PDV Nao
Assis à mon bureau, crayons à la main, je dessine. Quelqu'un toque à la porte.
– Entrée ! ordonnais-je.
La porte s’ouvre sur Alwan. Vetu d'un simple sweat a capuche bleu clair, d'un jean et d'une veste noir, ses longs cheveux soyeux noirs détachées tombaient sur ses épaules. Il ouvre la bouche et se met à parler :
– Je vais faire un tour dehors, voulez-vous m'accompagner ?
A la seconde ou il me propose de sortir, je me lève et me dirige vers ma penderie.
– Je me change, et j'arrive.
Je troque mon costume pour un simple jean et un sweat. Je prend également une petite veste et sort dans le couloir ou Alwan m'attend. Tous les deux, nous nous mettons en marche. Après quelques minutes passées de couloirs en couloirs, nous sortons enfin du bâtiment.
Les jardins du palais sont magnifiques. Les parterres de fleurs en été sont incroyables. En saison, les arbres donnent de bons fruits, et au printemps, ils laissent leurs plus beaux bourgeons fleurir et s'épanouir.
Nous marchons dans l'allée, jusqu'au portail gardé par deux personnes qui nous laissent sortir librement. Après tout, ils sont désormais habitués à nos balades.
En effet, depuis mon arrivée ici, il y a sept ans, suite à mes nombreuses crises d'angoisses, Alwan a remarqué que sortir marcher ou courir m’aidais a me calmer. Il est celui qui m’accompagne depuis tout ce temps, et les autres gardes ont également fini par être au courant de nos sorties régulières.
A peine sortie du palais, je plonge ma main dans ma poche et sort ma cigarette électronique. Je l’allume et la porte à mes lèvres.
Sous les derniers rayons de soleil, nous marchons, tout en discutant. Je tire plusieurs taffe sur ma CE sous le regard stricte d’Alwan. Rapidement, la nuit tombe, et comme nous sommes loin de la ville, il est alors possible d'observer les quelques étoiles présentes dans le ciel. Nous nous posons sur une vaste étendue de couleur verte.
Une fois de plus, je porte la cigarette électronique a mes lèvres, puis recrache la fumée. Près de moi, mon garde du corps tend sa main vers moi, me demandant de lui passer l’objet.
– Promis, je te la rends ? me dit-il. Juste une taffe.
Lui faisant confiance, je lui donne la CE.
– Juste parce que t'es mon ami, lui indiquais-je.
Alwan saisit l'objet et tire une taffe avant de me le rendre.
Tous les deux assis dans les hautes herbes, nous contemplons les étoiles. Ma cigarette électronique fait des voyages entre nous. J'appréhende le moment où Alwan me fera une remarque sur ma consommation excessive de nicotine, mais avec grand étonnement, il ne me dit rien.
Je m’allonge dans l’herbe. Alwan me jette un coup d’œil. Celui-ci me rends ma CE, que j'éteint et range dans ma poche.
Une bise fraîche caresse mon visage. Les longs cheveux foncés de mon ami et garde du corps flottent au vent. Finalement, lui aussi s’installe conformément sur le ventre. Il a la tête posée sur son bras, et me regarde. Je sens ses doigts frôler les miens.
Nous restons là, à discuter pendant plusieurs dizaines de minutes. Les yeux clos, je sens l’air se rafraîchir. Alwan s’approche doucement de moi. J'ouvre les paupières et mes Iris croisent ceux de mon garde du corps. Désormais à côté de moi, il place sa main sur mon ventre qui se soulève au rythme de ma respiration.
Son souffle chaud tape contre ma peau. La chaleur que dégage sa main me donne des sensations au bas ventre. Je me tourne sur le côté et me retrouve face a Alwan. Celui-ci, la tête retenue par sa main, me dévore du regard. Ses doigts glisse sur ma cuisse alors que mes lèvres s’approchent des siennes. Lentement, avec passion nous nous embrassons jusqu'à ne plus avoir assez de souffle.
Le visage a quelques centimètres du mien, Alwan ne me quitte pas du regard. Les yeux ancré dans les miens, il me regarde avec attention. Après un long moment, Alwan se lève en premier. Il colle le bout de ses pieds aux miens et attrape mes doigts. De toutes ses forces, il me tire vers lui et me met debout. Je manque de tomber, mais mon garde du corps me rattrape.
