PDV William
Je me lave avec précautions en évitant de savonner mon cou du côté de mes plaies suturées. Malheureusement, je ne parviens pas à me décontracter sous l'eau chaude. J'ai affronté tant d'épreuves dans ma vie, tant de douleurs et d'angoisses, pourquoi celle-ci est-elle différente ? Et pourquoi ai-je autant de mal à rester maître de mes émotions avec Matthew ?
Un nœud me tord le ventre, d'impatience mais également de terreur. J'ai une atroce envie de fuir. Mes pensées sont figées ; j'ai le sentiment de replonger dans le mode survie de mon enfance.
Je laisse l'eau couler sur mon visage, ma main droite en appui sur le mur carrelé et respire. Des images apparaissent. Ma mère, sous la douche en train de pleurer. Je l'observe depuis l'encadrement de la porte, dans mon pyjama bleu. Je fronce les sourcils et ferme les yeux. Je suis aux commandes de mon cerveau, le passé n'a pas à ressurgir de la sorte !
― William ?
Je me retourne en sursaut. Matthew a tiré le rideau et est en caleçon devant moi.
― Tu as besoin d'aide ?
― N-non.
― Tu es sûr ? Je veux dire, en arrêtant de me mettre à l'écart ?
Ma bouche se froisse.
― Je peux te relaxer.
Je me repositionne face au mur.
― Essaie toujours.
Il retire son caleçon, entre dans la douche derrière moi et coupe l'eau. Ses doigts s'insèrent dans mes cheveux mouillés et décollent doucement mon cuir chevelu, entre deux baisers sur les tempes. Je ferme les yeux. Son massage est divin, la tension dans mon corps commence déjà à diminuer.
― Tu es tellement doué avec tes mains... articulé-je dans un soupir.
Il m'embrasse sur la joue, puis savonne différentes parties de mon corps pour poursuivre son massage. Mes bras, ma poitrine, mon ventre... Ses mains sont magiques. Il descend et remonte le long de mes vertèbres, glisse sur mes flancs et empoigne mes hanches pour finir sur mes cuisses. Puis, ses doigts s'aventurent sur mes fesses jusqu'à s'insérer lentement entre elles.
― Je suis déjà passé là, Matthew...
― Ça ne fait rien si je lave deux fois, alors ? me murmure-t-il à l'oreille, taquin.
Le désir qui grandit dans mon corps repousse l'appréhension. Je me mords la lèvre lorsqu'il effleure mon entrée. Je suis un adulte, aujourd'hui. Je veux réussir à me laisser aller, au moins un moment. Matthew est le seul avec qui je me sens capable de franchir ce cap. Je pose ma joue contre la sienne et ferme les yeux. Il dépose un long et doux baiser au creux de ma tempe. Ma poitrine se réchauffe. Son autre main tourne autour de ma verge, en semi-érection, sans jamais la toucher. L'envie crépite dans mon bas-ventre et des frissons me parcourent. Je pousse un souffle alangui, au supplice. Il me caresse, titille et me fait durcir, mais ne concrétise pas.
― Jouer avec mes nerfs t'amuse bien ?
― Vous me prêtez de mauvaises intentions, père William.
Son sourire est audible dans sa voix. J'émets un grognement torturé.
― Si tu ne me touches pas dans les cinq secondes, tu ne me mordras pas tout court.
Il n'en fallait pas plus pour le faire réagir. Il saisit mon sexe à pleine paume et m'arrache un soupir de soulagement.
― Je vais te mordre cette nuit, sois-en sûr.
Le bout de sa phalange s'insère en moi à cet instant. Je pousse un gémissement, les poings en appui contre le carrelage.
― Tu vas faire beaucoup de bruits très obscènes dans cette église, mon père.
Cette idée m'embarrasse autant qu'elle m'excite. Si père Thomas savait ce que je fais sur son lieu saint... Matthew m'embrasse dans le cou et me caresse jusqu'à me sentir frémir contre son torse.
― Je pense que tu es assez détendu, maintenant.
Il retire ses mains et la chaleur de son corps disparaît. J'ouvre de grands yeux et fais volte-face.
― Pardon ?
― C'était juste un amuse-bouche, sourit-il, malicieux, avant de quitter la douche. J'ai changé tes draps, sèche-toi. Je meurs d'envie d'attaquer le plat de résistance.
Quel sadique ! Je plisse les yeux sur lui et sors sans lui adresser une quelconque attention. Très bien. Le jour viendra où je l'aguicherai jusqu'à le faire fondre de désir et jouerai avec ses frustrations. A ce jeu, je serai un expert. Le provoquer sera beaucoup plus amusant que l'inverse.
