PDV Tylor

   Allongé sur mon lit, Alxas entre mes bras, je passe ma main dans ses cheveux. Il s'en est endormi après avoir pleuré un bon moment. Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas eu le courage d'aller sur la tombe de sa mère. Et aujourd'hui, ils y sont allés avec Marius.

   Alxas s'est retenu en public. Mais une fois rentré, il a fondu en larmes. Il ne  cache pas que la mort de Lia l'a beaucoup impacté. 

 Il a tant perdu. Et il a failli perdre beaucoup aussi. Son fils Nao et moi. Car lui comme moi, avons déjà tenté de nous enlever la vie. Mais à notre plus grand malheur, nous avons échoué. 

  Et je ne peux pas le laisser comme ça, dans cet état. Pas maintenant. Je dois tenir. Attendre. Encore un peu…

   Nao a eu une crise d’angoisse sur le chemin du retour. Son état ne va pas en s'améliorant. Et il est encore malade. Il n'aurait jamais dû éveiller la pupille verte. Son corps ne le supporte pas. Et mentalement, c'est tout aussi compliqué. 

Les choses se compliquent. Je dois convaincre Alex que ce n'est pas une bonne idée. Puis… je ne le sens pas. Il se passe quelque chose. J'ai une mauvaise impression depuis près d'une semaine. 

  Il va se passer quelque chose. 

 Niché dans mes bras, mon amant bouge. Il ouvre les paupières et je plonge mon regard dans le sien. Ses yeux gris clair qu'il déteste tant me scrutent avec attention. Ils sont si magnifiques pourtant. Tout ça à cause de son père. C'est compréhensible après tout. 

— Ça va ? soufflé-je tendrement. 

   Il ne parle pas, mais d'un mouvement de tête, il me fait signe que oui. 

— Je dois…, commence-t-il en se redressant. Mais je le force à se rallonger.

— Je m'en occupe, dors. 

   Il s'installe confortablement dans mon lit et chuchote :

— Reste un peu avec moi. 

   Alors à mon tour, je me réinstalle sur le grand lit. Je pose ma main sur son dos et commence de petits mouvements circulaires. Les yeux entrouverts, Alxas fixe sa main dans la mienne. Je remplace une de ses mèches qui gêne sa vue. Fatigué, il ferme les yeux. Il se rendort assez rapidement. 

   Je me lève en silence et sort de la chambre. Dans le couloir, Marius se dirige vers ma chambre. 

— Ah, tu es là. Tu sais où est mon frère ? me demande-t-il en me voyant sortir.

— Il dort, dis-je en désignant la porte de la pièce. Pourquoi, c'est important ?

— Et bien…, souffle Marius. Ton père… il veut le voir.

— Oh…

— Je vais devoir le gérer… Reste avec lui, m’ordonne mon ami.

  Il repart et je retourne dans ma chambre. Je ferai ce que j'ai à faire plus tard. 

  Assis sur une chaise devant la table qui me sert de bureau, j'écris mes pensées dans les pages de mon carnet. Après de longues minutes, je mets de côté mon carnet pour me concentrer sur une liasse de papier. Je relis encore et encore la même phrase sans réussir à la comprendre. Exténué, je finis par abandonner et je parts rejoindre mon amant dans le lit. 

   Allongé à côté de lui, déjà endormi depuis une bonne dizaine de minutes, je caresse sa joue. Je finis également par tomber dans un sommeil profond.