– Attention, rigole légèrement Alwan.
Je ferme ma veste et me mets en route. Alwan me suit de près. Un silence paisible règne entre nous.
Sur le chemin du retour, je commence à trembloter à cause du froid.
– Vous avez froid ? Vous voulez ma veste ? Me demande Alwan.
– j’ai un peu froid, mais ne t'inquiètes pas, dis-je en claquant des dents.
Alwan retire quand même sa veste et la jette sur mes épaules. Les joues rougies par le froid, je le remercie. J’essaye de remonter la fermeture éclair, mais n’y arrive pas. Alwan s’en rends compte et se place face à moi. Ses doigts sur les miens, il ferme la veste.
Aussitôt, cela me réchauffe. Une fois de plus, je le remercie.
Une fois arrivé au palais, je me dirige vers ma salle de bain afin de prendre un bon bain chaud, avant de me coucher.
✩
Je me tourne, puis me retourne dans mon lit. Je me suis réveillé, et depuis, le sommeil ne revient pas. Je décide donc d'aller m'habiller chaudement. Je mets mes chaussures de sport, et prends mon téléphone avec mes écouteurs.
Discrètement, je sors dans le couloir. Je croise plusieurs gardes que je salue tout en poursuivant mon chemin. Bien assez vite, je me retrouve dans les jardins du palais.
Je me dirige vers le lac. Seulement éclairer à la clarté de la pleine lune et des rayons du soleil qui commencent à se lever, je commence à me balader. Je fais plusieurs tours du grand lac, et finis par trottiner. Après plusieurs longues minutes d’efforts, je m’assois sur le parterre de fleurs.
Allongé sur la pelouse, je regarde le ciel. La lune et les étoiles disparaissent petit à petit laissant place aux oiseaux qui battent des ailes.
Je regrette presque de ne pas avoir pris mon paquet de cigarettes afin de pouvoir fumer loin d’Alwan et ses remarques.
Puis enfin, Je me redresse, récupère toute mes affaires et refait le chemin inverse.
Avant d'atteindre l'allée principal qui mène directement au palais, je croise mon oncle Marius.
– Tu reviens d’une balade ? me demande-t-il en me voyant.
Je fais oui d'un mouvement de tête.
– dit… Est-ce qu' il y a une personne qui te plaît ?
Je suis pris au dépourvu par sa question.
Est-ce qu' il y a quelqu'un qui me plaît ? Je n'en sais rien moi… Non, ce n'est pas le cas. Enfin je crois, je ne suis pas sur…
– Non, pourquoi ? Demandai-je
– Non juste pour savoir, me répond celui-ci.
Il ment très mal.
Mon oncle regarde sa montre et dit :
– Excuse-moi, mais je dois te laisser.
Et sans me laisser l’occasion d’ajouter autre chose, il part.
Debout en plein millieux de l'aller, je reste immobile pendant quelques secondes avant de reprendre mon chemin. De retour dans ma chambre, je me dirige vers ma salle de bain.
Après une petite douche rapide, je mets mon costume de la veille puis part prendre mon petit déjeuner.
✩
La salle est immense. Une grande table est dressée au milieu de la pièce, et autour sont disposées plusieurs chaises. En bout de table, mon père est assis et discute avec son frère et son conseiller. Plus loin, il y a Soren, et sa jumelle Charlotte, ainsi que Maël, mon frère qui a trois années de plus que moi. Ils sont tous assis les uns à côté des autres en train de discuter. Lorsqu'ils me voient arriver, les trois arrêtèrent immédiatement de parler. De même, pour les trois autres en bout de table.
Je me place à quelques chaises d'eux, me sert quelques pauvres aliments et commence à manger. Charlotte s'approche de moi et me parle, mais je n'écoute pas.
Au même moment, Alwan fait son apparition et comme à son habitude, il se place à côté de moi.
– Bonjour prince, vous avez bien dormi ?
– Oui et toi ?
– Oui.
Depuis quelques années maintenant, nous avons pris l’habitude de manger tous les deux dès que l’occasion s’en présentait. A vrai dire, c'était surtout une demande de mon père pour s’assurer que je mange correctement. Mais maintenant que la nourriture et moi nous nous sommes réconciliés après de long mois de désaccords, notre habitude est de rester.
