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1 - Interlude
2 - Chapitre 1.1
3 - Chapitre 1.2
4 - Chapitre 1.3
5 - Chapitre 2.1
6 - Chapitre 2.2
7 - Chapitre 2.3
8 - Interlude
9 - Chapitre 3.1
10 - Chapitre 3.2
11 - Chapitre 3.3
12 - Chapitre 3.4
13 - Chapitre 3.5
14 - Interlude
15 - Chapitre 4.1
16 - Chapitre 4.2
17 - Chapitre 4.3
18 - Chapitre 4.4
19 - Chapitre 5.1
20 - Chapitre 5.2
21 - Chapitre 5.3
22 - Interlude
23 - Chapitre 6.1
24 - Chapitre 6.2
25 - Chapitre 7.1
26 - Chapitre 7.2
27 - Chapitre 7.3
28 - Chapitre 7.4
29 - Chapitre 7.5
30 - Interlude
31 - Chapitre 8.1
32 - Chapitre 8.2
33 - Chapitre 8.3
34 - Chapitre 8.4
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Chapitre 1.1

La sonnerie stridente du réveil de ma colocataire me vrilla les oreilles avant même que je n’ouvre les yeux. Je poussai un soupir. Pas moyen d’échapper au bal rituel phonique du matin, malgré les murs de la maison. Bientôt, j’entendis le bruit assourdi de sa main le faisant taire, le petit clic du bouton de la radio qu’elle enclenchait, et les boums-boums des basses réglées un peu trop fortes dans un joyeux crachin. Et la voix stridente de Sara qui couvrait les beuglements du chanteur.

L’isolation des murs n’était pas en cause, et Sara n’y était pour rien si chaque matin je commençais ma journée par un début de migraine. Mon ouïe était le sens le plus compliqué à mettre en état de veille. J’y arrivais au fur et à mesure des heures, mais à chaque réveil, je repartais de zéro. Dépitée, car je prenais mon service plus tard ce matin, je me levai, repoussant ma couette au bas de mon lit, sans avoir aucune intention de la remettre correctement.

Je sortis de ma chambre et allai mettre de l’eau à chauffer, pour nous faire un café, à Sara et moi. Ce n’était pas sa faute si j’étais une Ebède, et ce n’était pas sa faute non plus si j’étais loin des miens. Que je me tenais loin des miens. Je l’entendis s’enfermer dans la salle de bain, tournant le robinet d’eau chaude pour enclencher la douche. Je fis la grimace quand cette dernière grinça plus que d’habitude. Je chassai ces pensées de mon esprit, me concentrant pour essayer d’atténuer le brouhaha. Bientôt, le cliquetis des gouttes contre le carrelage se fit plus sourd, et la cacophonie prit des allures de bruit blanc. Je respirai de nouveau.

Les sens des Ebeds sont plus développés que ceux des Humains et pour cause, nous étions en phase avec la Nature. Nous devenions loups pour être encore plus proches d’Elle. Et nous étions censés contrôler nos sens une fois en accord parfait avec notre forme lunaire, ce qui était loin d’être mon cas. D’où le fait que j’étais en colocation dans un petit appartement en plein centre-ville de Reefton avec une Humaine plutôt que dans le Cercle des miens.

Je m’accoudai sur l’îlot central de la cuisine en constatant que Sara était en retard. Je l’entendais se démener avec son mascara et elle sortit telle une tornade de la salle de bain. Une jolie rouquine aux yeux bleus pétillants qui éclairaient son visage pâle, le parfum de vanille un peu trop chimique de son gel douche volant dans son sillage. Elle essayait d’atténuer ses taches de rousseur avec son fond de teint, mais souvent, celles-ci ressortaient au soleil, à son grand désespoir. Personnellement, je trouvais qu’elles rendaient sa beauté plus lumineuse encore, plus gaie si cela était possible.

Elle s’approcha de moi et huma son café instantané déjà prêt sur la desserte tout en plantant une dernière épingle à cheveux dans le chignon flou qu’elle tentait de nouer.

— Micaiah ! Je suis désolée si je t’ai réveillée ! s’écria-t-elle, effarée.

J’écartai sa remarque d’un geste.

— Ne t’en fais pas pour ça. J’ai juste mal dormi.

Je m’étais redressée, la main sur ma tasse, et la détaillai. Elle réussissait à être à la fois séduisante et sympathique dans son uniforme formel, à savoir un pantalon de toile vert foncé assorti d’une chemise d’un ton plus pâle. L’écusson à son épaule indiquait qu’elle travaillait pour le Parc du Wuruhi, situé à quarante kilomètres de la ville. Pour des raisons toutes personnelles, je ne m’y étais jamais rendue, mais il paraissait qu’il était très beau. Dans tous les cas, Sara était heureuse d’y bosser. Elle accueillait les visiteurs et les conseillait sur les activités à faire dans la zone, avec le sourire et l’entrain d’une jeune femme bien dans sa vie et bien dans sa peau.

— C’est souvent que tu dors mal, me fit-elle avec une mine boudeuse. Tu devrais peut-être prendre rendez-vous avec un professionnel, tu sais.

Je lui fis un mince rictus rassurant.

— Je vais bien, Sara. Vraiment. Merci de t’inquiéter.

Elle garda sa petite moue quelques instants avant de retrouver le sourire.

— J’espère.

Un sourire éclatant et sincère qui se reflétait dans son regard pur. Puis, elle me toisa des pieds à la tête, constatant que je portais toujours ma tenue de nuit soit un short et un débardeur arborant un joli mouton blanc – question d’humour. Elle poussa un soupir de défaite.

— Je vois aussi que si tu es encore en pyjama, c’est que ce n’est pas toi derrière le comptoir…

— Fine observation, gloussai-je.

— Pas de muffin à la myrtille ce matin alors…

— Il y a tous les autres goûts dont le double-chocolat de Juan et je sais que tu en raffoles, répondis-je en haussant les épaules. Et ne t’en fais pas, demain, je commence tôt, ils t’attendront tout chauds !

Juan, mon patron, me laissait quelques libertés dans sa cuisine. Je lui en étais reconnaissante. De ça et de beaucoup d’autres choses. Sirotant ma boisson, je levais les yeux vers Sara.

— Mais toi, tu n’as pas un boulot à retrouver ?

Sara poussa un soupir, pas du tout paniquée par l’heure qui tourne, l’accueillant plutôt comme une fatalité vaine et versa le reste de son café dans un thermos.

— Je prends ça pour la route. À ce soir, Micaiah. Sois sage !

Elle enfila ses chaussures, se jeta un ultime coup d’œil dans le miroir dans l’entrée, rajusta de nouveau une épingle dans son chignon et fila, le thermos dans son sac. Je pariai que la jolie coiffure n’allait guère résister plus d’une heure ou deux.

— À ce soir, Sara. Sois prudente au volant ! lui répondis-je.

Après un dernier petit signe de la main, la porte se referma derrière elle, et le silence envahit notre modeste appartement. Enfin… jusqu’à ce que la famille de l’étage supérieur ne commence à se réveiller aussi, les tapotements et les grincements de chaise s’emparant de mon cerveau. Dépitée, je vidai le reste de mon café dans l’évier et me réfugiai sous la douche, essayant d’oublier ma nature profonde.

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