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JBDelroen
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Chapitre 10.4

Zachariah prit une gorgée de café et exhala un soupir contenté, fermant les yeux pour mieux le savourer. Elle avala lentement, le dégustant avant de répondre.

— Les deux à vrai dire, par quoi voulez-vous commencer ? nous questionna-t-elle, jetant un regard à mon compatriote avant de picoter vers moi.

Je haussai les épaules, sans daigner sortir un mot de ma bouche, butée. À quoi bon de toute façon ? Comme tous les dirigeants, elle s’était sans doute forgé son opinion et avait déjà dû décider de mon sort. Pour autant, je ne détournai pas les yeux. Quelle que soit son intention, j’étais déterminée à ne pas lui rendre la tâche facile. Est-ce que je pensais que quoi qu’elle ait à me proposer, tous ces choix m’amèneraient vers ma mort ? Oui, je n’avais pas le moindre doute dessus.

La Matriarche releva la tête et fit courir son regard sur la pièce.

— Nous devrions nous installer plus confortablement, nous en aurons pour un certain temps.

Ishmail montra d’un geste de la main le canapé dans le salon, l’invitant à prendre place, sans un mot. Son musc me semblait plus puissant que d’habitude. Il devait être tendu. En tout cas, moi, je l’étais. Je sentis la présence de Noah s’insinuer sous mon crâne, dans mes os, prête à me souffler ses pensées. Elle était encore ténue. Mon compatriote Ebed me jeta un coup d’œil, haussant un sourcil, m’observant. J’en fronçai les miens, ne comprenant pas ce qu’il voulait. Puis, il refit son geste de la main, m’invitant à me rendre dans les canapés du salon. Oh ! Je n’avais pas remarqué que j’étais restée sur place. Comme une bonne élève, je m’assis dans les confortables coussins, mon café entre les doigts, attendant les paroles qui me condamneraient. Je demeurerai stoïque. Pas question de montrer la moindre faiblesse. Ishmail se posta à mes côtés, tandis que Zachariah nous faisait face.

— Alors ?

Zachariah prit une longue gorgée de sa boisson, puis inspira un grand coup avant de se lancer.

— Les enquêteurs ont retrouvé le véhicule de Sara plongée dans un lac, à une centaine de kilomètres d’ici, avec ses affaires à l’intérieur. Il y avait même son agenda personnel dedans, bien que j’aie des doutes quant à sa récupération, trempé comme il est.

Ma mâchoire se serra, ma gorge tout autant. Sa voiture était loin de l’endroit où Sara avait été retrouvée.

— Quant à moi, j’ai calculé que sa mort remontait à vendredi soir entre 18H et minuit. Pour le moment, nous ne suivons pas de profil spécifique pour le ou les meurtriers. Cela pourrait être tout aussi bien quelqu’un qu’elle connaissait qu’un parfait quidam. Dans tous les cas, le tueur a pris le temps de se débarrasser des preuves pour couvrir ses traces.

Je posai ma boisson, serrant mes doigts, enfonçant mes ongles dans mes paumes.

— L’adjointe Ebède pense que je suis coupable.

Je relevai mes yeux dorés dans les siens, essayant de projeter toute ma défiance dedans. À côté, Ishmail luttait contre son instinct de m’envelopper de vibrations réconfortantes pour me calmer. Ceci dit, Zachariah ne semblait pas en prendre ombrage et haussa les épaules.

— Ellie peut avoir son avis, les preuves parleront en leur temps. Pour ce que j’en sais, ça pourrait tout aussi bien être un de ses collègues, un amant jaloux ou un tueur psychopathe qui l’a tuée parce qu’elle passait par là.

Je fus abasourdie par le calme qu’elle exhalait. Elle ne semblait pas vraiment inquiète que je sois potentiellement une meurtrière, ou une Solitaire complètement tarée. Enfin, si j’avais été complètement tarée, peut-être me serais-je déjà jetée sur elle pour la faire taire ?

— Vous… Vous n’avez pas peur que je sois… une Solitaire ou quelque chose comme ça ? ne pus-je m’empêcher de demander. Je m’étais tellement attendue à plus de méfiance venant de sa part que je ne savais plus comment réagir. Mal à l’aise, je me trémoussai sur mon coussin.

La Matriarche eut un sourire bienveillant en réponse, détendue.

— Il se trouve qu’Ellie a émis cette hypothèse, et je crois qu’elle ne la lâchera pas tout de suite. Mais bon, de ce que je vois, tu n’as pas la bave aux lèvres comme un chien enragé. Comme je te l’ai dit, les preuves parleront. Elles parlent toujours.

Je l’observai avec attention. Noah affleurait à la surface, prête à sortir. Cette Matriarche était diablement optimiste. Sa confiance en l’avenir semblait inébranlable.

— Donc, en conclusion, l’enquête pour Sara ne donne rien pour l’instant ?

La docteresse Svartland me sourit en levant son regard bleu sur moi, posant son menton sur ses mains jointes avant de poursuivre de sa voix grave et profonde.

— Pas tout à fait. J’ai procédé à son autopsie, ce qui nous a révélé plusieurs choses. Sara est décédée suite à un coup contondant sur l’arrière de son crâne. Cela, tout le monde aurait pu le faire. Mais la suite… Eh bien, quelqu’un a pris le temps de dénuder son corps. Ce dernier a été jeté dans les bois, certainement pour que les animaux sauvages puissent le faire disparaître en le dévorant. Mais j’ai examiné les morsures et déchirures de sa chair, et parmi celles-ci, j’ai retrouvé la marque de dents typiques d’Ebed.

À la description de son travail, j’avais l’impression que mes boyaux se tordaient prêts à rendre le café que j’avais dans le ventre. Mais à la mention d’un Ebed, je sursautai en hoquetant. Mon nouveau colocataire, assis à mes côtés et plutôt silencieux jusque-là tressaillit également. Zachariah ne nous laissa guère le temps de nous remettre, que ce soit de son récit de dissection de cadavre ou de la partie Ebède du lot.

— Il reste à savoir si l’Ebed et le tueur sont la même personne, ou s’ils sont complètement différents. Et quel Ebed serait-ce ? Un de notre Collectif ? Un Solitaire ? Pourtant, une des rares choses que nous sachions à propos des Solitaires, c’est qu’ils s’attaquent à leurs congénères et non aux humains. Comment expliquer cela ?

Elle reprit une inspiration, sa main venant remettre une courte mèche derrière son oreille. Elle s’exprimait d’un ton monocorde, comme si elle parlait à un dictaphone, les déformations du métier certainement. Pour ma part, j’avais le vertige devant tant d’informations et tant d’incompréhension. Pourquoi nous disait-elle tout ça ? N’étais-je pas la criminelle que Duchesne voulait enfermer derrière les barreaux ?

— Pourquoi nous partages-tu ces détails de l’enquête, Zach ? intervint Ishmail. N’aurait-ce pas été plus prudent de garder ça secret pour mieux confondre le coupable ?

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