PDV Alwan
Debout, en face du roi, qui est aussi le père de mon amant, je fixe le bureau. Mon interlocuteur est face à moi, celui-ci me regarde longuement.
- Vous savez que les gardes n'ont pas le droit d'entretenir une relation avec un membre de la famille royale ! Sa voix est grave et ne laisse pas place à la contestation.
Bien sûr que je le sais. Il s'agit d'une des premières lignes de mon contrat.
- Monsieur Dataro, j'exige une explication de votre part.
Le fait qu'il m'appelle par mon nom de famille et qu'il me vouvoie me fait extrêmement mal.
Depuis ma tendre enfance, il m'a toujours appelé par mon prénom et il ne m'a jamais vouvoyé. Même aux grands événements ou lorsque je suis dans l'exercice de mes fonctions.
- Vous savez que... je devrais vous renvoyer ? et vous exclure de la garde royale ?
Au moment même où il prononce ces mots, mon cœur manque un battement.
Ça y est, on est fichus. Nao va prendre cher, et moi je ne pourrais plus le protéger et ma carrière est fichue.
Enfin, le roi prend place sur son siège.
L'atmosphère pesante le devient moins, et le père de mon amant semble se calmer.
Toujours aussi silencieux, je prends le risque de relever la tête.
Un peu moins en colère, Alxas reste malgré tout à me fixer.
Contre la porte, plusieurs coups se font entendre. Le roi n'a à peine le temps de dire quelque chose que la porte s'ouvre.
- Tu peux partir, conclut-il. Et que ça ne se reproduise plus.
Au même moment, la tête de mon père apparaît dans l'embrasure, et presque affolé, il se met à parler sans même remarquer ma présence.
- Nao... Il s'est fait du mal...
Aussitôt, le père de mon amant se lève de sa chaise alors que je me précipite en dehors de la pièce. J'attrape mon téléphone qui se trouve dans la poche de mon pantalon. L'écran s'allume, et je vois un message que Nao m'a envoyé quelques minutes plus tôt.
De Prince Nao Torres :
Je suis désolé, tout est de ma faute.
j'ai été imprudente.
jamais je n'aurais dû commencer.
Tu ne risques gros n'est ce pas ?
Tu m'en veux ?
S'il te plaît, réponds moi.
Désolé.
J'ai recommencé.
j'ai fait une connerie.
Je me rend dans mes contacts, et compose le numéro du prince. Tout en courant vers sa chambre, je porte mon téléphone à mon oreille.
S'il te plait Nao... réponds...
Plusieurs tonalités retentissent, et je finis par tomber sur sa messagerie.
Presque arrivé à sa chambre, j'entends derrière moi des pas. Sans y prêter attention, j'accélère. La chambre du prince désormais en vue, je parcours les quelques mètres qui me séparent d'elle. J'entre dans la pièce et tombe nez à nez avec le médecin. Je fais abstraction de sa présence, et m'avance vers Nao. Celui-ci, assis sur son lit, pleure tout en fixant sa main recouverte de bandage.
- Nao !
Je crie presque son prénom. Celui-ci, en entendant ma voix, lève la tête. Toujours en pleurs, il se lève et se précipite dans mes bras. Je le réceptionne sans manquer de tomber.
- Pardon... pardon... je suis désolé...
Le nez plongé dans ses cheveux, je prends de longues inspirations. L'odeur douce de son shampooing me parvient jusqu'aux narines et l'apaisement. Tendrement, je lui tapote le dos.
- Ne vous en faites pas. Ce n'est pas de votre faute... vous n'êtes pas responsable...
Les doigts dans ses cheveux, je lui dépose des bisous sur la joue et le front tout en le rassurant.
Il lui faut un certain moment pour se calmer. Petit à petit, Nao cesse de pleurer et se détache même de moi. Les yeux rougis par les larmes, mon amant me fixe. Je place mes mains de part et d'autre de son visage, et tendrement, je l'embrasse.
Près de la porte reste ouverte, j'entends des bruits. Nao et moi nous nous tournons vers celle-ci.
Debout, les bras croisés, le visage sévère, le roi nous regardait semble-t-il depuis le début.