairs et inspirants. Travailler dessus a été un véritable plaisir. »
Camille, qui observait attentivement, ajouta avec enthousiasme : « Vous êtes vraiment talentueuse, Mme Delacroix. La robe me donne envie de la porter tout de suite. »
« Je suis d’accord, » intervint Mme Lemoine. « Votre savoir-faire est remarquable, comme toujours. » La couturière inclina la tête en signe de gratitude.
« Vos compliments me vont droit au cœur. Mais vraiment, Alice mérite autant d’éloges. Ses croquis sont d’une précision et d’une beauté rares. Ce serait un honneur de collaborer avec elle à l’avenir. »
Alice, surprise, leva les yeux. Un frisson d’appréhension parcourut son corps. « Une collaboration ? » demanda-t-elle, hésitante. « C’est vraiment gentil de votre part, mais… je ne sais pas si je suis à la hauteur. »
Elle baissa les yeux, la timidité et l'auto-doute la rendant incertaine. Elle n’avait pas l’habitude d’être sous les feux des projecteurs, encore moins de voir ses créations offrir une telle visibilité.
Mme Delacroix posa une main rassurante sur son bras. « Croyez-moi, vous avez tout ce qu’il faut. Ce n’est que le début d’une belle aventure pour vous, Alice. »
À ce moment, Mme Delacroix se tourna vers Camille et, avec un sourire, lui fit un signe. Elle se dirigea alors vers un porte-manteau où reposait une robe soigneusement pliée. « Avant de partir, j’aimerais vous montrer quelque chose de spécial, » dit-elle à Mme Lemoine, en lui tendant la robe.
Mme Lemoine s’approcha, intriguée. La robe était d’une simplicité raffinée, d’un beige pâle qui mettait en valeur la délicatesse des tissus. Le corsage était élégant, en soie, avec de fines broderies discrètes le long du décolleté et des manches légèrement transparentes, coupées à la perfection. La jupe tombait en une ligne fluide, avec un léger drapé, une coupe sobre mais sophistiquée, qui soulignait la silhouette tout en douceur. Quelques touches de dentelle fine, à la base de la jupe, ajoutaient une note de charme sans ostentation.
« C’est... absolument magnifique, » s’émerveilla Mme Lemoine en la prenant dans ses mains, un sourire radieux illuminant son visage. « Vous avez fait une robe parfaite, tout à fait dans mes goûts. Elle est élégante, mais d’une simplicité qui parle de bon goût. Cette robe représente exactement ce que je recherche. »
Elle se tourna vers Alice, qui observait la scène avec étonnement. « Alice, tu as vraiment un talent rare, » murmura-t-elle avec sincérité.
« Cette robe est un chef-d’œuvre, et il est évident que tu as une vision du style parfaite pour ce que je souhaite. Si tu es d’accord, j’aimerais que tu collaborerais avec Mme Delacroix. Ce serait un honneur de travailler avec vous deux. »
Alice se sentit soudainement envahie par un flot d’émotions contradictoires. La peur de l’échec, mais aussi une excitation naissante qu’elle n’avait jamais éprouvée jusque-là. Elle regarda Mme Delacroix, puis Camille, et sentit sa résolution s’affiner. Oui, peut-être qu’elle était prête. Peut-être que c’était le moment de faire ce pas.
« D'accord, je suis prête à signer, » dit-elle finalement, son cœur battant la chamade. Elle se sentit envahir par une confiance nouvelle, comme si elle venait d'embrasser un futur qu'elle n'avait jamais osé imaginer.
Mme Lemoine éclata de joie et s’approcha pour la féliciter.
« C’est merveilleux ! Je suis certaine que cette collaboration sera le début de quelque chose de grand. »
Un peu plus tard, alors qu’Alice réorganisait ses croquis, Raphaël frappa à la porte de sa chambre.
« Alice, j’ai pensé qu’une promenade en ville pourrait te faire du bien. Camille, Mère et moi allons y aller cet après-midi. Tu es la bienvenue si tu souhaites nous accompagner. »
Alice leva les yeux, surprise par l’invitation. Camille, qui avait entendu depuis le couloir, entra en trombe.
« Oh oui, viens avec nous, Alice ! Ce sera amusant. Et tu as besoin de nouvelles chaussures pour aller avec les robes que tu as essayées. »
Malgré sa timide réticence initiale, Alice accepta finalement, touchée par leur gentillesse.
L’après-midi, la petite troupe se promena dans les ruelles animées de la ville. Ils s’arrêtèrent dans une boutique où Camille et Mme Lemoine aidèrent Alice à choisir quatre paires de chaussures élégantes qui compléteraient parfaitement ses tenues. Raphaël, bien que discret, offrit quelques conseils pratiques, ce qui fit sourire Alice.
Alors qu’Alice se dirigeait vers la sortie, elle aperçut une paire de chaussures qui attira immédiatement son regard. Elles étaient d’une beauté simple mais captivante : des escarpins en satin noir, finement décorés de pierres vert émeraude. Elle s’arrêta un instant, les observant avec intérêt, puis baissa les yeux, gênée par son désir d’acheter une paire qui semblait si précieuse.
« Elles sont magnifiques, n’est-ce pas ? » dit Mme Lemoine, se tournant vers elle avec un sourire. « Comme je vous l'ai dit, elles iront parfaitement avec la robe que Mme Delacroix a confectionnée pour vous. Le vert émeraude accentuera encore plus l’élégance de la tenue. »
Alice hocha la tête, presque envoûtée par la beauté des chaussures. Elle n’eut même pas le temps de les essayer que Raphaël s’approcha, tenant un paquet soigneusement enveloppé.
« J’ai pensé que celles-ci compléteraient particulièrement bien la robe, Alice, » dit-il en lui tendant la boîte. « Elles sont un peu spéciales. »
Alice, surprise, ouvrit la boîte et découvrit les mêmes escarpins qu’elle avait aperçus quelques instants plus tôt.
« Mais… comment ? demanda-t-elle, ébahie. Vous… vous les avez choisies pour moi ? »
Raphaël sourit doucement, son regard brillant de bienveillance.
« Je me suis dit que ces chaussures seraient idéales pour la robe, et je savais qu’elles vous plairaient. Elles sont élégantes, mais avec une touche de couleur qui les rend uniques. »
Alice, touchée, leva les yeux vers lui. « Merci… vraiment. C’est… plus que parfait. Vous avez raison, elles iront parfaitement avec la robe. »
Mme Lemoine, ravie, ajouta : « C’est un choix très judicieux, Raphaël. Alice, ces chaussures sont vraiment un cadeau parfait pour accompagner la robe. »
Alice, émue, se sentit soudainement bien plus proche de cette famille, qui semblait l’accepter et la soutenir pleinement. Elle se rendit compte qu’elle n’avait pas simplement trouvé des vêtements ou des accessoires, mais un véritable endroit où elle se sentait chez elle.