– Vous avez une demi-journée de libre, avez vous prévu quelque chose ? Me demande Alwan. En disant cela, il avait l'air contrarié
– Rien de spécial. Je pense réviser un peu mes cours.
Je finis de manger en silence, puis me retire dans ma chambre.
Assis sur mon grand lit, je suis sur mon téléphone. Je regarde les dernières nouvelles sur les réseaux sociaux, jusqu'à tomber sur un article. Selon l'auteur de ce texte, j'attendrais une relation secrète avec la fille cadette de la famille Feyen : Kali.
Oh ! S'ils savaient…
Imaginant les événements qui pourraient être à l’origine de ces spéculations, je me met à sourire. Notre amitié semble attirer les regards de la société, et notamment des journalistes.
Je décide de lâcher mon téléphone pour aller dessiner un peu avant de me plonger dans des livres barbants.
Installer à mon bureau, je sort un carnet de dessin et des crayons, puis me met à gribouiller sur une page vierge.
Après un long moment, j'entends la porte de ma chambre s'ouvrir. Je tourne la tête, et aperçois Soren, sourire comme un débile.
– Quoi encore ? m'énerver-je presque.
– Salut, euh je voulais juste savoir…
– Quoi ?
Je commence a m’impatienter face a la tête d’idiot qu’affiche mon frere.
– C'est vrai ?
– De quoi ? Qu'est ce qui est vrai ?
– Ta relation avec Kali Feyen ?
Je soupire d'agacement.
– Bon allez sort et arrête de me faire chier.
Mais Soren reste immobile. Alors, je me lève, attrape un de mes cahiers posé sur mon bureau et le balance sur mon demi-frère, mais celui-ci claque la porte avant de recevoir le tas de feuilles en pleine tête.
Je me rassoie en soupirant.
✩
Dans les couloirs aux murs clairs, je me dirige vers le bureau de mon père. Quelques minutes plus tôt, une personne est venue me chercher, et m'a prévenu que mon père voulait me voir.
Je toque donc à la porte de son bureau et attends une réponse, qui ne tarde pas à arriver.
J'entre alors.
Assis derrière son bureau, il relève sa tête et dit :
– Ah c'est toi. Installe-toi sur l'un des canapés.
Mon père se dirige vers une petite table qui se situe pas très loin.
– Tu veux boire un truc ?
– Nan c'est bon, déclinait-je son offre.
Et il me rejoint, avec une tasse de café à la main.
Ses yeux gris me détaillent longuement. Une fois assis seulement, il révèle la raison de ma présence ici.
– Je pense qu'à l'heure actuelle, du doit être au courant, surtout grâce à tes frères, mais une rumeur s'est propagée. Je l'ignore si cela est vrai, mais venant de toi, je doute fortement.
Je me racle la gorge avant de parler :
– Si tu parles de la rumeur qui dit que j'ai une relation avec Kali, cela est faux.
– Tant mieux ça me rassure, avoue mon père. Ça aurait été compliqué à expliquer. Ah et…
– Oui ?
– Le roi de Affaroy propose un mariage arrangé entre nos deux royaumes. Ils pourront ainsi accéder à une de nos mines, et en échange, on aura une de leurs terres fertiles. Ça nous permettra de lutter contre la famine qui menace de faire retour.
En effet, il y a quelques années, tout le royaume a été en proie à une famine. Nos terres ne produisaient plus assez pour nourrir tout le monde.
– Oh c'est super m'exclamai-je. Tu vas accepter ?
– L'échange n'est pas mal, mais ce n'est pas ça le problème.
– Qu'est ce que c'est alors ? Demandai-je.
– C'est toi…
– Co-comment ça…?
– Il veut une union entre leur dernière fille et toi. Il a été clair, impossible de négocier. Soit oui, soit non.
Impossible… pourquoi ? Je n'ai rien de spécial, pour quoi moi ? Et… mon corps, que va-t-il se passer ? S'ils découvrent ? Toutes sortes de questions me viennent en tête.
– Bien-sûr, je compte refuser, me rassure mon père en voyant l’expression que j’affiche.
– Et … quelle excuse tu vas utiliser ? Pour….
– On va utiliser la rumeur qui circule. Je dirais que tu es déjà promis à quelqu'un. Toi, de ton côté, fait en sorte que tout le monde y croit.
– Quoi… ?
Je n'eut pas le temps de dire autre chose, que mon père me fait sortir de son bureau.