Loading...
Link copied
Loading...
Loading...
Mark all as read
You have no notification
Original
Fanfiction
Trending tags

Log In

or
@
June_Stephen
Share the book

Épilogue

*Youth Offender Panel : dispositif de justice réparatrice pour les jeunes primo-délinquants de 10 à 17 ans, visant à prévenir la récidive et éviter une peine classique.


PDV William

Le soleil perce la couverture nuageuse, peignant sur les champs vert émeraude une mosaïque de lumière. Le train siffle. La tempe posée contre la vitre, je regarde la nature se faire lentement grignoter par la dentelle de briques colorées des faubourgs. Mon Ecosse me manque.

― On arrive à Paddington dans trente minutes, m'informe Matthew.

Mon ventre se tord. J'acquiesce.

― Will ?

Je tourne la tête dans un sourire crispé.

― Aurais-tu la gentillesse de demander un thé à l'hôtesse pour moi ?

― Ah, bien sûr.

Tandis qu'il s'adresse à l'agente, j'inspire profondément et ferme les yeux, le crâne en appui sur la têtière. Respire. Respire. La petite tasse est déposée devant moi. Je fixe l'eau fumante de longues secondes avec un air dépité.

― C'est juste du thé mon cœur, plaisante Matthew.

A mon grand regret. Ah, il est loin le temps du chanvre... J'aimerais retrouver ma panoplie de médicaments, juste pour aujourd'hui. Je saisis la tasse et trempe mes lèvres pour humidifier ma gorge sèche. Mes doigts tremblent. Les mains de Matthew entourent doucement les miennes.

― Chéri, je suis là. Ça va aller.

Je hoche la tête. Du coin de l'œil, j'aperçois la grisaille de la ville avaler la nature comme elle m'avale dans son gouffre de souvenirs. Mes entrailles se compriment. Inspire, expire, inspire... Je repose le thé.

― Je n'en suis pas capable, Matthew.

― Will, tu as fait des choses bien pires que de retrouver Londres pour deux jours.

― J'étais dans le déni. J'avais mes médicaments. Je n'étais pas...

― Tu vis tes angoisses sans filtre, parce que ta guérison en passe par là. Mais aujourd'hui, tu n'es plus seul pour les affronter. Voilà la différence avec avant.

Il tourne ma tête vers lui et cueille mon visage entre ses paumes.

― Je sais que cette ville renferme tous tes pires cauchemars, mais tu as fait tellement de progrès ces dernières années... Je suis vraiment fier de toi.

J'approuve dans un doux sourire. Il me caresse les joues du bout des doigts. Mon esprit s'apaise.

― Répète-toi que le gouvernement a purifié le pays de l'Ordre, que Miguel s'assure qu'aucun élément toxique n'infiltre nos églises et que Keith veille toujours au grain. Et, surtout, que Londres est sous mon contrôle.

― Je n'ai pas peur, ne t'en fais pas, le rassuré-je en plaçant mes mains sur les siennes. C'est juste... les souvenirs angoissants qui me submergent, mon enfance incluse...

Ses doigts glissent dans ma nuque et il appuie ses lèvres sur les miennes avec tendresse. Mon cœur se réchauffe. L'anxiété s'estompe sur ce baiser. Je fourre le nez dans son cou dans un soupir et Matthew me serre contre lui, les bras enroulés autour de moi dans une étreinte protectrice.

― Revoir cette ville, c'est comme réouvrir un horrible livre que je pensais avoir brûlé, soufflé-je.

― Ce livre n'existe plus. Nous en avons ouvert un nouveau depuis un an et demie. Tu as tout redécouvrir, à Londres. A commencer par la bienveillance des gens pour toi.

― Pour le moment, tu sais que je préfère rester discret.

― Bien sûr.

Je me détache de lui et nous échangeons un regard empli d'amour. Mon menton retombe.

― Tu sais, parfois, l'homme invincible que j'étais à Saint Edward me manque.

