PDV Nao
Ça fait quelques jours que je suis enfermé dans ma chambre.
Après ma petite sortie au lac, j’ai fait une rechute durant quelques jours. Depuis, je suis sous la surveillance constante d'Alwan. Il passe une bonne partie de ses journées dans ma chambre, soit à me tenir compagnie pour regarder des films et séries, soit à lire tandis que je dessine.
Je me sens beaucoup mieux. Je pense que d'ici quelques jours, je ne serai plus au fond de mon lit.
Il est bientôt vingt-deux heures, etlwan vient de partir. Je me lève de mon lit, et me dirige vers ma salle de bain.
Je me déshabille, et entre dans la baignoire. Je commence à faire couler l'eau chaude et me savonner. En appliquant le gel douche sur mon corps, au niveau de mon torse, je ressent une légère douleur. C'est à cause de ma cicatrice. Un grand éclair qui commence de mon épaule gauche, passe sur une partie de mon torse, et mon cou, pour terminer sa course a une dizaine de centimètres de mon poignet. Je l'ai, depuis mes quinze ans. Il est apparu au moment où j'ai commencé à maîtriser mes pouvoirs. Fin a peu près.
Je m'occupe de mes cheveux, me rince, puis sort de la baignoire. Je m’habille et pars me coucher. Avant ça, je me sert un fond de verre d'eau, dans lequel, je fais diluer deux ou trois gouttes du sédatif donné par le médecin.
Allongé dans mon lit, je ferme les paupières et laisse place à mes pensées.
Plus rapidement que je l'imaginais, le sommeil me gagne, et je me retrouve emmené au pays des cauchemars.
A moitié endormi, j'entends des bruits autour de moi. Des voix. Elles me sont étrangement familières.
–Oh … ce n'est que vous, dit une voix empreinte d’une énergie tendre. Désolé, je… Vous avez pris pour une personne mal attentionnée.
– Heureux de savoir que tu fais ton travail à merveille. Je venais juste voir comment il allait.
– Ça s'améliore. La voix repris après quelques secondes de silence : dites…. Est ce que vous… savez ce qui a déclenché son pouvoir ?
– Non…. Lorsque ça arrive, c'est généralement un moment fort en émotions. Ça peut très bien être positif, comme négatif.
✩
– N'en faites pas trop, dit quelqu'un.
Je me retourne, et vois Alwan à quelques mètres derrière moi.
Ses longs cheveux noirs qui habituellement sont noués, étaient pour une fois détachés et encadrent son visage. Il porte un simple pull et un pantalon, ainsi que des baskets.
Il s'approche de moi, prend le bâton que j'avais à la main et le pose plus loin. Puis, sans prévenir, il tente de me donner un coup, que j'esquive. Depuis un moment, il m’apprend à me défendre en cas d’attaque. Car ici, ce n’est pas comme l’endroit où je suis né et où j’ai passé les treize premières années de ma vie. Je n'ai pas toute une organisation derrière moi, et encore moins un fusil à portée de main. Et c’est surtout à cause des multiples tentatives d’aasaainat.
Alwan me donne un autre coup, qui termine dans mes côtes. A mon tour, j'élance mon bras mais ne parviens pas à le toucher. Il est bien trop rapide. Et nous continuons ainsi, lui qui m'attaque, moi qui tente d'éviter. Encore une fois, j'essaye de l'atteindre. Cette fois-ci, je réussis. Sous le coup, Alwan recule de quelques pas en arrière tout en affichant un air déboussolé.
Je crois que j'ai frappé un peu trop fort.
Alwan, en bon combattant qu’il est, retrouve vite ses esprits et revient à la charge. Poing fermé, il tente un uppercut que j'esquive.
J'utilise mon pouvoir pour me déplacer plus rapidement, et furtivement, je me glisse sur le côté. Je mets toute ma force dans mon coup. Alwan parre, et me le rend. Je suis propulsé au sol, mon garde du corps s'approche et se place au-dessus de moi. Près de mon oreil, il chuchote dans un demi-sourire :
– Alors, on tente de tricher ?
Et d'un mouvement de rotation, je le bascule sur le côté et prend le dessus.
– Jamais on a spécifié qu'on n'avait pas le droit, lui répondit-je avec le même ton.
Mon visage près du sien, je le regarde longuement. J'amène ma main sur sa joue et effleure sa cicatrice qui se trouve sous son œil droit. Les mains d’Alwan, de part et d’autre de mon bassin effleurent mon sweat. Ses doigts posés sur mes hanches, il me fixe de ses yeux émeraudes.
Le visage plongeant vers son cou, mon souffle tape contre sa peau. Dans un état second, une vague d'émotions que je n'avais pas ressenti depuis longtemps m’envahit. Les lèvres proches de sa mâchoire, j’effleure sa peau. La tendre énergie d’Alwan nous entoure et sous l’effet de sa perte de contrôle, il ferme les paupières.
