PDV Alwan

Les mains sur la balustrade du balcon de la salle de réception, je ne quitte pas des yeux le prince Nao. Celui-ci vient tout juste d'entrer dans la salle accompagné de Kali Feyen. Lentements, je les vois progresser jusqu'à la piste de danse. Sur leurs passages, la foule s'écarte pour les laisser passer.

Une nouvelle musique commence alors que Nao invite sa partenaire à danser. Main dans la main, tous les deux se rendent au centre de la piste. Le prince et la jeune comtesse commencent à valser au rythme de la musique. Leurs mouvements tantôt lents, parfois rapides les font bouger sur toute la piste avec les autres invités.

La douce musique fait vibrer mes tympans en contradiction avec mes émotions qui se bousculent au creux de mon estomac. Le fait qu'ils soient ensembles au bal ne fera qu'alimenter les rumeurs. Le fait de les voir ensembles, danser des pas que j'ai appris au prince ne fait que monter ma jalousie.

Mais un sentiment d'illégitimité s'installe en moi. Il a le droit de fréquenter d'autres personnes. Je ne suis que son garde du corps. Je n'ai pas le droit de ressentir ses genres d'émotions. Je ne devrais pas ressentir de la jalousie.

Puis, toutes les nuits passées à ses côtés me reviennent en mémoire. Toutes les fois où je l'ai consolé, rassuré, aidé, apaiser. Tous les moments où le prince me faisait ressentir toutes sortes d'émotions les une plus puissantes que les autres défilent dans mon esprit. Plus ses souvenirs remontent, plus ma jalousie s'accentue.

Les dernières notes de la musique résonnent dans la salle et Nao se sépare brusquement de Kali. A grands pas, il quitte la salle pour se rendre à l'étage supérieur.

La panique me gagne, et aussitôt, je pense à une crise d'angoisse. Mon oreillette grésille, et une voix annonce que mon groupe peut prendre sa pause, et que la relève arrive.

Quelques secondes à peine, un de mes collègues arrive à côté de moi et prend ma place. Je retire mon oreillette et m'élance dans les nombreux couloirs à la recherche du prince.

Je passe devant différents balcons pleins de mondes sans jamais l'apercevoir. Petit à petit, la peur me gagne. La voix de mon père me rappelle sur terre.

- Tu cherches Nao ? me questionne-t-il.

- Oui. Tu sais ou il est parti ?

Mon père me pointe un couloir.

- Je l'ai vu partir la bas. Il y a un problème ? s'inquiète- t-il. Je previen le roi ?

- Ça ... Ça devrait aller. Merci.

Je me précipite vers le lieu que m'a montré mon père. Et enfin, je le vois aller sur un balcon. Je cours vers celui-ci.

Nao, accoudé à la balustrade, observait le paysage. Je m'approche de lui. Entendant mes pas, il se retourne. Je viens me placer à sa droite. je pose mes bras sur la balustrade. La tête penchée en avant, j'observe les rues qui se situent quelques mètres plus bas.

- C'est animé, murmurai-je. Plus que les années précédentes.

- Probablement.

Un temps de silence s'installe.

- T'étais pas censé assurer la sécurité des lieux ?

Je relève la tête et le regarde droit dans les yeux. Lui aussi, me fixe.

Pourtant, il n'aime pas regarder les gens droit dans les yeux.

- Une autre équipe à pris le relais, j'ai un temps de pause lui expliquai-je. Et comme je vous ai aperçu dans le couloir, et seul, j'ai voulu vérifier si vous alliez bien.

Je m'écarte de la balustrade et m'approche de Nao. celui-ci est adossé à la rambarde alors que je viens me placer devant lui. Ma main frôle la sienne et un sourir apparaît sur mes lèvres. Les yeux pétillants, Nao m'observe. Je penche vers lui, et lui glisse quelques mots.

- A quoi regardez-vous comme ça ?

je connais déjà sa réponse. Je lui demande juste pour entrée dans son jeu.

- Vous Alwan, chuchote-t-il en se mettant sur la pointe des pieds.

Son nez est presque collé au mien. Avec lenteur, il penche sa tête comme s' il allait m'embrasser.

- Vous allez vous confesser en premier ? lui chuchotai-je.

- Jamais...

Ses yeux ancrés dans les miens, je résiste pour ne pas succomber.
- Prince... Embrassez moi... murmurai-je tendrement.

- Excusez- moi... dit une petite voix.

Nous y retournons en même temps. Il s'agit de Kali Feyen. Ses grands yeux étaient fixés sur Nao.

Pris sur le fait, Nao rougis baisse le regard.

- Eh bien je... je me racle la gorge. Je vais vous laisser, dit-je déstabilisé par l'arrivée de la comtesse.

Je salue le prince d'un mouvement de tête. Nao me répond d'un signe de main.