― Dans ta première vie, tu jouais un rôle. Tu t'autodétruisais pour le bien des autres et tu n'existais pas pour toi. Et puis, tu étais inaccessible, se navre-t-il dans un rictus chagrin. Aujourd'hui, j'ai le vrai toi. Je préfère de loin cet homme-là.

― Il est loin d'être parfait.

― Comme notre premier rencard.

Je ricane. Il écarte une mèche de cheveux de mon visage, échappée de mon demi-chignon.

L'imperfection est beauté, la folie est génie. Tu es tous ces extrêmes réunis.

― Je dois être très beau alors, ajouté-je dans un rire d'autodérision.

― Mais tu es vrai. Sincère. Et je t'ai pour moi tout entier.

Mes lèvres se froissent sous l'émotion.

― Merci.

― Merci à toi de m'avoir guéri de la haine de ce monde. De m'avoir donné une raison de l'aimer et d'y rester encore quelques années.

Je caresse sa joue d'une main délicate.

― Mon vampire...

― Mon joli prêtre.

Il niche son nez dans mon cou et me chatouille. Je glousse en le repoussant sur son siège. C'est vrai. Tout est différent et, pourtant, rien n'a changé. Le soleil a toujours brillé au-dessus de ces champs et illuminé nos jours, j'étais juste incapable de le voir. Depuis que la nuit s'est levée et que mes nuages commencent à se dissiper, je peux enfin sentir sa chaleur sur ma peau et contempler sa clarté. Les arcs-en-ciel n'étaient qu'un rêve. Aujourd'hui, ils sont réalité.

Nous posons le pied sur le quai animé de Paddington, nos sacs de voyage sous le bras. Je n'ai pas le temps de me retourner vers Matthew qu'un cri brise le brouhaha.

― William !

Dans sa tenue de curé, Miguel bouscule les quelques voyageurs sur son passage et me saute au cou. Je manque d'en tomber à la renverse. Je lui tapote le dos, amusé par son enthousiasme. Les yeux larmoyants de joie, il s'écarte pour mieux me contempler.

― J'arrive pas y croire... William, t-tu es là, devant nous !

Quelques personnes nous dévisagent. Je baisse la tête en réflexe et laisse quelques longues mèches de cheveux me cacher, mais Matthew me relève le menton avec un hochement de tête encourageant. Je vais mettre un moment avant de m'y habituer.

― Et un cul-bénis de plus à Londres ! braille une vampire que je connais bien.

Je souris en voyant Keira s'avancer vers moi, les mains dans les poches.

― Will.

Cette voix... Je tourne la tête. Immobile sur le quai entre les voyageurs, Adam. Mes lèvres frémissent. Il s'approche avec une expression placide qu'il peine à maintenir et se plante devant moi.

― Alors, père Adam ? Comment se passe ton travail de prêtre au YOP* ?

― Demande-moi plutôt comment se passe ma relation avec Dieu, pouffe-t-il.

― C'est vrai. Ce retour sincère dans la voie pastorale, c'était bien la dernière chose que l'on attendait venant de toi.

Nous échangeons un petit rire. Puis, après un instant à se fixer, nous nous jetons dans les bras l'un de l'autre et nous enlaçons. Ma gorge se noue.

― Allez, allez, ça va les sentiments, bande de lopettes, s'exclame Keira. Will, t'as plein de choses à raconter, il me semble.

― Certes, fais-je dans une moue ravie en me séparant d'Adam. Nous recevons maintenant des enfants vampires qui viennent d'Europe et l'orphelinat s'est agrandi. J'ai même dû embaucher du personnel.

― Et ça te dirait pas d'en ouvrir un à Londres ?

D'abord amusé, je réalise ensuite que sa proposition est plus que sérieuse.

― Voyons, Keira...

― Oh, oui ! s'emballe Miguel. Ou alors, tu me rejoindrais dans mes fonctions à l'église Saint Thomas !