― Profite de cette nuit, vampire.
― C'est une menace, mon père ?
― En bonne et due forme.
Il me répond par une moue lubrique et s'approche, mais je lui jette ma serviette humide en plein visage dans le plus grand désintérêt avant de me diriger vers la porte, entièrement nu. Je relève le menton et fixe son entrejambe. Sa verge est dressée, dégoulinante. Je peux contempler le circuit de ses veines enflées par l'envie. Voir tous les jours des pénis dans les vestiaires d'une école ou chez soi n'est en rien comparable au sexe de l'unique personne que l'on désire. Je passe ma langue sur ma lèvre inférieure et lui lance un regard perçant.
― Ne me fais pas attendre.
Je m'allonge sur le lit dans un grincement de dents douloureux. Dix secondes après, la lumière s'éteint lorsqu'il entre dans la chambre. Il tamise la pièce avec la chaude lueur de la lampe de chevet et dépose le flacon de gel sur le lit. La tension remonte en moi en le voyant s'installer entre mes jambes. Ses canines sont sorties avec l'excitation et piquent ses lèvres. Je n'arrive toujours pas à m'y faire... Ma vulnérabilité actuelle, ainsi que notre position, relancent la peur.
Au moment où il se penche vers moi, ma main se plaque d'elle-même contre son torse pour le maintenir à distance.
― Attends...
― Je dois bien t'approcher, Will.
Je ferme les yeux dans une grande inspiration et me fais violence pour retirer ma main. Il s'approche de mon visage et m'embrasse avec une infinie douceur. Le stress s'estompe dans ce baiser et je me noie dans sa tendresse veloutée. Sa langue chaude, ses lèvres charnues... je ne pense plus qu'à sa bouche sur la mienne, son corps contre le mien.
Peu à peu, il dérive vers ma mâchoire et ses doigts glissent dans ma nuque. Ma gorge devient sèche. Quel genre de fou faut-il être pour demander à être mordu dans un état second, nu, devant un vampire que vous obsédez depuis le premier jour ? Un fou obligé de survivre, sans doute.
Ses lèvres effleurent mes blessures, j'entends le flacon de gel s'ouvrir. Je resserre les cuisses contre lui en signe de crispation. Ma respiration se raccourcit et je m'accroche à ses épaules. La raison me quitte, la panique me rattrape.
― Ce n'était pas une bonne idée... ! haleté-je, le cœur battant à tout rompre.
― William.
Mon regard apeuré roule dans la chambre. Il capture mon visage entre ses doigts.
― Tu es toujours aux commandes, William. Si tu ne veux pas que je te morde, je ne le ferai pas. Je ne te ferai rien que tu ne voudras pas.
Ma gorge est si nouée que ma déglutition est pénible. Inspire, expire. Son front se pose contre le mien, dans l'attente de ma décision. Mon rythme cardiaque redescend et je ferme les yeux. Pour ma mission de demain, pour atténuer cette phobie dangereuse, je n'ai pas d'autre choix que de m'en remettre à lui. Les mots sortent avec beaucoup de difficulté.
― Vas-y.
Il agit avant que je ne change d'avis, et il a bien raison. Une minute de plus et je... Le gel coule sur mes blessures. Ma peau crépite. Je frémis lorsque son nez effleure mon cou. Est-il en train... d'humer le sang qu'il reste sur ma peau ? En moins de dix secondes, une sensation de fébrilité m'envahit. Mon cœur s'accélère à nouveau et ma tête tourne. Je le regarde, désorienté. Ses pupilles ont doublé de volume et cachent une partie de ses iris gris. Cette vision m'effraie.
― Ton sang...
Il passe sa langue sur ses lèvres.
― ... il est fait pour moi.
Une bouffée de désir monte en moi. Puissante, étourdissante. Un incendie incontrôlable. Je ferme les yeux et pousse de petits soupirs alanguis que je ne reconnais pas. L'envie qu'il me fasse du bien augmente et devient mon unique obsession. Je me jette sur sa bouche et le maintiens d'une main dans la nuque pour l'embrasser. Mes jambes se referment autour de sa taille et mes hanches ondulent toutes seules. Mes mouvements sont avides, impatients. Je le veux. Maintenant.
― Touche-moi. Dépêche-toi.
― Avec joie.
Il baisse la tête et suce mon mamelon gauche tout en pinçant et faisant rouler le droit entre ses doigts. Je me cambre en-dessous de lui dans un long gémissement. La moindre parcelle de ma peau est devenue érogène et réagit au contact du sien comme si elle était hautement inflammable.
