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June_Stephen
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Chapitre 12

PDV William

Mon esprit est ailleurs toute la journée. Les gens se livrent à moi dans le confessionnal, mais je ne les écoute que d'une oreille. Je suis exténué. Six meurtres en une semaine, des insomnies interminables et une possession démoniaque. Je me vois sombrer à vue d'œil. 

Moi aussi j'aimerais prendre des vacances en Italie, faire un tour dans les gondoles en dégustant un gelato, visiter la Pinacothèque Ambrosienne et m'extasier sur les masques du carnaval de Venise. La bonne nouvelle est que je n'ai plus mal au dos grâce au gel, les cicatrices guérissent d'ailleurs à vue d'œil. J'en ai aussi répandu sur ma cheville foulée et la douleur s'est estompée, je peux presque marcher sans boîter.

La scarification, en revanche, est toujours à vif. Je dois reconnaître que sans Nightingall, j'aurais vécu un enfer, au grand bonheur de notre Seigneur.

Je m'assois sur un banc et lève les yeux vers notre Sauveur crucifié dans un long soupir fatigué. Le comportement odieux de cet homme m'a poussé à le juger très sévèrement, mais qui suis-je pour le condamner, moi qui ne suis qu'un assassin ? S'il est un criminel, je le suis sans doute autant que lui. J'ai encore du mal à croire qu'il ne m'a pas agressé dans la salle de bain, pas même touché pour répondre à une pulsion. Ses promesses perverses n'étaient-elles que du vent ? Si oui, dans quel but ? Celui de me faire peur ? 

J'ai vu de mes propres yeux qu'il pouvait aussi se montrer respectueux, quand il le souhaite. Et s'il ne m'avait pas soigné, mes blessures auraient rougi sous ma soutane blanche, en plus de me faire souffrir le martyr. Ce constat me soulage autant qu'il me trouble. Il souffle le chaud et le froid du soir au matin, comment se fier à lui ? Nightingall cache beaucoup de choses. Et pour me perturber ainsi, c'est qu'il est doué pour manipuler son monde. Ou qu'il est terriblement instable.

― William ? 

Je me retourne sur père Thomas.

― Mon père, pourquoi n'êtes-vous pas déjà parti à l'hôpital pour vos examens ? 

― Je voulais m'assurer que tu allais mieux, s'inquiète-t-il. Est-ce que... est-ce que tu en sais plus sur cette chose ? 

Je me lève et force un doux sourire pour le rassurer.

― Ne vous en faites pas, mon père, ça va mieux. Je gère la situation.

― Mon enfant, je te connais bien... se navre-t-il en posant une main sur mon épaule, garde tes beaux sourires pour nos fidèles.

Si seulement le mensonge et la mort ne nous séparaient pas, mon père... J'aimerais pouvoir me confier à vous comme à un membre aimant de ma famille, vous exprimer plus d'affection et de tendresse. Même si ma vie était plus simple, en serais-je capable ? Malheureusement, j'en doute. Je couvre ma peine par un petit rire.

― On ne vous cache rien, n'est-ce pas ? Monsieur Nightingall m'a apporté de quoi me soigner. Je vais mieux, je vous assure. 

― Vraiment ? Cet homme est quelqu'un de bien. Garde-le près de toi, d'accord ? Il pourra t'aider mieux que moi.

Je hoche la tête pour lui faire plaisir et pose ma main sur la sienne. 

― Votre rendez-vous, mon père. Vous êtes à la retraite, vous devez vous occuper de vous.

Il acquiesce dans une moue chagrine et quitte l'église à regret. Je ne veux pas le décevoir. Je dois continuer à encaisser, comme je l'ai toujours fait. Le démon ne me brisera pas. D'autres avant lui l'ont déjà fait il y a longtemps.

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