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June_Stephen
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Chapitre 27

PDV William

Le crépuscule disparaît lentement dans les cieux violacés, au-dessus des bois. Le repas fini, Matthew me fait déguster son vin favori dans le canapé, au chaud sous un plaid devant un feu de cheminée. Le bruit de l'averse frappant les fenêtres et le toit, combiné à la vision des flammes derrière la vitre transparente de l'insert, me procure un frisson de confort indescriptible. Je ferme les yeux et apprécie ce moment de détente rarissime.

A Litterock, la tranquillité était inexistante et une fois arrivé à Saint Edward, Leonard m'a très vite emmené à ses chasses nocturnes. Mes nuits ont toujours été courtes, quatre ou cinq heures au grand maximum. A l'époque où mon père hurlait sur ma mère jusqu'à cinq heures du matin ou que des inconnus enfonçaient la porte et que la violence pleuvait. Ou bien à l'école, lorsqu'on nous tirait du lit après des journées harassantes pour nous crier dessus dès le réveil. Les exemples sont nombreux. 

Je suis habitué à garder les yeux ouverts pour ma propre sécurité. Alors, avoir un rencard, être embrassé avec tendresse, nourri comme un prince, me reposer et être à l'écoute de mes ressentis, cela relève de la fiction. Malheureusement, ma vie n'a jamais servi mes attentes personnelles et ma rencontre avec Matthew n'y changera rien. Cette pause ne durera pas, j'y suis déjà préparé.

Il s'installe à côté de moi et avale son vin en quelques gorgées avant de se resservir.

― Les vieux vampires sont plus résistants à l'alcool, n'est-ce pas ?

― Mon corps combat l'alcool au fil de son absorption. Il me faut de grosses doses d'un coup pour m'affecter vraiment. Au moins deux cubis de rouge en trente minutes avant de commencer à être pompette.

― De quoi me tuer, ricané-je.

― Tu ne bois pas du tout ?

― Pas une goutte.

― Tu fais donc une exception pour moi ?

― En effet.

― Je suis honoré, merci.

Il prend ma main et dépose un baiser sur le dessus.

― Avoue, c'est parce que tu ne veux pas froisser le Tout-puissant ? lance-t-il, taquin.

Je fais tourner le vin dans le verre. Ma joie se teinte d'amertume. Dieu n'a jamais guidé ma vie. La mort, si.

― Pourquoi quelle autre raison ? répliqué-je dans un sourire lumineux.

Il me dévisage quelques instants, puis place une main sur mon genou.

― William...

Mon téléphone sonne sur la table basse. Je pose le verre et décroche.

― Oui ?

― William, c'est Adam. Père Jonathan s'est fait attaquer, il est au Saint Bartholomew's Hospital.

Je me lève d'un coup.

― Quand l'attaque a-t-elle eue lieu ?

― Il y a deux heures, environ. Je t'ai appelé dès que possible. Will, Jon a frôlé la mort...

Je reste muet de longues secondes.

― J'arrive.

― Fais attention. Je vais prévenir les autres.

Je raccroche, commande le Uber le proche en trois clicks et me dirige vers l'entrée pour récupérer mon caban.

― Tu peux me dire ce qu'il se passe ?

― Un prêtre de banlieue a été agressé par un vampire. Je vais à l'hôpital.

Matthew me rattrape et me saisit le bras.

― Et si c'était un piège pour te coincer ?

― Il n'y a aucune raison. Je ne serai pas le seul à le visiter.

Je sais qu'il s'inquiète pour ma sécurité, mais ce n'est pas le moment.

― Matthew, soit tu as des informations à me donner, soit tu me laisses partir.

Il hésite, cherche ses mots. Bien sûr, il n'a rien à m'apprendre, il désirerait juste me garder auprès de lui. J'enfile mon manteau et ouvre la porte.

― William, je t'en prie reste vigilant.

― Comme toujours.

Je claque la portière noire du taxi et me précipite dans le hall de l'hôpital. Nous devons retrouver celui qui a attaqué Jonathan. Quelles étaient ses intentions en le visant ? Savait-il qu'il était un membre du conseil ? Si tel est le cas, et même si nous sommes tous liés par un serment imbrisable, cela n'augure rien de bon pour notre anonymat.