Toujours aussi proche de lui, je descends vers son cou et mes lèvres se posent doucement sur sa peau. Sous la forte respiration d’Alwan, j'entreprends de longs baisers.
En une fraction de seconde, je sens un choc contre mon dos, je me retrouve par terre, les mains bloqué au-dessus de ma tête.
– Hé ! T'as pas le droit !
– Jamais on a dit que c'était terminé, annonce Alwan dans un sourire.
Il a les yeux rouges à cause de son pouvoir héréditaire. Ses longs cheveux tombent sur mon visage, me chatouillant. Mes pupilles se dirigeaient vers ses lèvres. Je m'apprêtais à franchir le pas, quand celui-ci se relève et dit :
– Vous devriez rentrer et vous reposer. Une grande journée vous attend demain.
✩
Les rues sont animées, bruyantes, et pleines de monde. Vêtu d'une de mes plus belles tenues, je marche à côté de Kali Feyen. Plus loin, Alwan assure ma sécurité. Depuis ce qu’il s’est passé hier, je ne lui ai plus adressé la parole. Il a été bien trop occupé par l’organisation, et moi par les derniers détails sur ma tenue. Pour la première journée du festival, Soren doit faire un discours. Ensuite, c'est un bal au palais avec tous les nobles pour fêter l'ouverture des réjouissances.
Assis sur ma chaise au premier rang, je n'écoute qu'à moitié ce que dit mon frère.
J'ai juste hâte d'en finir, et de rentrer me reposer.
En début de soirée, je retourne dans ma chambre, afin de changer de tenue pour le gala, puis je rejoins Kali.
– Tu es élégant dans cette tenue, me complimente-elle.
– Toi aussi.
Ma meilleure amie porte une longue robe blanche avec de la dentelle et des détails dorés. Moi, je suis vêtue d’une tunique noir et mauve.
Elle approche sa main de mes cheveux et demande :
– On… y va ? Bégayai-je. Le… ça va bientôt commencer.
– Stressé ? me demande ma meilleure amie.
– Oui. Il va y avoir beaucoup de monde et de bruit.
Nous avançons et nous nous rendons dans la salle de réception.
Durant toute une soirée, je dois faire comme si nous sortions ensemble, alors que j’aime un autre, et que Kali est ma meilleure amie.
Le début du gala est annoncé. Je tends une main à mon amie, et sans ajouter un mot, je fais un bref mouvement de tête en direction de la piste de danse. Celle-ci accepte et nous commençons à danser. Les notes de la musique accompagnent nos pas. Après quelques minutes, les dernières notes sonnent et je me sépare d'elle. A grands pas, je me dirige vers l'étage supérieur.
Tout devient beaucoup plus calme, le volume sonore s'est atténué, et il y a presque personne dans les couloirs. Je traverse le corridor et me rends sur les petits balcons.
L'air frais me fouette le visage et les quelques mèches de cheveux sur mon front flottent au vent. Je sors ma cigarette électronique et je l'allume. Discrètement, je tire une taffe avant de l'éteindre et de ranger ma CE dans ma poche.
Dehors, les rues sont illuminées et très animées. Les passants parlent entre eux, s'arrêtent tantôt sur un stand de jeux, ou, pour prendre un truc à manger, voire pour tout simplement observer. Les enfants courent et crient tandis que leurs parents leur demandent de rester près d'eux. Tout le monde fête le retour du printemps.
Et moi je me félicite d’avoir survécu sept années ici.
Derrière moi, j'entends des pas. Je me retourne et aperçois Alwan. Ses cheveux sont soigneusement attachés et tirés en arrière. Il porte la tenue de la garde royale.
Ça fait bizarre de le voir vêtu autrement que dans ses costumes habituels.
Le vêtement lui va parfaitement bien. Un grande veste noir et bleu descend jusqu'à ses genoux, un pentalon noir et des bottes de la même couleur. A sa taille, se trouve un fourreau ou est rangé son sabre. C'est une tradition qui veut que chaque héritier maîtrise l’épée.
Dans son cas, Alwan est très doué, même si aujourd’hui il n'en a plus besoin.
Alwan est très douée à l'escrime. Il est celui qui me donne des leçons et désespère de ne pas me voir progresser. Une fois, il s’est même foutu de moi car je n’avais aucun problème avec un couteau, mais un sabre si.
Elle est invisible et indevinable, mais je sais qu'en dessous sa veste, dans un holster se cache son arme à feu.
Alwan vient se placer à ma droite. Les bras posés sur la balustrade, la tête penchée en avant, il regarde les rues qui se situent quelques mètres plus loin.
