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Nao_Yaya
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Chapitre 35 : Cimetière

PDV Tylor

   Le gravier grince sous mes pas lents. Je passe le portail. Une voiture m’attend. Je monte et m’installe sur le siège passager. Le véhicule démarre et la demeure de mon enfance s’éloigne jusqu'à devenir un minuscule point insignifiant. 

 Le paysage défile, les bâtiments deviennent des maisons et la verdure finit par s’imposer. Plus le paysage défile, plus l’ambiance devient morne et pesante. La voiture s’arrête devant un portail de métal noir. Je descends du véhicule et referme la portière. Sans jeter un regard en arrière, je m’avance et entre dans le cimetière.

 Mes chaussures foulent l’herbe sur le bord du chemin de pierre. Bouquet de fleurs à la main, je me traine entre les tombes, retardant au maximum le moment de ma visite sur leur sépulture. Mais bien trop rapidement à mon goût, je finis par entrer sur le terrain réservé à ma famille. Je longe la rangée de tombes dans lesquelles sont enterrés mes ancêtres et arrive au fond de l’allée. Les deux dernières personnes enterrer sont ma mère et ma femme. 

Et dire que moi aussi, j’ai failli en arriver là…

 Je m’accroupis auprès d’elles. Ma main frôle l’épitaphe de la tombe de ma mère. 

Marguerite Dataro 

1945 — 1995

   Les mains tremblantes, je pose un bouquet de fleurs sur la tombe. Certes, à la fin de sa vie, notre relation mère-fils s’était grandement dégradée, mais elle faisait partie des rares personnes qui me comprenait. Même si au début de mon coming out, la pilule est mal passée, elle a fini par accepter. Contrairement à mon père. 

 Je regarde la tombe à côté de la sienne. 

Claire Dataro

1965 — 2005

 Pourquoi est-ce que ce sont les meilleurs qui partent en premier ? 

 Désormais à genoux, les larmes roulent contre mes joues. Il me faut tenir le second bouquet à deux mains pour maîtriser mes tremblements. 

 Ma meilleure amie me manque énormément. C’était officiellement ma femme. Mais en réalité, notre relation n’était pas celle-ci. Nous avons tous deux été contraints de nous marier. Car mon père et ses parents pensaient que c’était le moyen de nous faire devenir hétéro. 

 Nous avons également dû faire des enfants sous la contrainte. Mais pour elle, comme pour moi, c'est la meilleure chose qui nous soit arrivée dans notre malheur. Alwan et William ont énormément de chance de l’avoir pour mère.

 C'est moi qui aurait dû mourir lors de l’accident. Pas elle. Moi. 

   Exténué, je mets toutes mes forces dans les jambes pour me relever. Je me traine. Après de longues minutes, j’arrive à la sortie du cimetière. Je m’arrête un instant et me dirige vers le petit robinet disposé contre un muret. Je me regarde dans la glace. Mes yeux sont passés de bleu clair à rouge. 

 Il ne manquait plus que ça ! Perdre le contrôle dans un endroit comme celui-ci et sans personne capable de m’aider. 

 J’actionne le robinet et place mes mains au niveau de l'arrivée de l’eau. Celle-ci, froide coule le long de mes doigts. Je retire mes lunettes que je dépose dans ma poche. Je passe de l’eau sur ma tête. J’attrape un mouchoir au fond de ma poche et sèche mon visage avant de remettre mes lunettes.

Enfin, je repasse par le portail et sort du cimetière. La voiture est garée sur le parking juste à côté. Je m’approche. Devant moi, apparait un visage que j’ai déjà vu à plusieurs reprises. 

— Bonsoir Monsieur Dataro, je suis Marc Ortega, journaliste pour…

— Laissez-moi, le coupé-je. 

— Mais…

— Laissez-moi tranquille ! Ce n'est pas compliqué à comprendre ? ménervé-je.

 Puis sans lui laisser le temps d’ajouter quelque chose ou d’insister, je me dirige vers le véhicule et monte. 

   Le chauffeur démarre rapidement et prend la route pour rentrer au palais. 

 La tête contre la vitre, je regarde l’écran de mon téléphone, attendant la réponse au message que j’ai envoyé à mon ami. Mais Alxas ne me répond pas. J’espère une réponse jusqu'à l’approche du palais, mais toujours rien. 

 La voiture finit par s’arrêter près des marches pour entrer dans le bâtiment principal. Je m’apprêtais à ouvrir la portière quand celle-ci le fait toute seule. Ou plutôt, Alxas l’ouvre de l’extérieur.

— Désolé, j’ai pas pu répondre à ton message, je crois que mon téléphone ne fonctionne plus.

 Il me tend la main. J’attrape ses doigts et sort du véhicule. Je l’enlace sans prêter attention au chauffeur qui est près de nous. 

— Je croyais que…

— Chut...

 Alxas me serre fort contre lui.

— Tu veux manger un truc ? 

 Je secoue la tête pour dire non. Je recule de quelques pas et attrape le bout de ses doigts. Il avance et me traine derrière lui jusqu'à ma chambre. 

— Tu… es sûr, de vouloir réellement quitter le manoir familial ? m’interroge-t-il. 

— Oui… Je suis sûr… Tu peux dormir avec moi ce soir ? Je… ne pense pas pouvoir dormir seul…

— Bien sûr. 

— Je… pense qu’il est tant de le dire aux enfants… Je veux le dire à Alwan et William…

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