Adam m'accueille à mon arrivé dans la chambre.

― Will, enfin.

― J'ai fait au plus vite, dis-je en examinant notre collègue inconscient dans son lit.

― Nous devions manger ensemble au Half Cup. Si je n'étais pas arrivé, le vampire l'aurait tué. Il a déjà bu plusieurs litres de son sang.

― Il ne s'est pas réveillé ?

― Les médecins disent que son corps a mal réagi à la drogue que l'agresseur lui a fait avaler.

Adam se laisse tomber dans le siège à côté du lit, la tête dans la main. J'étudie toutes les parties visibles du corps de Jon avec une grande minutie. Une morsure au cou, comme attendu, mais curieusement peu profonde pour la quantité de sang prélevée. De fines trainées rouges se trouvent sur son biceps gauche, à la limite de sa blouse. Je regarde son bras de plus près et découvre un point minuscule dans le pli de son coude, presque invisible à l'œil nu.

― A-t-il eu une injection quelconque sur ce bras ?

― Non, rien. J'ai tout suivi, il n'a que la perf' à l'autre bras, pareil pour les analyses sanguines. Pourquoi ?

― Parce que je pense que l'attaquant était un trafiquant de sang. Il avait quelque chose avec lui, n'est-ce pas ? Un sac, du matériel ?

― Il a rangé deux trois affaires dans son blouson avant de s'échapper. Tu crois que...

― J'en suis certain. Il a fait passer ça pour une attaque classique, mais les traces de canines sont trop petites. S'il lui avait retiré tout ce sang par la carotide, l'artère serait bleuie et des hématomes seraient visibles. De plus, Jon n'a pas une grande résistance physique, le droguer pour le neutraliser était inutile. Le vampire a voulu l'exsanguer en toute tranquillité.

Adam se lève, bouillonnant de rage.

― Qu'est-ce qu'on fait ? Je veux massacrer ce type !

― Contacte le conseil. Vérifiez les caméras de ces trois dernières heures dans tout le nord-ouest de Londres et autour de la paroisse de Jon. Vous devez trouver son identité et sa localisation au plus vite. Je m'occupe du reste. On a une belle opportunité.

Je fais volte-face, mais Adam me rattrape par l'épaule.

― C'est quoi l'opportunité ?

― Je veux démanteler leur réseau.

Il approuve d'un hochement de tête.

― Laisse-moi faire parler ce fils de pute. C'est mon ami qu'il a attaqué.

― Non, Adam. C'est moi qui m'occupe de ça.

― Connerie, crache-t-il. Pardon, Will, mais j'en ai marre. Si ça foire un jour, tu seras le seul à y laisser ta peau.

Je prends Adam par les épaules avec un sourire rassurant.

― Tu sais d'où je viens et à quoi j'étais destiné. Si Leonard ne m'avait pas offert ce rôle, je n'aurais jamais été devant toi, aujourd'hui. J'ai accepté mon avenir, accepte-le aussi.

Il finit par acquiescer à contrecœur. Le gamin des rues bagarreur et inquiet pour ses camarades vit toujours quelque part en lui, bien que réduit au silence. Rien n'effacera jamais entièrement nos anciennes identités. Et rien ne nous retirera ces années que nous avons passé ensemble à Littlerock. Il est un frère pour moi. Je suis heureux d'avoir été choisi par l'Ordre pour le protéger. Je lui tapote le bras.

― Je te laisse gérer. Donne-moi un lieu avant demain, si tu en es capable.

― Si j'en suis capable ? s'étrangle-t-il. Non mais tu m'as pris pour qui ? Tu...

En me voyant glousser de rire, il croise les bras et se renfrogne.

― Ça marche toujours, hein, bougonne-t-il. Tu auras une adresse dans quelques heures.

― Je n'en doute pas.

Je le salue et quitte l'hôpital. Ce soir, c'est un interrogatoire musclé qui m'attend.

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