– C'est animé murmure t-il. Plus que les années précédentes.
– Probablement.
Après un instant de réflexion, je reprends :
– T'étais pas censé assurer la sécurité des lieux ?
Il relève la tête et me regarde dans les iris.
– Une autre équipe à pris le relais, j'ai un temps de pause m'explique t-il. Et comme je vous ai aperçu dans le couloir, et seul, j'ai voulu vérifier si vous alliez bien.
Alwan se détache de la balustrade et s'approche de moi. Je suis adossé à la rambarde alors que mon garde du corps vient se placer devant moi. Je le contemple alors que sa main frôle la mienne et qu'un sourir apparaît sur ses lèvres. Il se penche vers moi, Alwan me glisse quelques mots.
– A quoi regardez-vous comme ça ?
Il connaît déjà ma réponse. Il me demande juste pour entrer dans mon jeu.
– Vous Alwan, chuchotai-je en me mettant sur la pointe des pieds.
Le nez presque collé à celui de mon ami et garde du corps, je penche ma tête comme si j’allais l'embrasser.
– Vous allez vous confesser en premier ? me chuchote Alwan.
– Jamais…
Les yeux ancrés dans ceux d’Alwan je résiste pour ne pas succomber.
– Prince… Embrassez-moi… murmure tendrement Alwan.
– Excusez- moi… dit une petite voix.
Nous y retournons en même temps. C'était Kali Feyen. Sa peau bronzée contrastait avec sa robe claire, ses longs cheveux bruns étaient bouclés, et ses grands yeux me regardaient.
Pris sur le fait, je baisse le regard et rougis.
– Eh bien je…il se racle la gorge, je vais vous laisser, dit Alwan déstabilisé.
Il me salue d’un mouvement de tête. Je lui réponds d’un signe de main.
Mon amie s'approche. Les mains sur la rambarde, elle observe le paysage. Après avoir vérifié que nous sommes seuls, je ressors ma cigarette électronique.
– Désolée, s'excuse-t-elle. Tu vas bien ?
Après avoir tiré une taffe, je recrache la fumée. Face à mon air interrogateur, elle développe :
– Tu es partie si vite après la danse, tu n’avais pas l'air bien.
– Ah ça, j'avais juste besoin de prendre l'air.
– C'est….tu est malade ? Chuchote-t-elle tout bas. Tu veux te reposer ? Ou….
– Non, ce n'est rien de grave, ne t'inquiète pas, la coupais- je.
Nous restons en silence. Je fume tandis que mon amie mange une part de gâteau aux fruits rouges. Kali se tourne vers moi.
– Tu sais, la première fois que je t’ai vu, tu me faisais également un peu peur. Tu ne souriais jamais, et tu avais toujours les sourcils froncés. Mais j'avais envie de te connaître, sauf que tu étais tout le temps enfermé au palais pour des raisons médicales. Et aujourd'hui, tu es à mes côtés, et souriant. Tes problèmes de santé se sont améliorés.
Silencieux face à sa confession, je la regarde longuement. Kali s'approche encore plus, et me prends dans ses bras. Je lui rends son étreinte.
– Je sais qu’il y a énormément de choses que tu ne dis pas. Essaye de te confier. Tu semble proche d’Alwan. Tente de lui en parler. Mais ne reste pas seul.
– Ne m’abandonne pas, chuchotai-je. Promis ?
– Promis ?
– Ah bah je comprends mieux ta réaction de la dernière fois ! Crie presque une voix agaçante.
D'un même mouvement, nous nous séparons et nous nous retournons. Soren. Ce crétin est vraiment doué pour apparaître au moment où il ne faut pas.
– Bon, dit-il en reculant de quelques pas. Je ne vais pas vous déranger plus que ça.
– Revient… tentai- je.
Et sans plus attendre, je pars à sa poursuite.
Mais où est-il passé ?
Arpentant les couloirs, je le cherche. Mais il est introuvable.
– Tu cherches quelqu'un ? Me demande Charlotte en venant vers moi.
– Ouais, tu sais où est passé ton débile de frère ?
De la main, elle m'indique une direction, tout en me demandant ce qu'il se passe. Je pars aussitôt sans lui répondre.
Je le retrouve dans les toilettes, en train de se laver les mains. Sans faire de bruit, je lui fonce dessus, et lui met un coup dans les côtes. Étonné, et ne s'y attendant pas, mon frère écarquille des yeux, et trébuche.
– Je… tu m'avais donné un coup peu de temps après mon arrivée. Je te le rends, me justifier-je.
– Ok, tu m'en veux tellement d'être arrivé à ce moment-là ? me demande-t-il en se relevant.
Je me retourne et part sans répondre à sa question.
Soren sort des toilettes et essaye d’obtenir une réponse en vain.