Je me mords la lèvre. Je sens déjà le plaisir sur le point d'exploser dans mon bas-ventre, simplement avec le frottement de ma verge contre son corps nu et sa langue sur mes tétons. Ses canines les titillent entre deux suçotements et les font durcir. Mes ongles s'enfoncent dans son dos. Je me crispe de tout mon long.
― Matthew ! Ahh !
L'orgasme monte et éclate entre mes cuisses. La jouissance m'irradie dans un long frisson et je jouis entre nos deux torses. L'ivresse m'étourdit de longues secondes. Lorsqu'il se redresse sur les mains, il admire mon sperme sur lui avec un regard émerveillé. Il me dévisage, presque en transe. Le gris de ses iris ne trace plus qu'un cercle fin dans ses yeux tant ses pupilles sont dilatées.
Il se baisse et lèche ma semence sur mon ventre et le sien en la récupérant avec ses doigts. Le voir avaler mes fluides avec cet air félin est grisant. Une nouvelle bouffée de chaleur me traverse. L'envie remonte déjà, je ne suis pas encore satisfait. Il m'en faut encore.
― Plus, murmuré-je d'une voix éraillée, j'en veux plus...
Un sourire retrousse ses lèvres et révèle la longueur de ses canines acérées. La peur s'allume un instant dans mon esprit, mais elle est trop faible pour freiner mes pulsions. Je l'oublie dans la seconde. Il écarte mes jambes et trace un cercle avec sa bouche humide autour de ma verge visqueuse. Le désir me ronge et me fait durcir à nouveau. Plus mon sexe se rigidifie, plus ses lèvres s'en rapprochent.
― Prends-là dans ta bouche, je t'en supplie ! l'imploré-je en l'agrippant par les cheveux.
Son regard mi-clos se lève vers moi.
― J'espère que tu me supplieras comme ça aussi quand tu auras l'esprit clair.
Sa langue chaude remonte le long ma longueur et m'arrache un gémissement chevrotant. Il récupère le sperme qui coule de mon gland et le savoure.
― Tout est si bon chez toi, mon amour...
Mon amour... Ce nom s'imprime en moi à l'encre de velours. Lorsqu'il me prend tout entier dans sa bouche, je pousse un cri délecté et niche mes doigts dans ses cheveux pour accompagner ses premiers mouvements de tête.
― Oh, oui ! Matthew, oui !
Je ferme les yeux, la lèvre mordue, submergé par un plaisir indescriptible. Plus rien n'existe à part l'écrin brûlant de sa bouche autour de mon sexe moite. Il n'y que moi en lui et lui sur moi. Ses gestes se renforcent et s'allongent pour engloutir ma verge jusqu'au pubis. Un vertige me fait chavirer. Le désir est trop intense.
Il écarte davantage mes cuisses et relève mes jambes sur ses épaules, puis insère un doigt plein de salive entre mes fesses. Ses phalanges s'enfoncent avec une incroyable facilité et une nouvelle sensation s'ajoute. Je me crispe dans ses cheveux, haletant.
― Ah ! Matthew !
Sa tête se retire et sa langue file sur l'intérieur de ma cuisse alors qu'il caresse une zone merveilleuse en moi et appuie dessus. Le plaisir se décuple, l'orgasme monte au creux de mes reins.
― William, regarde-moi.
Je baisse les yeux sur lui, fiévreux et pantelant, et découvre ses dents, sur le point de se planter. Ma tension est à son apogée.
― Je t'aime, souffle-t-il.
Mon cœur bondit dans ma poitrine à ces mots. Il pique ma peau, humidifiée par sa salive, et la perfore doucement avec ses canines dans une fine douleur. J'émets un gémissement fébrile, agrippé aux draps, et il accentue ses massages sur ma prostate jusqu'à me faire oublier la morsure.
La fièvre atteint son sommet, l'extase me fait basculer. Je jouis dans une sensation d'abandon total tandis qu'il boit mon sang, fermement accroché à ma cuisse. Le plaisir éclate dans mon ventre, me traverse de la tête aux pieds et frétille dans mes membres, de ma colonne vertébrale jusque dans mon cuir chevelu. Ma voix résonne dans la plus grande obscénité. Mon esprit s'évapore en même temps qu'un cocktail d'hormones merveilleuses se diffuse dans mes veines. Le monde a disparu. Mon corps plane, ma conscience flotte dans les nuages.
A travers ma vision floue, je discerne Matthew bougeant entre mes cuisses. Il s'étend sur moi et je tourne la tête, l'estomac légèrement noué.
― Ça va aller, mon amour, me chuchote-t-il à l'oreille. Tu vas vite revenir.
Mes yeux se referment sur ces mots dans un cocon d'endorphines.