PDV Duc Dataro

 Confortablement installé dans mon fauteuil, sourire malicieu aux lèvres, j'observe attentivement la personne assise en face de moi. 

   Penché, il note quelque chose sur le carnet qui trouve sur ses jambes. 

— Bien, nous pouvons commencer, déclare le journaliste après de longues secondes de silence. M'autorisez-vous à enregistrer cette interview ?

— Oui. 

   Il presse alors le bouton de son enregistreur. Celui-ci émet un léger sons pour indiquer qu’il est allumé et qu’il enregistre.

— Vous dites donc que vous détenez une information cruciale que la couronne cache au peuple, ainsi qu'aux nobles ?

— En effet, je confirme.

— Et aujourd'hui, vous avez décidé de le révéler. 

— Oui. 

 Je prends une grande inspiration avant de révéler enfin ce que mon fils et mon petit-fils, ainsi que le roi cachent depuis sept ans déjà. 

— Le Prince Nao n'est pas prince.

— Que…comment ? bégaye le journaliste.

— Vous avez bien compris. Un membre de la famille royale se voit attribuer son titre selon son genre et non son sexe de naissance. Je trouve dommage que ce ne soit l'inverse. Car cette chose ne mérite pas son titre de prince.

— Vous voulez dire…

— Ce bâtard de Nao qui est un enfant illégitime, n'est pas né garçon. C'est une fille. 

— Enfant illégitime… Vous voulez dire…

— Il n’est  pas de la famille de la défunte reine. Il est issu d'une liaison entre le roi et une fille de joie. Et encore, si ce n'était que ça…, soufflé-je.

   Pendant l’heure qui suit, je lui explique, qui est vraiment cet enfant. Son passé, sa nature. La relation que Nao entretient avec mon petit-fils Alwan. J'explique les actes de son père. Les actes de mon fils. La véritable relation entre Tylor et Alexandre. Ainsi que la véritable raison qui a poussé Marius à refuser la succession. Je le met également au courant des réels projets du roi pour son quatrième enfant. Finalement, il compte déshérité Soren, probablement Charlotte et Maël, ses enfants légitimes pour mettre ce chien d'impur sur le trône. Je lui explique tout, sans rien omettre.

— Et… puis-je savoir d'où vous tenez toutes ces informations ?

— Pour ça, j'ai mes propres sources. Mais pour ce que je peux vous dire, c'est qu'il faut bien ouvrir ses oreilles dans ce genre de milieu. Et toujours être sur ses gardes car les informations circulent très vite. 

— Merci. Merci Duc Dataro. Je publierai cet article dans deux semaines. Il figurera sur l'édition spéciale.

— Parfait.

 J’attrape les deux enveloppes qui sont posées sur la table basse et les tend au journaliste. 

— Comme promis, voici votre récompense. Et donner ceci au directeur du journal, c'est une recommandation écrite. Avec ça, vous êtes sûr d’avoir une promotion.

— Merci. Merci beaucoup.

✩

   Je toque à la porte, et la voix de mon petit-fils me dit d'entrée.

 Il lit un livre assis à son bureau. 

— Ça va, tu t'en sors ? le questionné-je, la main sur la poignée.

   D'un mouvement de tête, il me fait comprendre que oui.

— Si tu as besoin d'aide, n'oublie pas que je suis là.

   Je m'adosse contre l'encadrement de la porte et croise les bras.

— Je sais, mais je préfère trouver mes propres réponses aux questions.

— Je vois. 

   D'un œil attentif, je parcours sa chambre. Les murs de couleur taupe présentent peu de décoration. Seulement quelques étagères de manuels ou de bouquins en tout genre et des portraits de son frère, ses parents et moi.

— William. 

 Celui-ci lève la tête.

— Tu es ma plus grande fierté.

 Durant de longues secondes, mon petit-fils me regarde. Il finit par me sourire.

— Et Alwan ? Tu as des nouvelles de lui ? demandé-je.

— Il travaille beaucoup, mais il va bien, m’explique William.

— Venant de lui, ça ne m’étonne pas, soufflé-je. Tu sais s’il a changé d’opinion sur le mariage ?

— J’en ai aucune idée, avoue William. Je ne pense pas. Vous voulez que je lui en parle ?

— Ne t’en fais pas. Dis-moi plutôt s'il y a quelqu'un qui te plait.

— Et bien…

   Des pas se font entendre à l'autre bout du couloir. Je tourne la tête et remarque que le nouvel arrivant n'est pas n'importe qui. Cheveux noirs et yeux bleu clair, il arrange le col de sa veste noire. Tylor s'arrête à quelques pas de moi et me regarde. 

— Ce n’est que maintenant que tu rentres ? Après tant d'années à éviter cette maison, ce n'est que maintenant que tu reviens ? Tu pourrais passer plus souvent non !

— Et vous, vous ne pensez pas qu'il est temps de partir ? Soixante-dix ans, vous devriez songer à prendre votre retraite, non ? me retourne-t-il. Will, attrape, dit-il en lui lançant un paquet blanc que celui-ci receptionne.

— Tu pars déjà ? Tu pourrais passer plus de temps avec ton fils, non ? je lui fait remarqué. Oh écoute-moi quand je te parle Tylor. Tylor. Tylor ! Tu vas où comme ça ? 

  Il s'éloigne dans le couloir sans se retourner. 

— Au cimetière. 

— Tu n'avais pas besoin de passer ici alors. 

— Je suis juste venu récupérer les dernières affaires qui restaient.

— Quoi tu déménage ?! crie William. 

   Son père s'arrête net. Il ne répond rien. Après quelques secondes de silence, il continue son chemin. 

— Will, prends mon bureau, lance-t-il froidement avant de disparaître. 

— Ne t'en fais pas, il fait souvent ça, rassuré-je William. Il part un certain temps puis revient. 

— Il ne reviendra pas avant longtemps, chuchote-t-il. Il ne revient jamais après être passée au cimetière. Encore moins quand c'est le jour de l'anniversaire de la mort de maman ou mamie. 

  Je souffle. Ça me ronge que Alwan et William connaissent mieux leur père que je ne connais mon fils. 

— C'est vrai. 

Tylor ne reviendra pas sous mon emprise…

Hey ! 

Voici donc un nouveau chapitre, du point de vu du grand-père d’Alwan et de William cette fois ci. 

N’hésitez pas à faire un retour en commentaires ! 

Et comme maintenant, on peut ajouter des images dans les chapitres, voici un débit dessin de Nao et Alwan pour fêter comme il se doit le mois des fiertés 

A bientôt pour le prochain chapitre !