― Il a arrêté toutes ces conneries, tranche Adam.

― T'es pas censé être devenu un vrai curé, toi ? rétorque Miguel en croisant les bras.

― Tssk ! Le pire curé de tout l'pays, ouais, tacle Keira.

Je glousse dans mon poing en les voyant se chamailler, tous les deux ligués contre Adam. Je vais malheureusement devoir briser leurs espoirs.

― Désolé de vous décevoir, mais revenir m'est impossible.

― Will, le passé est derrière nous, plus personne n'en a rien à faire.

― J'ai menti aux gens, Adam, c'est un touriste qui m'a démasqué.

― Et alors ? ajoute Miguel. Les gens ont compris que tu devais te cacher et ils étaient heureux que tu sois finalement en vie, ils t'adorent !

― J'ai... une nouvelle vie en Ecosse, je n'ai plus rien à faire ici, je regrette.

― T'aurais tellement à apporter à l'Angleterre, se navre Keira, on est loin d'avoir débarrassé le pays de tous ses déchets. Et si Keith devient vraiment premier ministre, on aura encore plus besoin de toi.

Mes doigts se lient au creux de mon pantalon et je baisse la tête avec un rictus embarrassé.

― Je...

Le bras de Matthew s'enroule autour de mes épaules.

― William a suffisamment apporté aux autres. Aujourd'hui, il doit plus rien à personne.

Mon regard plonge dans le sien, rassurant. Je lui souris, le cœur allégé.

― Si tu veux rester en Ecosse, alors on y restera, me dit-il. Mais si un jour tu aspires à nouveau à plus grand, tu le pourras aussi.

― Plus grand ? Matthew, tout ça, c'est une autre vie. Je ne suis plus...

Le même homme. Je baisse les yeux. Au fond, j'espère voir un jour renaître ce feu en moi. Et Matthew le sait, cette étincelle ne me quittera jamais. Ce besoin d'améliorer le monde fait partie de moi. Mais mon ciel n'est pas tout-à-fait dégagé. Mon soleil est visible, mais encore fragile, tout particulièrement à Londres. Matthew se positionne entre nos amis et moi et glisse ses mains dans mon cou.

― Mon amour, le choix t'appartient entièrement. Aucune pression ne doit peser sur tes épaules. Repose-toi si tu en ressens le besoin, je continuerai à prendre soin de toi. Simplement, n'oublie pas que nous avons des alliés partout maintenant, jusque dans la famille royale. Quoique tu décides, ce sera possible. Je serai toujours là pour t'ouvrir la voie, ou te garder dans mes bras.

Mon regard s'agrandit. Il dépose un baiser sur mon front, le bout de mon nez et ma bouche, puis effleure mon visage :

― Le monde sera toujours plus beau avec toi pour l'embellir, où que tu sois.

Je me pince les lèvres, ému. Je contemple nos amis, réfléchis un instant, puis reviens sur Matthew et hoche la tête.

― Toi, les enfants et notre campagne, ça me va.

Je passe mes mains autour de sa taille et lui murmure à l'oreille :

― Et lorsque j'aurai dissipé tous mes nuages, nous envisagerons peut-être de faire renaître la flamme.
 

FIN


Et voilà chers lecteurs, nous nous quittons sur un bel avenir pour nos tourtereaux et un William épanoui, libre et sur la voie de la guérison 🥹🥰

Un bonus spicy🌶 s’ajoutera un jour, suite aux demandes sur Wattpad 🤭

📚✨️ Pour découvrir tous mes projets terminés et à venir, abonnez-vous et rejoignez-moi sur insta @ june__stephen (lien en bio).

N’oubliez pas de liker ❤️👈 cette histoire si vous l’avez aimée et laisser un petit comm, si le cœur vous en dit ☺️

Merci pour votre soutien, à très bientôt !

June 💜

Comment this paragraph

Comment

No comment yet