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JBDelroen
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Chapitre 5.3

La matinée se passa gentiment, vidant ma tête au fur et à mesure, astiquant les tables jusqu’à ce que Juan me jette aimablement dehors, me serinant qu’il n’avait pas de quoi me payer toutes mes heures supplémentaires.

J’étais donc en train de rentrer chez moi, en faisant un détour par le parc. Pas le Parc, juste le parc.

C’était un joli endroit, parfait pour se mettre au vert sans quitter la ville. De taille appréciable, il était bordé de pins et avait même un étang qui gelait l’hiver. Actuellement, il restait quelques traces de neige sur ses rives, mais on ne pouvait guère patiner dessus, la couche de glace subsistante étant bien trop mince et fragile.

Quelques vieilles personnes se posaient sur les bancs, se délectant des cygnes qui venaient arquer leur gracieux cou jusqu’ici, dans cette petite ville perdue au milieu de nulle part. Ces derniers étaient nourris par les employés du parc en hiver et avaient aussi un abri aménagé. Ils étaient très populaires auprès des enfants qui ne manquaient pas de partager leur goûter – même si c’était au détriment de leur foie.

Je tentais d’inspirer la saveur des pinèdes, pour ressentir la sève sucrée qui avait le don de m’apaiser. Mon odorat commençait à peine à revenir alors que ça faisait déjà des heures que Ruben était parti. Pouvais-je décemment lui demander de ne plus autant se parfumer ? Cela paraissait vraiment très impoli vis-à-vis d’un client.

Je croisai les bras, mal à l’aise. J’essayai de calmer ma paranoïa naissante et ces sentiments irrationnels, mais depuis la disparition de Sara, je me sentais nerveuse et à fleur de peau. Trop de choses et de coïncidences survenaient en même temps pour que j’arrive à dompter mes névroses. Je me frottai le front, incertaine de la suite à donner quand mon téléphone vibra dans ma poche.

Je le sortis, regardant qui appelait. Numéro Inconnu, forcément. Je n’avais pas grand-monde d’enregistrer, mais déjà, ce n’était pas une suspicion de spam. Mon cœur se mit à battre d’espoir, ce pouvait être mon amie. Je décrochai.

— Allô ?

— Lockwood ?

La voix à l’autre bout du fil était rauque et grave. Mais je reconnus sans peine l’intonation de mon nom malgré la déformation artificielle de l’appareil.

— Ah. Ishmail.

Ma déception dut tinter à ses oreilles fines.

— Moi aussi je suis très heureux d’entendre ta voix.

— Ce n’est pas ça, soupirai-je, mettant de côté la pique, j’aurais préféré que ce soit Sara.

— Je dois en conclure que les appels aux hôtels n’ont rien donné ?

— Malheureusement, non. Rien de ce côté-là. On retourne à la case départ, à moins que tu n’aies d’autres nouvelles ? continuai-je, une note d’espoir dans ma question.

Je l’entendis soupirer lourdement, le voyant dans mon esprit comme si je l’avais en face de moi, en train de remettre sa tignasse en arrière d’une main impatiente.

— Non plus. Aucun signe de vie au bureau, personne ne nous a contactés.

— J’ai l’impression que nos chances s’amenuisent…

— Toujours aussi optimiste, Lockwood.

Je commençai à être passablement agacée, laissant mon énervement poindre.

— Ce n’est pas ça ! C’est juste que… !

Je m’interrompis brusquement, faisant volte-face. Ma nuque me brûlait. Qu’est-ce que c’était ? Mais je ne vis rien. Seulement les mêmes vieilles personnes sur leur banc. Et seulement les mêmes cygnes blancs nageant paresseusement. Je contractai ma mâchoire.

— Lockwood ?

La note d’inquiétude était parfaitement audible. Je pris sur moi, me mordant les lèvres.

— Ce n’est rien, juste un cygne un peu ronchon.

Hors de question qu’Ishmail se fasse du mouron pour moi, et lui fournir des raisons de penser que j’étais dangereuse ou devenue folle. Hors de question de lui donner des billes pour me tordre le cou ou me livrer à son Patriarche. J’allais me débrouiller avec ma paranoïa et mes fantômes. Et une fois que Sara serait revenue, tout rentrerait dans l’ordre. Pour sûr.

— Mmm… Je vais te laisser à ton oiseau bougon. M’est avis que vous allez vous entendre comme larrons en foire avec le même sale caractère.

— Bien sûr, au moins, avec lui, on peut sympathiser !

— Oui, si sympathiser veut dire se récolter son lot de morsures... Une dernière chose, Lockwood. Enregistre ce numéro dans tes contacts, s'il te plaît ? Je saurai que si tu ne décroches pas, c’est que tu le fais sciemment.

— Compris, Nasrim. Je me ferai un plaisir d’éviter de te répondre.

Et sur ce, je coupai la communication, rangeant mon téléphone dans la poche. Il était temps de rentrer à la maison et d’arrêter d’inventer des peurs imaginaires. Il y avait déjà suffisamment de problèmes réels comme ça dans ma vie.

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